Une question de principe

Write by Farida IB

Nahia…


Moi chuchotant : Mamour, va le voir avant que Pa ne le fasse et je suis certaine qu’il ne fera qu’une bouchée de lui.


Ma phrase  eu comme un déclic sur elle et elle se lève en sursaut pour le rejoindre, nous la suivons tous, mais restons au seuil de la porte. Elle n’a pas remarqué notre présence.


Liam (serein): mon amour ! Je croyais m’être trompé de maison.


Amou (tout bas) : tu fais quoi ici, Liam ? Tu veux me tuer, c’est ça ?


Liam : je suis venu parler à ton père.


Amou : as-tu perdu un boulon ? Tu te crois en Belgique peut-être, ici, c’est l’Afrique mon ami. On ne débarque pas chez les gens comme ça surtout que mon père t’en veut.


Liam : calme toi Mamour, je suis venu m’entretenir avec lui à l’amiable. 


Amou (grinchant) : arrête de m’appeler ainsi, ils peuvent bien t’entendre.


Pa : ils l’ont déjà entendu, je ne savais pas que ma fille avait changé de prénom.


Il y a comme un flottement de quelques secondes, tout le monde attendait que papa dise quelque chose. 


Pa : j’ai cru entendre qu’il voulait me parler, me voici. 


À sa place, je suis sure que j’étais plongée dans un coma à l’heure où je vous parle.


Liam (avec un sang froid) : bonjour Messieurs, Chères Dames mes hommages. Euh moi, on m’appelle Liam DUCARD, Monsieur ADJA, je suis venu exprès pour que nous parlions de mon union avec votre fille.


Pa : je vois donc, c’est le salopard qui t’a mis enceinte. Monsieur soyez le bienvenu, je croyais que nous tarderions à régler nos comptes, mais je remarque que vous avez eu l’audace de vous amener en Afrique et de surcroît chez moi. Nous allons régler cette histoire ici et maintenant.


(nous sommes mal)


Tantine (se voulant conciliant) : beau frère calme toi, ne perdons pas les bonnes manières, installons d’abord l’invité et réglons les problèmes ensuite.


****

Les pourparlers durent depuis bientôt vingt minutes, cela se fait entre Pa, tonton Hamed, tantine et Liam. Ma s’est enfermée dans leur chambre qu’elle n’a pas le cœur à entendre les hurlements de Pa, ce qu’elle a d’ailleurs conseillé à Amou, mais cette dernière dit vouloir suivre la conversation de près (celle-là n’a pas peur pour sa vie hein.). Je suis avec elle dans un coin du couloir d’où nous les suivons. Son visage se décompose au fur et à mesure que dure leur conversation. Je ne sais pas comment il fait le beau, mais il gère le vieux avec une telle sérénité malgré la tournure que prennent les choses. Tonton et tantine jouent aux modérateurs, c’est juste à mourir de rire.


Liam (poursuivant) : je suis conscient de notre maladresse et je m’en excuse. Je viens vers vous avec une intention des plus honorables. Je voudrais que nous arrivions à trouver un consensus qui sera à notre actif à tous.


Pa : M. Dacar ou je ne sais quelle autre ville, ici en Afrique ce genre de questions se règlent entre pères. Vous vous levez gaillardement parce que vous vous sentez capable de venir m’affronter et en plus dans ma maison (criant presque).


Tonton Hamed : Aladji, calme-toi. Comprends qu’il ne peut pas déplacer sa famille pour le moment, il le fera au moment propice (s’adressant à Liam), n’est-ce pas le cas jeune homme ?


Liam : je confirme, monsieur, mes parents ne pouvaient pas se déplacer sans que vous nous ayez donné votre accord, encore que nous n’ayons pas procédé de la meilleure des manières.


Pa (plissant les yeux) : je ne vois pas en quoi, cela vous sera utile d’obtenir mon accord à présent alors que vous n’en aviez pas eu besoin pour la mettre en état.


Liam : je vous comprends parfaitement monsieur et je réitère mes excuses pour notre bêtise. Je voudrais que nous arrivions à trouver un compromis et je pense que le mariage serait la solution idéale.


Pa : elle ne vous a pas donné mon opinion sur ladite solution ?  Je n’ai rien à vous reprochez, mais voyez-vous que ma religion ne m’autorise pas à donner ma fille en mariage à un non-musulman. Ne vous bercer pas d’illusions parce qu’elle porte en ce moment votre grossesse. Elle peut bien finir d’accoucher et vous laisser vos enfants pour retourner à sa vie d’avant. Elle est encore jeune et belle, elle trouvera bien quelqu’un de notre communauté.


Liam : sauf votre respect M. votre fille n’est pas seulement « celle qui porte ma grossesse », je l’aime et je veux faire ma vie avec elle. 


Pa (exaspéré) : vous voulez que j’aille  à l’encontre de mes principes et ceux de ma religion parce que vous vous croyez à la hauteur, c’est ça ? Qu’est-ce qui me garantit sa sécurité ? Qu’elle ne délaissera pas sa religion ainsi que ses études ? Qu’est-ce qui me donne l’assurance que ce n’est pas pour abuser d’elle ultérieurement ?


Liam : je peux comprendre vos inquiétudes, mais sachez que je n’ai pas le droit de vie sur elle donc je ne peux la forcer à faire ce qu’elle ne désire. Je ne suis peut-être pas pratiquant, mais je respecte la religion de tout le monde. Concernant ses études et ses projets d’avenir, les dispositions ont été déjà prises, vous n’aurez pas à vous inquiéter.


Pa (agacée) : en fait,  vous avez réponse à tout. 


