Vicissitudes : Chapitre 09

Write by Djiffa

Auteur : DJIFA BLESSINGS

Hélène
J’attends Adéline depuis cinq minutes en compagnie de mon ami Darius qui regarde sans cesse sa montre.

- Hélène, ta copine vient ou pas ? Time is money ;

- C’est-à dire ?

- Cela veut dire que le temps c’est de l’argent ; cela fait cinq minutes qu’on l’attend.

- Elle est en route ; elle n’a sûrement pas trouvé un moyen de déplacement à temps ;

- La discipline et la ponctualité font la réussite. Elle n’a pas de voiture ?

- Non ;

- Tu es sûre que cette offre est sérieuse ?

Avant même que je ne réponde, Adéline entre dans le bar ; comme d’habitude, elle est très belle ; je sens Darius l’admirer ; nul doute qu’elle lui a fait de l’effet. J’en suis jalouse ; j’ai toujours voulu avoir une histoire sérieuse avec Darius mais il aime trop les femmes ; il ne veut pas s’engager ; le regard qu’il lui porte est différent.

Adéline nous salue tous les deux et s’assoit :

- bien, Adeline, je te présente Darius ; Darius, voici Adeline.

Les deux se sourient. Je reprends :

- bien, Adeline, mon ami Darius est le potentiel acheteur que j’ai trouvé ; il souhaiterait que tu lui donnes plus de détails sur la maison.

- Merci Darius ; en réalité, je connais juste l’endroit ; mais je peux vous donner le numéro de téléphone de la personne à contacter ; mon problème est que je puisse trouver un acheteur ;

- Vous êtes donc l’intermédiaire ?

- Non, je veux juste qu’un client soit trouvé le plus rapidement possible ;

- Si vous n’êtes donc pas un démarcheur, pourquoi vous intéressez-vous autant à la vente ?

- C’est personnel. Mais si vous l’achetez, vous m’aurez rendu un grand service.

- C’est compris ; donnez moi le numéro ; je mènerai les démarches nécessaires si la maison est à mon goût ; déjà, je la trouve bien située ; il reste à visiter l’intérieur.

- Voici le numéro ; je prie que la maison vous plaise.

- Ok, nous allons rester en contact.

Comme la discussion est finie, je demande à Adéline de partir mais Darius demande à avoir son numéro de téléphone.

Darius est un homme riche ; mais bête comme elle est, Adéline ne saura pas en profiter ; après son départ, Darius m’interroge :

- Sais-tu pourquoi elle est intéressée à la vente de la maison ?

- Oui, c’est pour faire libérer son gars qui est en prison ;

- Quoi !

- Tu as parfaitement bien entendu.

- Ah ! Dans ce cas, je risque de ne plus acheter la maison car cette jeune fille me plaît bien ; il vaut mieux que son gars reste en prison pour que moi j’ai la voie libre.

- Tu sais, j’ai promis l’aider alors je veux que tu achètes la maison si elle est à ton goût ; si Adéline veut de toi, ce n’est pas la liberté de son gars qui l’en dissuadera ; et si elle ne veut pas, même si cet homme reste en prison, elle ne cèdera pas.

- Pendant que nous y sommes, je vais contacter la personne dont elle vient de me donner le numéro.

Elisabeth
Aujourd’hui, c’est samedi et j’ai sollicité la permission auprès de mon mari pour passer le weekend au village avec Lolita ; en tant que parents, leurs conseils nous seront très utiles même si pour ma part, je pense qu’il faut que Lolita s’excuse auprès de sa belle-mère.

Comme elle est orgueilleuse, je suis certaine qu’elle va refuser de le faire. Mais si ce sont nos parents qui le lui disent, elle va être plus réceptive. Il faut aussi que maman lui parle ; quelle est cette colère où on frappe sa belle-mère ? C’est un signe de non maîtrise de soi, qualité essentielle pour réussir dans la vie. Si elle se comporte ainsi au travail, elle risque de ne pas y faire long feu ; mais comme elle me traite d’archaïque et d’ancestrale, je préfère que ce soit maman qui le lui en parle.

J’attends qu’elle vienne puis nous prendrons la route pour le village. J’en profiterai d’ailleurs pour revoir toute la famille. Je considère la famille comme une richesse car elle donne les outils pour pouvoir affronter les moments difficiles.

