Trop loin pour toi

Write by Farida IB

Tina…


Benji : Titi moi veux prendre photo, moi être beau dedans.


Moi : Benji nous allons les prendre, mais laisse moi d’abord répondre à Yayia (c’est comme ça qu’il appelle Nahia.).


Benji (au bord des larmes) : moi veux prendre, moi faire tchrek (le son de la caméra).


Maman (entrant) : Tina c’est comment avec mon mari ? Tu me fais pleurer mon cœur ce matin.


Magnime (ma sœur) : ewii, vilain comme ça là prrr il n’est même pas beau, il veut faire des photos.


(Benji se met vraiment à chialer)


Clara (toisant Magnime) : vient là mon coco sucré, c’est qui ta femme ?


Benji (forçant un sourire) : tata Clacla !


Maman : Moi, je suis ta femme depuis ta naissance hein, elles n’ont pas fini avec leurs petits gars qui ne veulent jamais montrer le bout de leur nez pour s’occuper de toi.


Moi : la mom, c’est comment ? Tu profites pour envoyer une doc, est-ce que Benji comprend même ce que tu dis ?


Magnime (riant franchement) : moi en tout cas, je n’ai rien à me reprocher.


Clara : mom je te sais plus patiente que ça si c’est la dot tu veux ça ne saurait tarder.


Maman : ekiee, pendant que nous sommes là y en qui planifie déjà le mariage (elle se tape dans les mains.), en tout cas prévenez-moi seulement vite que je cherche mon Lokpovoh (pagne traditionnel) à proximité. Comme il faut toujours que je vous tire les vers du nez là tsuuiiipp.


Magnime (à Clara) : krkrkr il faut dire ça à Wil hein.


Clara et moi lui lançons un regard en biais et elle joue à l’innocente, ce qui lui vaut un foudroiement du regard.


Maman : je vous attends à la cuisine dans une quinzaine de minutes, il faut que votre papa mange en plus avec vos projets de mariage il ne faut pas aller nous vendre au rabais à vos belles-familles.


Clara : rhoo mom, comme si nous n’avions pas l’habitude de préparer dans cette maison. Avec toute la formation que ton mari et toi vous nous faites suivre !


Benji (qui prend ses selfies à volonté, ma formation lol) : maman Benji veut Choco Pops.


 Magnime : tu n’auras rien papa couche !


Maman (toisant Mag) : tu me laisses l’enfant tranquille, c’est même quoi ton problème avec lui ?


Nous autres : Ohhooo ?


Magnime : pardon ohh descendez-moi ici, c’est Disney Chanel qui est bon pour moi à l’heure-là.


Nous : c’est mieux pour toi !


Ma spéciale famille à moi lol. Comme vous le savez sûrement déjà, je suis la cadette d’une fratrie de quatre enfants, trois filles et notre benjamin. Papa est commandant en chef des armées togolaises et maman secrétaire administrative dans la fonction publique, je peux dire que nous menons une petite vie de ″bourge″ lol. Nous avons pour habitude de tout partager, enfin presque tout dans la famille parce que s’il y a une chose que détestent mes parents surtout maman, c’est d’être mis sur le fait accompli. Du coup, nous sommes partagés, il y en a qui préfère se confier à papa plutôt qu’à maman et vice-versa. Moi, je fais le tour entre les deux parce que mom elle a trop l’esprit critique. Papa lui il est subtil et du genre pragmatique, il ne te réprimande pas, il te laisse décider par toi-même avec un point d’objectivité. Mes sœurs sont juste des sœurs quoi lol, Clara est notre aînée ; elle a vingt-deux ans et est en deuxième année master environnement, énergie et transport. Avec elle, il y a plus d’affinité puisque nous sommes beaucoup plus rapprochées, c’est la grande sœur parfaite quoi (rire). Magnime, c’est notre puînée de quatorze ans en classe de troisième. Elle autre nous fait sa crise d’ado ce qui fait qu’elle gaze tout le monde. Elle passe son temps à se mêler de ce qui ne la regarde pas parce qu’elle croit tout connaître loleuuhhh. Nous essayons de la canaliser, à part ça elle nous est utile pour nos sorties en douce. Sortir de la maison de M. AMAH si ce n’est que pour aller suivre les cours ce n’est pas du jeu, il a même une arme qu’il dit garder pour les garçons qui viendront rôder autour de sa maison alors qu’il a eu le malheur de ne faire que de belles filles honnêtement. Mag constitue notre forteresse et avec quelques gâteries elle nous arrange bien les coups, c’est notre bonne petite Lol.

