Partie XVII

Write by Ornelia de SOUZA

Les résultats étaient positifs. Inès ne fut pas étonnée car elle s'y attendait. Elle avait prévenu Carin qui avait soufflé de lassitude et qui finalement avait promis de s'occuper d'elle et du bébé. Seule la sœur Mina n'était au courant de rien. Inès hésitait à lui en parler et elle savait qu'elle serait sûrement déçu de son comportement. 

Cela faisait trois jours que la petite Safi était en congés et cela faisait trois jours qu'Inès était obligé de s'occuper d'elle. C'était toujours une enfant difficile. Elle n'acceptait pas le manque d'attention de la part de sa mère. Inès avait de plus en plus de mal à être proche de cette petite. Elle se rappelait alors de ces convictions passées et des avertissements de la vieille Attiémé. Dire qu'elle avait cru qu'elle partagerait tout avec cette fille qui n'était autre que la réincarnation de sa mère. La vieille Attiémé lui avait pourtant dit qu'elle ne devait pas attiré le mauvais oeil sur cet enfant en pensant ainsi. Maman Funkè aussi le lui avait dit. Elle était si têtue...

Jamais elle n'aurait pu être proche de cet enfant puisqu'elle ne lui apportait que malheur sur malheur. Et voilà qu'un autre était en route. Qu'allait-elle bien pouvoir faire? Que lui réservait l'avenir? Et Carin qui ignorait qu'elle avait déjà une fille. Si elle était au village, elle aurait fait des offrandes pour apaiser les dieux et pour leur demander de l'éclairer mais ici elle était livré à elle-même. Aucun des dieux de son père ne pouvait lui venir en aide. 


Ses pensées vagabondes furent interrompus par un bruit sourd. On frappait à la porte. Elle baissa les yeux vers Safi qui jouait par terre avec une poupée. Elle avait envie de lui dire d'aller dans la chambre car elle craignait que ce ne soit Carin mais elle hésitait. Safi ne méritait pas cela malgré tout. Il fallait qu'elle dise la vérité à Carin alors elle se leva d'un pas décidé et ouvrit la porte d'entrée et là elle arrêta de respirer. Son coeur galopait à tout vitesse. Elle voulut réagir et tenta de fermer la porte.


-Non s'il te plait! murmura la tante Adéossi. Ne ferme pas cette porte.


Safi reconnaissant la voix de la tante lâcha sa poupée et courut lui faire une accolade. Émue, tantie Adéossi prit la petite dans ses bras et la serra fort la couvrant ainsi de baisers. 


-Ma petite Safi... Ma fille... Comme tu m'as manqué...

-Maman; couinait la petite.


Effrayée et se remémorant le passée, Inès arracha la petite des bras de la tante Adéossi.


-Laissez mon enfant tranquille! Qu'est ce que vous voulez? Si vous ne partez pas, je vais crier de toutes mes forces.

-Je t'en prie Inès; fit la tante Adeossi l'air profondément choquée. Je ne suis pas là pour te faire du mal. Ni à toi, ni à Safi. Je veux juste te parler. 

-Comment vous avez su où me trouver? demanda Inès 

-Ce n'est pas important. Je t'en supplie Inès, laisse moi entrer. Laisse moi te parler. Je regrette tout ce que je t'ai fait et je ne veux pas te prendre ta fille.


De grosses gouttes de larmes décoraient les joues de la tante Adéossi. Elle avait l'air si sincère. Inès se rappela de combien elle lui était reconnaissante dans le passé pour tout ce qu'elle avait fait pour Safi et pour elle-même alors elle la laissa entrer. Tante Adéossi la remercia presque immédiatement.


-Asseyez-vous!


La tante Adéossi s'exécuta et prit place sur un canapé face à Inès. La petite Safi échappant à la vigilance de sa mère, s'approcha alors d'elle.


-Maman tu es venu m'emmener avec toi n'est-ce pas ? S'il te plait emmène moi. Je n'aime pas être ici. Je veux rentrer à la maison. 


Les mots de Safi transpercèrent et le cœur d'Inès et celui de la tante Adéossi. L'une d'elle s'en voulait de ne pouvoir agir et l'autre s'en voulait d'être la cause de ces mots. 


-Safi ne dis pas ça ! dit la tante Adéossi. Ici tu es avec ta maman qui t'aime tant et qui...

-Non; la coupa Safi. Elle ne m'aime pas. Elle ne s'occupe pas de moi comme toi. 


Inès soupira. Son enfant ressentait tout cela envers elle.


-Écoute Safi ce n'est pas vrai. Tu es ce que ta mère aime le plus au monde et si elle ne s'occupe pas autant de toi que moi, c'est uniquement parce qu'elle n'a pas suffisamment de temps.


La petite fit une moue pour démontrer qu'elle n'était pas d'accord avec ce que sa tante lui disait. Elle voulut répondre mais la tante Adéossi posa son index sur ses lèvres.


-Une princesse ne parle pas autant ma petite. Allez va dans ta chambre s'il te plait. Ta tantie doit parler avec ta maman. 


