Trait d’union
Write by Saria
Chapitre 20 : Trait d’union
***Six mois plus tard***
***Villa Oasis – Master room***
***Kader***
Selma : Pardon ?! Redis-moi ça, s’il te plaît.
Moi : Ta mère, ton frère et ta sœur arrivent aujourd’hui.
Selma : Mais papa et maman Adesua sont censés être là demain !
Moi : Oui, absolument !
Selma (secouant la tête frénétiquement) : Non, non ! Ça ne va pas le faire là ! Tu vas déclencher la troisième guerre mondiale, crois-moi !
Moi : Relax, chérie ! Je crois que tu stresses pour rien !
Selma : Hey Kader ! Tu n’aimes pas la paix dèh !
J’éclate de rire à son faux accent burkinabé. Loubna a réussi à coloniser tout le monde dans cette maison. C’est vrai que je lui ai juste dit que je voulais faire venir sa famille. Je crois qu’elle ne percevait pas que je parlais de TOUTE sa famille. Je devine aisément que ce ne sera pas de tout repos mais je veux en profiter pour officialiser les choses. Oui, vous avez compris, je veux épouser Selma dans cette maison complice de l’amour de mon grand-père et de ma grand-mère. Je crois que rien que pour ça, tout le monde fera des efforts pour elle, le trait d’union. Oui, oui je suis au courant de ce surnom. La cérémonie se tiendra dans le jardin. De mon côté, il n’y aura que Lulu, Chérifa, Yacine et Loubna… Kompoh a promis venir mais je ne sais pas.
Nous sommes jeudi aujourd’hui ; la cérémonie est prévue pour samedi après-midi, suivie d’un repas en famille. Dimanche, nous ferons un autre grand repas avec quelques-uns de mes cousins et relations d’affaires ; ce sera au Sopatel. Lundi, les premiers départs. Tout le monde en est informé, sauf la principale concernée.
***Le soir-Aéroport TSO***
Nous sommes tous à l’aéroport, du côté du salon d’honneur. Eh oui, que voulez-vous ?! Je veux en mettre plein la vue à ma future belle-maman !
C’est Joan qui apparaît d’abord, Chérifa se jette dans ses bras ; puis la mère de Selma et Anita sa sœur. Ma chérie se tend comme un ressort lorsque les yeux de sa mère se posent sur moi.
Mère de Selma : Vous êtes Kader ! Joan m’a dit que vous êtes riche, je suis venue voir de près l’homme que ma Selma a choisi ! En plus, ce n’est pas trop tôt !
Moi : Bienvenue au Burkina Faso, Vera !
Vera : Merci !
Selma (gênée) : Maman !
Vera (se tournant vers Selma) : Viens là toi, que je te regarde ! Joan tu crois que nous pouvons en tirer quelque chose concernant ce pour quoi nous sommes là ?
Joan : Elle sera magnifique mum ! Hello dada[1] !
***Selma***
Moi : Bonjour Jojo ! Anita ! Bienvenue, je vous présente Kader, Yacine et Audrey !
Les présentations se font dans une sorte de brouhaha. Je suis stressée. Kader donne le top et nous prenons la route pour la villa. Joan et Anita resteront dans les dépendances, papa et les mamans prendront des chambres à l’intérieur de la villa. Donc ce n’est pas l’espace le problème, ce sont plutôt les humeurs. Maman Vera a beau en être à son troisième mariage, quand elle voit mon père, elle a tendance à flirter avec lui, ce qui met maman Adesua mal à l’aise.
Si Joan fait des efforts depuis quelques temps pour supporter cette dernière, Anita ne peut pas la sentir ! Kader ne sait pas ce dans quoi il s'avance ! Je ne peux loger personne à l’hôtel sans paraitre faire un choix!
Environ une demi-heure plus tard, nous sommes arrivés, nos invités déposent leurs bagages et nous passons à table. Loubna s’est surpassée, la conversation va bon train, Kader fait du charme à ma mère qui est tout sourire. Eh ben ! Je me pince plusieurs fois pour être sûre que je ne rêve pas.
