THOMAS ANGE GARDIEN

Write by princesse tia

Véronique et ses enfants vivaient dans leur nouvelle maison depuis bientôt 6 mois. Les enfants n'étaient plus retournés à l'école. Leur mère avait jugé bon de les laisser souffler et s'habituer à toute cette nouvelle situation. Ils reprendraient à la rentrée suivante, dans deux mois. Elle comptait les inscrire à l'école publique gratuite du quartier. 

Pour le moment, elle vendait de la bouillie de mil et des beignets de haricot devant la porte de leur maison. Chaque matin à 5h30 déjà, elle s'installait et vendait jusqu'à 8h 30 ou 9h. Le reste de la journée, elle le consacrait à faire la lessive et le ménage dans certaines maisons du quartier où Magui travaillait. C'était même cette dernière qui l'avait recommandée au prime abord. Ensuite de bouche à oreille, sa réputation de femme calme, humble et travailleuse s'était répandue et elle était devenue la blanchisseuse attitrée de plusieurs logis du quartier. Elle n'avait plus eu de nouvelles de Joseph et sa famille depuis sa fuite du couvent. Les enfants lui demandaient souvent si leur père allait revenir un jour et Luc particulièrement semblait très perturbée par l'absence de son père. Elle se contentait de leur répondre oui, peut être qu'un jour, il reviendrait. Au fond d'elle cependant, elle souhaiterait ne plus avoir à faire à lui. 

_Maaaaaman, maaaaaaaman, criait Angela depuis la maison en courant vers sa mère.

Cette dernière s'apprêtait à faire rentrer la marmite vide de bouillie. 

_Aaah! Mais enfin Gela pourquoi tu cries ainsi ? Et où sont tes chaussures ? Ne t'ai je pas toujours dis de ne pas sortir de la chambre sans tes chaussures ? Toi la petite là...

_Maman c'est Luc, il est tombé de la table et il n'arrive plus à se relever il a mal. 

_Oh! Mon Dieu, cria à son tour Véronique qui jetta le torchon qu'elle tenait et couru jusqu'à la chambre.

Elle trouva Luc recroquevillé sur le sol entrain de pleurer. Elle essaya de le relever mais il hurla et elle le laissa dans sa position initiale. Il semblait avoir très mal.

_Oh! Mon Dieu, Luc, chéri mais qu'est ce qui t'arrive ? Angela comment est ce que c'est arrivé ?

La fillette avait les yeux pleins de larmes. 

_Maman j'etais entrain de jouer avec ma poupée, je ne savais pas qu'il était monté sur la table. Il a dit qu'il voulait imité les karatékas qu'il voyait à la télé chez mémé Nafissa. C'est de la table qu'il est tombé. 

_Eh! Dieu Luc qu'est ce que tu as fait ? Huuuum !

Véronique prit un pagne et le noua sur la longue robe ample qu'elle portait. Elle prit un petit sac dans lequel elle mit son portefeuille, le carnet de santé et le thermomètre de Luc. 

_Tu ne peux pas marcher aussi, dit elle en tournant en rond. Bon attendez moi ici, Gela surveilles le. 

_Oui maman, répondit la petite fille. Mais où tu vas?

_Je vais chercher un taxi au bord de la route pour nous emmener à l'hôpital. 

Une quinzaine de minutes plus tard en effet, Véro était de retour avec un taxi. Elle demanda au taximan de venir l'aider à porter Luc. Ensemble ils l'allongèrent délicatement sur les sièges arrières et Angela s'assit à côté de lui. Leur mère alla avertir une de leur voisine de ce qui se passait et prit place à son tour dans la voiture. Elle demanda au chauffeur de les conduire au dispensaire du quartier, d'abord parce que c'était plus proche et surtout parce que la plupart des soins y étaient gratuits, surtout pour les enfants.

À leur arrivée, un jeune médecin amena Luc dans une salle pour l'examiner. Il revint une demi heure plus tard et informa Véro de la situation.

_Madame nous pensons que votre fils a eu une fracture au niveau de la cuisse et peut également au niveau de la hanche.

_Eh! Dieu, gémit Véro en mettant ses deux mains sur la tête. Que pouvez-vous faire pour nous maintenant docteur?

