Polygame (suite)
Write by RIIMDAMOUR
Camélia organise une fête pour sa fille, Maya. Elle fête son seizième anniversaire et l'obtention de son Bac en même temps. Sa mère est très fière d'elle, j'avoue qu'il y a de quoi, elle a obtenue son BAC deux ans avant l'âge normal, je ressens moi-même une petite pointe de fierté.
Moi à son âge, le bac, je ne pensais même pas l'avoir et quand je l'ai eu, j'y croyais toujours pas, Safiètou avait tellement réussi à m'arracher toute ma confiance en moi-même que je ne pensais même plus être en mesure de réussir dans ma vie.
Merci chère belle-mère.
Alors, quand je vois des jeunes qui sont appuyés, soutenus et aimés, ça me fait ce petit pincement au cœur, mais surtout ça me soulage.
Je suis rassurée de voir que les gens autour de moi ne subissent pas la même merde que cette vieille folle m'a fait subir.
Maya vient de sortir de sa chambre toute paniquée, elle à mal tracé son trait d'eye liner et sa crinière mi-longue est dans un de ces états...
Ah l'adolescence !
Heureusement Khadija est là (oui, encore), et prend Maya en charge.
Elle est chiante à morte, mais c'est quand même une pro en tout ce qui touche à la beauté.
Elle sert à quelque chose, Alléluia !
En trente minutes Khadija a réglé le problème et j'ai en face de moi une maya très mignonne qui me sourit.
Elle à bien changé la petite, elle n'est plus aussi virulente, méchante...
C'était sans doute l'adolescence.
Je lui ai acheté une paire de pompes, nike, c'est ce qu'elle m'a dit qu'elle voulait.
Sa mère n'arrête pas de vadrouiller dans la maison, pour voir si tout est en place, elle est tellement exitée.
Moi je le suis un peu moins, je redoute le moment où Amine viendra, puisqu'il viendra surement, ma belle sœur a invité toute la famille.
Elle n'allait pas le convier, pour ne pas me mettre mal à l'aise, je l'ai convaincu de le faire, c'est quand même son frère et bien que j'apprécie toute sa sollicitude, je ne veux pas être une cause d'embrouilles entre eux deux.
- Qui, Mohamed ? Pourquoi je l'inviterai celui là ? Je pensais que c'était le seul garçon de la famille à avoir le plus de bon sens, mais il s'est avéré que c'est l plus con des quatre. Pfff... Et puis je ne veux pas qu'il fréquente mon mari hein, il pourrait lui donner envie de faire comme lui. Pff ...la polygamie ! Attends que je le vois rekk, il va sentir sa douleur. Avait-elle répondu quand je lui ai demandé si son frère venait.
Camélia lui en voulait beaucoup, comme toutes les personnes de mon entourage, d'après eux je ne mérite pas ce qui m'arrive. De toute façon, qui mérite de vivre ça ? Je me le demande bien.
Je ne suis plus en colère, je suis plutôt résignée et décue ?
J'attendais plus d'honnêteté de sa part, plus de dignité.
Il est faible, je le sais maintenant.
Pas une seule fois il ne m'a appelé depuis qu'il est marié, je n'ai pas reçu de lui le plus court des textos.
Au debut je m'inquiétais pour lui, allait-il bien ? Avait-il des soucis ?
Mais ne dit-on pas que point de nouvelles, bonne nouvelle ?
J'ai arrêté de m'en faire pour lui, c'est un grand garçon.
Les invités arrivent peu à peu et moi je m'ennuie, près du buffet.
Khadija me lance un regard réprobateur auquel je réponds en lui tirant la langue.
Je suppose qu'elle me reproche de trop manger.
Maatay !
Façon, c'est ma bouche, mon ventre et mon corps, j'en fais ce que je veux.
Après... je me demande si je ne devrais pas m'éloigner de ces petits fours un peu...
Ces temps-ci, j'ai conscience que je mange trop, je bouffe, je bouffe...
J'ai même pris du poids, beaucoup de poids, genre...dix kilos.
A un autre moment, ça m'aurait peut-être fait paniquer, mais là...
Je m'en tape.
Mes habits ne me vont plus, j'ai pris des fesses, du ventre, même mes seins ont augmenté, mais ça ne me dérange pas plus que ça.
Khadija est convaincue que je me suis rabattue sur la nourriture pour oublier mes soucis.
N'importe quoi !
Il se trouve juste que je suis devenue très gourmande et je l'assume.
C'est tout !
Je m'éloigne judicieusement du buffet, je crois que mon popotin est assez gros comme ça, pas la peine d'en rajouter et ma taille basse me sert un peu au niveau de la poitrine, pourtant elle était un peu grande quand je l'ai récupérée chez le tailleur.
