Un vent glacial du passé...

Write by imalado

Même si au fond d’elle tout espoir était perdu, sur son visage se dessinait toujours les traits d’un sourire. Avait-elle le droit d’accabler le monde de ses erreurs ? N’avait-elle pas choisit de plein gré ? Elle qui croyait avoir trouvé l’amour, ou du moins s’en était persuadée. Le monde même semble tourner autour de ça. L’amour. Oui, elle le voulait et à un moment, elle l’avait touché du doigt. Mais seulement cela ne semblait pas être pour elle. Son cœur se pinçait à chaque fois qu’elle rencontrait un couple heureux. Comment font-ils pour être si heureux ? Et par quel miracle ?

         Il faisait nuit noire, Elisabeth tenait fermement le volant de sa voiture. Elle ne voyait presque rien, ce n’est pas prudent de sortir sous la pluie, la piste est bien trop dangereuse. Mais il le fallait. Marie allait accoucher et Dan, son mari était en voyage d’affaires. En faisant vite, elle y serait surement à temps. La berline noire abordait prudemment les virages, Elisabeth faisait de son mieux pour apercevoir la route. Elle écoutait en boucle cette chanson de Whitney Houston « I will always love you », depuis qu’elle a quitté la ville de Londres. Elle pensait à Brian. Ce pauvre Brian dont elle a refusé la demande en mariage deux jours plutôt. Après un an ensemble, l’envie et le besoin de passer le reste de sa vie avec lui, lui avait été ôté… Pourquoi ? Lui avait-il demandé. Mais rien. Si seulement il savait que c’était de son frère dont elle était jadis éperdument tombée amoureuse. Christopher. Le seul que son cœur avait tant aimé et chérit. Le seul pour qui d’ailleurs son corps entier frissonnait de désir, mais aussi de colère et de profonde tristesse. Tout le contraire de Brian, qui lui est tendre et présent, plus axé sur les principes de moralité, de la foi et des valeurs familiales, ouvert et généreux. Ne voulant pas de l’entreprise familiale, Brian poursuivit ses études en médicine, passionné pour ce qu’il fait et dévoué à ses patients… Christopher, lui prend la place du grand frère charismatique et imprévisible, qui mène une vie en première page de tous les magazines. Le célibataire le plus en vue, mais aussi aux multiples conquêtes. C’est sa venue, il y’a une semaine qui a tout, absolument tout chamboulé dans la vie d’Elisabeth.

         Le petit chalet de Dan et Marie était fort chaleureux. Elle se rappela ces barbecues dans le jardin derrière la maison, ou ces soirées passées à boire du vin du vignoble familial de Marie, discutant de tout et de rien devant une petite cheminée de bois, qui réchauffait toute la maison malgré le froid pendant ces périodes… Mais cette maison renfermait bien plus que ça des souvenirs. C’était bien plus que cela, ce petit chalet renfermait toute l’histoire de leur si belle et longue amitié. Elles avaient passé la plus part de leurs vacances ici, dans ce petit coin perdu et tranquille, complètement coupé du monde. Et même quand elles ont obtenu leur diplôme, et qu’Elisabeth eut enfin son permis, elles se retrouvaient quelques week-ends à parler de tout et de rien… De leurs vies, de leurs amours, de leurs rêves et de leurs espoirs que portent les ailes du temps. C’était une belle époque. Aujourd’hui Marie est mariée à un brillant avocat, un homme charmant. Voilà comment il facile de constater que le temps passe vite…

         Mais quelle idée de vouloir accoucher dans un chalet à la montagne, coupé de tout. C’était certainement celle de Marie. Quand elle se met une chose en tête, difficile de l’en dissuader.

         Après quelques heures de conduite, Elisabeth gara sa petite voiture près de la fontaine gelée. Celle-là même dans laquelle, toute petite, elle avait cru noyer sa peluche, le bon vieux Mael, le petit singe. Elle sourit au vue de cette fontaine qui les avait tout aussi servies de fontaine à vœux. Quelle belle enfance…

         Faisant le tour, elle remarqua une Range Rover noire, garée tout près de l’entrée. Elle la reconnut, celle de Christopher. Mais que faisait-il là ? Elle s’avança vers la porte et frappa tout doucement. Et même si, elle s’y attendait, elle resta presque figée face à cet homme qui se tenait devant elle. Sourire aux lèvres, grand, beau. Et ce sourire… Christopher.

