Sujet n°2

Write by lpbk

Je ne sais que faire de mes profils suivants. Dois-je les contacter ? Mon enquête est déjà faite, évidemment. Il serait donc une perte de temps de ne pas profiter de l’occasion.

Ce premier rendez-vous est peut-être un échec mais je préfère garder le côté positif car j’ai appris deux leçons.

La première : il ne faut pas en dire trop et le laisser parler de lui. Les hommes aiment qu’on les écoute déblatérer.

La seconde : je ne sortirais jamais, au grand jamais mes fiches même si je les compulserais avant, histoire de savoir lorsqu’un de mes prétendants enjolive sa vie.

Je ne me laisse donc pas abattre par cet échec et reprends mes fiches pour relire ce que j’ai trouvé sur le candidat suivant.

 

Sujet n°2 : Angelo

Age : 31 ans

Aime : sortir entre amis, en famille ; la photographie ; les vieilles voitures.

Ce petit topo ne vient que des informations de son profil. En grappillant sur internet, j’ai réussi à trouver d’autres informations :

Métier : mécanicien automobile. Ce qui explique probablement sa passion pour les voitures. Il a été ingénieur avant d’ouvrir son propre garage ; il s’agit d’une reconversion professionnelle. Ce qui est plutôt intéressant je dois dire. Cet homme n’a pas peur de prendre des risques ni de se salir les mains. Il gagnait rondement sa vie, toutefois il a fait passer la passion avant l’argent. Voilà deux éléments qui lui font gagner quelques points supplémentaires.

J’ai trouvé également quelques photos. Plusieurs d’entre elles le montre avec un magnifique chien. En fouillant, j’ai découvert qu’il s’agit d’un Bouvier. J’avoue qu’il est très beau mais surtout très gros et très poilu. J’espère que ce chien appartient à un membre de sa famille. Je ne déteste pas les chiens mais ils ne sont pas non plus mes meilleurs amis alors si je peux éviter de les côtoyer. Quoiqu’il en soit, je trouve ça adorable qu’il aime les animaux. Un point supplémentaire pour Angelo.

Son profil Facebook indique 463 amis : il a vraiment beaucoup d’amis…

Il s’entendrait surement avec Coralie. Je n’ai jamais compris ces personnes qui ont plus de contacts que le nombre de d’os dans le corps humain. Du coup, je ne sais que penser. Personnellement, j’ai moins d’une centaine d’amis y compris les membres de ma famille.

     Pfff….

Finalement, je n’ai pas autant d’information que je l’aurai espéré mais je m’en contente.

Il ne me reste maintenant qu’à contacter cet « ange » via la messagerie du site de rencontre.

Mélanie : Bonjour Angelo. J’ai regardé ton profil et noté que nous avions de nombreux points communs…

Non, non et encore non ! Je ne peux pas lui envoyer un message aussi insipide. Recommençons.

Mélanie : Bonjour Angelo ! Malgré ton profil bref, j’aimerai apprendre à te connaitre. J’ai constaté que tu aimes la photo tout comme moi et je pense qu’un point commun peut être le début d’une amitié voire d’une belle histoire. Qu’en penses-tu ?

Voilà qui est déjà mieux. Je n’e suis pas tout à fait satisfaite mais je n’ai pas mieux en réserve pour le moment. J’espère qu’il ne sera pas trop exigeant et s’en contentera. Je clique sur l’icône « Envoyer » et décide d’attendre. Vu que nous sommes en plein milieu de l’après-midi, je ne pense pas qu’il répondra immédiatement mais il est toujours possible d’espérer.

Finalement, je décide de m’activer pour préparer mon prochain rendez-vous professionnel.

Je dois rencontrer un couple d’une cinquantaine d’années qui veut organiser une fête grandiose pour leur trente ans de mariage. Ils veulent renouveler leurs vœux et réorganiser exactement la même cérémonie que la première. Je dois étudier les photos qu’ils m’ont fait parvenir pour que tout soit parfait. Heureusement, Sidonie a conservé sa robe. Il faut juste l’ajuster. Par contre, il faut racheter un costume à Bernard. Ils ont aussi gardé les invitations de l’époque, il faudra donc les refaire. Bref autant de détails qu’il ne faut pas négliger.

Une petite sonnerie me fait lever la tête alors que je compose le menu à partir des directives imposées par le couple. En regardant mon écran, je constate que j’ai reçu un message depuis le site de rencontre.

Je ne veux pas céder à la curiosité car du travail m’attend et je ne peux me permettre aucun retard. Mais après quelques secondes de lutte acharnée contre moi-même, je cède à la tentation.

