Ussama Ben Zayid

Write by Farida IB



Ussama…


Je cherche un créneau pour sortir mon véhicule du lot de véhicules devant la résidence. On se croirait à la fourrière ici, notre parking extérieur est envahi par une variété de voitures et de véhicules utilitaires en design plat. Tout ça à cause de la mystérieuse disparition de Khalil ! Ça fait deux jours qu’il est introuvable et papa en fait tout un fromage. Il vient d’engager une société d’enquête qui est venue cet après-midi dans le but de choisir et faire déployer une équipe sur place pour plus d’investigations. On sait tous que ce serait une perte de temps et d’argents parce que connaissant mon type, je suis prêt à mettre ma main à couper qu’il est quelque part en train de prendre du bon temps. Et je sais également qu’il réapparaîtra lorsqu’il sera repu de son escapade. Néanmoins, je pense que papa tente de se convaincre qu’il n’a pas fait un ricochet dans la bêtise vu que l’attitude positive qu’il a adoptée quelques jours avant son départ nous a presque persuadé d’un changement imminent de comportement. Autant dire que j’y croyais presque.


Mon frère, nous le savons tous futile, inconstant, influençable, capable de se jeter à l’étourdi dans une situation si tant est-il qu’il y trouve une satisfaction, quelle qu'éphémère qu'elle soit. Ce qui explique sa relation conflictuelle avec notre père. Par contre ce n’est pas un méchant garçon, il a toujours été une personne très dévoué à sa famille, altruiste et caritative envers les autres. À mon avis, Cheikh réussirait plus à l’attendrir s’il lui portait un peu d’intérêt et faisait montre d’affection de temps à autre. Mais bon, je ferai mieux de garder mes opinions pour moi si je veux avoir la vie sauve n’est-ce pas ? 


Après plusieurs tours de marches-avant et marches-arrière, braquage et contre-braquages, des touches insignifiantes de pare-chocs, je me retrouve sur la chaussée en soupirant intérieurement d’aise. Je fais ensuite la manœuvre pour garer sur le bas-côté de la résidence avant de demander à Balram (le chef de sécurité) d’avertir Yumna. Quelques minutes plus tard, elle immerge en tout seigneur tout honneur suivie des domestiques qui traînent quatre grosses valises derrière elle. Je regarde le spectacle amusé un moment avant de descendre dans l’intention de les attendre au niveau de la malle arrière.


Moi (lorsqu’elles arrivent à mon niveau) : tu rentres avec elles ?


Yumna : non (arquant le sourcil) elles iraient chercher quoi là-bas ?


Moi (pendant que je charge les valises) : je sais pas, peut être au bon soins de la princesse ! (dans transition) Dis-moi, c'est quoi toutes ces valises ?


Yumna : des affaires à moi dans les trois premières et la dernière les vivres et quelques mets que maman m'a préparé.


Moi : Yummy tu as été déporté avec une valisette !


Elle me toise et je souris.


Yumna : là, je rentre par la grande porte donc il faut que ça se sente.


Moi la taquinant : lol attends d’abord de quitter le domicile de ton père, il peut toutefois changer d’avis.


Yumna : Astagfirulah ! N’appelle pas le malheur !


Là, j’éclate de rire.


Pour la petite histoire, elle a été acquittée (rire) à notre retour de l’aéroport avant-hier. Enfin, après une tonne d’avertissements et quelques nouvelles donnes. De toute façon, ça nous aurait étonné qu’il la laisse repartir et reprendre sa vie comme si de rien était.


Elle fait le tour jusqu’à la portière du siège passager à l’avant et exige presque  aux gardes de lui tenir la portière avant de monter. Je la regarde et secoue la tête amusé. Après le chargement, je vais directement m’installer au volant et entreprends de mettre la ceinture de sécurité.


Moi : tu veux profiter des derniers instants pour faire ta diva avant de partir, c’est ça ?


Yumna riant : c’est ma façon à moi de les punir.


Moi : et je peux savoir ce qu’ils ont fait pour mériter cette punition ?


Yumna faisant la moue : ils m’ont traumatisé de la Californie jusqu’à Abu-Dhabi (désignant l’un d’entre eux) surtout le plus baraqué là. 


Moi mdr : il faut t’en prendre au cheikh pas aux pauvres gardes, ils ont simplement fait leur travail.


Yumna : lol toi tu veux m’envoyer à l’abattoir ! Pardon, je tiens à ma vie


Moi le ton rieur : tu as senti !! Yeux connais bagage qui est lourd !


On rigole pendant que j’actionne de démarrer, j’entame bien la voie avant de reprendre.


