Retrouvailles (1)
Write by Saria
Chapitre 24 : Retrouvailles (1)
***Quelques jours plus tard***
*** Villa Oasis – Quartier Wemtenga – Ouagadougou, Burkina Faso***
***Kader***
Je suis à la fois heureux et angoissé : ma famille vient aujourd’hui. C’est le jour où ma secrétaire a fait les réservations que j’ai commencé à réaliser tout ça.
Comme l’a voulu mon grand-père, j’ai pris la tête du consortium et mes bureaux sont situés sur l’Avenue Kwame Nkrumah. Le chemin n’a pas été facile pour en arriver là. Par deux fois, des gens s’en sont pris à moi, par deux fois je m’en suis sorti, miraculeusement d’ailleurs.
La première fois, ma voiture a pris feu après plusieurs tonneaux. J’étais là à observer les flammes, incapable de sortir du véhicule jusqu’à ce que des jeunes gens viennent me tirer de là ! La deuxième fois, c’était dans mon sommeil ; je traversais un village à moto, je ne sais plus lequel d’ailleurs. Je rencontre des peulhs avec leurs troupeaux. Nous allions dans des sens opposés, je dépasse le premier groupe sans aucun souci. Au moment de la rencontre avec le deuxième groupe, sans aucune raison, le chef de file, un énorme zébu aux cornes acérées se détache du groupe et charge. J’ai juste le temps de sauter de ma moto pour esquiver. Je tombe dans les herbes, je me redresse péniblement pour voir la bête arriver. Il s’engage alors un combat sans merci, c’était assez rude ! Au bout d’une éternité pour moi, je lui casse la patte arrière gauche. Je m’en sors avec un hématome sur le flanc. Lorsque je me réveille, j’avais le corps couvert de sueur et un bleu sur le côté.
Le matin je rends visite à Tonton Issa ; il paraît qu’il s’est brisé la jambe gauche. Après, ce dernier incident tout le monde est d’accord pour l’exécution du testament.
Je regarde ma montre, 6h du matin ; ils doivent avoir déjà atterri. J’ai demandé à Lucien d’aller les chercher. Il les ramènera ici à la villa, tout était fin prêt.
*** Aéroport International Thomas Sankara – Ouagadougou, Burkina Faso***
***Alino aka Booba***
L’avion atterrit et je ressens quand-même une petite appréhension. Je vais retrouver mon vieil ami et frère ; ça fait presque trois ans que nous ne nous sommes plus vus. Il n’a pas paru changé dans sa façon de faire, tout le temps qu’ont duré les préparatifs, on a échangé par mail. Je reste néanmoins sur mes gardes.
Moi : Rassemblons nos affaires !
Quelques minutes après, on débarque de l’avion. Après les formalités d’usage, nous voilà dans le hall. Récupérer les bagages se fait rapidement. Les enfants regardent autour d’eux curieux ; ma belle, elle tire la tronche, rien de nouveau. Normalement quelqu’un devrait venir nous chercher, j’ai vu sa photo et je connais son prénom. Je suppose que les enfants ne sont pas très bavards, parce que jusqu’ici ils ne savent pas encore qui nous venons voir !
On avance avec les autres, je vois un bonhomme costaud, noir et pas très grand, il nous a reconnus aussi puisqu’il fait de grands gestes dans notre direction. Arrivés à sa hauteur :
Moi : Bonjour, vous êtes Lucien ?
Lucien : A votre service ! Alino je suppose !
Moi : Oui mais tout le monde m’appelle Booba.
Lucien : Enchanté, Booba ! Je suppose que toi tu es Chérifa et toi Yacine… Mes hommages, madame !
Marlène : Hmm
Lucien : On embarque à bord de la « Limousine » ; vous allez adorez les enfants !
Il récupère le charriot des enfants et ouvre la marche. Les enfants le suivent spontanément avec un large sourire, oubliant leur fatigue.
Ouagadougou nous accueille et nous englobe dans sa chaleur habituelle ; les enfants ont retiré leur pull-over et sont en T-shirt. Nous montons dans la voiture. Nous baissons les vitres car la climatisation ne marche pas.
Le cap est mis vers les beaux quartiers. La « Limousine » se faufile dans la circulation assez rapidement. De toute façon, vu l’heure, il y a assez peu de monde sur la voie. Nous arrivons devant une belle villa coquette. Lucien nous aide à descendre. Je sens Marlène se tendre comme un arc, déjà qu’elle n’a pas décroché un seul mot depuis que nous avons débarqué.
Une jeune femme vient nous accueillir à l’entrée.
- Bonjour ! Je m’appelle Loubna ! Bienvenue à la villa Oasis !
Nous : Merci !
Elle nous guide et nous traversons une cour assez grande. Il y a des parterres de fleurs et du gazon. Nous passons une porte-fenêtre et entrons dans une pièce gaie qui doit être une salle à manger.
Loubna : Je vous montre les chambres et on reviendra ici dans quelques minutes pour le petit-déjeuner. Les enfants, suivez-moi s’il vous plaît ! Lucien, tu veux bien montrer sa chambre à monsieur, s’il te plaît ? Madame, je reviens vous chercher.
Marlène (agressive) : Pourquoi ?
Loubna (choquée) : Euh…
Lucien (intervenant) : Ne vous inquiétez pas, on vous mènera dans votre chambre tout à l’heure, juste le temps que Loubna installe les enfants.
Marlène : Ok
***Marlène***
Je ne suis plus très bien depuis le jour où j’ai appris qu’« Il » est vivant. Nous arrivons dans ce pays, cette maison et je suis envahie d’un profond malaise. Jamais je n’ai voulu être ici ! Jamais ! J’entends des pas dans mon dos et je me retourne… Il est là, un peu grisonnant ; sinon Kader n’avait pas changé. On se regarde longuement… Je réalise que je suis censée montrer quand même de l’émotion. Alors je me rattrape, mes yeux se remplissent de larmes et je cours me jeter dans ses bras. On reste un moment là avant qu’il ne les referme sur moi.
Moi : Tu es bien vivant !
Kader : Oui.
Moi : Oh Dieu merci !!! Dieu merci ! Quand Booba me l’a annoncé, je n’en croyais pas mes oreilles. Il m’a dit que je devais attendre pour ne pas éveiller l’attention des enfants !
Kader : ….
Moi : Tu ne peux pas savoir combien ça a été dur sans toi ! Chérifa ! Ta mère ! Je…
Kader : Lilou… Il y a un temps pour tout !
Moi : Oui oui ! Bien-sûr ! Je parle trop… C’est l’émotion !
Kader : …
Je me ressaisis et me détache complètement. Il fait un pas de côté et m’observe intensément… Son regard, lui, a changé. Il est plus profond, plus puissant comme s’il vous scannait. Je ressens à nouveau un profond malaise. Des pas approchent, nous nous retournons tous les deux pour voir Booba revenir avec les enfants.
Ceux-ci se figent à la vue de leur père. C’est Chérifa qui réagit la première en poussant un cri.
Chérifa : Papaaaaaaa !
Elle se jette sur lui, riant et pleurant à la fois !
- Je savais que tu étais vivant, je le savais moi !
Kader : Merci Seigneur ! Merci Seigneur !
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