S’IL SUFFISAIT D’AIMER

Chapitre 4 : Perdue

Il est environ cinq heures du matin lorsqu’Azaya ouvre les yeux et sent la chaleur des bras de Mehdi qui entourent son corps tout entier. Il fait tellement froid, c’est d’ailleurs ce qui l’a réveillée. Le blouson posé sur elle ne suffit plus à la couvrir, d’autant plus qu’elle ne porte plus sa robe. Elle lève la tête et contemple le visage de son cavalier pendant quelques secondes avant de le réveiller :

-Hey…Mehdi…Nous ferions peut être mieux de partir avant que le jour se lève et que quelqu’un nous trouve là.

Il se redresse, lui caresse le visage et l’embrasse longuement avant de se lever. Tous les deux enfilent leurs vêtements et restent assis quelques minutes sur le sable :

-Tu ne veux pas admirer aussi le lever du soleil avant de partir ?

-(souriant) D’accord, encore quelques minutes…En attendant, parles moi de ta famille…Tes parents, ils vivent ou ?

-T’es sure que tu veux vraiment savoir tout ça ?! C'est pas très palpitant comme conversation.

-Bien sûr ! Ça m'intéresse.

-Mes parents vivent à Yagoua, à l’Extrême nord du pays. C’est à plus de mille cinq cent kilomètres d’ici. Mais je n’ai vécu que dix ans là-bas, mes études secondaires je les ai faites à Ngaoundéré  auprès de ma tante maternelle Oumi Fatou. Après avoir obtenu mon baccalauréat, je me suis présenté au Concours avec toute la passion et toute la détermination dont j’étais capable. Grace à Dieu j’ai réussi du premier coup et puis voilà…

-J’imagine que ta famille doit beaucoup de manquer.

-Oui…Mes parents surtout. La dernière fois que je les ai vus remonte à trois ans. Certes, nous nous parlons régulièrement au téléphone, mais tu sais, ce n’est pas pareil.

-Oui j’imagine. Mais alors pourquoi tu n’y passe pas toutes tes vacances ? Es ce à cause de la distance que tu n’y vas pas assez souvent ?

-(détournant le regard) C’est compliqué Azaya, cette histoire est très complexe, je t’en parlerais un de ces jours. Mais pour le moment je préfère que nous parlions des choses agréables comme ce soleil qui est entrain de se lever et qui est aussi magnifique que ton sourire !

-(souriant) Tu es vraiment un gros baratineur !

Quelques minutes supplémentaires à admirer le lever du soleil, puis les deux tourtereaux se lèvent et vont vers le parking pour récupérer la voiture et reprendre le chemin du retour. C’est à ce moment qu’Azaya sort son téléphone de son sac et découvre les dizaines d’appels manqués de son amie qu’elle avait oublié de prévenir de ce qu’elle ne rentrerait pas de la nuit, ainsi que des tonnes de messages.Elle s’empresse de répondre pour la rassurer, puis sélectionne une playlist de pop musique pour agrémenter le voyage.

C’est aux environs de neuf heures que les deux aventuriers arrivent à la cité estudiantine. Mehdi sort de la voiture et la contourne pour ouvrir la portière à sa passagère, puis la raccompagne jusqu’au portail :

-J’ai vraiment passé une journée extraordinaire Azaya…

-(souriant) Moi aussi !

Il s’élance pour l’embrasser, mais elle lui présente sa joue :

-Quelqu’un pourrait nous voir !

-Et ce ne serait ni étrange ni blâmable ma belle ! Alors, maintenant j’ai le droit d’avoir ton numéro ? Je pense que nous avons déjà franchi le cap…

-J’ai beaucoup aimé ton petit mot de l'autre jour. Découvrir ton écriture, sentir sur le papier ton parfum, je trouve ça romantique et assez original.

-En d’autres termes tu vas continuer à me torturer c’est ça ?