_Malheureusement, nous n'avons pas le matériel adéquat ici pour confirmer ce que nous pensons et encore moins pour prendre en charge ce genre de cas s'il s'avère que nous avons raison. Nous allons donc devoir vous renvoyer quelque part où on pourra bien s'occuper de votre fils.

_Et.... où est ce ? 

_À la clinique MARIE LUMIÈRE, en ville. 

Véronique avait entendu parler de cette grande clinique mais elle se demandait si avait les moyens nécessaires pour les soins de son fils là bas.

_Il n'ya pas d'autre option docteur ? 

_Non madame, répondit celui ci. Vous devez faire vite. Nous avons essayé d'immobiliser le membre atteint et nous lui avons administré quelque chose contre la douleur mais vous devez faire vite pour qu'il soit pris en charge comme il se doit. 

_D'accord Docteur. 

Elle alla à nouveau chercher un taxi et prit la route de la dite clinique avec ses enfants. Luc avait arrêté de pleurer sûrement à cause des anti douleurs qu'on lui avait administré, mais il gémissait très fort lorsqu'on le bougeait. 

Ils arrivèrent à la clinique MARIE LUMIÈRE autour de 11h. Luc fût immédiatement pris en charge et les examens confirmèrent le diagnostic à l'aveugle du dispensaire. Luc avait une vilaine fracture à la hanche et une autre à la cuisse. Il était question en premier temps d'une opération urgente et ensuite de mettre un plâtre. Lorsque le docteur lui annonça le coût de l'opération, Véronique se mit à pleurer. 

_Même en rassemblant toutes mes économies jusqu'à la dernière pièce je n'aurai pas cette somme, sans compter les frais du séjour à la clinique et ceux des médicaments. Mon Dieu pourquoi toujours moi ?

Le médecin la regarda avec pitié mais était impuissant devant sa situation.

_Vous devez vous dépêcher madame. Les effets des anti douleurs s'estomperont bientôt et il recommencera à souffrir. L'opération doit se faire le plus tôt possible, lui dit il avant de s'en aller.

Elle pleura encore quelques minutes puis essuya ses larmes et essaya de se composer un visage serein avant de rentrer dans la chambre que partageait Luc avec 3 autres enfants.

_Mes amours, mes petits anges, vous allez rester sagement ici pendant que je vais chercher quelque chose à la maison, je reviens tout de suite d'accord ? Soyez sages. Gela, tu es l'aînée prends soin de ton frère. 

_D'accord maman. 

Ensuite elle alla signaler à une infirmière qu'elle s'absentait et que les enfants étaient seuls, elle laissa son numéro de téléphone puis partit. 

Elle pensait à aller racler ses dernières économies à la maison puis aller voir Marguerite pour lui emprunter une partie de la somme qu'il lui manquait mais en même temps cela la dérangeait tellement de déranger sa petite sœur. Elle était en pleine réflexion en marchant lorsqu'un homme la dépassa mais elle ne lui prêta pas attention. 

_Reine? Fit le monsieur après l'avoir dépassée. 

Véronique se figea sur place. Une seule personne l'avait toujours appelée ainsi et elle se demanda si elle ne rêvait pas.

_Reine?  Véronique ? Continuait la personne en se rapprochant. 

Véronique se retourna et ouvrit grand la bouche devant ce qu'elle voyait. 

_Mon Dieu Thomas? C'est bien toi ?

_Oh! Oui c'est moi Reine, s'écria celui ci en riant joyeusement.

Il se rua sur elle et la prit dans ses bras. 

_Mon Dieu j'y crois pas. Thomas c'est toi. Waouh! Mais tu as tellement changé. 

Et sa remarque était fondée. Thomas était devenu beaucoup plus beau que dans ses souvenirs. Son teint brillait, son corps était tout musclé et son être tout entier respirait le bien être. Tout en lui reflétait l'aisance, depuis sa tenue qui semblait hors de prix, jusqu'à la montre de luxe qu'il avait au poignet. 

_Tu as vraiment changé, répéta Véronique en l'admirant. 