***Un peu plus tard***
***Kader***
Moi (attirant Selma dans mes bras) : Tu te sens mieux ? Tout se passe plutôt bien non ?!
Selma : Ne crie pas victoire trop tôt, attends que mes parents viennent demain ! Franchement, quelle idée de les avoir tous invités.
***Le lendemain matin***
***Villa Oasis – Wemtenga***
***Selma***
Je me réveille ce matin, la tête pleine de programmes : Kader est trop chou d’avoir réuni toute ma famille mais côté organisation, Monsieur compte sur comment déjà, « Mon sens inné du management ». Hum, rien n’est prêt. Quand je pense que dans quelques heures, Maman Adesua et papa viendront grossir le nombre ! Pourvu que tout se passe bien !
Il faut même que je le trouve ; s’il pense qu’il va disparaître à Kwame Nkrumah et me laisser avec Brama, le chauffeur, il a menti. Je descends les escaliers rapidement mais au moment de tourner je tombe sur Audrey … Bizarre, généralement à cette heure-ci, elle ne traîne plus à la maison.
Audrey: Tatie !!! Tu es déjà debout ?!
Moi : Lol… la lève-tôt ici, c’est moi.
Audrey : Ah oui ! J’ai oublié.
Moi : As-tu vu ton père ce matin ? Je veux caler le programme de la journée avec lui.
Audrey : Ah… Papa ?!
Moi (patiemment) : Oui ton père… Tu sais, Kader Sidibé !
Audrey (rire nerveux) : Ah oui ! Papa ! Euh je ne sais pas !
Moi (la fixant) : Hey, tu es sûre que tout va bien ?
Audrey : Oui… Absolument.
Moi : Ok.
Lorsque je fais mine de m’avancer vers le bureau, elle s’interpose. Je la fixe, un peu étonnée. Elle me tire du côté opposé presque l’air suppliant. Alors je sens un frisson me parcourir l’échine, tous mes sens en alerte.
- Tout va bien ?
Audrey : Oui… Juste que je… Je veux te parler d’un truc de femme à femme.
Moi : Hey Audrey, pardon ! Tu n’es pas enceinte !
Audrey : Non…
Au même moment, j’entends des éclats de voix venant du bureau de Kader, puis la porte qui s’ouvre avec fracas.
Voix de femme : Tu as dit que je pourrai voir mon fils s’il le veut… Et c’est ce que je fais… Yacine m’a… Oh ! Eh ben !!! Comme on se rencontre !
Moi : …
Mon regard se tourne vers Kader, il se tient juste derrière la dame… Probablement Marlène… La mère de Yacine.
Marlène (me détaillant de la tête aux pieds) : C’est donc… toi ! La fameuse Selma, je suppose ! Navrée chérie, réchauffer le lit de Kader et lui faire à manger ne suffit pas pour devenir Madame Sidibé.
Moi : Pardon ?
Marlène : Ah… Moi c'est Marlène Sidibé…
Kader : Marlène, ça suffit ! Tu t’en vas là !
Marlène : Pourquoi ? Mon fils habite ici, que je sache…
Je reste là figée ! Mon cerveau tourne au ralenti, incapable de réagir… Comme pour ne rien arranger, maman Vera fait son entrée. Apparemment elle a tout entendu.
Maman Vera : Que se passe-t-il ici ?
Marlène : Il se passe que je suis venue voir mon fils… Et mon époux.
Audrey : Ex-époux !
MV : C’est à lui de le préciser, petite !
Un silence se fait, l’humiliation est à son comble pour moi. Je fais, un pas, puis deux et je tourne le dos à tout ça. Pour moi, c’en est trop ! J’entends Kader m’appeler mais je ne m’arrête pas. On n’a pas traversé tout ça pour qu’une épouse ou une ex-épouse vienne s’imposer. Moi je ne peux pas gérer ça. Sans même tenir compte de ce que je suis en robe de chambre et que j’ai juste noué un pagne, je sors dans la rue. Je cours aussi vite que je peux… Les larmes me brouillent la vue mais je ne m’arrête pas… Mettre de la distance entre tout ça et moi, c'est ma priorité.