-(éclatant de rire) Mais non ! Qu’es ce que tu racontes ?!Ecoutes Mehdi, au risque de te paraitre bizarre, j’aime ce que je vis comme je le vis, et j’ai peur de rendre cela conventionnel, et d’en faire perdre toute la magie. J’ai l’impression que si aujourd’hui les gens n’aiment plus réellement, c’est parce que le coté émotionnel a laissé place au superficiel. C’est ainsi que nos parents se sont aimés et nous voyons bien la différence.

-(soupirant) Décidément, tu ne cesseras pas de me surprendre ! Ben que dire devant un aussi bel argumentaire ? Je passe te chercher ce soir pour que tu vois au moins ou je vis, ainsi tu sauras ou poster mes petites lettres !

-(souriant) Voilà !

Il s’approche d’elle et la prends dans ses bras un moment avant de la regarder partir. Azaya fait quelques pas, puis se retourne et lui sourit, il la regarde longuement jusqu’à ce qu’elle disparaisse dans les escaliers.

Azaya pousse la porte de la chambre entrouverte et son amie assise sur le lit ne lui lance même pas un regard. Elle plonge dans le lit et se met à la taquiner :

-Tu boude ?

-(nerveuse) Je me suis fait un sang d’encre pour toi !!

-Oui mais je suis là maintenant !! Je suis vraiment désolée, la journée était marathon et je n’ai pas touché mon téléphone une seule seconde.

-(curieuse) Alors c’était comment ?

-(heureuse) C’était juste magique Lisa. La plus belle journée de toute ma vie ! Nous avons visité limbé, nous avons mangé des fruits de mer tellement savoureux. Mehdi est vraiment…Oh mon Dieu je n’arrive même pas à trouver un adjectif pour lui !Et puis nous avons…C’était juste génial !

-Attends, Attens, vous avez fait quoi ? Azaya ne me dis pas que tu as laissé ce mec te…

-Nous l’avons fait ensemble Lisa, J’en avais envie !

-(vexée) Azaya !! Mais c’est trop tôt !!

-Avec Allan tu avais attendu plus de six mois, et je ne vois pas ce que ça a changé.

Lisa fronce les sourcils et son visage s’assombrit. Elle se lève et se dirige vers la salle de bain :

-(la suivant) je suis désolée Lisa, je ne voulais pas te blesser, excuse-moi !

-Non c’est rien. J’espère juste que vous vous étés protégés. Ce serait trop bête de choper une grossesse maintenant, ou pire, une maladie.

-Oui bien sûr. Une chance que J'ai toujours un préservatif dans mon porte feuille. Je l'avais mis juste comme ça et j'avoue que j'en ai confirmé l'importance.

-(refermant la porte) Tant mieux.

Lisa s'assied sur le pot et se pose la question qui la hante depuis sa rupture avec Allan "ou ai je échoué ?". Elle laisse les larmes qui remplissent ses yeux se frayer un passage jusque son menton. Allan était aussi attentionné, aussi prévenant, aussi romantique que Mehdi au début de leur relation. Elle aussi avait expérimenté cette sensation de surfer sur un petit nuage de bonheur, pendant des mois Allan avait entretenu cette passion. Il était resté patient et très comprensifs. Lisa était même allée jusqu'à imaginer que c'était l'homme de sa vie. Pour la première fois elle s'était projetée dans un futur assez lointain avec un homme, elle avait commencé à faire des projets communs. Sa première nuit d'amour avec Allan elle l'avait préparée pendant des jours, pour que tout soit parfait. Un dîner aux chandelles soigneusement cuisiné par des soins avec l'aide d'Azaya, un ensemble de nouveaux draps en soie avec des motifs romantiques, des bougies parfumées, des nounours en peluches posés sur le lit. Lisa avait vraiment sortit grand jeu pour en faire un moment inoubliable. Et elle avait réussi, sauf qu'aujourd'hui tout ce qu'elle veut c'est oublier ce moment.