Angelo : Chère Mélanie, doux nom aux courbes sensuelles et conquérantes.

Il s’est pris pour un poète ? Ou il a fumé une substance illicite ?

Angelo : Je suis heureux que tu m’aies choisi parmi tant d’autres. Si la photographie est notre point commun, je pense que ta beauté sera mon talon d’Achille et que jamais je ne cesserai de vouloir te capturer. Avec mon appareil ou… à toi de voir, ma douce.

Je rêve ou il me fait une proposition salace ?

Angelo : Je vois que tu es curieuse, je pense l’être autant que toi. Et je peux te laisser me découvrir comme tu l’entends, lorsque nous nous rencontrerons. Je te donne rendez-vous demain à 19h au Bistro 89, à Bonamoussadi. J’espère t’y retrouver…

Seconde proposition salace et un rendez-vous. Aussi rapidement ?

Ce mail me laisse perplexe. Je ne sais qu’en penser, surtout vu la tournure de ses phrases qui sont vraiment ambigües et la rapidité avec laquelle il veut me rencontrer. Cependant… Je sais que je n’ai pas de temps à perdre. Le temps passe vite et trois mois, c’est plutôt court pour trouver le prince charmant.

D’ailleurs, il faut que j’en parle aux filles ! Ce délai de trois mois, c’est du n’importe quoi ! Le mariage est une institution sacrée et je ne vais pas épouser le premier venu pour respecter un serment totalement ridicule. Je sais que j’ai toujours dit vouloir me marier avant mon trentième anniversaire mais la vie en a décidé autrement. Je me marierai peut-être juste après mes trente ans. Finalement, ce n’est pas un drame en soi.

Vite, je me remets au travail et peaufine les derniers préparatifs. Le traiteur est ravi de cette nouvelle commande et me propose même un rabais, il cherche probablement à me fidéliser.

Je passe chez l’imprimeur pour lui apporter l’invitation d’origine ainsi que la liste des invités. Les écritures ne changeant pas, je n’ai pas besoin de m’attarder avec lui, tout comme il est inutile de négocier puisqu’il connait bien Coralie.

Une fois cette deuxième tâche accomplie, je m’attelle à la salle de réception. La précédente où a eu lieu le mariage a été détruite, je dois donc trouver un nouveau lieu. J’en ai déjà repéré quelques-uns qu’il me faudra soumettre au couple et ensemble nous irons les visiter avant qu’ils ne fassent un choix définitif.

Sur le chemin du retour, je repense à mon prétendant Angelo et Ethan dont je n’ai pas de nouvelles depuis notre premier échange au cours duquel j’ai finalement refusé de le rencontrer dans l’immédiat.

Je conçois tout de même d’accepter le rendez-vous d’Angelo. De toutes les manières qu’ai-je à perdre si ce n’est un peu de temps. Je note donc de lui répondre mais aussi d’envoyer un message à Ethan avec qui le courant passait vraiment bien. J’espère ne pas avoir raté ma chance.

 

Je dois rejoindre les Diwouta au Best Western. J’ai déjà pensé aux arrangements nécessaires afin de rendre leur salle glamour et romantique.

Si toutefois cela ne leur convenait pas, l’hôtel Onomo et son cadre moderne pourrait s’imposer comme le lieu parfait pour un mariage mémorable.

Mon dernier choix s’est porté sur le K hôtel. Son architecture mêle le verre et la pierre, le contemporain et l’ancien, ce qui serait un bon compromis pour rappeler le remariage et le premier mariage du couple. Des touches de lumière provenant d’appliques murales et de spots au plafond apportent un côté intime malgré la taille démesurée de la salle. Une fresque murale toute aussi disproportionnée orne l’un des murs.  

J’espère que Sidonie et Bernard trouveront leur bonheur.

Ainsi la journée commence tel un marathon.

Nous sommes accueillis par le responsable du Best Western qui nous vante les mérites à choisir son hôtel plutôt qu’un autre.

Sidonie et Bernard sont impressionnés par ce qu’ils découvrent. Sidonie est enchantée par l’éclairage et les arrangements mis en place. Bernard semble plus intéressé par la vue et la taille de la salle, qui leur permettrait de réunir leur grande famille et leurs amis. Il n’en oublie cependant pas le prix d’une telle prestation.

Nous remercions le responsable de nous avoir reçus, ne lui donnant pas de réponse définitive, préférant voir d’autres salles auparavant.

