Secrets de femme

Write by Les Chroniques de Naty

Chapitre 10

 

****Akabla****

 

Je retourne dans ma chambre le cœur lourd.

Ils se sont réconciliés.

Je me jette sur le lit et éclate en sanglot. Je souffre mon Dieu. Ça fait mal de voir l’être aimé dans les bras d’une autre. J’ai écouté à la porte de mes patrons et je les entendus se demander mutuellement pardon. Je n’avais pas prévu ça et c’est tellement dur cette situation que j’ai l’impression que mon cœur va exploser dans ma poitrine.

—Akabla ça va?

C’est Mota. Mes pleurs ont dû la réveiller.

—Oui ça va.

—Mais pourquoi pleurs tu donc ?

—Ça te regarde ? Laisse-moi en paix.

Sans demander son reste, elle remet son drap sur elle et me laisse tranquille. C’est mieux pour elle, car je ne suis pas d’humeur à bavarder.

Il faut que je trouve une solution, sinon je vais perdre Moctar. Quand je pense qu’il commençait à me regarder ; il a fallu que cette laideron de tantie Fatou vienne mettre sa gueule dans mon affaire. Je jure qu’elle va le regretter. Mais pour l’instant, j’ai besoin de parler à quelqu’un.

Demain j’irai voir Sophie. Elle saura me conseiller.

Comme convenu, je demande la permission à ma patronne de m’absenter dans la matinée. Elle ne fait pas de chichi pour ça. Elle a tellement confiance en moi qu’elle ne me demande même pas où je vais.

Je me rends au marché de Cocovico où se trouve le magasin de Sophie. Il  n’est que 8 heures, mais je la trouve assise derrière le comptoir.

—Ma copine on dit quoi ?

—Bonjour Sophie. Ça ne va pas ma sœur ; j’ai besoin de ton aide.

On se salue et elle me donne une chaise. Je jette un coup d’œil aux articles disposés çà et là.

—Ton magasin se remplit de plus en plus.

—Or le marché est lent. Les gens n’ont pas l’argent pour acheter les choses ; et c’est toujours à crédit qu’on vend. J’ai plus de deux millions de marchandises à crédit chez mes clients.

—Ah la crise là c’est partout on dirait.

—C’est sûr. Mais dis-moi tu vas bien ? Et ton travail ça va ?

—Pas vraiment.

—Qu’est ce qui ne va pas ? Bon attend je vais te faire ton petit déjeuner et on va causer pendant que tu manges.

—Je n’ai pas faim. Laisse affaire de manger là ! Je suis venue pour que tu m’aide, si tu as pu le faire je vais manger tout ce que tu me propose comme nourriture.

—Ton affaire là commence à me faire peur. Faut parler dans ce cas.

—Tu sais que ça fait presqu’un an que je travaille chez mes gens-là, et tu sais aussi que la condition pour ça c’est que ce soit un couple. Bon bref tu connais notre credo.

—En effet.

—D’accord, donc depuis que je suis là-bas, je suis tombé sous le charme de mon patron. C’est un homme à part. Il me plait beaucoup et je le veux ; j’y étais presqu’arrivé parce que sa femme n’est pas du genre « femme au foyer ». Donc tout reposait sur moi et j’en ai donc profité pour mieux me caler dans son collimateur. Malheureusement, sa meilleure amie et sa mère lui ont donné des conseils et elles lui ont dit de m’écarter un peu de la gestion de son foyer. Depuis lors, madame ne me demande plus d’aide. Elle gère tout avec la petite et moi je ne fais que m’occuper de l’enfant.

—Hum je comprends.

—Tu vois un peu ce que ça fait non. Donc je veux que tu puisses me conseiller sur comment reprendre le dessus. La dame a confiance en moi ! Je rentre dans leur chambre à coucher comme bon me semble.

—C’est déjà bon. Mais pour que les choses soient en ta faveur, il faut déjà que tu puisses les monter l’un contre l’autre. Sinon s’ils sont unis tu ne pourras rien faire.

—C’est à ça que j’ai pensée. Je voulais donc la mettre en conflit avec son mari et sa meilleure amie. C’est elle qui a commencé avec cette histoire de me mettre à l’écart. Elle m’énerve, alors je veux la faire payer pour ça.

—Mais Akabla ça ne sera pas suffisant pour que le monsieur te retombe dans les bras hein ! Il en faut plus que ça. Tu penses que Claude est tombé amoureux de moi parce que je suis la plus belle femme du monde ?

—Comment ça ?