 Benji, c’est notre petit dernier de trois ans, trop mignon le petit (rire). C’est le prince de la famille, tu touches un cheveu à Benji, tu signes direct ton arrêt de mort krkrkr. Bon bref, c’est un peu ça mon monde. 


Avec Brad, tout baigne, j’adore être sa petite amie, mais je ne suis pas du genre à faire les plans sur les comètes. Je l’aime bien et envisage des choses avec lui si ça venait à marcher sur le long terme, mais je reste quand même sur le qui-vive. Je ne veux pas me réveiller un matin et avoir la plus grosse déception de ma vie. Hier au mariage, je l’ai senti évasif, mais comme il avait fini par se dérider, je n’ai plus trouvé utile d’en parler.


Ping SMS


Nahia : les agents d’entretien de l’immeuble, c’est eux qui s’en sont chargés avant mon réveil.


Moi : ah, ouais, tu dormais jusque-là ? Choky (faire l’amour) de Bil a dû t’épuiser hein !


Nahia : quelle choky même ? Il a fini de ronfler ? J’étais chaude comme ça, c’est signé, je ne lui parle plus jusqu’à nouvel ordre. Grrrr, il m’énerve.


Je lui envoie un smiley qui sourit et lui signale qu’on en parlera de vives voix, lol les deux-là ont quoi même à se tourner autour ? 


Je reçois une notification d’un message de Brad et fronce les sourcils.


Clara : frangine il y a quoi ?


Moi : il y a Brady qui me demande de venir chez lui urgent, avec mom à la home je vais m’arranger comment ? En plus, il y a cette histoire de cuisine.


Clara (sourcil arqué) : ça, c’est une première, il a peut-être un souci. 


Vas-y je te couvre, on a qu’à prétexté que tu veux aider Nahia à ranger.


Moi : la pauvre lol, va pour ton idée. Je me charge de convaincre mom, merci d’être aussi intelligente krkrkr.


Clara : bouyidaa (dégage) quand c’est à ton actif, tu me trouves smart.


Moi : lol, je t’aime aussi frangine.


****

J’arrive, quelques heures plus tard chez Brad, maman n’y a vu que du feu dans notre arrangement. C’est quand même moi nan ?

La maison est plutôt calme, je monte sans formalité dans la chambre de Brad, il était assis sur son nouveau lit Baldaquin (cadeau de sa maman pour son bac), le regard perdu. 


Moi (souriant) : bébé il n’y a pas mort d’homme, j’espère. 


Brad (sourire forcé) : pas encore, je m’apprête quand même à faire une victime.


Il me tire vers lui et nous sommes vite partis en besogne, je me réfugie ensuite dans ses bras et ce fut un silence pendant un bon moment


Moi (brisant le silence) : tu veux en parler ? Je t’écoute quel que soit le problème, je t’aiderai à trouver une solution.


Il met une minute de trop avant de me raconter leur réunion et la nouvelle décision de son père et moi, je reste figée sans trop savoir quoi répondre.


Brad : tu ne dis rien ? 


Moi (perplexe) : euhh donc tu veux dire que tu t'en vas pour l’Afrique de Sud, et… Et nous deux ? Du coup, c'est fini entre nous ? 


Brad (arquant un sourcil) : toi, tu voudrais te séparer de moi, c’est ça ?


Moi : bien sûr que non (soupir), je ne sais pas comment ça va se passer entre nous avec toi là-bas et moi ici. Et si tu rencontrais une autre ? Et si la distance fini par avoir raison de nous ? Je ne veux pas qu’on se fasse des promesses que nous n’allons pas pouvoir tenir et finir par être déçus, tu vois ?


Brad (les yeux rouges) : comment tu peux en être sûr, si nous n’essayons pas ? Il y a les réseaux sociaux à portée de main et je peux descendre pendant les vacances, je peux même te payer un billet pour que tu viennes de temps en temps.


Moi : je suis d’accord avec toi sur le premier postulat, mais le second oublie simplement. 

Il refoule une larme rebelle.


Moi : hey bae (je soulève son menton.), ce n’est pas comme si c’était déjà fini entre nous. Nous allons trouver une solution d’accord ?


Brad (voix enrouée) : Tina, je n’ai pas envie de te perdre


Tout à coup soudain, brusquement, je me rends compte de la situation et ressens comme un nœud dans ma gorge.