Papa Lolita
Mes filles qui sont en ville m’ont fait savoir qu’elles seront là ce weekend ; je les attends car je les reverrai avec plaisir ; je ne les ai pas vu depuis des mois ; pratiquement depuis que Loli a accouché ; j’espère juste que tout va bien chez elles et que c’est une visite de courtoisie. Partager du temps avec les enfants est un pur bonheur.

J’ai fait égorger deux coqs pour leur arrivée ; leur sœur Lydia, ma benjamine en fera une bonne sauce accompagnée de riz.

Pendant que le repas était encore au feu, mes filles arrivent. Nous nous embrassons ; je suis si content de les voir même si je n’ai pas grand-chose à leur offrir. La vie n’a pas été clémente avec moi ; je n’ai pas su m’occuper de mes enfants comme je l’aurais voulu, faute de moyens ; mais grâce à Dieu, ils sont tous sur le chemin de la réussite à part Elisabeth qui n’a pas été loin dans les études. Mais je prie tous les jours pour elle afin qu’elle devienne une grande commerçante même si elle ne vend que des beignets ; je ne perds pas espoir dans ce sens car les personnes les plus riches du monde ont commencé avec des moyens limités. Prenons l’ exemple de Jan Koum, le co-fondateur de la messagerie Whatsapp; il est né dans un petit village ukrainien, d'une mère femme de ménage et d'un père ouvrier de chantier. A l’adolescence, Jan fait le ménage dans une épicerie pour joindre les deux bouts, jusqu'à ce que sa mère, perçoive une allocation leur permettant de survivre. Donc tout est possible dans cette vie.

Après les salutations d’usage, nous nous régalons du délicieux repas cuisiné par Lydia, ma dernière fille.

Suite au repas partagé en famille, Elisabeth ma fille aînée, prend la parole et m’expose le réel motif de leur visite ; je l’écoute silencieusement ; je suis choqué par ce que je viens d’entendre ; comment la mère d’Issifou peut nous traiter de crève-la-faim ? Mais ce n’est pas grave ; dans cette vie, il nous faudra tout supporter. Le pauvre est toujours méprisé. Après avoir écouté mes filles, je me prononce :

- Lolita, en temps normal, je dois déléguer ta mère, ta sœur et une de tes tantes aller avec toi supplier ta belle-mère pour qu’elle s’apaise et pour que ton mari soit content ; mais comme nous avons été insultés, je ne plus les déléguer ; nous devons garder notre dignité malgré notre pauvreté ; néanmoins, je te conseille d’aller t’excuser toute seule auprès de ta belle-mère d’abord, puis de ton mari ensuite. Sans ce geste, il n’y aura plus de paix entre ton mari et toi ; même si ta belle-mère n’accepte pas tes excuses, au moins son fils sera content et te pardonnera s’il t’aime vraiment et je pense bien que c’est le cas. Il n’y a donc aucune autre option qui s’offre à toi si tu tiens à regagner ton foyer. En plus, apprends à te maîtriser ; le silence rend l’adversaire stupide. Je comprends que tu n’ n’admettes pas qu’on insulte tes parents mais il fallait ne même pas lui répondre et te plaindre à Issifou à son retour ; si tu avais procédé ainsi, je ne pense pas que ton mari accepterait que sa mère profère des insultes à notre endroit. Je connais ton mari mieux que toi ; il est simple, compréhensif mais ferme. Ne pense surtout pas qu’il est bête.

Maman Lolita
Je suis aussi choquée que mon mari du récit de mes filles. Mais il est inutile de se laisser affecter par des paroles méchantes prononcées dans le seul but de provoquer. Je m’adresse alors à Lolita :

- Ma fille, ton mari a toujours été exemplaire ; certains hommes t’auraient même correctement frappé dans ce cas ; voici ce que tu dois faire ma chérie : humilie toi et présente tes excuses à ta belle-mère ; fais le par amour pour ton mari et aussi pour ta fille ; Dieu dans sa miséricorde t’approuvera et tu verras comment il va se charger de ta belle-mère si elle continue ses manigances. Ton père a raison ; puisque nous avons été insultés, nous ne pouvons nous rabaisser à aller la supplier. Même Elisabeth ne peut t’accompagner. Tu dois le faire seule.

