Préparer une surprise
Write by leilaji
Chapitre 22
****Alexander****
Tu sais très bien qu’elle va te dire « non ! ». Voilà
pourquoi tu as tellement peur et tu te mets à faire n’importe quoi. Tu crois
vraiment que c’est comme ça qu’elle mérite d’être demandée en mariage.
AVEC DE LA COLERE !
Khan voyons, ressaisis-toi ! Tu n’as même pas de bague. SI
elle te dit oui, tu lui offres quoi ? Je n’ai pas de bague parce qu’elle va
dire non. Comment sais-tu qu’elle va dire non ? Votre relation a tellement
évolué depuis ses débuts. Leila n’est plus la même femme individualiste et
egocentrique, elle a changé. Pour toi. Je sais qu’elle dira non parce qu’elle
continue de payer le loyer de son studio.
Pourquoi le fait-elle toujours si elle a confiance en nous?
Continuer à payer ce loyer c’est comme avoir un plan B au cas où ça capote
entre nous.
Non, non, je divague complètement. J’ai juste mal calculé
mon coup et maintenant je ne sais pas comment me rattraper et j’impute le tort
à Leila. Je dois l’éblouir une nouvelle fois. Elle aime quand je la surprends.
C’est ce que je dois faire. Elle m’aime. Je n’ai pas à en douter.
Je l’embrasse pour couper court à toute réponse de sa part.
Je veux une autre chance pour lui demander convenablement sa main. Comme à mon
habitude, quand je perds les pédales et que la colère s’empare de moi, je
deviens irréfléchi et bien trop spontané.
Je veux une autre chance.
Je crois qu’elle veut me répondre mais je ne lui en laisse
pas l’occasion. Je l’entraine sous les draps et je plonge en elle sans l’y
avoir préparé. En réponse, elle me griffe le dos, je sens ses ongles s’enfoncer
dans ma chair. Je me cambre plus fort en elle sous le coup de cette exquise
douleur. Elle prononce mon nom tout doucement et ferme les yeux. Je me perds
encore plus en elle.
Pardonne-moi Leila si je recule maintenant, je veux une
autre chance de bien faire les choses.
****Leila****
Je suis à mon cours de cuisine chez la femme de
l’ambassadeur. On a presque fini de disposer les ingrédients sur la table
centrale de sa vaste cuisine. Je ne sais toujours pas pourquoi cette femme
s’est prise d’affection pour moi. Mais je ne m’en plains pas, j’en profite. Je
fais comme si elle était la mère de « Devdas » (j’ai un peu de mal à appeler
mon homme ainsi). Je la respecte énormément et la chouchoute autant que je
peux. A peine met-elle de l’huile sur le feu que je commence à ressentir une
vive douleur dans le bas du ventre. C’est presque comme si un couteau me transperçait
le ventre. Le mal me coupe le souffle un bref instant, puis toute douleur
disparait. Mais je suis tellement pale qu’elle me demande que l’on reporte le
cours à une autre fois. Ce n’est vraiment pas de refus. Je n’avais encore
jamais eu aussi mal de ma vie.
Elle m’entraine dans une chambre d’ami où je m’allonge sur
un lit bien confortable. Je ne sens plus mes jambes. Puis elle sort pour me
faire une petite infusion de je ne sais pas quoi afin de me calmer les nerfs.
J’en profite pour passer un petit coup de fil à Elle afin de lui raconter « ma
petite mésaventure ».
—
Moshi moshi
—
Depuis quand tu connais allo en japonais ?
—
Parce que tu crois que moi je suis bête quoi ?
Alors, on dit quoi ?
—
Y’a un truc bizarre qui s’est passé.
—
Raconte.
Je lui fais un bref récit avant de lui demander ce qu’elle
en pense.
—
Je dis hein, vous aimez tourner des films hein
vous deux là ! Ça c’est quoi ?
—
Bah je n’en sais rien. C’est comme s’il
regrettait ce qu’il a voulu me demander et je t’assure que depuis, il n’en
parle plus, même pas un subtil appel du pied, rien.
—
Et toi tu veux encore tout interpréter de
manière négative pour te protéger, arrête Leila. Ce mec t’aime j’ai aucun doute
la dessus. Il est prêt à avoir une famille, il en a l’âge et puis chez eux on
se marrie tôt non, donc en principe, il a même dépassé l’âge pour ça. Mais bon,
comme pour toi, il aime faire les choses en grand, peut-être que c’est pour te
laisser le temps de réfléchir à ta réponse. Ne va pas te dire qu’il regrette
quoi que ce soit.
—
Tu crois vraiment qu’il veut m’épouser. Moi.
Leila. Je ne sais pas qui est mon père et ma mère est morte. Il ne saura même
pas avec qui il s’engage avec moi. Je suis seule.
—
Hum toi tu aimes parler comme les blancs hein.
En te coupant des tiens, ta mère t’a gaspillée. Tu as déjà vu quel africain
seul au monde? Ça n’existe pas chez nous. Tu n’es pas seule, tu es ma sœur.
C’est suffisant pour faire une famille. Le reste on s’en fout.
Je ne réponds plus rien. Elle me demande où je suis et je
lui explique pour mes cours. Jusqu’à présent je ne lui en avais jamais parlé.
Elle rigole tellement fort quand je lui explique le nombre de marmites que je
brule chez la pauvre indienne que je suis obligée d’éloigner un moment le
téléphone de mon oreille.