Allan lui a fait voir de toutes les couleurs. Le pire est qu'elle est restée naïve et dupe pendant longtemps. Elle buvait ses paroles et était toujours là première à plaindre son sort. Pauvre Allan, il ne lui arrive que des embrouilles. Il perds son argent de pension et attrape la rougeole la même semaine. Des anecdotes auxquelles Lisa repense en se demandant si elle était vraiment tombée sur la tête. Il avait toujours le chic pour créer des situations qui lui donnent de l'espace pour quelques jours, le temps pour lui de s'amuser avec ses autres conquêtes. Lisa était celle qui venait faire la cuisine et remplissait dans les gamelles pour charger son frigo, faire des jus de fruits naturels dont ses rivales venaient de délecter en savourant ses délicieux plats. 

Chaque chose étrange que Lisa retrouvait dans la chambre de son petit ami avait une explication très logique et plausible. Il faut dire que le mensonge est un talent pour certains. Une fois elle avait retrouvé un préservatif utilisé sous le lit et Allan s'était mis dans tous ses états :

"Ce n'est pas possible !! Voilà le genre de chose que je ne tolère pas du tout, c'est inadmissible ! Tu veux rendre service et au final tu es abusé. Peter, ce Peter va m'entendre ! Il m'a demandé de lui prêter ma chambre pour loger sa copine qui vit hors de ville étant donné que lui il vit en famille. Voilà, il n'est même pas foutu de nettoyer derrière lui ce connard. Dire que j'ai dormi sur les draps dans lesquels il s'est envoyé en l'air. Ça me dégoûte vraiment !! Chérie je m'excuse vraiment, je n'aurais pas dû accepter de lui prêter ma chambre alors que c'est aussi la tienne et que ce genre de découverte n'est pas honorable pour toi. S'il te plaît ne touche pas ça avec tes mains...On ne sait pas quel genre de maladie les gens peuvent traîner. Pff ce type..."

Quand Lisa y repense elle préfère en rire. Ce jour là c'est elle qui le calmait et lui demandait de laisser tomber. C'est elle qui en appelait à sa compréhension et son indulgence.

Elle retire son téléphone de la poche de sa culotte lorsque celui ci se met à vibrer, signalant l'arrivée d'un nouveau message :

"j'ai tellement envie de sentir ta langue sur ma verge, là tout de suite. S'il te plaît retrouve moi où nous étions l'autre jour, ou si tu veux je passe te chercher"

Elle pousse un long soupir et dépose le téléphone sur le bord du lavabo. Ce n'est pas comme ça qu'elle imaginait sa vie mais c'est que la vie lui offre. Elle commence à se dire qu'après tout c'est ce qu'elle mérite et ça vaut peut être mieux. Au moins elle vit une relation sans engagement, sans attentes sans stress. Et puis Joël gagne bien sa vie, la dernière fois il était si content qu'il lui a remis une enveloppe de cent mille francs comme argent de poche. C'est plutôt joindre à l'agréable, l'utile !! Elle reprends son téléphone et réponds au message par une approbation. Le rendez vous est pris pour dans une heure.

Lisa sort de la salle de bain et trouve son amie endormie. Ça tombe bien, ça lui évite de devoir répondre à ses questions. Elle se prépare rapidement et sort en laissant un message à son amie.

Lisa ne veut rien savoir de Joël, ni comment est sa femme, ni le nombre d'enfants qu'il a, s'il en a d'ailleurs. Tout ce qui serait de nature à créer entre eux un lien autre que la relation charnel qui les unit est proscrit. Ils ont le droit de parler d'actualité, de son boulot ou à la limite de ses aspirations,mais rien de plus. De toutes les façons, il n'est pas question que leurs rendez vous durent plus que le temps qu'il faut pour s'envoyer en l'air et puis se nettoyer. C'est une bonne chose qu'ils aient déjà repéré un appartement meublé propre et discret, ce sera leur antre secrète. A bien y penser ce pourrait être excitant, pour elle qui n'a jamais essayé ce type de relation.