Moi : j’avais cru comprendre que maman voulait nous suivre à l’aéroport.


Yumna : laisse ta mère, elle ne veut pas lâcher les enquêteurs d’une semelle.


Moi : elle s’est mise dedans elle aussi ? Cette enquête est déclarée impossible avant exécution !


Yumna : laisse la mère de l’autre ! Mais Khalil est vraiment irrécupérable ! On sait tous qu’il n’a pas changé d’itinéraire donc moi, je pense qu’il y a une fille qui s’est ajoutée à l’équation.


Moi rire : c’est le contraire qui m’aurait étonné moi.


Elle m’accompagne dans mon rire, ensuite il eu comme un flottement. Au bout de quelques minutes, je lui jette des regards en biais, enfin, je trouve bizarre qu’elle ne parle que de façon laconique. D’habitude, c’est un vrai moulin à parole. 


Moi (brisant le silence) : ça va ? 


Yumna soupirant : nan, je suis trop dégoûtée de partir.


Je lui jette un coup d’œil perplexe.


Moi : tu n’as plus envie de terminer tes études ?


Yumna : si, mais ça va me faire encore quelques années loin de vous. C’est vrai que je suis rentrée dans des conditions pas très agréables, mais il faut le dire, ces quelques jours passés avec vous m’ont énormément fait du bien et j’aurais aimé le faire plus souvent. En plus, dès que je partirai d’ici, personne ne songera à venir me voir. Pourtant ce ne sont pas les moyens qui vous manquent ! (elle soupire tristement.) Parfois, vous me donnez l’impression d’être seule au monde.


Moi : ne débite pas de pareilles sottises. Tu sais bien que j'ai toujours été présent pour toi malgré le temps qui fait  défaut. C'est bien  à cause de toi que je campe sur les réseaux sociaux et tu es bien placée pour savoir que ce n’est pas ma tasse de thé. 


Yumna : je parle plus pour les autres.


Moi : ok sinon tu peux t’organiser pour venir après chaque semestre ou chaque fin d'année scolaire. À toi de voir ce qui t'arrange le mieux.


Yumna (écarquillant les yeux) : tu veux que je trouve cet argent où ? Déjà, que mes avoirs ont été revus à la baisse ! Les billets ça coûte une fortune et tu sais bien que ton père n’acceptera jamais claqué son argent dans de pareilles lubies comme il dirait.


Moi lui jetant un coup d’œil : ok, dis-moi quand tu voudras venir, I will take charge.


Yumna contente : j’avais presque oublié que mes frères étaient pleins aux as, même s’ils sont parfois méchants.


Moi : cause tu exagères souvent.


Yumna : mais tout l’argent que vous avez là vous sert à quoi si vous ne voulez même pas l’utiliser pour aider votre petite sœur d’amour. Votre seule petite sœur, je précise ! (claquant la langue) J’en profiterai au max tant que vous êtes encore célibataire sans engagement !


Moi rire : à la bien lol, l’argent des autres est sucré inh. Travaille pour avoir le tien !


Yumna : je m’y attèle et bientôt, je serai ton challenger.


Moi : ça j’en doute ! J’ai trop une longueur d’avance sur toi !


Yumna ton de défi : wait and see ! (au tac) Et puis c’est quoi cette histoire que tu n’as jamais eu de petite amie ? C’est une blague, c’est ça ?


Moi roulant des yeux : cette histoire sort encore d’où ? Je pensais qu’on avait tiré un trait dessus avant-hier ?


Yumna précisant : non, tu as tiré un trait dessus !! Tu t’es braqué lorsque nous avons lancé le débat. Je voulais vraiment qu’on en parle à hui clos.


Moi ne voulant pas étendre : il n’y a pas de débat à faire sur ce sujet, je n’en ai pas, c’est tout.


Yumna plissant le front : et Cartia ? (cousine de Jemal) 


Moi : c’est juste une amie.


Yumna : est-ce qu’elle le sait elle ?


Je fronce les sourcils.


Yumna : tu veux dire que tu ne sais pas qu’elle est amoureuse de toi depuis perpète ?


Moi rire sarcastique : Cartia ? Amoureuse de moi ? Lol tu n’y es pas du tout !


Yumna : j’espère que tu fais exprès de ne pas t’apercevoir que la fille bave littéralement sur toi.


Moi haussant l’épaule : bah, c’est son problème ! Les femmes ça n’a jamais été ma priorité.


Elle fronce la mine et me regarde fixement, mais ne dit rien. Au bout d’un moment, je finis par m’agacer.


Moi : quoi ?


Yumna brute : rassure-moi, tu n’es pas gay hein ?


