Ma soeur et mon homme
Write by Les Chroniques de Naty
Chapitre 11
Ce que j’ai ressentis à
l’instant n’est pas descriptible.
Je pensais avant que Moctar
me trompais, mais il m’a juré qu’il ne l’a jamais fait. Je l’ai cru, parce que
je me dis qu’il n’a aucune raison de me mentir. De plus nous étions là pour
faire table rase du passé et dire toutes les vérités aussi difficiles soient-elles.
Alors s’il m’avait trompé, il me l’aurait dit.
Je ne veux pas tirer de
conclusion hâtive, mais j’ai tellement mal à l’idée qu’ils puissent me faire
ça, de nous faire ça. Cela m’est juste
insupportable.
Je connais Fatou, elle
n’est pas comme ça. C’est mon amie depuis bientôt dix ans et jamais elle ne me
ferait un coup aussi tordu ; me dis-je. Je ne veux pas y croire. Il faut
que j’en aie le cœur net ; je ne veux surtout pas me jeter comme ça dans
cette affaire. Et pour cela, il va falloir que je tire toute cette histoire à
la claire.
Fatou et Moctar ! Mon
amie et mon mari ! Ma meilleure amie, ma sœur et mon homme ! Non
c’est faux. Tout sauf ça. C’est surement une erreur de ma part. Ce rouge à lèvre
n’est pas à elle, encore moins ce parfum.
Mais pour le savoir,
faut que je le demande et que je me renseigne. Je prends tout, le reçu d’hôtel
ainsi que celui du restaurant. Je ne peux rester dans le doute.
Fini la séance ménage ;
maintenant c’est la séance enquête.
—Akabla, je reviens. Continuez
le ménage sans moi. Dis-je en la trouvant dans l’arrière-cour. N’oublie pas de
donner le sirop à Orphée.
—D’accord madame. Mais
où allez vous ?
—Je vais faire une
course rapide. Je ne compte pas durer. Si monsieur demande dit lui que je suis
chez Fatou.
—C’est compris madame.
Je n’ai pas la force de
conduire. Je hèle un taxi dans lequel je m’engouffre.
— Pouvez-vous me
conduire à cette adresse s’il vous plait monsieur.
—Ah c’est loin hein
madame. Vous allez me payer combien.
Je ne suis pas d’humeur
à parler ! Alors je lui tends 30.000 FCFA.
—Prenez ça monsieur. Je
vous prends pour la journée ! Et si ce n’est pas suffisant dites le moi.
Un gros sourire se
dessine sur ses lèvres, laissant entrevoir une dentition à la blancheur passé. Surement
un grand consommateur de tabac et de colas.
—Je vous emmène où vous
voulez ma bonne dame. Les clients comme vous ça ne court pas les rues. dit-il
en éclatant d’un rire strident, suivie d’une quinte de toux grasse. Apparemment
l’alcool aussi fait partie de ses amuse-gueules.
Nous sommes en route
depuis une bonne trentaine de minutes. Je trépigne d’impatience. Les questions
affluent dans ma tête ! Je ne veux pas savoir, non j’ai peur. Je ne pense
à être prête à découvrir la vérité ! L’envie de rebrousser chemin me prend.
Mais rester dans le doute est bien pire que la découverte de la vérité ;
me dis-je. Par ailleurs je n’aurai plus jamais confiance en mon mari et en
Fatou. Or je ne veux pas vivre dans une atmosphère de suspicion.
Pourquoi faut-il que
cela m’arrive à moi ? Je vivais tranquillement ma petite vie, et me voici
maintenant sur le point de découvrir que les personnes qui m’entourent sont en
fait des crapules.
Non mais c’est trop
facile ! Ce rouge à lèvre pourrait appartenir à n’importe qui. Alors il
faut que je me calme. Je ne sais pour quelle raison, mais je préfère que Moctar
me trompe, avec n’importe qu’elle autre femme ; mais pas avec mon amie. Parce
que je me dis que quitte à choisir entre deux maux, je prends le moindre mal et
ce sans rechigner. Mon cœur supportera mieux une trahison unilatérale que bilatérale.
Car je perdrai en même temps deux êtres qui me sont chers.
Après ce qui me parut
une éternité, le véhicule se gare devant une grande bâtisse. Je descends plus
en courant qu’en marchant.
Je trouve une jeune
dame à l’allure joviale à la réception.
—Bonjour madame. Bienvenue
chez nous. Que puis-je faire pour vous ?
—Bonjour madame. Merci
pour votre chaleureux accueil. En fait j’ai besoin d’une toute petite
information.
—Oui je vous écoute.
—Dites-moi s’il vous
plait, commençais je en lui tendant le reçue ; Va-t-il un couple qui est
venue ici à cette date? Et ils ont occupés la chambre 10.
