Vicissitudes : Chapitre 12
Write by Djiffa
AUTEUR : DJIFA BLESSINGS
Darius
Le mot « échec » n’est pas dans mon vocabulaire ; je désire Adéline et
je l’aurai. Elle est une femme digne ; apparemment, ma richesse ne l’a
pas influencé. Elle se bat pour la libération de son gars. Je ne
laisserai pas cette perle me filer entre les doigts car telle une
musique, elle rythme les battements de mon cœur. Je ferai tout pour
qu’elle soit mienne ; il faut d’ailleurs
que j’en parle à Hélène. J’aurai besoin de son concours car Adéline ne
prend pas mes appels et ne répond à aucun de mes messages. Je téléphone à
Hélène et je lui demande de passer chez moi immédiatement. Elle me
disait ne pas être disponible mais dès que j’ai promis lui donner de
l’argent, elle a changé d’avis. Hélène a un amour incommensurable pour
l’argent et les biens matériels ; avec ce comportement, elle se dit
amoureuse de moi ! Suis-je bête pour accepter dans ma vie une femme
aussi cupide ? Le jour où elle rencontrera plus riche que moi marquera
la fin de notre histoire. Ce que Hélène ne sait pas, c’est que les
hommes n’aiment pas les femmes cupides et facilement acquises.
Hélène ne tarde pas à se montrer.
- Qu’est ce qui urge autant, Darius ?
- Prends place ; j’ai besoin de ton aide ;
- Je t’écoute ;
- Adéline m’intéresse, arrange-toi pour que j’obtienne ses faveurs.
- J’espère que c’est une blague Darius ;
- Pas du tout, je suis très sérieux.
Hélène se fâche et répond :
- Tu te fous de moi Darius ; je t’ai toujours dit que je suis
amoureuse de toi et tu me demandes de t’aider à avoir une autre ?
- Mais l’amour ne se commande pas Hélène ; moi je ne t’aime pas
; écoute, si tu m’aides à obtenir Adéline, je t’offre une grosse somme
d’argent.
A cette annonce, les yeux d’Hélène brillent ; voilà celle qui parlait d’amour il y a un instant ! Elle m’interroge :
- Grosse somme de combien exactement ?
- Un million ;
- Quoi ! C’est trop peu, cinq c’est bon.
- Marché conclu.
L’argent n’est pas un problème pour moi de toute façon ; ce qui me
désole, c’est le comportement d’Hélène qui dit m’aimer mais qui est
prête à m’aider à avoir une autre en se faisant payer. Le pire, c’est
que les femmes comme elle sont légions dans le pays. C’est pour cela que
lorsqu’on en trouve de vertueuses comme Adéline, on doit tout faire
pour s’en approprier.
Adéline
Wilson m’a brisé le cœur ;
je reviens juste de la prison où il m’a fait savoir que je devrais
l’oublier ; j’ai tout dit mais il est resté campé sur sa position. Il
m’a interdit de continuer à lui rendre visite. Non, je n’accepte pas
cette décision ; je continuerai à aller le voir. Je ne peux pas me
séparer de lui ; c’est le seul homme que j’aime.
Je devrais
aller rendre visite à sa grand-mère dans deux jours ; j’ai bien envie
d’y aller demain ; car échanger avec cette vieille dame me remonte le
moral ; je vais même rester avec elle pendant une semaine, histoire de
changer d’air et de méditer sur ma sombre vie. J’entends la moto de
Lolita vrombir sur la cour ; elle est rentrée bien tôt aujourd’hui.
- Salut Adéline, tu ne sembles pas gaie !
- Ah mon amie, laisse-moi où je suis ; les épreuves de la vie ne veulent pas me lâcher ;
- Que s’est-il encore passé ?
- Wilson me demande de refaire ma vie et de l’oublier.
- Oh ! Il est sûrement découragé ; il ne pense pas ce qu’il dit ;
- Il est très sérieux ;
- Non, je ne crois pas.
- Je compte aller au village chez sa grand-mère ; je t’avais dit qu’elle m’a demandé de venir.