—Ah ma sœur, tu es une femme et tu dois savoir que la vie c’est une lutte. Nous sommes les domestiques et les gens pensent que nous n’avons pas droit aux bons hommes. Qu’il n’Ya que les gardiens, les vigiles, les boys ou même les mécaniciens et autres types qui nous sont destinés. Nous voulons aussi des banquiers, des directeurs de sociétés et des hommes d’affaires. On veut aussi que les grands hommes s’intéressent à nous, et cela n’est pas chose aisée. En tout cas moi, j’ai eu le mien. C’est vrai que ce n’est pas de manière naturelle, mais je l’ai eu.

Je la regarde étonnée. Elle a donc usée de pratiques mystiques sur lui.

—Tu l’as envouté ?

—Bien évidemment que oui. Ou bien tu penses que je suis venue à Abidjan pour regarder la mer. Ma sœur il faut que tu te réveilles hein ; la vie n’est pas un conte de fée. Chacune doit lutter pour avoir pour elle et c’est à la guerre comme à la guerre.

— Aide-moi dans ce cas. Je veux que tu me montre comment tu t’y es prise. Dis-je en lui attrapant la main.

— Calme-toi. Je vais t’aider ; tu es ma copine et je ne vais pas te faire faux bond. Mais on va aller étape par étape. Tu dois commencer déjà à les séparer d’abord. Tu dois reprendre les choses en main. Faire la cuisine et mettre des poudres dans le bain de la femme et du monsieur.

—Mais où je vais avoir tout ça.

— Ne t’inquiète pas. Ce n’est pas ça le problème ; nous sommes à Abidjan. Et ici même si tu veux caleçons de cadavre tu vas avoir. Le plus dur c’est d’y mettre le prix. Es-tu prête pour cela ?

—Oui je suis plus que prête même. Si c’est une question d’argent il n’Ya aucun soucis de ce côté.

—Voilà qui est déjà bon. Il Ya une dame qui vend les « secrets de femme » au marché ici. On va passer chez elle. C’est là-bas que je me ravitaille.

—C’est quoi « secrets de femme » ?

—Tu fais rire hein toi là. Mets-toi un peu aux parfums des choses. Sinon le monde ira pour te laisser à la queue. Les « secrets de femme » sont de petits trucs pour les femmes. On les utilise sur les hommes ; pour que ceux-ci tombe amoureux et ne puisse plus se passer de nous.

—Ah bon ? Ça existe ce genre de choses ?

—Hum ! Il Ya plus que ça même. On en boit aussi, il y en a pour la nourriture ; et on en met d’autres dans le sexe. Et ce sont eux les plus efficaces. Ainsi quand le monsieur te pénètre, il ne veut plus se passer de toi. Il n’a d’yeux que pour toi ; tu deviens son tout. Et il te donne tout ce que tu demandes ; il fait tout ce que tu veux. Il Ya certains quand tu les fais, même si tu lui demande de tuer sa mère il le fera.

—Ahou ça fait tout ça ?

—Et bien plus encore.

—J’en veux alors. Je veux tout ça ; parce que cet homme-là il me le faut.

—D’accord. Je vais donner des consignes à la vendeuse et on s’en va.

Quand Sophie fini avec la vendeuse, nous sortons du magasin. Elle fait sortir une clé de son sac et décondamne la voiture qui se trouve à coté de nous.

—C’est la tienne ?

Elle éclate rire devant mon air ahuri.

—A qui veux-tu qu’elle soit ? Non  seulement tu l’a voit devant mon magasin, mais aussi je la décondamne et tu demandes à qui elle appartient. À moi ma chère. C’est le dernier cadeau de Claude.

—Seigneur ; il faut faire la même chose pour moi. Implorais en levant les mains vers le ciel.

—Ah le Seigneur même a dit « aide toi et le ciel t’aidera ». Donc ma sœur tu connais ce qui te reste à faire. En tout cas moi je vis dans un grand bonheur. Ma maison est bientôt en finition. Il a acheté un terrain de plus 600m² qu’il est en train de faire construire. Donc je quitte bientôt mes trois pièces pour une maison à mon nom. Après je commencerai mes voyage entre Dubaï et Abidjan pour importer de la marchandise.

—Vraiment tu vis bien. Dis-je en la regardant avec envie.

Venir chez Sophie m’a ouvert les yeux. Il ne s’agit pas de pleurer et de se morfondre sur soi-même. Elle a raison, la vie est une lutte et je dois lutter pour avoir mon gaou aussi. Même si c’est pour mettre tout mon salaire dans l’achat de ses « secrets » et bien je le ferai la joie au cœur. Qui ne risque rien n’a rien. Disons que c’est une sorte de manque à gagner.