L'une des choses qui a toujours fait de Lisa la copine de sexe vers qui on revient toujours ce sont ses performances sexuelles. Elle est si ouverte et décontractée quand il s'agit de ce domaine. Les fantasmes et folies sont pour elle la raison même d'existence du sexe. Ce serait tout de même ennuyeux de reproduire les mêmes scénarios continuellement, pense t'elle. Elle de prête à tous les jeux, dans limite de ses principes personnels. 

Joël arrive à l'appartement le premier, il est déjà tout excité. Il a pris le soins d'acheter quelques rafraîchissements qu'il range dans le frigo avec d'autres friandises à manger plus tard ou même pendant...

Lisa sonne une fois et la porte s'ouvre immédiatement. Joël contemple ses jambes nues, tandis qu'elle s'installe sur le bord du lit et croise les pieds:

-(s'approchant) Le temps me semblait interminable Lisa...Regarde comment je suis tout tendu!!

Elle sourit et s'avance vers lui, puis colle sa poitrine contre son dos et glisse la main lentement le long de son pantalon pour jauger la dureté du membre. Joël respire bruyamment, il attrape sa main et l'accompagne à l'intérieur de son pantalon, elle sourit. Ensuite le retourne face à elle et le pousse dans le lit. Son membre viril est déjà tellement tendu qu'il en est douloureux, Lisa n'a pas l'intention de faire durer encore le suspense, alors elle se met au dessus de lui en se contentant de relever légèrement da jupe sous laquelle elle ne porte rien du tout.

Joël trouve là l'occasion d'explorer toutes les positions proscrites dans son foyer, tous les fantasmes qu'il n'ose pas exposer à sa femme de peur de subir son jugement. Il le font habillés, puis nus, sous la douche, sur le plan de travail de la cuisine, en faisant honneur au kama sutra de toutes les façons dont leur flexibilité leur permet.

Après plusieures heures de galipettes, Lisa prend sa douche et prends congé de son amant. Il propose de la la raccompagner mais elle décline immédiatement son offre, ne souhaitant pas courir le risque d'être vue par une connaissance.

Il est a peu près seize heures lorsque Lisa revient de sa balade sexuelle. Son amie est assise sur le bureau, à contempler les quelques selfies quelle a capturé durant son séjour à Limbé :

-Lisa...Alors tu as trouvé ta soeur?!

-(évasive)Oui, tout était bien. Et là je suis épuisée, je veux juste manger et dormir.

Elle s'affale dans le lit et balance son sac sur la table. Quelques minutes plus tard le téléphone d'Azaya se met à sonner elle s'empresse de décrocher :

-Allo Maman ?

-(paniquée) Azaya, il faut que tu vienne tout de suite.

-(inquiète) Qu'es ce qu'il ya maman ?

-Ton père a fait un malaise, nous sommes en chemin pour l'hôpital général. Rejoins nous là-bas.

-(se levant, paniquée)J'arrive tout de suite maman. Mon Dieu pourvu que ce ne soit rien de grave.

Après avoir raccroché , Azaya réveille son amie en cascade :

-Lisa!! Lisa !! Je dois y aller. Papa a fait un malaise, il sont entrain  d'aller à l'hôpital, je dois les y retrouver. S'il te plaît, quand Mehdi viendra explique lui ce qu'il se passe et donne lui mon numéro pour qu'il m'appelle.

-Ne t'inquiètes pas je vais m'en occuper. J'espère juste que ce n'est rien de grave!

-(se dirigeant vers la porte) Ah Lisa, et moi donc ! Maman avait l'air si inquiète...

Azaya hâte le pas vers la route pour prendre une moto taxi. Son rythme cardiaque s'emballe, elle craint le pire. S'il arrive quelque chose à son père son monde va s'écrouler. Non non , il vaut mieux ne pas y penser. C'est inimaginable!

A suivre...

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