Hum...Khadija a peut-être raison, je devrais faire attention.
Je connais quelques personnes parmi les invités de ma belle-sœur, quelques clients du restaurant et les très nombreux membres de la famille Aïdir : les oncles , les tantes, une ribambelle de cousins et cousines..
Je les évite du mieux que je peux, je serais vraiment embarrassée si l'un d'eux me demande des nouvelles de mon mari.
Tout d'un coup je suis trop nerveuse, j'ai envie de partir.
Je vais rester encore un peu, histoire d'être polie et après je m'en irais.
L'envie de vomir me saisit les tripes.
Un jeune homme s'approche de moi. Il se présente comme Babacar... je ne sais plus trop comment...un collègue du mari de Lily. De toute Façon, je n'entends même pas ce qu'il me dit à cause de tout ce bruit mais il semble gentil.
Teint clair, environs un mètre quatre vingt et un sourire très joli.
Ma foi, il n'est pas trop mal, et je le trouve sympa jusqu'au moment où je me rends compté qu'il me drague.
Je suis... super, hyper choquée.
Ça faisait tellement longtemps que je ne m'étais pas faite draguée, en fait, depuis le lycée. A l'époque tous les jeunes de mon école me prenaient pour une sorte de fille facile, à cause de tout ce qui se disait sur moi.
Ils me draguaient, espérant le gros lot.
Même mes profs s'y sont mis. J'ai détesté cette époque, j'avais l'impression d'être une extra terrestre.
Je hoche la tête, génée, pour toute réponse à ce Babacar. Je lui montre ma bague.Il ne doit pas être d'ici, lui, sinon il saurait que je suis mariée.
Qui n'a jamais entendu parler de moi ici ?
Mais en ce moment, une douleur aiguë me saisit le ventre.
Je cours vomir dans les toilettes les plus proches.
J'espère bien que ce n'est pas un de petits fours que j'ai mangé qui me font cet effet là, ce serait vraiment désastreux car ils viennent de mon restaurant.
Je me vide l'estomac environs cinq minutes, je me sens beaucoup mieux après mais je ne ressemble plus à rien.
Mon visage est blême et mon maquillage a coulé.
J'espère aussi que ce ne sont pas mes foutues règles qui s'annoncent.
Je m'arrange un peu le visage et sors.
Babacar m'attendait devant la porte des toilettes et me demande si tout va bien, la mine inquiète.
Je le rassure et me dirige vers le salon avec mes affaires, pour prévenir Lily que je rentre .
A peine ai-je posé un pied dans la pièce que mes yeux rencontrent direct ceux de Amine.
Merde ! J'ai manqué la crise cardiaque de très peu.
Mon cœur menace de sortir de ma poitrine. Je ne sais pas par quel miracle je tiens encore debout sur ces escarpins à tallons e dix centimètres alors que je ne sens même plus mes jambes tellement je suis sous le choc, j'ai le tournis.
Cette femme est vraiment magnifique avec sa peau mate, ses très longs cheveux de jais et ses yeux de biche.
Putain, pourquoi il a fallu qu'il choisisse une femme dix fois plus belle que moi.
Mes pieds me portent mystérieusement jusqu'au centre de la pièce où ils se tiennent tous, le nouveau couple y compris.
Je plaque un sourire ravi sur mes lèvres et regarde partout sauf dans la direction de cette...fille, ma coépouse.

Je me dirige directement vers Camélia, qui me regarde, une lueur d'inquiétude dans les yeux.
- Je rentre Lily, je ne me sens pas très bien.
Ils sont juste tous les deux à coté de moi, je sens le parfum de mon mari d'ici, un parfum que je lui avais offert.
J'ai encore plus envie de vomir, pas parce que l'odeur me déplaît, mais parce que la réalité que j'ai tenté de fuir depuis tout ce temps vient de me frapper en plein fouet.
Son regard, je sens son regard sur mon échine.
Mon Dieu !
J'avais oublié qu'il me faisait cet effet là.
- Déjà ma chérie ? Tu veux que j'appelle le chauffeur pour qu'il te dépose chez toi ? C'est vrai que tu as une petite mine. Répond gentiment ma belle-sœur que je sens stressée d'ailleurs.
Je décline son offre avec empressement, je veux sortir de cette pièce au plus vite, j'ai l'impression que toutes les paires d'yeux son vissées sur moi, guettant mes moindres réactions, après tout, tout le monde est au courant de ma vie privée par ici.
Je m'apprête à leur tourner le dos quand...
- Bonsoir Milouda. Me dit Taloula .
Je suis tellement surprise que je m'arrête.
Elle vient de me saluer cette voleuse de mari ?
Elle me cherche ou quoi ?
Pourquoi elle me salue ?