Safi bouda pendant une demi-seconde mais finit par s'exécuta. Une autre flèche transperça alors le cœur d'Inès. Jamais sa fille ne lui obéissait à elle. Jamais !

Elle ne comprenait pas pourquoi elle avait si mal de cet état des choses. Elle avait choisi. Elle avait choisi de s'éloigner de sa fille pour régler les soucis de sa propre vie alors de quoi pouvait-elle souffrir ? Vu que tout ceci n'était que les conséquences de ces actes.


-Vous êtes contente ? lança t-elle à l'encontre de la tante Adéossi.

-De quoi?

-Que ma fille vous préfère à moi et ce même des mois après que je ne l'ai récupéré.

-Écoute Inès, tu n'as pas le droit de m'accuser de tes propres fautes. Tu dois juste apprendre. Ta fille est le plus beau joyau que tu aies. Tu te dois de l'aimer et d'en prendre infiniment soin.

-Je le fais! fit agressivement Inès. Je n'ai pas de leçons à recevoir de vous.

-Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Et en aucun cas, je ne me permettrai de te donner des leçons... Je pense juste que...

-S'il vous plait venez en au fait! Pourquoi êtes vous ici?


Inès était si brutale. La tante Aéossi avait du mal à la reconnaitre. Elle était si forte maintenant et elle savait si bien se défendre. Elle n'avait plus rien avoir avec  la petite fille qui avait fraîchement débarquer de son village natale.


-Tu es si différente !

-Que me voulez-vous ?

-Ton oncle...

-Ce n'est pas mon oncle

-Bref... Il est partit avec une femme plus riche que moi. Il m'a abandonnée.


Malgré tout, Inès ressentait de la peine pour cette femme qui était si douce avant qu'un homme ne la transforme en monstre. Elle s'approcha alors de la tante Adéossi et essuya ses larmes.


-Il n'était pas fait pour vous...

-Je; déglutis difficilement tante Adéossi. Je suis si désolée. Désolée pour ce que je t'ai fait par la faute d'un pauvre homme. Maintenant qu'il m'a abandonné, je me rends compte du genre de salaud qu'il était. Je suis si désolée ma fille. Safi et toi êtes les plus belles choses qui me soient arrivé dans la vie. Et je n'arrive pas à croire que je vous ai fait tant de mal.


Inès éclata en larme et serra la tante Adéossi dans ses bras. Les deux femmes étaient à la fois si tristes et si heureuses. Tristes pour tout le passé et heureuses pour le présent. 


-Je vais retourner dans mon village; dit tante Adéossi en se dégageant de l'étreinte. Car je n'ai plus rien à faire ici et si je suis venu te voir, c'est pour ça.

-Pourquoi ? demanda Inès en essuyant ses larmes. Je vous ai pardonné depuis très longtemps. Ne quittez pas la ville pour moi.

-Non, ce n'est pas pour toi. La vérité c'est que je n'ai plus rien a faire ici. Tu m'as aidé à m'occuper de mon commerce pendant des années et donc pour que Dieu me pardonne pour l'injustice que j'ai commise envers toi, je voudrais te le laisser.

-Quoi? fit Inès plus par surprise que pour avoir une réponse.

-Je t'en prie accepte pour que mon cœur soit plus léger. 


Pour elle qui était dépendante de la sœur Mina, c'était plus qu'une bonne nouvelle. Elle demanda à ses dieux de bénir la tante Adéossi et accepta ce cadeau avec sourire. Tout se terminait bien comme dirait l'autre. La tante Adéossi demanda à voir Safi une dernière fois. Elle déposa un baiser sur le front de la petite fille et s'en alla à jamais.


Une semaine plus tard, Inès avait déjà pris ses marques au marché. Elle y allait tôt le matin et revenait le soir et elle s'occupait de plus en plus de sa petite Safi. Elle apprenait à aimer l'enfant qui était absolument adorable mais elle était amère pour toute l'injustice dont elle avait été victime jusqu'ici et elle tenait à ce que Safi ne subisse pas la même chose alors chaque soir elle lui comptait une partie de sa propre histoire en espérant que la petite en tirerait des leçons.

Ce soir là, Inès était rentré plus tôt du marché car la sœur Mina n'etait pas libre pour aller récupérer Safi à l'école. La jeune femme avait préparé à manger et attendait la sœur Mina. Même si cela faisait plusieurs jours qu'elle n'avait pas de nouvelles de Carin, elle avait décidé toute seule de dire a la sœur Mina qu'elle était enceinte. Cette femme méritait qu'on soit honnête avec elle.


-Sœur Mina! dit Inès entre deux bouchées

-Oui ma fille.

-J'ai quelque chose à vous avouer.

-Vas y; dit la sœur en déposant sa fourchette.

-Je suis enceinte!


La sœur Mina écarquilla les yeux. Elle se posait des questions et cela se voyait.


-Cela fait plusieurs mois que je sors avec Carin; continua Inès

-Le médecin ? ! ! ! cria la soeur 

-Oui, le médecin. C'est lui le père de...


