Retrouvailles : la ville est plus grande que mon village.
Write by Plénitudes by Zoé
Chapitre 7 : Retrouvailles : la ville est plus grande que mon village.
Je sais ce que vous allez dire les amis, mon demain là… Mais faut me comprendre, on n’a pas la même conception du temps c’est tout
Je fus réveillée par les moustiques qui se délectaient de mon sang. Il doit être particulièrement savoureux ce soir parce que je ne pouvais pas les ignorer plus longtemps. Je me redresse sur le banc et étend mes longues jambes devant moi. Je regarde autour de moi et je remarque que le soleil commence à pointer ses premières lueurs. Et les voyageurs commencent à arriver les uns après les autres avec leurs bagages en main. Je décide de rester sur ce banc, comme ça je pourrai repérer plus facilement Lotié quand il arrivera. Il ne faut pas que je le manque sinon on pourrait ne plus avoir une occasion pareille.
Le temps passe et aucun signe de Lotié nulle part. Je continue de fixer les bus qui arrivent en gare et regarde au loin tous les passagers qui en descendent mais rien. Il est midi passé quand je repère au loin Somié qui entre dans la gare, accompagné des jeunes qui m’avaient kidnappée quelques années plus tôt. De là où je suis-je le vois mais lui non. Je commence à sentir la panique et décide de dégager de là avant qu’il ne me trouve. Je pourrai toujours essayer d’appeler Lotié depuis une cabine téléphonique et je paierai le cabiniste une fois qu’il sera arrivé me chercher. Je ramasse mes sandales sans prendre la peine de les remettre et cours dans la direction opposée. Je cours aussi vite que je peux mais ils m’avaient déjà repéré et se sont lancés à ma poursuite.
Juste au moment où j’atteignais le portail, une main m’a saisie et tirée en arrière. La peur m’a faite hurler mais immédiatement l’autre main de mon agresseur s’est posée sur ma bouche m’empêchant de crier. Il m’entraîne dans un coin entre deux bus et je me débats comme je peux. Ce n’est que lorsque j’ai entendu la voix de Lotié me chuchoter de me taire que je me calme instantanément. A ce moment, Somié et ses hommes passèrent juste à côté de nous sans nous remarquer. Je suis tellement soulagée que je sens mes jambes se dérober sous mon poids. Si Lotié ne m’avait pas retenue et plaquée contre lui, je me serais sûrement retrouvée par terre. C’était comme si la barrière de courage que je m’étais forgée fondait sous son regard brûlant et mes larmes se sont mises à couler tel un torrent intarissable. Il m’a maintenue contre lui jusqu’à ce que je me calme.
Il me laisse encore le temps de me ressaisir puis se sépare de moi, me regarde avec intensité avant de m’embrasser. Je suis choquée parce qu’on ne fait pas ça chez nous, je ne sais plus où me mettre quand il me libère et je baisse la tête de honte. Il ne s’en soucie même pas, ni de ça ni du fait que je ressemble à un épouvantail, il me prend la main et me fait monter immédiatement dans un bus en partance pour Lomé. C’est la première fois que je voyage. Je suis trop excitée pour dormir, je dévore des yeux le paysage, surtout lorsqu’on arrive aux failles d’Alédjo, j’ai peur au niveau des falaises du grand contournement mais impossible de fermer les yeux je suis hypnotisée par ce que mes yeux découvrent pour la première fois. Bon en tout cas au début j’avais les yeux grands ouverts mais passé Anié, le contrecoup des émotions de ces dernières 24heures m’a atteint de plein fouet avec une énorme fatigue. J’ai immédiatement fermé les yeux pour ne me faire réveiller par Lotié qu’arrivée à la gare routière d’Agbalépédogan (quartier de Lomé).
Je me redresse sur mon siège un peu hagard et me lève pour descendre du bus. Tout le monde a l’air épuisé et il est plus de 19h. Comme je ne sais absolument pas où je suis, ni où on va, je reste collée à Lotié, quand il récupère son sac, quand il hèle un taxi, dans le taxi, à la descente du taxi, bref je ne suis jamais à plus de 50 cm de lui. Nous arrivons enfin dans un petit studio d’une chambre avec douche et WC internes. La cuisine y est attenante, pour y accéder il faut passer par la petite terrasse devant. C’est tellement mieux que tout ce que j’ai vu jusque là que je ne peux m’empêcher d’ouvrir des yeux ronds. C’est tellement propre, carrelé, ventilé, il y a l’eau courante, l’électricité. Comparé à ma case du village c’est un vrai palace. Lotié se moque un peu de moi en me voyant si ébahie. J’ai à peine le temps de regarder qu’il veut me sauter dessus. Là je revois en mémoire ces dernières années, cette dernière nuit et je ne peux tout simplement pas. Je suis complètement tétanisée et m’enfuis dans la douche en prétextant une envie de me décrasser.
Quand je ressors de là, Lotié n’est pas du tout content que je me refuse à lui, je le vois bien, mais je n’y peux juste rien. Je suis dégoûtée de cet acte sale et barbare. Je ne veux plus jamais avoir à subir ça. Mais je ne veux pas non plus lui en parler, car comment le faire sans mentionner ce qui s’est passé la veille ? C’est un coup à me faire encore traiter de prostituée par lui. Je fais juste comme si je n’avais rien vu et ouvre le frigo pour voir ce qu’il y a dedans. Nous n’en avions pas au village, mais j’en avais vu dans plusieurs livres que Ms Brown m’avait prêtés à l’époque du collège. Je sais comment faire fonctionner la plupart des appareils même si je ne les ai jamais vus. C’était ma distraction tout ce temps, penser à ma future maison, pleine d’appareils de tous genres, un lave-vaisselle, un lave-linge, un mixeur, un micro-ondes, un four normal, une cuisine toute équipée avec des compartiments pour tout. Petit à petit je me forgerai une vraie vie, sans tout le temps me retourner et regarder derrière mon dos. Grâce à l’aide de Lotié.
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Je sors de ma rêverie dans ma cellule en train d’attendre que les choses se mettent en place. Pour un flashback, c’était un flashback ! J’ai l’impression que ça a duré un mois entier. On perd vraiment la notion du temps quand on est en prison. Je me relève et fais les cents pas. Je dois attendre des nouvelles du contact de Robin à l’extérieur. Il me faudra avoir son feu vert pour passer à la suite. Philippe ne sait vraiment pas ce qui l’attend. Et peut-être que Barbie aussi sera en danger mais on ne fait pas d’omelettes sans casser d’œufs n’est-ce pas ?
Le chapitre d’aujourd’hui est plus court que d’habitude je sais mais je suis vraiment à court d’inspiration et j’ai sommeil donc désolée les amis. Cette fois à plus tard (et non à demain).
Bisous baveux !!!