J'ai jamais tapé sur une fille, à part Safiètou, mais mes mains me démangent en ce moment.
J'ai envie de...
- Bonsoir ! je lui réponds le plus calmement possible.
Mes yeux croisent ceux presque noirs d'amine et mon cœur rate un battement.
Là il faut vraiment que je sorte d'ici sinon je vais fondre en larmes devant tout le monde.
Je croise Babacar qui se propose pour me ramener chez moi, j'accepte avec empressement et récupère mes affaires.
Je ne veux pas rentrer avec ma cousine, on est venus ensemble et je ne pourrais pas rentrer sans elle.
Je lui laisse les clefs de ma voiture.
A peine Babacar à t-il démarré que je fonds en larmes.
Je ne peux plus me retenir.
Voilà, là je pleure.
Pour la première fois depuis ... je pleure.
Ça m'a fait un choc de les voir ensemble, si près l'un de l'autre, et cette femme avec son sourire ravi...
C'est vrai alors, ma vie a changé, encore.
Mon mariage est devenu un ménage à trois avec tout ce que ça implique.
Partager mon mari, l'imaginer partager son lit avec une autre.
Une image traverse mon esprit : je les vois faire l'amour, je les vois s'embrasser.
Je fais signe à Babacar de s'arrêter rapidement et je descends dès que la voiture s'arrête.
Je vomis, tout mon saoule, je pleure aussi, sous le regard inquiet, paniqué, contrit et un peu dégouté de mon nouvel ami.
Là tout de suite, je crois que je ne me suis pas sentie aussi mal depuis... très longtemps.
Pas depuis que j'ai perdu mon bébé.
Encore une fois, je souffre mille morts à cause de quelqu'un d'autre.
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Je ne suis pas allée travailler aujourd'hui, je ne peux même pas me lever de mon lit.
J'ai le cœur en miette et le corps entier en compote.
Je suis épuisée, je me suis tuée à la tâche ces derniers jours, pour ne pas penser...
Et j'avoue que je ne me suis pas du tout ménagée.
Je suis devant la saison six de game of thrones mais aujourd'hui, même John Snow n'arrive pas à capter mon attention. Les tablettes de chocolat que je dévore ne me remontent pas le moral non plus. J'ai envie de mourir, de disparaître, ou tout simplement de m'endormir, mais même le sommeil me fuit.
Quelqu'un frappe à la porte de ma chambre, je ferme rapidement mon ordi, faisant semblant de dormir.
Je n'ai envie de voir personne. Ce doit surement être Fatou, ou Khadija qui va venir me casser les pieds ou au pire des cas, Josée.
Après plusieurs coups sans réponse, j'entends la porte s'ouvrir, et des pas dans la pièce.
Je sais d'instinct que ce n'est ni Khadija, ni Fatou ni même Josée.
Je me fige sur place.
Que fait-il ici ?
Son parfum et sa présence envahissent la pièce, semant le trouble dans ma tête, mon cœur, mon corps.
-Milouda, Milou !
Je ne répond toujours pas.
Je n'ai pas envie de le voir, et puis qu'est-ce qu'il me veut ?
Après plusieurs autres tentatives de me réveiller, auxquelles je ne répond pas, il finit par s'en aller.
Bon débarras ! Moi je m'endors comme une masse.
Quand j'émerge enfin des bras de Morphée, la nuit est tombée, il est 20h36.
J'ai donc dormi environs onze heures et j'ai encore sommeil.
Ça m'apprendra à travailler comme une dingue.
Je me dandine jusqu'à la cuisine, en mode zombie, pour trouver de quoi me remplir l'estomac avant d'aller rattraper mes prières.
J'ai vraiment mal partout et je suis d'humeur à broyer du noir.
Et qui est-ce que je croise en entrant dans le salon ?
Monsieur le polygame !
Evidement ! Comme si je n'étais pas assez énervée comme ça.
-Milouda ! s'écrie t-il en se levant.
Je ne prends même pas la peine de lui répondre et lui tourne le dos très rapidement.
Il est sur mes pas, tandis que je monte difficilement les escaliers.
-Milou ! Arrête-toi s'il te plaît ! Faut qu'on parle.
Je suis bien d'accord mais là, ce n'est pas le moment.
Il finit par me rattraper et me tenir le bras.
-Sheut ! Lane leu ! (quoi) ?
Je n'ai pas pu m'empêcher de lui crier dessus, je suis trop énervée en ce moment.
Moi je souffre, toute seule dans mon coin, depuis des semaines, je ne ressemble plus à rien à cause de lui.
Lui il se tient devant moi, frais, pimpant, beau, comme une fleur quoi, il n'a pas l'air triste, malheureux, pas le moins du monde, puisqu'il se la coule douce avec sa nouvelle épouse.