_Oh! Arrêtes, je suis restée le même, fit Thomas avec un petit rire embarrassé. Comment vas-tu Reine ? Tu es pressée ? On devrait se poser pour causer un peu ça fait tellement longtemps. 

_Oh! J'aurai bien aimé Tom mais je dois y aller. Mon fils s'est fracturé à deux endroits et il doit subir une intervention. Je dois aller chercher de l'argent à la maison. 

_Oh! Là là je suis désolé. Comment est ce arrivé ?

_Il est tombé d'une table. D'après sa sœur monsieur voulait imiter les karatékas de la télévision, expliqua Véro en se passant la main dans les cheveux d'un air las. 

_Mon Dieu, ces gosses vraiment.  Je peux faire quelque chose pour aider ? Dis moi tout ce que tu voudras. 

Véronique sourit en pensant qu'il était toujours aussi serviable qu'avant. 

_Merci Tom mais..... ça va aller, je vais me débrouiller. Je dois juste trouver un taxi et aller chercher l'argent. Contente de t'avoir revu Tom, sincèrement. 

Elle lui tourna le dos et partait lorsqu'il s'écria :

_Mais attend Reine, je peux au moins te déposer là où tu vas. J'ai ma voiture garée juste dehors. Ça t'évitera de prendre un taxi et ce sera plus rapide. 

Elle savait qu'il avait raison et en plus elle garderait l'argent du Taxi. Dans sa situation actuelle, elle avait besoin de toutes les économies possibles. 

_Huuum! D'accord allons y, accepta t elle enfin. 

Il marchèrent ensemble jusqu'au parking de la clinique et Thomas s'arrêta devant une superbe range rover noire.  La voiture était tellement belle que Véro ouvrit grand la bouche.

_Elle..... elle est à toi ? C'est ta voiture ? 

_Oui elle est à moi, répondit Tom en lui ouvrant la portière pour qu'elle s'installe. 

Le siège était tellement confortable. 

_Waouh! Chuchota Véro.

Thomas s'installa à son tour et se mit en route après que Véro lui ait indiqué la maison. Il remarqua qu'elle était stressée et angoissée alors il  la derida avec quelques histoires de leur enfance au village. Il y'avait tellement de choses dont il brûlait d'envie de discuter avec elle mais il se dit que ce n'était pas le moment. 

_C'est là que vous vivez ? Demanda t il en se garant devant la maison de Véro. 

Celle ci baissa la tête un instant et dit :

_C'est affreux je sais,.... mais oui c'est chez nous. 

_Désolé.....euh! Ce n'est pas ce que je voulais dire, s'excusa Tom embarrassé.

_J'ai vu ta grimace Tom. Mais t'inquiètes ça va. Attends moi là je rentre chercher l'argent et je reviens. 

Après qu'elle soit rentrée dans la maison, il sortit de la bagnole et inspecta les alentours. 

_Dieu du ciel, c'est pas possible. 

Il se dépêcha de rentrer dans la voiture et verrouilla les portières lorsque deux jeunes garçons louches qui l'observaient de loin, se mirent à s'approcher. 

_Mais comment peut on vivre ici avec des enfants ? Dans quoi vont ils grandir ? 

Dix minutes plus tard Véronique était de retour dans la voiture. Elle avait les yeux embués.

_Ça va ? C'est bon on peut y aller ? 

Elle répondit d'une voix enrouée :

_Oui ça va.

Thomas coupa le contact.

_Non ça ne va pas. Tu as pleuré Reine, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Tu t'inquiètes pour l'opération c'est ça? 

On eût dit que les pleurs de la jeune femme n'attendaient que cette question pour jaillir. 

_Allons Reine tout va bien se passer ne t'en fais pas ? 

_Si l'intervention a lieu à temps oui mais......

_Mais pourquoi elle n'aurait pas lieu à temps ? Parles moi s'il te plaît Reine.

D'une voix entrecoupée de sanglots, elle lui expliqua qu'elle n'avait pas la somme nécessaire pour l'intervention de son fils. 

_Mais....... et Joseph ? Il ne t'aide pas avec les enfants ?

_Huuum! Tom c'est une si longue histoire. 