Nous arrivons assez vite chez la vendeuse de secrets. Elle aussi tient un magasin de cosmétique. Mais c’est juste en apparence, car ses produits sont stockés en grande quantité dans sa réserve. A la voir on ne pourrait pas savoir que cette femme vend quoi que ce soit de ce genre. Mais à entendre Sophie parler d’elle, elle s’y connaît et ses produits sont très efficace.

Nous la saluons et Sophie rentre dans le but du sujet. Elles semblent se connaitre depuis belle lurette car elle demande à celle-ci des nouvelles de Claude et de la femme de ce dernier. Comment connait-elle cette dame ? Ou bien Sophie a pris des « secrets » qu’elle a utilisés sur elle ? Je me pose des questions, quand Mame N’Diaye s’adresse à moi. Elle me vante ses différents produits et me conseilles même certains. Plus elle parle, et plus j’ai envie de tout prendre.

Quand nous sortons de chez la vendeuse, je suis chargé à bloc. J’ai fait des achats de plus 100.000 FCFA. Je n’avais que 40.000 FCFA dans mon sac comme argent. Mais mon amie m’a compléter. Je dois juste lui rembourser la différence après. J’ai pris une panoplie de chose et j’en suis ravie. Je commence à regagner espoir. Il suffit juste que je suive le mode d’emploi et le tour sera joué.

J’ai hâte de commencer à utiliser mes « secrets de femme ». Parce que cet homme il me le faut et ce à tout prix.

 

*************

 

****Martine****

En ce premier samedi du mois, je décide d’aider les filles dans le ménage général de la maison. On lave tout !

En en profite pour faire le nettoyage du garage, des salles d’eau qui sont dans l’arrière-cour. Les deux réfrigérateurs ont été débranchés hier, afin que la glace puisse fondre. Ils seront nettoyer et ce qui doit être remis dedans sera trié. Le reste sera donné à la dame qui s’occupe du nettoyage de la cité.

Je profite pour ranger le linge de Moctar. Il est très désordonné ce monsieur-là. Il jette ses affaires partout ; c’est sur ce point qu’on ne s’entend pas du tout. Orphée lui ressemble tellement que malgré son jeune âge, lui aussi jette ses jouets partout. Et depuis qu’il marche c’est la catastrophe en permanence. Quand il va jouer avec le fils de la voisine, il revient souvent sans sa chaussure. J’en ris toujours. Comment peut-on ressembler autant à son père et aller jusqu'à prendre ses petits défauts ?

Je souris seule quand je pense à eux. Les deux hommes de ma vie. Je les adore ; et surtout maintenant que tout va bien dans mon couple, je profite de chaque instant avec ma famille. Parce qu’au final, c’est eux qui restent quand tout le monde vous lâche.

Je pliais la chemise de Moctar lorsque je vois une tache rouge sur le col.

Du rouge à lèvre !

D’où ça vient ça ?

Pas de moi en tout cas car je ne porte pas ce genre de couleur mât. Je mets juste du gloss ; et à la rigueur du rouge à lèvre glossy  mais pas aussi foncé.

Je crois que c’est l’ensemble qu’il avait porté le mardi non ? Je fouille aussi le pantalon mais je n’y trouve rien. Juste quelque bout de papier. Je hume et c’est une odeur de parfum me prends jusqu’à la gorge; ça pue le parfum pour femme. Et l’odeur ne m’est pas étrangère.

Ou ais je déjà sentie ça ? Je sais que je connais cette odeur, mais mon esprit se ferme. Ça sent cette odeur là… oui j’ai trouvé c’est « la vie est belle » de Lancôme. J’en ai même rapporté à Fatou lors de mon dernier voyage aux états unis. Elle adore ça.

Fatou ? comment se fait-il que mon mari ait sur lui l’odeur de mon amie ?

Je ramasse le bout de papier que j’avais précédemment jeté et je vois que c’est un reçu d’hôtel. Mon cœur fait un bon dans ma poitrine ; c’est quoi cette merde ? Qu’est allé chercher Moctar dans un hôtel ? Je n’avais jamais fouillé dans les affaires de mon mari, mais là la situation m’y oblige. Je regarde dans sa mallette, et j’y trouve le flacon de parfum ainsi que le rouge à lèvre. Ils appartiennent à Fatou ; mais pire j’y vois des préservatifs et des tickets de restaurants.

Mon Dieu aide moi, car j’ai peur de comprendre ce qui se passe. 

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