Elle me prend le reçu
des mains et le lit.
—Je vais appeler mon collègue.
C’était son jour de travail. Parce qu’à la date précise, moi j’étais encore en
congé.
—Je vous remercie.
Elle revient plus tard
avec le fameux collègue. Mon cœur ne cesse de battre. J’aimerais tellement
qu’il se trompe et ma dise le contraire de ce que je pense.
—Bonjour madame. Je
suis Éric. Et c’est moi qui étais en service ce jour-là. En quoi puis je vous
renseigner ?
Je lui fais un bref résumé
de la situation. Il avance la tête vers moi et me dis dans un ton de
conspiration.
—Vous savez madame,
aucune information n’est gratuite.
Je lui tends deux
billets de 10.000 FCFA.
—Ce monsieur vient fréquemment
ici ! C’est l’un de nos clients. J’ai même tissé une relation avec lui car
il veut toujours garder l’anonymat quand il vient. Alors il est là lorsque
c’est moi qui boss ; raison pour laquelle ma collègue n’a pas pu vous répondre.
—Depuis quand
vient-t-il ici et avec qui ?
—Je ne saurais vous
dire la date exacte hein ! Mais il vient fréquemment avec la même dame.
— Pouvez-vous me la décrire
s’il vous plait ?
—Elle est grande de
taille et de teint noire.
—C’est un peu vague
comme description monsieur.
—En effet.
—Attendez je vous
montre une photo. Si ça corresponds à la dame dont vous parlez. Je lui montre
la photo de Fatou.
—Voilà ! C’est
elle-même.
— En êtes-vous
sûr ?
—Si si ! Plus que
sur même madame. Comment l’oublier, elle me donne de joli pourboire. Je crois
qu’elle a un nom Dioula.
—Fatou ?
—C’est ça même. Vous la
connaissez ?
—Pas vraiment. Je
pensais la connaitre, mais ce n’est pas le cas. Une dernière chose ; connaissez-vous
ce restaurant ? Je lui tends le reçu du restaurant. Il m’indique l’endroit ;
apparemment ce n’est pas loin d’ici.
—Merci pour votre aide
monsieur. Pourrais-je avoir vos noms et contacts s’il vous plait ?
—Je m’appelle Ange Éric
Koula. Mon contact est le 0656****. Et ça été un plaisir de vous apporter mon
aide.
—Merci.
Je sors de l’hôtel le
cœur en lambeau. Mais je dois tenir bon pour la suite.
Comme dans s’ils
s’étaient entendus, la serveuse dudit restaurant me donne les mêmes
informations.
N’en pouvant plus, je libère
le chauffeur et me mets à marcher sans destination précise.
Pourquoi m’ont-ils fait
ça ? Pourquoi n’ont-ils pas eu pitié de moi et de mon fils pour nous
trahir de la sorte ? En quoi ais je été une mauvaise épouse pour que mon
mari aille me tromper avec mon amie ? Et pas n’importe laquelle. Il s’agit
de Fatou, Fatou mon amie ! Celle qui a été avec moi depuis le début. Elle
m’a soutenue dans cette relation, parce que ça faisait jaser de partout que je sorte
avec un homme moins âgé que moi. Elle m’a soutenue quand tout le monde me
jugeait. Elle était avec moi lorsque chaque fin du mois je voyais mes menstrues
qui attestait de mon infertilité. Elle m’a soutenu durant toutes ces années
d’angoisse. Elle essuyait mes larmes quand ma belle-mère me lançait des piques.
Mais mieux, quand mon couple battait de l’aile, c’est encore elle qui m’a recadré.
En clair Fatou a toujours été là.
Alors pourquoi me
poignarde –t-elle dans le dos de la sorte ?
Ça n’a pas de sens tout
ça. Mais c’est pourtant vrai. Dur d’y croire, mais tellement vrai.
Je ne peux rester
ainsi. Il faut que je puisse faire quelque chose pour sortir toute cette peine
de mon cœur. Je vais appeler Fatou, il faut qu’on parle. Non à bien y réfléchir,
je vais lui envoyer un message pour lui demander de me retrouver à la maison. Sinon
si je lui parle au téléphone, elle saura par ma voix qu’il se passe un truc pas
net. Or je ne veux pas qu’elle se doute de quelque chose.
« Bonsoir Fatou. Retrouve-moi
à la maison tout de suite ! Je t’en prie ma sœur, c’est une question de
vie ou de mort »
Après que le message
soit parti, j’éteint mon téléphone et le range dans mon sac. J’ai besoin de
marcher pour m’aérer le cœur et l’esprit.
****************
****Fatou****
J’arrive chez mon amie
quelques temps après avoir reçu son message. J’ai essayé de la joindre en
vain ! Son message était assez alarmant. Et ne pas pouvoir la joindre a accentué
mon inquiétude.