_D'accord, pour le moment l'important c'est la santé du gosse. Tu sais quoi, je prends en charge l'opération et ensuite on verra pour le reste.

Véro secoua vigoureusement la tête à travers ses larmes.

_Non Tom, c'est impossible, je ne peux pas accepter cela, non.

_Ecoutes Véro même si tu ne veux pas accepter au nom de notre amitié, acceptes pour ton fils. Fais le pour lui, s'il te plaît. 

Elle réfléchit pendant longtemps. 

_Le temps est contre nous Reine, la pressa doucement Thomas. 

_Huuum! D'accord j'accepte Tom mais je ferai de mon mieux pour te rembourser.

_Nous en reparlerons plus tard, coupa Thomas en filant en direction de l'hôpital.

Lorsqu'ils arrivèrent, Thomas paya tous les frais de l'opération comme promis. Il leur prit également une cabine personnelle avec deux lits afin qu'elle et les enfants n'aient plus à partager la chambre avec d'autres patients et puissent se reposer correctement. 

_Merci Thomas, merci énormément pour tout, je te suis tellement reconnaissante. 

Ils étaient assis dans la vaste salle d'attente de la clinique. Luc avait été amené en salle de réveil après l'opération qui s'était bien déroulé selon le docteur. Angela quand à elle dormait dans leur chambre. Il était 21h et Véronique se détendit enfin un peu mais elle pas assez pour dormir. Thomas qui ne l'avait pas quitté d'une semelle depuis ce midi, l'avait donc amené de force manger un sandwich et causer un peu avec elle. 

_Finalement tu ne m'as pas dit ce que tu faisais à l'hôpital lorsqu'on s'est rencontré ce matin. Tu es malade ?

_Ah! Je venais effectuer mon bilan annuel de santé en fait. Mon épouse y tiens tellement. 

_Oh! Tu es..... marié? Demanda Véro en posant sa bouteille de jus d'ananas. 

_Eh! Oui quelq'un a bien voulu de moi, répondit Thomas en riant doucement.

_Huuuum! Une personne très censée. Allez racontes moi tout de ta vie, ce que tu as fait après l'université, comment tu as rencontré ta femme bref tout. 

_D'accord. Bah! Après l'université, j'ai trouvé un petit boulot dans une entreprise à Lomé. Je bouclais le sixième mois lorsque des partenaires Canadiens de  la société, venus pour un travail, ont été séduits par mes compétences en informatique. Ils ont alors décidé de me débaucher et les conditions proposées étaient vraiment alléchantes. Alors je suis parti travailler au Canada. Deux ans plus tard lors d'un forum j'ai rencontré Clara. Elle est Ivoirienne par sa mère et Italienne par son père. Je n'ai jamais rencontré une femme aussi douée en informatique et là n'est pas sa seule qualité.

Il s'arrêta un peu pour sourire. 

_Nous avons célébré notre mariage ici un an après notre rencontre en présence de nos deux familles. 

_Ta maman l'a t elle acceptée facilement? Demanda Véro qui connaissait bien la sévérité de la dame en question.

_Oh! Au début elle lui a un peu mené la vie dure, tu sais comment elle est, mais Clara est tellement adorable qu'elle finit par apprivoiser tout le monde. Maintenant maman l'adore, surtout depuis qu'elle lui a donné des petits enfants. 

_Waouh! Vous avez même des enfants ? 

_Oui des jumeaux, Lucia et Luigi. Ils ont eu un an il y a quelques mois, de vrais petits diables, surtout Lucia elle est plus turbulente que son frère. 

À son ton, on sentait qu'il adorait sa petite famille. 

_Et vous vivez ici ou au Canada ?

_Nous vivons au Canada. Actuellement moi je suis là pour un travail avec une entreprise partenaire, je suis là pour quatre mois encore mais après je rentre à Montréal. Parfois lorsque nos emplois du temps le permettent nous rentrons voir ma famille ici ou nous allons en Italie passer du temps avec mes beaux parents. 

_Et.......tu es heureux Tom ? Demanda Véro. 

_Oui Reine, j'ai tout ce dont un homme pourrait rêver. Un boulot que j'adore et qui paie très très bien, une femme magnifique et paisible et des enfants adorables. Dieu m'a vraiment comblé. Je lui rends grâce chaque jour.