Sa phrase fut interrompus par des coups furieux contre la porte. Qui pouvait rendre visite aussi tard et frapper à la porte ainsi? Safi prit peur et descendit sous la table. La sœur Mina se leva suivit de près par Inès. Elle ouvrit la porte et tomba nez à nez avec Carin qui semblait alcoolisé. Ce dernier repoussa la sœur Mina de son passage et empoigna Inès.


-Que fais-tu? cria Inès plus pour la sœur Mina qui était par terre que pour son bras que Carin tordait.

-Sale petite trainée ! Tu avais déjà un enfant n'est-ce pas ? Tu m'as mentit! Je suppose que c'est une habitude chez toi. Tu as dû la coller à quelqu'un qui ne l'a pas reconnut comme tu me colles ce batard aujourd'hui.


Il frappa dans son ventre arrachant un cri à Inès et à la petite Safi qui observait la scène.

La sœur Mina s'étant relevé plus tôt poussa Carin de toute ses forces l'obligeant à lâcher Inès.


-Sors de ma maison tout de suite! hurla la sœur. Sors sinon je crie espèce de démon. Sors d'ici.


Carin sembla récupérer ses idées et balbutia quelque chose avant de sortir de la pièce. Inès s'écroula par terre tout de suite secouru par la sœur Mina. Elle n'avait pas mal, pas physiquement du moins. Carin venait d'apprendre l'existence de Safi et sa réaction était plus violente que tout ce qu'elle aurait pu imaginer. Si elle avait menti, c'était pour avoir une chance de lui plaire, pas pour cacher sa fille ou pour profiter de lui comme il semblait le croire.


La sœur Mina était tellement choquée qu'elle envoya Safi se coucher et ferma la porte a clé. Inès se sentit coupable mais elle savait que tout comme cette femme, elle ne méritait pas les agissements de Carin à son encontre. Elle ne voulait plus se taire alors elle raconta tout à la sœur Mina y comprit le viol.


Comme on pouvait s'y attendre, la sœur voulut porter plainte mais Inès refusa car elle portait l'enfant de Carin. Elle ne voulait plus de son aide pour s'occuper du bébé et elle en fit part à la sœur Mina qui la soutint dans sa décision.


Une semaine s'écoula après cet incident. Inès n'avait plus jamais eu de nouvelles de Carin et avait décidé de le rayer de sa vie. Ce soir là, elle était resté trop tard au marché. La nuit était déjà tombé depuis un peu plus de deux heures. Elle tenait à voir Safi avant que la petite ne s'endorme alors elle décida une fois hors du marché de prendre un raccourci. Une petite ruelle sombre qui était parfois animé mais qui ce soir là semblait étonnamment vide. Elle hâtait le pas lorsque derrière elle, un homme cria son nom. Elle se retourna mais la pénombre l'empêchait de voir clairement le visage de l'homme. Elle prit peur. Il s'agissait peut-être d'un voleur mais comment pouvait-il connaitre son prénom. Elle décida néanmoins de hâter le pas et fut vite interrompu par un second homme qui lui bara le chemin. Celui-ci serra le point et lui donna un énorme coup dans le ventre en murmurant:


-Nous n'aimons pas les bâtards!


Le second s'approcha alors et à eux deux ils la rouèrent de coups ignorant ses cris et ses supplications. Ses bourreaux visaient principalement son ventre et elle commençait à saigner abondamment. Elle le savait. Elle allait perdre son bébé et là comme dans un dernier effort pour empêcher l'irréparable, elle hurla de toutes ses forces effrayant ses agresseurs qui l'abandonnèrent là baignant dans son propre sang. C'était fini. Elle avait perdu son bébé.


          ********************

Inès se réveilla le lendemain dans une chambre d'hôpital avec à son chevet la sœur Mina. Il lui suffit d'un regard pour comprendre ce qui était arrivé. Elle avait alors vraiment perdu son bébé. Elle n'arrivait même pas à pleurer. Elle souffrait juste. Elle souffrait en silence.


-Inès que s'est-il passé ? demanda la sœur Mina.

-Ils m'ont agressé. Ils me connaissaient. Ils connaissaient mon prénom. Ils savaient que je portais un enfant.


À peine eut-elle finis cette phrase que la porte s'ouvrit laissant apparaitre Carin. C'est alors qu'Inès comprit tout. Bâtard! Ils avaient traité son bébé de bâtard comme l'aimait tant Carin. C'était lui.


-C'est toi n'est-ce pas? 

-Quoi?

-C'EST TOI! cria Inès sautant presque du lit. JE VAIS TE TUER.


La sœur Mina tentait tant bien que mal de la retenir mais la rage lui octroyait une énorme force.


-Je ne voulais plus de ton aide. J'allais m'en sortir seule avec mon enfant. Pourquoi m'as-tu fait ça ? Pourquoi?


Carin resta silencieux alors qu'Inès pleurait retenu par la sœur Mina. Il observa la scène puis se retira sans un mot.


-Il a tué mon enfant; murmura Inès en se tournant vers la sœur Mina.

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