Je freine brusquement, ce qui lui arrache un cri de stupeur. Elle me fixe les yeux grands ouverts avec une main sur la poitrine.


Moi : bon Dieu non ! Où est-ce que tu es allée chercher ça ?


Yumna essoufflée : mais je demandais juste, tu n’as pas besoin de me tuer pour ça.


Moi soupire avant de redémarrer : excuse-moi, tu m’as pris de court. Et pour ta question, je ne suis pas gay. 


Yumna : alors c’est un truc de ta sororité kappa ? 


Je lui jette un coup d’œil sévère.


Yumna lancée : je ne comprends simplement pas comment un jeune homme de ta carrure n'ait pas de petite amie, à ton âge et avec toute ta richesse. Sama tu es le plus jeune milliardaire des Emirats Arabe Uni sans oublier la réputation de notre famille grâce à laquelle Khalil s’attire tout un harem. (l'air outré) Elles sont sûrement aveugle les filles de Masdar (ville), un bon produit comme ça ! 


Moi : c’est moi le produit là ?


Yumna : façon de parler ! (ton scandalisée) Non mais sérieux, elles ne voient pas tes yeux ? La moue boudeuse de ta bouche ?


Moi arquant le sourcil : ils ont quoi mes yeux ? Et puis je ne boude jamais, c’est ton frère et toi les champions toute catégorie de la bouderie.


Elle éclate de rire et se tient même le ventre en faisant abstraction des regards d’incompréhension que je lui jette.


Yumna (se calmant) : franchement, il te faut une vraie formation sur ce plan krkkrkkrkr. J’en toucherai un mot à Khalil, enfin, lorsqu’il réapparaîtra. 


Moi : han han ne mêle pas Khalil à mes choses, ça risque de partir en couilles.


Yumna : je vais me gêner (je soupire.). C’est tout de même bizarre qu’on ne s’en soit jamais rendu compte. (bousculant la tête) Et moi qui passais mon temps à placer quelques bonnes cartes pour toi auprès de Cartia pensant que c’était ta meuf pfff, quel gâchis ! 


Moi : Yumna apprend à te mêler de tes oignons de temps en temps, je n’ai pas besoin que tu joues à l’entremetteuse pour moi. 


Yumna : roohh tu vois le problème avec toi, c’est que tu ne veux jamais rien dévoiler sur ta vie. Parfois, ce sont les médias qui me renseignent sur les actualités de la vie de mon frère ! Pourtant, je te raconte tout moi ! 


Moi : tu le fais de ton propre gré !


Yumna revenant à la charge : Ussama, je sais que de nous tous, tu es le plus sérieux et tout. Sauf qu’on ne te demande pas d’en avoir un harem digne d'un roi d'Egypte comme Khalil. Une seule suffira et Cartia n’est pas mal, je trouve.


Je soupire agacé.


Yumna : mais sérieux, tu comptes seulement te marier un jour ?


Je hausse simplement les épaules débité.


Yumna : autant rentrer au couvent bro (palpant mes abdos en secouant la tête) vraiment quel gâchis !!


Elle ne dit plus rien et moi non plus. 


Je n’ai pas besoin d’être devin pour savoir que vous pensez la même chose que ma sœur en ce moment. 


Je suis comme qui dirait le genre de gars intello, très sérieux, calme et discret. Vous comprendrez que lorsqu’on a un père comme le mien, on s’échine à ne peut baisser dans son estime. Du coup, j’ai consacré toute ma vie aux études et maintenant au travail. Ce qui fait qu’à 26 ans, j’ai deux doctorats notamment en ingénierie pétrolier et en archéologie et un gisement offshore en mon nom. Encore qu’actuellement, je poursuis parallèlement d’autres diplômes pour diriger mes affaires à bon escient. 


J’ai trouvé mes repères dans le domaine du pétrole, il y a moins d’un an en travaillant d’abord pour une société qui offre des services parapétroliers ensuite ma carrière a complètement décollé à la suite d’une découverte archéologique au bord des côtes du Golfe persique. J’y ai trouvé un gisement d’hydrocarbures que j’ai commencé à exploiter avec l’aide des autorités compétentes. J’avoue que l’influence de papa dans le pays a été d’un précieux coup de main  étant donné que j'arrive à l'exploiter en toute légalité et légitimité sans réelle contrainte. Je dois dire qu’au début, il était très retissant à l’idée, du fait qu’à l’instar de mon frère aîné, je décide de suivre ma propre voie. Toutefois, mon dévouement à la chose l’a plus que convaincu. Au risque de paraître narcissique j’ai toujours réussis brillamment tout ce que j’entreprends.  