Moi (la voix cassée) : moi non plus je n’ai pas envie de te perdre (soupir désolé), Bradley, je t’aime et je tiens à toi, mais je n’ai pas envie de subir les coups de la distance. La chaire est faible et je ne pourrai t’en vouloir si tu rencontres une autre là-bas. J’ai assez confiance en moi pour savoir que si je décide de rester avec toi, je ne te tromperai en aucun cas, mais je n’ai aucune assurance vis-à-vis de toi.


Brad : regarde-moi, nous allons, nous en sortir ok ? Nous allons essayer et si l’histoire ne te plaît plus nous changerons de tactique jusqu’à trouver un équilibre. Cela va de soi si tu doutes de moi puisque je suis un homme après tout, je ne suis pas parfait, mais jusque-là t’ai-je montré que je suis indigne de confiance? (je fais non de la tête.) À ce que je sache, j’ai toujours tenu parole, et si on essaie que ça ne marche pas alors chacun fera sa vie de son côté sans rancune, je te le promets.


Je secoue simplement la tête, mes larmes coulaient à flots à présent.


Moi (entre deux sanglots) : je t’aime Bradley, je n’ai pas envie de me séparer de toi. 


Brad (m’enlaçant) : hey Babe arrête de pleurer, j’ai encore une semaine devant moi. Nous allons profiter l’un de l’autre et une fois là-bas, je ferai en sorte que tu ressentes incessamment ma présence.


Moi (reniflant) : de toute façon que celle qui se sente femme, t’approches pour voir si elle ne va pas retrouver Martine AMAH sur son chemin.


Brady (forçant un sourire): là, je retrouve ma chérie (sourire), je t’aime plus que tout chouquette.


Moi : tu vas horriblement me manquer bébé snif.


Amouchka…


Nous sommes à l’aéroport international Gnassingbe Eyadema avec Nahia. C’est aujourd’hui que nous repartons pour Bruxelles Liam et moi. Nous sommes arrivés il y a deux heures, après les contrôles de sécurité, et l’enregistrement des bagages nous attendons l’embarquement qui est prévu dans une heure.

Là, nous sommes dans l’un des Café-Restau de l’aéroport et Nahia n’a pas arrêté de pleurer comme une Madeleine, Pa et Ma nous ont réitéré leur vœu de bonheur et quelques conseils en plus avant de prendre la route pour Kpalimé (un week-end en amoureux idée du beau-fils lol). 


Moi (à Nahia) : chérie, j’ai passé de supers vacances grâce à toi, même si au début ce n’était pas le fun. Tiens (je lui tends une enveloppe.), c’est de la part de Liam et moi.


Nahia (faussement mécontente) : rhoo frangine, encore un cadeau ? Tu vas finir par me gâter là, bon comme tu insistes envoie krkrkr.


Moi : lol petite maligne !


Liam : ma grande chérie, c’est pour ton anniversaire à venir que nous t’avons unanimement offert ce cadeau. Tu l’ouvres le jour-j, promis ?


Nahia : croix de bois, croix de fer le beau. Vous allez me manquer (elle se recompose un visage triste.), prenez soin de mes neveux (à Liam) prend soin de ma sœur hein sinon je débarque avec le boss pour te faire la guerre.


Liam (amusé) : la cavalerie DUCARD n’attendra que vous pour sortir ses artilleries.


Nahia : ah, donc la guerre est déclarée ! 

Nous rions franchement et d’un coup il y a comme un flottement. Nahia veut nous refaire sa crise.


Moi : rhooo la Nana tu ne veux pas larmoyer toute la soirée, j’ai carrément exhorté Bil à prendre soin de toi. Il y a tes copines et Zaïdia que tu viens de retrouver. Nous serons tout le temps en contact et je te donnerai très souvent les nouvelles de tes bébés.


Viens là (je me lève et la prends dans mes bras.) je tiens à ce que tu sortes de ta chrysalide. Je serai très fâchée si tu laisses notre complicité naissante au seuil de cet aéroport. Je ne veux plus que tu me caches quoi que ce soit (elle secoue vigoureusement la tête.), maintenant que tu as tout un accessoire le contact sera plus facile.


Nahia (essuyant une larme au coin de l’œil) : promis Sis.


Encore quelques minutes et l’hôtesse annonce notre vol, nous nous faisons des câlins une fois de plus et la laissons sur le parking de l'aéroport 

My pathetic love sto...