—
cHé l’amour oh.
J’ai un honte qu’elle se moque de moi.
—
Je fais des efforts tu devrais être contente au
lieu de te moquer de moi. Ça c’est quel genre de grande sœur ça.
—
Justement si tu en avais eu tu saurais que c’est
en taquinant qu’on félicite. Te vexe pas oh parce que toi et ton indien, vous
vous enflammez vite.
—
Je l’aime, j’ai envie qu’il me repose la question.
Franchement la première fois, j’ai été tellement surprise surtout que le
contexte de notre discussion ne s’y prêtait pas que je n’ai rien répondu
pendant un long moment. J’ai eu peur de tout ce que ça impliquait comme
conséquences. Ma liberté, le fait de n’avoir de compte à rendre à personne
c’est très important pour moi. On rêve tout le temps de ça, d’un homme qui demande
de l’épouser mais quand ça arrive en vrai, il y a une peur panique qui
t’étreint la gorge et t’empêche de répondre. J’ai eu peur et je crois que c’est
ce qui l’a fait reculer. Bon je me sens
mieux, je vais me lever.
—
Quoi ? Pourquoi t’es couchée ?
—
J’ai eu très mal d’un coup et je suis allongée.
—
J’espère que tu ne nous refais pas le coup de la
perte de cheveux là. Arrête un peu de penser à ton mec comme ça. Ça c’est
quelle manière d’être found of ?
Je rigole doucement.
—
Je t’assure ! Je ne sais pas ce qui va m’arriver
s’il s’en va, s’il me laisse.
On discute encore un peu, puis je raccroche à la vue de
madame Naranayi qui apporte un petit plateau.
—
Je suis désolée, j’attendais que tu raccroches
et j’ai un peu entendu la conversation.
—
Ce n’est pas grave, lui dis-je en me redressant.
Je n’ai aucun secret à protéger de toute manière.
Elle s’assoit à côté de moi et je me sens affreusement gênée
par cette proximité. Elle me tend une tasse de je ne sais quoi et j’y trempe le
bout de mes lèvres. Chassez le naturel, il revient au galop. J’ai du mal à
faire confiance, c’est indéniable.
—
Ne t’inquiète pas ce n’est que du thé.
Je bois le reste de la tasse et la lui rends. Elle pose le
plateau sur une tablette pas très loin du lit. Puis elle vient se rasseoir près
de moi et prend ma main puis en regarde la paume.
—
L’orgueil chez toi et la colère chez lui.
—
Que faites-vous ? dis-je confuse qu’elle me «
lise » de cette manière étrange tout en essayant de lui retirer ma main
—
Son destin est écrit dans ton âme et le tien
dans la sienne. Mais vous n’êtes encore que des enfants malgré vos âges et je
ne sais pas si vous aurez la maturité nécessaire pour porter le poids de votre
passion.
—
Vous parlez de Xan… d’Alexander et moi ?
—
De qui d’autres ? Je te dis les choses comme je
les vois. Fais en ce que tu veux. Prends-moi pour une vieille folle si tu veux.
—
Non pas du tout, je murmure avec respect car
j’ai tellement de questions sans réponse que je suis prête à écouter n’importe
qui, même une vieille indienne un peu bizarre.
—
J’aime beaucoup Devdas. Je connais son histoire
et ce n’est pas à moi de te la raconter mais… Sa famille a toujours beaucoup
compté dans sa vie, surtout sa mère. Ne le laisse pas passer une étape aussi
importante de sa vie sans sa famille. Ça ne marchera pas.
—
Quelle étape ?
—
Sadi (prononcer shaadi). Le mariage. C’est la
chose la plus importante dans la vie d’un indien. Ne te fis pas à sa manière
d’être. Je sais qu’il a adopté l’attitude des occidentaux quand sa famille l’a
éloigné mais c’est un indien avant tout.
Puis elle se met à me parler un peu de lui et de sa famille
sans trop m’en révéler. Elle parle à demi-mot. Me fait comprendre qu’il
faudrait que sa famille soit là pour un tel événement. Qu’il est en train de se
sacrifier pour moi. Que ce n’est pas
ainsi que les choses doivent se passer. Qu’on a besoin que les rites de la cérémonie de mariage soient respectés afin
que notre union soit bénie. Elle m’explique tout ça puis se tait.
—
Mais il n’acceptera jamais que sa mère vienne
ici ou pire que vous alliez la bas tous les deux. Je le connais assez bien et
même moi, la cousine par alliance de sa mère, il m’a interdit de lui dire qu’il
était ici au Gabon. La famille le cherche. Mais il ne se manifeste pas.
—
Mais si c’est si important que cela, pourquoi
est-ce qu’il ne veut pas que sa famille vienne nous assister ? En plus il me
dit tout le temps qu’elle lui manque. Il parle même parfois de rentrer.
—
Parce qu’il sait que ni sa mère ni son père ne
t’accepteront jamais comme belle-fille.
Elle le dit assez froidement, comme si c’était une évidence
qui aurait dû me sauter aux yeux. Il ne manquait vraiment plus que ça ! Je les
ferai venir et advienne que pourra ! Xander ne peut pas toujours tout sacrifier
pour moi. Il en est hors de question. Je les ferai venir et on finira par les
convaincre, à deux.