Les médias sociaux me classent aujourd’hui parmi les milliardaires des EAU, mais tant est-il que papa détient le monopole sur cet argent, si maniaque du contrôle qu’il est. Mais bon pour le moment, j’en ai toujours eu pour satisfaire mes besoins élémentaires donc je ne m’en plains pas.


Logiquement, je n’ai jamais été classé " séducteur ". D’ailleurs, je ne me suis jamais intéressé aux femmes si bien que je ne sais pas comment m’y prendre avec elles. Autant dire que le physique particulièrement avantageux de notre famille nous confère un franc succès auprès d’elles. Cependant, j’ai toujours vécu discrètement comme si je me cachais, pour que personne ne fasse attention à moi. Je tiens à préciser que j’aime les femmes, enfin, je sais reconnaître lorsqu’une femme est belle et qu’il m’arrive de les désirer. Sauf qu’à chaque fois qu’il faille que je tente une approche, je perds tous mes moyens. Je deviens un tantinet barjo.


…….


L’avion de Yumna vient de décoller, j’ai reçu pour ordre de faire volte-face qu’une fois que ce sera fait. Ma sœur, je l’aime,  sans doute que je l’adore, mais son côté enquiquineuse me donne parfois des envies de l’étrangler.


Je quitte le terminal pour le parking de l’aéroport lorsque je sens les vibrations de mon téléphone dans l’une des poches arrière de mon bermuda. Je le sors et vérifie d’abord l’écran avant de décrocher. C’est maman.


Moi : oui mamounette.


Maman : mon chéri tout va bien là-bas ? Ça fait une éternité que tu es parti.


Moi : tout va bien maman, l’avion vient de décoller. Je suis en route pour la maison.


Maman : dis-moi, ton frère ne t’a pas fait signe entre temps ?


Moi : non, pas depuis la dernière fois que tu m'as posé la même question.


Elle soupire.


Maman : ok, tu es déjà proche de la maison ?


Moi : non, je suis sur le point de quitter.


Maman : d’accord, passe chez Jemal s’il te plaît pour voir s’il a des nouvelles de son côté. Il laisse mes appels sonner dans le vide depuis toute à l’heure. 


Moi : hmm, maman laisse le gars respirer, il est peut-être pris. Tu sais bien que tout ça ne sert à rien, Khalil va bien et je suis sûr qu’il réapparaîtra tel un phénix. (me voulant rassurant) Pas de nouvelles, bonne nouvelles maman.


Maman : halassss !!! (assez !!) Fais ce que je te demande, ne discute pas avec moi tssrrr !!


 Moi soupire résigné : ok !


Elle raccroche sans plus attendre. Je continue d’avancer vers ma voiture en ayant l’impression d’être suivi. Je me retourne à demi et tombe effectivement sur une fille qui semble vouloir me parler. Je continue sans prêter plus attention à ce qu’elle dit, mais c’est sans compter sur sa détermination à me suivre.


Elle : beau gosse ! attend beau gosse !


Je me précipite vers ma voiture qui s'est retrouvée encore une fois coincée parmi d'autres. C'est vraiment ma veine aujourd'hui. 


Elle hurlant après moi : attends beau gosse, je veux juste te remettre…


Je ne l’attends plus parce que je viens de démarrer un semi-marathon dans la catégorie vitesse. Je déverrouille la voiture en même temps que je m’engouffrais dedans. Dieu m'aimant j'arrive à sortir sans peine et actionne de faire un réverse avant de me positionner devant la sortie. Je manœuvre pour démarrer lorsqu'elle arrive à ma hauteur.


Elle : mais je ne mords pas, je veux simplement te refiler ton….


Elle le dit en me dévisageant comme si ma tronche ressemblait à  un sorbet coco vanille. Je démarre en trombe en tremblant de tout mon être et manque de heurter une femme au passage. Je m’assure d’être bien loin avant de regarder par-dessus le rétroviseur et de soupirer de soulagement quand je me rends compte qu'elle s'est résolu à me laisser en paix. Je roule jusqu’à un carrefour et m’arrête au feu rouge concentré à compter les minutes sur le panneau lorsque j’entends à nouveau sa voix. 


Elle : écoute au moins ce que j’ai à te dire beau gosse. 


La folle a pris un taxi pour me suivre !!