***Marlène***
Quoi ?! Je suis une éhontée… Lol, ce que vous pensez de moi m’importe vraiment peu. Je ne peux pas mieux tomber ; apparemment toute la famille de Madame est présente, raison de mieux pour que je leur sorte le grand jeu.
Il y a quelques jours, j’ai discuté avec Yacine et émis mon envie de le revoir. Il m’a dit qu’il veut bien mais qu’il va falloir organiser ça avec son père. Que le moment est mal choisi parce qu’il organise la rencontre avec la famille de « Tata Selma ». Sourire, je me suis dit : « Pourquoi pas ? ». Ce sont des retrouvailles familiales, vu que j’ai un fils et que j’ai partagé la vie de Kader, je suis aussi concernée.
Yacine (catastrophé) : Pourquoi tu es venue ici !
Moi : Oh chéri… Tu me manques trop !
Chérifa (ricanant) : Tu es née avant la honte quoi !
Moi : Chipie, je t’ai sonnée ?
Chérifa : Pas besoin… Tu n’as pas honte d’instrumentaliser ton fils ?! Qu’est-ce qui n’a pas marché chez toi ?
Moi : Yacine, tu l’entends me parler ? Normal, une petite qui a été abandonnée à la naissance ! Tu n’as aucune éducation.
Chérifa : Je ne te frappe pas parce que tu es la mère de mon petit-frère et qu’il est déjà suffisamment malheureux par ta faute… Mais il ne sera pas toujours dans les parages, Marlène !
Yacine : …
Moi (exaspérée) : Tu ne dis rien ?! Tu ne vois pas qu’elle te manipule. Que le fait que tu sois l’héritier de ton père la gêne ? La nouvelle femme de ton père-là si elle…
Yacine : ça suffit, Marlène !
Moi, Chérifa (ensemble) : Pardon ?
Yacine : J’ai dit que ça suffit… Tu dégages ! Je suis désolé… Tu n’es pas venue pour moi.
Moi : Mais…
Yacine (voix douloureuse) : Tu cherches à détruire papa… J’ai espéré très fort et pensé un instant que tu avais changé… Et que je te manquais pour de vrai… Mais…
Son regard était dur et froid, comme si quelque chose venait de se briser en lui, entre nous.
***Dans une autre pièce de la maison***
***Kader***
Loubna : Tonton, je viens d’appeler Lucien… Elle n’est pas arrivée là-bas !
Vera : Kader, j’espère qu’il n’est rien arrivé à ma fille ! Sinon… Oh mon Dieu, Joan !
Son fils la serre contre lui, il paraît vraiment affecté ; même Ani qui jusqu’ici semble être là contre son gré, se tord les mains de stress.
Moi : Vera, il ne sert à rien que vous me criiez dessus. Selma est en sécurité dans Ouagadougou. Il ne va rien lui arriver.
Je prends mes clés et sors de la maison presqu’au pas de charge ; je rencontre Yacine, Chérifa et Marlène. J’interpelle cette dernière.
- Toi ! Tu as intérêt à dégager avant que je ne revienne ! Ne me fais pas perdre patience !
Au moment où je m’apprête à sortir, je vois Joan venir vers moi. Sans demander mon avis, il ouvre la portière et monte.
Joan (d’un ton bref) : Je viens avec toi.
Je roule sans but, Lucien ne l’a pas vue. Or je me suis dit que dans tous les cas, c’est chez lui qu’elle irait. Il a promis aller voir chez Nora. Mes tempes battent et je sens un début de migraine. J’aurais dû… J’aurais dû… Quoi ? En finir avec Marlène ? Non ! C’est la mère de mon fils, j’ai fait ce qui me semblait juste. Une fois encore, elle a su exploiter la brèche que j’ai laissé ouverte.
Il faut que je retrouve Selma et vite, avant qu’elle ne fasse une bêtise. Sans compter que j’ai pris des engagements auprès des siens.
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[1] Grande-sœur en Fongbe et autres langues du Sud Bénin.