Je dois le dire à mes amis
Write by Samuel
Chapitre 2 : Je dois le dire à mes amis.
-Mais…je suis déjà bien ici oncle !
-Ce n’est pas faux. Mais à des moments donnés, il faut chercher à vivre d’autres expériences. Sabéko est une ville magnifique que tu vas sûrement aimer.
-Mon oncle, et que deviendra mon champ ?
-T’inquiète pas pour ça. De toutes les façons, tu seras à l’abri du besoin.
Il parlait avec tellement de conviction et de sérieux que je me rends compte qu’il ne blague pas du tout.
-C’est entendu tonton. Je vais y réfléchir.
-Ok.
Je quitte chez lui, la tête complètement en feu. La nouvelle que je viens de recevoir m’a mis dans tous mes états. Ce village a vu passer la majorité, sinon toute ma vie jusqu’ici. La quitter soudainement, dans un temps où je commence à l’aimer est comme un cadeau qu’on perd.
Mais à un moment donné de la vie, il faut choisir les choses non pas par volonté, mais par contrainte. Je suis obligé d’accepter pour ne pas faire de la peine à mes parents et surtout à ma mère.
Quand je suis rentré, j’ai vu mon père en train de tisser des nattes avec mon petit frère. Je l’ai salué et je suis entré dans ma chambre. Je me suis assis sur un colis d’habits et je me suis mis à me poser des questions : comment vivrai-je là-bas ? Pourrai-je vivre sans tous ces gens qui ont fait mon enfance et avec qui je partage mon quotidien ? Comment sera ma vie une fois que je serai là-bas ? Avec qui serai-je ?
A force de réfléchir à tout ça, j’ai commencé par ressentir angoisse. Non, je ne vais plus y penser.
Quelques temps après, ma maman m’appela :
-Souley, où es-tu ?
-Je suis ici mà.
-Tu iras m’écraser ce mil chez le meunier qui est au niveau des manguiers. Fais vite.
-Oui mà !
J’accoure pour aller au moulin. C’est une belle occasion pour moi d’aller voir mes camarades de jeu et leur parler de mon départ. Issa, Habib, Salif et Mouchid, ces garçons sont mes meilleurs amis. C’est avec eux que je partage tout, ils sont des gens dont je ne peux me séparer. Mais les circonstances font que les choses vont bien être différentes dans les prochains jours. Je me dois quand même de les informer de cette nouvelle qui ne sera pas de leur gré, j’en suis certain, mais qu’ils finiront par accepter.
Quelques minutes de marche et me voici à la place publique où nous jouons d’habitude. Je ne les vois pas encore mais je crois bien qu’ils doivent être là surtout à cette heure-ci où la plupart des gens du village jouent à des jeux divers. Ah les voilà !
J’aperçois Salif qui jouait aux billes avec Issa…
-Moi : ouais le petit Issa, ça va ?
-Issa : Impoli, je suis ton grand-frère ! Tu me dois respect et obéissance !
-Salif (riant) : Moi je suis plus agé que vous tous. Je ne suis pas votre égal. Vous avez le devoir et l’obligation de parler moins fort quand je suis présent. C’est clair dans vos petites têtes là ?
-Moi : Toi le benjamin la ? Hihihihihi ! Bon bref, où sont Mouchid et Habib ?
-Issa : Les voilà là-bas, sous la paillote.
-Moi : Appelle-les, je veux vous parler rapidement.
-Salif : Huuuum ! De quoi ?
-Moi : Allez les appeler d’abord.
-Issa : Salif, toi vas-y !
-Salif : Non toi.
-Issa : Pourquoi moi ?
-Salif : Tu cours plus vite que moi. On doit se dépêcher, tu ne vois pas qu’on a commandé à Souley ?
-Issa : Bon d’accord, ton tour aussi viendra.
-Moi : Arrêtez de vous chamailler de la sorte, je n’ai pas assez de temps.
-Issa : J’y vais.
Quelques instants après, les autres sont venus. On se salue et je décide de porter à leur connaissance la nouvelle :
-Euh…les amis, vous êtes des gens bien, des gens que j’aime beaucoup. On joue ensemble, on mange ensemble, on se taquine, on s’entraide, on fait beaucoup de choses ensemble. J’apprécie beaucoup notre fraternité et j’aurais voulu que les choses soient comme ça pour toujours.
-Mouchid : Souley, ne tourne pas autour du pot.
-Moi : Je sais.
-Issa : Parle vite.
-Moi : Je voudrais vous faire part de quelque chose. Je sais que vous n’en serez pas ému, mais je compte quand même à vous le dire.
-Habib : Il s’agit de quoi ?
-Salif : C’est grave ?
-Moi : Ça dépendra de comment vous allez le prendre.
-Mouchid : Maintenant parle.
-Moi : En fait, mon oncle m’a dit que…