_C'est tout ce qui compte. Je suis heureuse pour toi Tom, tu le mérites vraiment. Tu as toujours été une personne merveilleuse.

Elle pensa un instant dans sa tête que ça aurait pu être elle à la place de cette Clara mais elle avait préféré suivre cet diable de Joseph. 

_Alors toi racontes moi un peu ta vie. La dernière nouvelle que j'ai appris de toi c'est que tu étais à Abidjan avec tes enfants et leur père. 

Elle lui raconta un peu toute son aventure. Lorsqu'elle eût fini, Thomas était en colère.

_Bon sang mais quelle ordure! Mais comment a t-il pu te cacher la mort de ta grand mère? Comment a t-il pu te menacer de te prendre tes enfants ? Et les gens de son village comment ils sont ? Bon Dieu mais qui fait des choses pareilles.

_Huuum! J'ai fait un si mauvais choix Tom. J'ai bousillé toute ma vie. Si tu savais comme je regrette, chaque jour que Dieu fait je regrette d'avoir aimé Jo, de lui avoir fait aussi aveuglément confiance et je me déteste tellement. La seule bonne chose que je retiens de cette maudite relation c'est Angela et Luc. 

Thomas la regardait d'un air désolé.

_Tu ne méritais pas ça. 

_Bah! Peut être que si Tom. J'aurai dû écouter ma grand mère. J'aurai vraiment dû...... Je lui ai tellement fait confiance, je lui ai   tout donné. Mon cœur, mon corps, toute mon âme, j'ai abandonné des principes de vie pour lui. 

Thomas hocha la tête en signe d'approbation. 

_Même moi tu m'as abandonné pour lui, dit il dans un soupir. 

_Huuuum ouais. Dis Tom est ce que tu........

_Si je t'aime toujours Reine ? 

Elle acquiesça de la tête, l'air un peu embarrassé.

_Je crois que je t'aimerai toujours un peu tu sais. Ce que j'ai toujours ressenti pour toi était fort, c'est fort..........

_Mais......

_Mais j'aime Clara, d'une autre façon certes, mais je l'adore et je ne me donnerai plus jamais le droit de regarder une autre femme qu'elle. Pour toi je serai toujours là, où que tu sois si tu m'appelles je te répondrai. Tu seras toujours une super amie, une sœur pour moi mais je ne ferai jamais rien qui puisse détruire ma famille. 

_Oui je comprends et je suis d'accord.

Le lendemain matin Luc se réveilla, il allait plutôt bien et pu regagner sa chambre d'hospitalisation. Lorsqu'il cicatrisa, il fut plâtré depuis la hanche jusqu'au genou gauche. Thomas était toujours aux petits soins pour eux. Il se chargeait de la plupart des frais à l'hôpital et soulageait beaucoup Véronique. Il lui servait souvent de chauffeur, de psychologue quand elle craquait et de baby sitter lorsqu'elle avait besoin de se reposer un peu. Les enfants adoraient leur tonton Tom et il le leur rendait bien. Parfois Véro se sentait un peu gênée parce qu'elle avait l'impression d'abuser de sa bonté. 

Un matin elle était sortie chercher des fruits pour Luc et en revenant elle vit au loin une silhouette qui la figea quelques minutes. 

_Papa Jo, papa Jo, cria t elle en reprenant ses esprits. 

Le monsieur en question se retournant en plissant des yeux pour essayer de distinguer la personne qui l'avait appelé. Véronique couru jusqu'à lui et le salua. 

_Toi? Fit le sieur BOUSSOUNOU avec son habituel air méchant lorsqu'il était devant elle. 

_Oui papa Jo. Comment allez vous et comment va Joseph ?

_Mon fils se porte très bien petite sorcière, tes plans ont échoués. Tu disais l'aimer mais tu n'as même pas pu rester avec lui pour qu'il guérisse. Remercie Amivi qui a supplié de te laisser t'en aller et qui a accepté prendre ta place au couvent sinon je t'aurai traquée même jusque dans un trou et lorsque je t'aurai retrouvée....... huuuum !

