Pistes croisées

Write by Nobody

 L'agitation régnait au commissariat. Jimmy se tenait derrière son bureau, les yeux rivés sur un tableau où des photos des victimes étaient épinglées, reliées entre elles par des fils rouges qui serpentaient de manière presque chaotique. Depuis le début de l'enquête, des indices étaient apparus, mais aucun ne semblait suffisant pour éclairer le mystère. Chaque victime avait sa propre histoire, ses propres liens, mais aucune connexion évidente n'avait encore émergé.

Le commissaire, un homme dans la cinquantaine au visage marqué par l'expérience, entra dans la pièce en soupirant. 

- "Toujours rien de concret, Jimmy ?"

– "Non, commissaire. Nous avons des pistes, mais rien de solide." 

Jimmy regarda la pile de dossiers sur son bureau. Les rapports sur les meurtres des dernières semaines s'empilaient. Le lien entre les victimes semblait aussi ténu qu'un fil de soie, mais il y avait cette impression d'un plan global qu'ils n'arrivaient pas à déchiffrer.

– "Les témoins sont peu nombreux, et ceux qui se manifestent ont des histoires qui ne tiennent pas la route," continua Jimmy. "Parfois, on dirait que le tueur choisit ses victimes au hasard, mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a une logique derrière."

Le commissaire hocha la tête, appuyant ses mains sur le bureau. 

- "C'est ça, le problème. Nous n'arrivons pas à saisir ce qui nous échappe. Mais on ne peut pas se permettre de laisser cette enquête stagner. Tu as de nouvelles pistes ?"

– "Il y a des détails, des coïncidences, mais rien qui confirme quoi que ce soit." 

Jimmy s'éloigna du bureau et se dirigea vers le tableau. 

- "Regardez ici, commissaire. Les victimes étaient toutes liées à un environnement professionnel. Et à chaque fois, il y a eu une sorte de conflit au travail, une tension non résolue."

Le commissaire observa les photos, son regard perçant. 

-- "Mais ça ne nous dit toujours pas qui est derrière tout ça. Nous avons peut-être affaire à un tueur organisé, ou à un meurtrier impulsif qui agit sans réfléchir."

À cet instant, un des inspecteurs entra dans la pièce, un jeune homme au regard vif, mais fatigué par les longues heures de travail. Il s'appelait Lucas et faisait partie de l'équipe de Jimmy depuis peu. 

-- "Chef, il y a quelque chose qui pourrait intéresser tout le monde. On a trouvé un lien entre deux des victimes. Un ancien collègue, accusé de harcèlement, pourrait avoir des raisons de vouloir leur mort."

– "Bien joué, Lucas. D'accord, on va enquêter là-dessus." Jimmy se redressa, le regard déterminé. 

Ce lien, bien qu'encore flou, pourrait bien être l'indice qu'ils cherchaient.

L'enquête avançait lentement, mais il y avait des moments où tout semblait converger, puis se défaire comme un puzzle inachevé. Dans les moments de tension, Jimmy trouvait du réconfort auprès de l'inspectrice Léa, une femme brillante et énergique qui faisait partie de son équipe. Léa était tout ce que Jimmy admirait : une professionnelle sans compromis, mais aussi une personne avec une grande capacité d'empathie. C'était rare dans leur métier.

Ils se retrouvaient souvent après les longues journées de travail, discutant de l'enquête autour d'un café. Au début, il s'agissait de simples échanges professionnels, mais avec le temps, quelque chose de plus s'était installé entre eux. Ce n'était pas un coup de foudre, mais une complicité qui se tissait doucement.

– "Tu sais, Jimmy, parfois je me demande si on est en train de perdre notre temps avec cette enquête," dit Léa un soir, alors qu'ils s'étaient installés à la cafétéria du commissariat. "Chaque piste mène à une impasse, chaque témoin semble nous mentir."

Jimmy la regarda, puis sourit faiblement. 

– "C'est le job, Léa. L'incertitude fait partie du quotidien. Mais on finira par trouver une faille."

– "J'espère," répondit-elle avec un sourire triste

Il y avait quelque chose dans ses yeux, un mélange de fatigue et de désir de croire en quelque chose. Peut-être en la résolution de cette enquête, ou peut-être en eux, d'une manière plus personnelle.

 Un soir, alors qu'ils se retrouvaient seuls après une longue journée de travail, leur conversation dévia vers des sujets plus personnels.

– "Tu sais, Jimmy, tu es le seul à pouvoir me faire sourire même après tout ça," confia Léa en posant sa tasse sur la table.

 Jimmy la regarda, une lueur de compréhension dans les yeux.

– "Je crois que ça fait longtemps que je ressens la même chose."

 Les mots étaient simples, mais ils résonnaient comme un aveu silencieux.

Ce moment suspendu fut interrompu par un appel urgent. Ils étaient de retour dans l'enquête, mais la tension qui s'était installée entre eux était palpable, et Jimmy savait qu'il n'était pas insensible à cette complicité croissante.

Quelques jours plus tard, l'enquête prit une nouvelle tournure. Un témoin avait révélé que plusieurs des victimes avaient fréquenté le même club, un lieu discret mais populaire parmi ceux qui cherchaient à échapper à leurs responsabilités professionnelles. C'était une petite brèche dans l'armure de l'affaire, et Jimmy savait qu'il devait exploiter chaque possibilité. La recherche de ce lien pourrait bien leur offrir la clé pour comprendre les motivations du tueur.

Au fur et à mesure des découvertes, Jimmy se rendit compte qu'il n'était plus seul à observer les indices. Léa, bien plus qu'une simple collègue, semblait suivre ses pas sans jamais poser de questions inutiles. Ils étaient en équipe, soudés dans cette quête de vérité, mais il était de plus en plus difficile de nier que quelque chose de plus était en train de naître entre eux.

Ce soir-là, ils se retrouvaient à nouveau pour discuter des derniers développements. Alors qu'ils examinaient les nouvelles informations sur le tueur, le regard de Jimmy s'attarda sur Léa. Il avait l'impression que la vérité n'était pas la seule chose qui les unissait désormais.

Pendant ce temps, de retour dans le cabinet de Soraya, Dalila entra avec une expression à la fois fatiguée et résolue. Soraya la salua chaleureusement. 

-- "Prête pour une nouvelle séance ?"

Dalila hocha la tête, s'installant dans le fauteuil habituel avec une lourdeur apparente. Elle savait que les questions deviendraient plus pressantes, et que le voyage à travers ses souvenirs la pousserait encore plus loin dans les recoins obscurs de son âme. Mais elle n'avait plus d'autre choix que d'avancer.

– "Commençons, Dalila," dit Soraya, prête à l'écouter. 

Le temps de l'introspection venait d'une manière plus poignante que jamais.

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