C'est quand même très injuste.
-Je veux juste te parler, s'il te plaît !
-Me parler ? Tu viens de te souvenir de mon existence ? je ne suis pas contre l'idée de parler mais ce n'est pas le moment. on aurait dû parler il y a bien longtemps.
- Ecoutes moi je te prie. Juste quelques minutes. Dit-il un air tellement pitoyable que j'ai presque pitié de lui.
- D'accord, parles, je t'écoute !
Il se passe la main dans les cheveux et sur la nuque, il est embarassé, c'est bien. Tu n'as encore rien vu.
Guissago Dara ioe.
Mais ça ne fait pas évoluer la situation.
- Allons nous asseoir au Salon s'il te plaît, propose t-il.
Nous sommes toujours dans les escaliers.
- Pas la peine, je t'écoute, je suis pressée là.
Il fronce les sourcils et se passe encore les mains dans les cheveux. Ça devient agaçant, on dirait qu'il a perdue sa langue.
- Tu voulais parler non, depuis cinq minutes je t'écoute, tu ne dis toujours rien.
- Je, euh... balbutie t'il.
Ça me brise le cœur de le voir ainsi, honteux gêné , mais tout cela est de sa faute.
- Je ne sais pas par où commencer.
C'est que tu as fait beaucoup de conneries aussi, lingua deff mo bari.
Là tout de suite, je ne reconnais plus l'homme que j'ai épousé, celui dont je suis tombée amoureuse.
- Tu veux peut-être que je t'aide? Moi, je vais te dire par où commencer. Je lui dis.
Il lève vers moi des yeux surpris.
- Tu vas commencer par me présenter tes excuses parce que tu ne m'a pas respectée, je me demande si tu m'as jamais respectée d'ailleurs. Tu vas t'excuser parce que t'aurais dû m'annoncer toi même que tu as épousé une autre femme, dans mon dos. Tu vas aussi t'excuser parce que tu es resté plusieurs semaines sans même m'appeler, et ça c'était vraiment le minimum...
- Milou! Fait-il interloqué.
- Est-ce que tu t'es soucié une seule fois de comment j'allais? De la conséquence de tes actes? Non? De toutes les personnes qui m'ont le plus blessé dans ma vie, tu es celle qui m'a le plus déçu.
Il ne dit toujours rien.
Que pourrait-il dire d'ailleurs.
- Tu sais tous les changements que j'ai fait dans ma vie juste pour toi. Tu m'en as fait des vacheries depuis que je te connais, plein plein, mais je suis restée, pour toi. Alors quand je vois comment tu me traites...
Il m'interromps encore en levant les mains au ciel, avec son air pitoyable, l'air de toujours chercher ses mots.
Pff...
Je crois que ce moment est le plus difficile de toute ma vie.
- Mon avocat t'enverra les papiers du divorce demain. Je lui dis pour terminer.
-Quoi? Je l'entends crier alors que je regagne ma chambre. Attends quels papiers de divorce?
- Ne me dis pas que tu ne t'y attendais pas, Amine?
Il me suit dans ma chambre.
- Quoi? Non. Je ne vais pas divorcer. Répond-il avec appoint.
J'ai envie de rire là, comme si ça dépendait de lui.
- Si, tu vas le faire. Tu ne pensais tout de même pas que j'allais rester avec toi après cette humiliation.
Il s'approche de moi, les yeux rouges, il semble en colère, je m'en tape.
Du moment où ça à l'air de le blesser, moi ça me va.
C'est à mon tour de le faire souffrir.
- Écoutes moi, s'il te plaît! On a pas besoin de divorcer. Je comprends que tu sois en colère, mais parlons en.
Il essaie de me prendre la main, mais je ne veux pas de son contacte. Il me rebute.
- Non, on a assez parlé comme ça. Maintenant va t'en. Retournes chez ta femme! Je lui crie avec énervement.
Je lui tourne le dos avec la ferme intention de retourner au lit quand je le sens me saisir le bras avec tellement de force que je crie.
Ça fait super mal.
- Tu vas bien m'écouter, personne ne va divorcer. Tu vas arrêter de te plaindre, je suis musulman, j'ai bien le droit d'avoir une autre femme.Me dit-il d'une voix qui me donne la chaire de poule, avant de me jeter violemment sur le lit.
- Et moi, j'ai bien le droit de divorcer quand je veux. J'en ai marre de toi, de tous les problèmes que tu me crée. Et je ne vais surtout pas continuer de vivre avec un homme qui partage sa vie avec une autre que moi. Je veux que tu me répudies!
- N'y pense même pas! Hurle t-il avant de claquer la porte en s'en allant.
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# Salut la famille!