Je suis cependant
surprise de constater que non seulement elle n’est pas là, mais aussi Moctar la
cherche.
—Elle a pourtant dit à
la nounou qu’elle partait chez toi. A-t-il dit en me voyant.
—Ce n’est pas possible,
puisqu’à moi elle a envoyé un message me disant de la retrouver ici d’urgence. Mais
es-tu sûr qu’Akabla a bien entendu ce qu’elle a dit ?
—Oui ! Je lui ai
demandé plusieurs fois et elle m’a répéter la même chose. Martine rangeait les
affaires dans la chambre quand elle est sortie en trombe. Ensuite elle a dit
qu’elle s’en va chez toi. Mais le plus étonnant c’est qu’elle n’a pas pris sa
voiture.
—As-tu essayé de l’appeler ?
—Si mais en vain. Où
peut-elle bien être ? Il est bientôt 18 heures et elle n’est toujours pas
là.
—Ne nous affolons pas. Elle
a dû avoir une urgence à régler au travail. Et elle n’a pas vu le temps passer.
—Mais elle peut au
moins nous informer ; et puis pourquoi mentir dans ce cas ?
—Je n’en sais rien
Moctar. Essayons de nous calmer pour bien réfléchir.
Je demande à Moctar de
ne pas s’inquiéter, tandis que moi-même je meurs de stress. La sécurité n’est
pas vraiment d’actualité à Abidjan. Alors toutes les choses sordides me traversent
la tête.
Nous étions assis au
salon quand on frappe à la porte.
Je cours ouvrir
moi-même. Et quand je vois martine face à moi, je ne peux retenir mes larmes. La
frayeur que j’ai eue est inexplicable.
—Oh ma sœur où étais-tu ?
—…
Je la prends dans mes
bras sans prêter attention à son silence.
—Tu nous as fait une
peur pas possible. Ton mari même n’en parlons pas. Pourquoi as-tu dis que tu
partais chez moi et tu me demande après de venir chez toi ?
Elle ne me répond pas
toujours. Et maintenant que je la regarde avec attention, je vois qu’elle a pleuré.
Beaucoup pleuré! Car ses yeux sont tout bouffis. Pourquoi a-t-elle
pleuré ?
—Martine que se passe-t-il ?
Pourquoi tu as l’air d’avoir pleuré. Quelqu’un est décédé ?
Toujours pas de réponses.
—Mais vas-tu me répondre
à la fin ? C’est quoi ce jeu de silence ?
—Je ne sais quoi répondre
aux personnes qui me poignardent dans le dos et abuse de ma confiance.
— De quoi parles-tu ?
Elle ne me répond pas
et nous atteignons le salon où nous attendais Moctar. Lorsque ce dernier la prend
dans ses bras elle éclate en sanglot.
—Calme toi ma chérie. Dis-moi
que ce passe-t-il ? Où étais-tu ?
— Lâche-moi s’il te
plait.
—Qu’est-ce que tu as dit ?
Il se détache d’elle et
la fixe d’un air interrogateur. Vu qu’il ne la lâchait pas, elle le pousse avec
violence. Le pauvre, il ne manque de peu pour qu’il ne s’étale de tout son
long.
—Mais Martine, qu’est-ce
que tu fais ? Qu’est ce qui te prend ?
Sans une réponse pour son
mari, elle se tourne vers moi, sors de son sac un flacon de parfum et un tube à
lèvre qu’elle me tend.
—Tiens ça.
—Qu’est-ce que c’est ?
—Prends et tu verras.
Je prends ce qu’elle me
tend ; je suis surprise de voir que ce sont mes affaires. Je me rends
compte que je ne les avais plus depuis un bon bout d temps. J’ai cherché en
vain ; j’ai même failli appeler Martine afin qu’elle vérifie s’ils ne sont
pas resté chez elle.
—Ah mais ça
m’appartient. Où les as-tu eus ? Ça fait longtemps que je les cherche.
—Je les ais trouver
dans les affaires de mon mari.
—Ah bon ? Comment
se fait-il que ça soit là-bas ?
—C’est à toi de me le
dire Fatou, MA SŒUR, MON AMIE. C’est à toi de me dire toute la vérité. Elle se
tourne aussi vers Moctar. Je vous écoute tous les deux. Je vous donne une
chance de me dire toute la vérité et rien que la vérité.
— De quelle vérité
parles-tu ? Qu’est ce qu’il Ya Martine ?
Elle a quoi ? Pourquoi
réagit-elle aussi bizarrement ?
—Dit moi ça fait
combien de temps que tu t’envoies en l’air avec mon mari ?
Je la regarde sans
comprendre. Puis j’éclate de rire. Martine devient surement folle.