Véro ne voulut même pas imaginer la suite.

_Je suis contente qu'il aille bien. Mais s'il vous plaît où est ce qu'il est ? Notre fils s'est blessé il a dû être opéré et nous sommes à la clinique là bas depuis bientôt un mois et nous en avons pour un bon moment encore. 

Papa Jo la regardait comme si elle racontait des bêtises.

_Et alors ? Demanda t il. 

_Ce serait bien que Joseph vienne voir son fils. Moi je n'ai aucune envie de le revoir de toute ma vie mais les enfants le réclament beaucoup, surtout Luc cette brusque séparation le perturbe. Je veux juste qu'il vienne les voir je ne lui demande rien d'autre.

_Tu sais quoi ma petite, Joseph n'a pas le temps pour ça. Il repart à Abidjan cet après midi même avec sa femme, leur fille et le bébé qui est en route depuis quelques semaines. Je suis venu les escorter moi même, justement pour m'assurer que tu ne surgisse de nulle part pour tout gâcher et apparemment j'avais raison. Tu sais quoi, vas te débrouiller avec tes bambins et ne comptes même pas sur moi pour dire à Joseph que je t'ai rencontrée. Laisses mon fils en paix. 

Avant qu'elle ait pu placer un mot, le grand père de ses enfants héla un taxi et s'en alla. 

Véro soupira et reprit le chemin de la clinique. Arrivée elle raconta à Magui qui était venu les voir, ce qui était arrivé.

_Mais c'est quelle famille ça là même ? Toute la famille est horrible, s'écria Marguerite. 

Elles conversaient dans leur langue maternelle afin que les enfants ne puissent pas comprendre qu'on parlait de leur père. 

_Huuuum! Tout le village est horrible tu veux dire, rétorqua Véronique. 

Quelques minutes plus tard Magui éclata de rire sans pouvoir s'arrêter.

_Ah! Mais tu as quoi Magui ? 

_Je viens de me souvenir que tu as fait vendre tous les meubles et tu as libéré la chambre à Abidjan là bas mais ça lui ne le sait pas encore. 

Véro éclata de rire à son tour à gorge déployée.

_Oui il pense que la chambre est là toujours là avec avec les meubles comme il l'a laissé. Aïe j'imagine le choc lorsqu'ils vont arriver. 

_C'est très bien fait pour eux. 

Elles riaient encore lorsque Thomas débarqua dans la chambre. 

_Eh! Ben ça rigole  bien par ici. Ça va les enfants ? 

Pendant qu'il allait faire des câlins aux enfants, Magui murmura à l'oreille de sa sœur :

_C'est avec cet homme là que tu aurais dû finir. Quand j'y pense franchement ça me tue Véro. 

Véronique se contenta de dire :

_Ouais.....

Ils restèrent encore deux semaines à l'hôpital et ensuite Luc fut libéré. Il devait repasser quelques semaines plus tard pour se faire enlever le plâtre et pour débuter la rééducation. 

_Oh! Je suis tellement heureuse qu'on quitte enfin l'hôpital, dit Véronique après s'être installée dans la voiture de Thomas. 

Ce dernier était venu les ramener à la maison. 

_Ouais je comprends. Près de deux mois à l'hôpital c'est pas facile à gérer. Tu as même été très forte, la congratula Tom en démarrant.

_Tu y as été pour beaucoup Tom. Merci beaucoup, je ne te le dirai jamais assez.

Au bout de quelques minutes de route, Véro se rendit compte qu'ils n'étaient pas sur le chemin de leur maison. 

_Tu veux passer quelque part avant de nous déposer ? 

_Hum hum! Répondit il vaguement. 

Peu de temps après il s'arrêta devant une petite maison au portail rouge. 

_Viens avec moi Reine, j'ai quelque chose à te montrer, dit Thomas en détachant sa ceinture. 

Véro ne comprenait rien à la situation mais haussa les épaules.

_D'accord......

_Les enfants vous restez bien sagement dans la voiture, maman et moi on revient tout de suite. 

Ils descendirent et Tom sortit une clé de sa poche pour ouvrir le portail. Lorsqu'ils entrèrent Véro trouva la maison très belle. Il y'avait une petite cour entièrement pavée et une belle terrasse toute carrelée. 

