Tous tristes
Write by Samuel
-Moi : En fait mon oncle m’a dit que je vais quitter le village et aller vivre désormais à Sabéko.
-Eux (tous ensemble): Haannn
-Moi : Je suis désolé mes frères. J’aurais tellement voulu que les choses se passent autrement mais il y a des choses qui ne sont pas de notre volonté et qui viennent s’imposer à nous, dans des moments que nous ne voulons pas.
-Salif : Attends, c’est où Sabéko la même ?
-Mouchid : Villageois comme ça, c’est la capitale.
-Mouchid : Ah d’accord citadin !
Issa, Habib et moi avons ri pendant un moment. Puis, la discussion a continué.
-Issa : Donc comme ça tu veux nous laisser et t’en aller, c’est bien ça ?
-Habib : Ce n’est pas de sa volonté et tu le sais bien.
-Mouchid : J’espère que tu ne va pas partir de si tôt !
-Salif : Oui tu dois rester avec nous jusqu’à la fin des vacances.
-Moi : Je veux bien mais…
-Mouchid : Il n’y a pas de « mais » qui tienne !
-Moi : Je dirai à mon oncle de me laisser jusqu’à la fin des vacances.
-Habib : Si tu pars, tu vas nous manquer.
-Moi : Et vous aussi ! Mais je viendrai chaque congé et toutes les vacances ! Je ne vous oublierai jamais. Vous êtes ma seconde famille !
Ils présentèrent des visages attristés, ce qui me toucha énormément. Souvent, on aime des gens mais on ne le leur dit jamais jusqu’au jour où vient un évènement tragique, une séparation ou un moment de vives émotions. .
Ils m’accompagnèrent au moulin, et le temps que le meunier écrase le mil, nous avons décidé de jouer un peu aux billes. Après quoi, je suis allé chercher le mil écrasé et je suis rentré, tout chagriné.
-Mà je suis déjà là !
-Ah mon fils, c’est rapide !
-Oui Mà, y’avait pas assez de gens.
-Ok. Tu veux manger ?
-Non, je n’ai pas encore faim. Je vais jouer avec mes amis.
-Tu es allé voir ton oncle ?
-Oui
-Et… ?
-Il m’a dit que j’irai continuer mes études à Sabéko.
-Ah ! C’est une aubaine pour toi mon fils !
-Bof, je ne sais pas trop !
-Sabéko est une ville géniale ! Tu me diras un jour que j’avais raison !
-On verra bien Ce qui me chagrine le plus, c’est le fait que je vais laisser mes amis et je serai seul, comme si je n’avais personne au monde !
-Mon fils, dans la vie, on n’a pas toujours ce qu’on veut Il faut faire avec ce qu’on a ou ce que l’on obtient. La vie ne sera jamais juste, l’essentiel est de supporter tout ce qu’on traverse. Considère tout ce qui t’arrive comme une épreuve ou un mérite venant de Dieu. Courage et patience doivent être tes guides dans la vie.
-J’ai compris Mà. Merci.
Après ces mots de Mà, je suis sorti jouer avec mes amis.
Quand je marchais dans la rue, je repensais à tout ce qu’elle venait de me dire. Ses paroles renferment de grandes leçons de vie. Elle ne les a pas prononcées juste pour la circonstance mais pour que j’y pense à chaque instant que je serai face à un problème. C’est ce qu’elle a toujours fait.
Quelques temps après, je suis parvenu au terrain de jeu. Mais chose étrange, je ne les trouve pas. Je décide alors d’aller voir sous le grand manguier. C’est là que je les vis, en train de griller de la viande, je ne sais laquelle. Ensemble, on allait chasser dans une forêt à coté, quand on avait un peu de temps libre. On revenait souvent avec de grands gibiers que nous mangions gaiement. Mais on n’y a renoncé lorsque la dernière fois, nous nous sommes retrouvés nez à nez avec une panthère qui venait de tuer sa proie. Quand le fauve nous a vus, il a laissé sa proie et voulait se lancer à notre poursuite puisqu’on était partis avec des armes de fabrication artisanale. Et quand l’animal se sent menacé, il ne vous laisse pas le choix. Nous eûmes très peur. L’imbécile de Habib a commencé à crier, ce qui nous a définitivement condamnés. Mais heureusement, un chasseur sortit et nous sauva. Et depuis ce jour, nous nous sommes refusé l’aventure dans cette forêt.
L’odeur appétissante de la viande m’incita à m’approcher d’eux. C’est alors que je me rendis compte qu’ils grillaient la viande de porc.
-Moi : Où aviez-vous trouvé autant de viande ?
-Issa : Nous sommes allés faire une promenade dans le village voisin et nous avons aidé des gens qui faisaient les préparatifs d’une grande fête. Nous les avons aidé et en retour, ils nous ont donné toute cette quantité de viande que voici.
-Mouchid : Nous avons voulu tirer notre part d’abord avant d’amener le reste dans nos cases.
-Habib : Tu sais bien comment les parents font dans de pareils cas ! Ils vont s’accaparer de tout et te donner un petit bout de morceau seulement alors que c’est toi qui as apporté la chose.
Nous éclatons de rires…