  • Entre donc, ne reste pas sous la pluie, tu vas prendre froid.

Elle sourit à son tour. Elle avait cessé de la sentir, et même le froid.

         Quand à peine, elle franchit la porte, elle vit Brian, avec sa blouse et portant une expression de fatigue, mais affichant tout de même un sourire.

  • C’est une fille, lança-t-il.

  • En voilà une bonne nouvelle. N’est-ce pas Elise ?

Sans un mot, elle se retourna vers Brian.

  • Et comment va Marie ?

  • Bien. Elle te demandait.

Une bonne chose d’ailleurs. Cette situation n’était pas des plus confortables. L’atmosphère se faisait lourde, et elle ne pouvait plus soutenir le regard de Christopher la dévisageant ou même cette ignorance désinvolte que Brian feignait. Quoiqu’après ce qu’elle lui ait fait, elle le méritait surement. Elle déposa son manteau, qui déjà avait mouillé le parquet, et se précipita dans les escaliers. La chambre était moyennement éclairée, une petite bougie sur la table de chevet, et cette petite odeur d’encens. Elle se rapprocha tout doucement de Marie, qui complètement fascinée par le bébé, ne l’avait pas entendu. Elle était à coup sûr épuisée, mais tout ce qui se lisait sur ce visage se rapportait non pas à de la fatigue, mais à de l’amour plein les yeux écarquillés d’admiration pour ce tout petit être qu’elle tenait. Elle s’assied sur le lit faisant face à Marie, après lui avoir fait une bise sur la tête. Elles restèrent silencieuses, longtemps, regardant ce bébé comme si tout autour le temps s’était arrêté… Et au bout d’un moment, rompant le silence, Marie parlait de l’accouchement, du sang froid et de la présence réconfortante de Brian qui l’a fait accoucher, tout en précisant à quel point Elisabeth avait de la chance de l’avoir, avant de lui reprocher d’avoir manqué les premiers cris du bébé.

         C’est vrai, se le rappelant soudainement, elle n’avait encore rien dit à Marie, de la demande en mariage, de son refus et encore moins de Christopher. Et ce n’était certainement pas le bon moment. Elles discutèrent quelques instants encore avant que Marie ne se décide finalement de se reposer. Elisabeth resta jusqu’à ce qu’elle s’endorme avant de descendre au séjour. Brian était au téléphone, discutant certainement avec Dan de l’accouchement. Marie a été courageuse, et le bébé se porte bien. Il se tenait près de la fenêtre. Elle voulait comme à son habitude le distraire. Lui retirer son verre de vin, passer ses bras tout autour de lui et lui mordre les oreilles pour qu’il raccroche et qu’il l’embrasse. Mais au fond, elle en était incapable. Et comment pourrait-elle lui en vouloir d’agir ainsi ?

         Elle se rappela de cette chanson, qui passait en boucle dans le restaurant, de Brian, tremblant comme une feuille d’émotion, quand il passa la main dans sa poche, avant d’en retirer une bague. Une grosse et magnifique bague en diamant. Quelle femme dirait non à un homme comme Brian, qui l’aime follement et une bague en diamant ? Son cœur se serra. Qu’avait-elle fait ? Cet homme est tout ce qu’une femme censée pouvait espérer. Tout ce qu’elle voulait. Il la rendait heureuse. Si seulement Christopher n’était pas revenu…

  • Vas-tu rester longtemps à le fixer ? C’est quand même ton homme non ?

C’était Christopher, s’avançant un verre à la main qu’il lui offrit. Bien-sûr qu’il l’ignorait aussi. Brian n’est pas dans les confidences. Et on ne peut pas dire qu’il soit très proche de son frère.

  • Tu as finalement choisit cette couleur. Je te trouvais plus radieuse quand tu étais blonde. Mais mon frère a toujours eu un goût différent du mien. Sauf cette fois-ci en ce qui te concerne.

  • Il ne s’agit pas toujours de toi Christopher. Merci pour le verre.

  • Reste un peu…

Il lui tenait à présent par le bras, elle le dévisageait. Et tout lui revenait comme un flot d’images et de sensation. Elle commençait à avoir le vertige, et tout ce qu’elle se rappela après avoir retiré son bras, c’est le bruit du verre sur le parquet en bois. Elle s’était évanouie…

Une autre carte du d...