Tantine : beau frère, je te suggère de revoir ta position, ils ont été maladroits certes, sauf qu’ils n’arrêtent pas d’entreprendre des démarches afin de se racheter. Nous voyons tous dans son discours que le jeune homme a de bonnes intentions par rapport à ta fille. Tu sais bien toi-même que ce serait une honte non seulement pour elle, mais aussi pour notre famille qu’Amou fasse un enfant à un homme  et en épouser un autre. A un moment donné il faut laisser nos enfants faire leur choix et les assumer, notre rôle c’est de les guider pour ménager leur choix et les soutenir lorsque ça dérape. 


Tonton Hamed (renchérit): en plus Aladji, il a quitté très loin rien que pour te demander la main de ta fille, combien en sont capables ? Qui sait si c’est cela son destin ? Elle était ici pendant vingt-deux ans, aucun de nos frères togolais en plus musulman n’est venu demander sa main. Il est prêt à tout pour elle, je pense aussi que tu devais leur donner une chance.


Pa (remonté) : je vois que vous voulez tous me forcer la main, je commence à croire que vous avez fait un complot contre moi. Amira, c’est ça le but de ton séjour ? 


Tantine : je te jure que non beau frère, c’est une simple coïncidence. Mettons ça sur le compte de la volonté divine.


Il se lève simplement et sort du salon, quelques minutes après nous attendons le bruit du moteur de sa voiture signe qu’il quitte carrément la maison.

De chaudes larmes ruissellent sur la joue de ma sœur, elle court ensuite s’enfermer dans la chambre. Tantine me demande de raccompagner Liam, ce que je fais tout en essayant de le rassurer et de l’encourager.


Amouchka….

Je n’arrive pas à croire que papa soit aussi borné, j’ai tout essayé et voilà que même devant Liam et son beau discours, il refuse de céder. Je ne vois pas en fait où se trouve le problème, je ne demande qu’à me marier au père de mes enfants. Je n’aurais pas dû écouter Ma, j’allais m’en tenir à mon plan. J’avais prévu de le mettre sur le fait accompli mais Ma à trouver que ce serait irrespectueux et ingrat de ma part. Cependant je crois que ça m’aurait évité tout ce remue-ménage, je ne suis plus un enfant et je crois pouvoir faire mes propres choix. Qu’est-ce qui le dérange dans ce fait !


(Ma et tantine entre en ce moment et s’asseyent des deux bouts du lit)


Ma : tu devrais arrêter de pleurer,  ce n'est pas bien pour ton état, je comprends ton désarroi mais pense à ta santé et celle des fœtus. Ton père est à deux doigt de céder, il se laisse juste dominer par son égo. 


Moi (essayant de me calmer) : je ne crois plus en ça, si depuis trois mois, il refuse de changer d’avis même avec l’assurance de Liam, je ne vois pas pourquoi il changerait d’avis. 


Ma : Amou, ton père je le connais comme si je l’avais fait et je peux t’assurer qu’il ne tardera pas à vous accorder sa bénédiction.


Tantine : en plus le beau fils a été très convainquant, il maîtrise a peu près nos us. On dirait presque un Africain lorsqu’il s’accroupit pour nous saluer (rire) et quand il s’est excusé pour t’avoir mis dans cet état, j’étais éblouie.


Moi (sourire en coin) : il fallait que je mette toutes les chances de mon côté.


(je reste pensive un moment)


Moi : vous êtes bien sûr que ça va marcher ?


Tantine : nous sommes nées avant toi et ce genre de situation nous connaît. Figure-toi que je me suis mariée à ton oncle après une histoire comme celle-ci. Lui par contre est de chez nous, mais une vieille querelle entre nos deux familles entravait notre amour. Avec la complicité de ta maman ici présente, nous avons déjoué l’attention de ton grand-père et il a fini par fléchir. 


Moi (intéressée) : racontez-moi ! Donc Ma aussi fais de coups bas quoi, de la manière tu joues aux saintes là ?


Ma : ma fille, la religion et l’âge m’ont assagi sinon que j’étais très espiègle. Quand ta sœur et toi, vous vous mettez en complicité pour éviter les remontrances venant de votre père et moi, ça me fait rire parfois et ça me rappelle que de beaux souvenirs.


(Nahia entre en ce moment) 


Nahia : Mamour, ah, je vois que tu souris à nouveau. Sois disant en passant tu as quand même bon goût, le beau est aguichant en plus d’être courtois et probant.


Moi : Ma, parle à ta fille avant que je ne l’étripe.


Ma : elle a dit quoi de mal ma petite fille ? Elle ne fait qu’apprécier mon gendre. Mamour, elle a mal fait de l’apprécier, c’est ça ?


Moi : arrêtez de m’appeler ainsi !


Tantine : c’est bien ainsi qu’il t’appelle non ? Hein Mamour.


Moi : rhooo je n’ai jamais aimé qu’il m’appelle comme ça. Ça fait vieille fille


Nahia (amusée) : dis ça à ton amour krkrkr.


Moi : petite si je t’attrape ! Tu as oublié ce que ça fait d’être bastonnée hein la Nana.


(elle se calme direct)


Ma : la Nana, c’est l’enfant de qui encore ?


Nahia : c’est le surnom que m’ont donné mes amis Ma. 


Moi : tu es sûr ? (elle me fait de gros yeux.) En tout cas plus de surnom dans cette maison.


Nahia : ok ! (elle lève les yeux vers le ciel), on ne peut jamais te taquiner toi pffff


Moi (sourire en coin) : tu as intérêt !


J’ai vite fait de détourner l’attention de Ma qui m’interrogeait déjà du regard.


Moi : alors tantine raconte-nous vos déboires de jeunesse.


Tantine : avec plaisir ma fille... 


La soirée à quand même pris fin sur un ton positif, vivement que Pa finisse par changer d’avis, toute cette histoire m'épuise (soupir).

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