Profiter ...
Write by Jereda
Des aboiements dans le voisinage achèvent de me réveiller, du moins physiquement, car mon esprit, lui, est resté éveillé toute la nuit dans l'attente de cette journée.
Celle dont j'ai tant craint l'arrivée.
Impossible d'ignorer quel jour on est, impossible d'ignorer le serrement de mon coeur.
Encore plus difficile d'espérer un tremblement de terre ou autre catastrophe naturelle qui annulerait tout transport aérien.
Un seul jour, il ne nous reste que vingt-quatre heures pour se dire au revoir... ou adieu.
Pour s'aimer jusqu'au bout, jusqu'à ce que nos âmes se confondent et qu'un bout de nous se greffe à notre moelle.
Je bouge légèrement mon corps pour me coller un peu plus à lui. Si c'est possible d'être plus près.
Si seulement.
Alors je me contente de le serrer très fort, au risque de le réveiller. Mais je m'en fiche puisque je n'en aurais peut-être plus jamais l'occasion.
Mais je ne peux me rendormir, les brumes du sommeil m'ont bel et bien désertée, même me détendre, je n'y arrive pas complètement.
Je regarde la fenêtre à peine éclairée par les reflets de la lune qui font paraître presque gris, les voilages des rideaux.
J'ignore quelle heure il est, néanmoins, je peux l'imaginer, aidée par nos multiples ébats au coeur de la nuit. À cette pensée, un léger sourire déformé mes lèvres.
Nos corps se correspondent si bien et n'arrivent pas à se rassasier l'un de l'autre.
Et comment cela pourrait-il en être autrement? En seulement quelques jours, la chambre s'est imprégnée de lui.
Son t-shirt négligemment posé sur la chaise, son short lancé au hasard juste avant qu'on ne tombe enlacés sur le lit a atterri sur le petit tapis posé à l'entrée de la salle de bain.
Son blouson repose sur l'une des poignées de l'armoire et ses sous-vêtements sont rangés dans le tiroir à côté des miens comme s'il compte... rester.
Ah là là, que c'est dur!
Je sais que je dois profiter au maximum de cette journée. Je sais aussi qu'il faut que je cesse de penser au jour suivant qui n'a même pas encore pointé le bout de son nez.
Je suis de nature très positive et c'est le moment idéal pour que je m'en souvienne.
Je me trouve chanceuse de l'avoir rencontré, qu'il fasse partie de ma vie. Car faire l'expérience d'une telle alchimie n'est pas toujours une évidence.
Pour la seconde fois, je souris.
"Tant qu'il y a la vie, on dit toujours qu'il y a espoir", dit une chanson du groupe Magic System.
Alors, tant que le jour est sombre, je préfère profiter de ce qui m'est offert. De ce qui est à moi.
Je m'écarte doucement, juste de quelques centimètres puis je promène paresseusement mon index sur son torse et son ventre jusqu'à m'aventurer à la limite de son boxer avant d'y faire intrusion.