Nous filons donc à l’hôtel Onomo. Malgré tous les critères réunis, Sidonie refuse d’emblée la proposition. Elle trouve le lieu trop tape à l’œil. Ce n’est plus de leur âge et cela ne leur ressemble absolument pas.

Le K hôtel remporte l’approbation, qui comme moi apprécie le mélange du contemporain et de l’ancien. Sidonie quant à elle préfère encore réfléchir. Je les laisse donc avec toutes les brochures qu’ils ont emportées et m’éclipse pour aller rencontrer les fleuristes et les pâtissiers. Je préfère établir plusieurs devis avant de proposer quoi que ce soit à mes clients. D’autant que pour le moment, tout est déjà choisi, il ne reste plus qu’à reproduire.

Quand dix-huit heures sonnent, je ne sens plus mes jambes et mon oreille est rouge à force d’être collée à mon téléphone. Je me dépêche de rentrer à la maison, il faut à tout prix que je prenne une douche et que je me change avant de retrouver Angelo.

A l’heure dite, je suis au Bistro 89. L’ambiance est plutôt chic et simple. A l’entrée se trouve le bar avec en face des tables où se côtoient des chaises et des banquettes. Une seconde salle se situe à l’étage et donne directement sur le rez-de-chaussée mais je préfère rester en bas.

J’adore cette ambiance cosy.

L’hôtesse qui m’accueille est tout à fait charmante et me conduit à Angelo qui m’attend au bar.

Il me salue à peine et ne propose même pas de m’asseoir. Il a peut-être oublié ses bonnes manières chez lui…

Il finit tout de même par engager la conversation et là… c’est le drame ! Si j’ai été, d’après Antoine, flippante lors du mon premier rencard, ce n’est pas moi qui gâcherait le second car cette fois, c’est Angelo qui est carrément « surprenant », je dirais.

Pour faire court, j’ai eu droit à un récit détaillé de la vie de monsieur, des passions de monsieur et de son coup de foudre pour moi. Je l’écoute à peine, me contentant tout de même d’hocher la tête et d’émettre quelques « hum » ou des « ah oui ? » de temps en temps pour lui montrer tout l’intérêt que je lui porte. Les rares fois où je réussis à en placer une il est invariablement revenu à son sujet favori à savoir : lui !

Il ne s’est même pas aperçu que je ne fais plus du tout attention à son monologue et que j’enchaine les verres de vin les uns après les autres. Il poursuit son soliloque sans discontinuer.

     Angelo, ce n’est pas possible, finis-je par l’interrompre, au bout du rouleau.

     Pardon ? s’étonne-t-il, apparemment pris au dépourvu.

     Est-ce qu’un seul de tes rencards t’a recontacté après ce genre d’étalage ? dis-je dépitée. Parce que franchement, il y a de quoi faire fuir n’importe quelle fille même désespérée. Et j’avoue que je le suis, mais pas à ce point. Je pense que nous allons en rester là, pour notre bien à tous les deux… et surtout le mien à vrai dire.

Je suis épuisée. J’ai l’impression qu’il a aspiré chaque cellule de mon être tellement je me sens vidée de toute énergie.

     Mais je ne…

     Tu es très gentil, je ne peux pas dire le contraire mais…, continuai-je, essayant de rester gentille même si ma patience arrive à saturation.

     Mais, m’interrompt-il, j’en sais si peu sur toi… Comment peux-tu…

C’est la goutte d’eau de trop ! Je ne l’écoute même pas ! Il réussit à déplorer d’en savoir si peu sur moi ! Il a un sacré toupet celui-là ! Si je n’étais pas aussi surprise, j’en aurais ri. Pas grave, j’en rirais avec les filles demain.

     Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, rétorquai-je lorsqu’il me propose de nous revoir et de tout reprendre depuis le début. Comme le dit l’adage, « la première impression est souvent la bonne » et mon impression nous concernant est déjà forgée et ne risque malheureusement pas de changer, conclus-je plus rudement que je ne l’aurais souhaité.

     Très bien, s’emporte-t-il, visiblement vexé. Restons-en là. De toute façon, tu ne me plais pas vraiment et ma mère ne t’aurait pas appréciée. Comme je suis bien élevé, je t’épargne l’addition.

Je reste interloquée face à sa mauvaise foi flagrante. Les hommes et leur foutu égo…

L’addition arrive. Elle est salée vu tout le vin que j’ai ingurgité. Il me surprend positivement en la réglant et sans un regard, il s’en va.

Je soupire, déçue par ce second échec. Je me console en me disant qu’il me reste encore trois hommes parmi ceux que j’ai sélectionnés. 

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