Je redémarre sur des chapeaux de roue lorsque le feu vire au vert. Toutefois, au lieu de prendre la direction de la villa Singh, je mets le cap sur la maison. On se lance dans une course-poursuite digne d’un scénario de film policier. Je tremble comme une feuille avec la respiration qui s’accélère. Mon cœur ne retrouve son rythme normal de battement que lorsque je bifurque sur le gravier devant la résidence et lorsque je vois les gardes immergés de la maison sûrement alertés pas le crissement des pneus. Au même moment, le taxi gare à quelques mètres de la grille en même que la fille en sort. Je suis dans les starting-blocks, prêt à en découdre avec elle, mais je suis comme paralysé. Aucun son ne sort de ma bouche lorsqu’elle s’abaisse à la hauteur de la vitre. Mes mains, toujours accrochées au volant, tremblaient comme une feuille. 


C’est Balram qui vient d’appuyer sur le bouton lève-vitre sur le toit  qui me sort de ma torpeur.


Balram : tout va bien monsieur ?


Dépourvu de réponses, il se relève pour s’adresser à la fille. Sans transition, les gars braquent leurs armes sur elle, ce qui lui fait lever les mains en l’air et faire fuir le taximan qui n’a pas attendu de prendre l’argent de sa course par la même occasion.


 Elle (la voix tremblante) : ne tirez pas s’il vous plaît, je… Je veux juste lui remettre quelque chose qui lui appartient.   


Balram leur fait signe de se replier avant de se tourner vers elle d’un regard bienveillant.


Balram : venez par ici s’il vous plaît.


Ce qu’elle fait en traînant des pieds, Balram se rapproche d’elle rassurant.


Balram : vous n’avez rien à craindre mademoiselle, que lui voulez-vous exactement ?


Elle : Salam aleik monsieur (sortant quelque chose de son sac) en fait, j’essaie depuis toute à l’heure de remettre au beau gosse son portefeuille qui s’est glissé de sa poche lorsqu’il sortait son téléphone pour décrocher un appel.


Je baisse la tête penaud. Il lui prend le portefeuille et lui fait un sourire de reconnaissance.


Balram : merci de l’avoir rapporté mademoiselle (sortant des billets de sa poche) une petite récompense pour vous. C’est tellement rare de trouver de si belles âmes de nos jours.


Elle (répondant faiblement à son sourire) : merci, c’est gentil de votre part, mais je ne peux pas accepter cet argent. Je voulais simplement rendre service. 


Balram : c’est bien aimable à vous (désignant les deux gorilles) ils vont vous vous raccompagner chez vous.


Elle veut parler, mais il la stoppe d’un geste de la main.


Balram : c’est le moins qu’on puisse faire, en plus votre taximan a pris la  poudre d'escampette donc ce sera difficile pour vous d’en retrouver dans cette zone de la ville.


Elle résignée : ok merci.


Elle me jette un coup d’œil intriguée avant de suivre les deux loubards vers leur véhicule de fonction. J’attends qu’ils démarrent pour sortir du mien. Je tends les clés à Balram, je ne suis plus certain de pouvoir conduire au moins pour les trois prochains jours. Il prend les clés un rictus moqueur à l’appui. Je fais fi de cela et avance vers la grille lorsque je l’entends glousser. Je me retourne à demi et lui lance un regard sévère.


Moi : qu’est-ce qui te fait rire Balram ?


Balram (le regard goguenard) : votre portefeuille monsieur Ussama.


Je reviens sur mes pas et tends la main pour le récupérer, mais il le garde fermement.


Balram (se retenant de rire) : monsieur, vous êtes jeune, plutôt bel homme et sexy comme vous les jeunes aimez souvent le dire. Vous n’allez pas vous défiler chaque fois qu’une jolie femme sera à vos trousses.


Moi exaspéré : Balram mêle-toi de ce qui te regarde.


Il se remet à glousser alors que je le regarder furieux.


Balram (caressant sa pomme d’Adam) : j’ai un chat coincé dans la gorge monsieur.


Moi bourru : tu ferais mieux de l’avaler !


Il lâche finalement le portefeuille et se lâche dans un fou rire une fois que je suis loin.  Je me dirige vers la maison sans plus m’attarder dessus, qu’il rit autant qu’il peut, je m’en bats les couilles tchhuiiippp !!


 Je me fais tamponner par maman, dès que je passe le hall d’entrée.


Maman : alors tu l’as vu ? Qu’est-ce qu’il t’a dit ?


Moi la dépassant : après maman, là, j’ai besoin d’être seul.


Elle se lance dans un speech dont je ne perçois aucun son durant mon ascension vers mon appartement. Je m’enferme à double tour une fois à destination pour ensuite m’enfermer dans le dressing. Je n’ai jamais eu aussi honte de ma vie pffff !!!


En fait, je crois que je n’ai jamais voulu l’admettre, mais l’évidence vient de me sauter aux yeux. Je viens d’avoir la preuve palpable que j’ai la phobie des femmes !!




Le tournant décisif