_C'est joli ici, c'est chez qui ? Demanda Véro pendant que Thomas ouvrait la porte principale. 

_Je l'avais fait construire pour maman en fait il y a bientôt deux ans, pour qu'elle vienne s'installer à Lomé vu que mes frères aussi ont quitté le village. Mais après six mois elle a commencé à pleurer et à déprimer parce qu'elle n'aimait pas vraiment la ville. 

_Oh! Tu connais ces vieux ils sont tellement habitués à la vie au village qu'ils sont tout de suite dépaysés quand on les sort de leur routine. 

_Oui c'est ce que j'ai fini par comprendre alors j'ai dû lui faire  reconstruire une autre maison au village pour qu'elle reste dans son environnement mais en plus confortable. Alors cette maison je comptais la vendre mais j'ai eu une idée dernièrement. 

Véronique se demandait toujours ce que tout cela avait à voir avec elle. 

Ils entrèrent dans le salon qui était joliment meublé et là Thomas déclara:

_Ce sera maintenant votre maison à toi et aux enfants. Viens voir.

Il l'amena dans l'une des trois chambres que comportait la villa et lui montra ses affaires.

_Mais c'est mes affaires, c'est quoi ce délire il se passe quoi Tom ? Demandait Véronique qui était plus que surprise. 

Tom par contre affichait une mine ravie et excitée. 

_Oui c'est tes affaires. Marguerite m'a aidé à tout déménager de chez vous lorsque tu lui remettais parfois pour aller te ramener des affaires à la maison. Nous avons pensé que tu voudrais t'installer dans la plus grande des chambres c'est pourquoi nous avons mit tes affaires ici mais bon après tu t'installes comme tu veux hein ! 

Véro ne savait quoi dire, elle ouvrait la bouche et la refermait. Lorsqu'elle pût enfin parler, ce fut avec des larmes.

_Je ne peux pas accepter Thomas, c'est impossible, je ne peux pas. Tu en as déjà tellement fait pour nous.

_Ecoutes Reine, tu as subi beaucoup de choses et tu as besoin d'un coup de main pour te relever, pour te refaire ma chérie. Acceptes de rester ici le temps de pouvoir te reconstruire et de trouver une chambre dans un quartier convenable. Ce quartier dans lequel tu vis avec les enfants est très peu fréquentable. De petits jeunes garçons fument de l'herbe et un soir Magui et moi nous avons vu de toutes jeunes  filles qui se faisaient tripoter dans l'obscurité. C'est dans ça que tu veux voir tes enfants grandir ? Je sais bien que non alors acceptes mon aide Reine.

_Mais tu n'es pas leur père Tom, pourquoi tu fais tout ça ? Ce n'est pas ton rôle.

Il sourit et la regarda droit dans les yeux.

_Leur père non mais considère moi comme une sorte d'oncle pour eux. Et puis j'aurai pu être leur père....... dans d'autres circonstances. 

Véronique se jetta dans ses bras et le serra fort. Ils restèrent ainsi enlacés pendant de longues minutes, pensant tous les deux à ce qu'auraient été leurs vies s'ils avaient été ensemble puis Véro dit simplement :

_Merci Thomas.

Les enfants furent tellement heureux d'habiter dans la nouvelle maison que Véro n'eut plus de doute sur le fait d'avoir accepté l'offre de Thomas. Ce dernier continua d'être à leurs côtés quotidiennement. Il inscrivit Angela dans une école acceptable lorsque la rentrée scolaire démarra, il donna une somme importante d'argent à Véronique pour commencer une activité génératrice de revenus. Elle décida d'ouvrir un petit restaurant avec la somme vu qu'elle adorait la cuisine.

Thomas avait valablement remplacé le père des gamins et avait été un frère, un ami pour Véronique. 

Cependant, toute belle chose ayant une fin, il retourna au Canada à la fin de sa mission. Il leur laissa comme consigne de l'appeler sans hésiter en cas de besoin. 

Pour Véronique et ses enfants, il aura été un ange envoyé du ciel pour leur porter secours à un moment crucial.

Véronique ou une vie...