- Maman, c’est trop difficile ; je peux m’abaisser devant mon mari mais pas devant cette mégère ;

- Ma fille, je vois que tu n’as aucune idée de ce qu’on appelle mariage, surtout chez nous. Le mariage est le lieu par excellence des compromissions et des concessions ; dans le mariage, tu vivras de bonnes expériences mais aussi de très mauvaises. Le mariage n’est pas fait pour les orgueilleux. Et c’est à toi qu’il revient le plus lourd des sacrifices. Ne sais-tu pas que du moment où tu as accepté être la femme de Issifou, c’est toute sa famille que tu as épousé ? Je ne te demande pas d’aimer ta belle-mère comme tu m’aimes mais tu dois la respecter comme tu me respectes. C’est la réalité de notre pays ; si tu ne vois pas les choses de cette façon, tu ferais mieux de t’installer en Occident. Fais ta part, Loli. Je te conseille de ne pas perdre un homme comme Issifou qui sait te respecter et t’honorer. S’il t’a mis dehors, c’est pour te montrer à quel point il était fâché ; la preuve, dès le lendemain, ne t’a-t-il pas fait voir ta fille? Ce sont des signes qui ne trompent pas ; cet homme t’aime et tu dois tout faire pour préserver cet amour.

Elisabeth
Au discours de nos parents, je complète le mien :

- Ma sœur, ne sois pas têtue. Accepte de perdre maintenant pour gagner plus tard. Présenter des excuses quand on a tort, n’est pas signe de faiblesse mais de sagesse. Plus tu traînes, plus il sera facile à Issifou de se laisser convaincre par sa mère qui veut qu’il pense que tu es une mauvaise femme. C’est déjà bien que vous ayez déménagé ; présente lui tes excuses et après tu l’évites au maximum ; même si elle revient chez toi te provoquer, enferme toi dans ta chambre et ne l’écoute même pas ; c’est elle-même qui finira par se fatiguer.

Je sens que Lolita n’approuve pas nos conseils ; sa mine est renfrognée. Elle déclare :

- j’aurais préféré que vous me soutenez en allant parler à Issifou mais tout le monde m’incite à me rabaisser auprès de cette sorcière qui me pourrit l’existence.

- Loli, les parents t’on dit ce qu’ils pensent ; tu n’es plus un bébé ; fais comme bon te semble ; ton problème, c’est l’orgueil et si tu ne sais pas fait, il causera ta chute aussi bien dans ton foyer qu’au sein de ton entreprise; mais après, ne reviens pas pleurnicher ici.

Lolita et moi retournons en ville le lendemain.

Lolita
Mes parents m’ont déçu ; c’est à croire qu’ils supportent ma belle-mère ; tout le monde me demande d’aller m’excuser alors qu’ils reconnaissent tous que c’est elle qui a tort. D’ailleurs ma collègue Darla est la seule qui me comprend dans cette situation. Même Adéline veut que je m’excuse. Jamais je ne ferai ce plaisir à cette dame ; et si Issifou ne veut pas comprendre, alors c’est qu’il ne m’aime pas. Après tout, j’ai ma personnalité ; s’il ne veut plus de moi, quelqu’un d’autre en voudra ; j’ai déjà un enfant mais les hommes continuent de me courir après ; surtout, depuis que je travaille, j’en croise à foison ; alors, si Issifou fait le malin, il risque de regretter.

Je me disais tout ceci dans ma petite tête lors du trajet retour, quand mon téléphone sonne ; c’est Issifou ; je décroche :

- Allo

- Bonsoir Lolita.

- Bonsoir Issifou ; tu vas bien ?

- Je voudrais que tu viennes à la maison pour que nous puissions discuter ;

- Je suis en ce moment sur la voie en train de revenir en ville ;

- Tu étais allé où ?

- Chez mes parents au village ;

- Je ne sors pas de la journée ; je t’attendrai.

Si Issifou m’a appelé si tôt, c’est qu’il sent le vide ; sûrement, je lui manque ; alors, avec un peu de chance, je vais regagner mon foyer sans avoir à m’excuser auprès de sa mère. De toute façon, ses envies charnelles ne peuvent pas être comblées par sa mère.

Darla
Lolita est trop bête ; elle a la chance d’avoir un mari comme Issifou et au lieu de prendre soin de lui, elle gifle sa mère et n’a même pas encore compris que la seule solution, c’est de s’excuser ! Issifou est très beau et m’a toujours plu. Il dépose sa femme au boulot et vient la chercher. Il est très prévenant dans ses gestes. Je l’ai toujours admiré. Moi je n’ai pas la chance de rencontrer un homme qui veuille bien m’épouser ; depuis qu’elle m’a parlé de cette affaire, je ne pense qu’à séduire Issifou.

A SUIVRE.............

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