- Ok ; attends le weekend comme cela, je vais t’accompagner ;
- Non, j’y vais pour une semaine, je veux changer d’air ;
- Comme tu voudras Adéline ; je pense aussi que l’air frais du village te fera du bien ;
- Lolita, il va falloir que tu déménages chez ta sœur pendant
mon absence; Issifou ne sera pas content d’apprendre que j’ai voyagé et
que tu vis seule ici ;
- Il m’a sorti de chez lui alors je reste où je veux. Je n’ai plus de compte à lui rendre.
- Tu sais quoi Loli, tu es dans la lune, reviens sur terre ; tu
es en position de faiblesse ; revois ta décision et va t’excuser auprès
de ta belle-mère dans les meilleurs délais;
- Changeons de sujet Adéline ; il faut d’ailleurs que j’appelle Issifou ; j’ai envie de voir ma fille.
- Est-ce une vie ça, Loli ? Maintenant, tu dois appeler chaque
fois ton mari quand tu veux voir ta fille ; jusqu’à quand ?
-
Je t’ai déjà dit de ne pas t’en faire ; Issifou sentira le manque
d’amour et viendra me chercher. Les hommes ne supportent pas longtemps
la privation.
- Les hommes ne supportent pas la privation mais il y a plein de femmes qui peuvent les satisfaire ;
- Quelle femme Issifou peut bien trouver aussi rapidement ?
Avant que cela n’arrive, je serai déjà de retour dans mon foyer ; Laisse
moi tranquille Adéline, tu ne me supportes pas dans cette histoire. Et
tu n’as aucune expérience du mariage.
- Très bien, je
me tais ; on peut donner tous les conseils du monde mais certaines
leçons ne s’apprennent qu’avec des chutes et des coups ; je vois déjà
que ce sera ton cas ; fais ce que tu veux mais je t’aurai prévenu.
Kadessa
J’ai commencé à échanger des messages avec Issifou ; rien de concret
pour l’instant mais il semble être courtois avec moi. Chaque matin, je
lui envoie bonjour par message en lui souhaitant une bonne journée ;
chaque soir, je n’oublie pas de lui dire bonne nuit. Dans la journée, je
ne le dérange pas.
Ce weekend, sa mère m’a conseillé de faire
un bon mets et de l’apporter pour qu’on le partage ensemble ; elle
l’invitera à venir. Vivement donc que samedi arrive ! Il paraît que le
mets favori de Issifou, c’est le plantain pilé à la sauce d’arachide.
C’est ce que je vais m’appliquer à faire; je suis une bonne cuisinière;
j’ai même pensé à ouvrir entre temps un restaurant mais après j’ai
changé d’idée. Je suis convaincue qu’Issifou va se régaler. J’espère de
tout cœur que mes talents culinaires le séduiront.
Hélène
J’adore l’argent ; je suis capable de tout quand il s’agit de l’argent.
Alors, je n’ai pas hésité à accepter la proposition de Darius. Il faut
je parle très sérieusement à Adéline ; même si elle ne va pas rester
avec Darius, je dois tout faire pour la mettre au moins une fois dans
son lit. Adéline semble une femme digne mais chacun à son prix et un
prix qui n’est pas forcément de l’argent ; et c’est ce qu’elle vaut que
je dois découvrir ; là, serait son point faible. Chacun a son point
vulnérable ; je pense que celui de Adéline, c’est son amour pour son
prisonnier. Elle veut le faire libérer à tout prix.
Je réussirai ma mission même si j’aurais aimé que ce soit sur moi que Darius pose le regard.
Il faut que j’arrive à convaincre Adeline à tout prix.
Adéline
Je me rends au village de la grand-mère de Wilson ; je suis fatiguée
par la distance de deux cent kilomètres que je viens de parcourir ; nos
pistes ne sont pas en bon état. A quand le changement et le
développement de notre pays ?
Je revois la grand-mère de Wilson
avec beaucoup d’enthousiasme ; quoique vieille, elle est d’une
compagnie agréable. Je lui annonce en même temps que je passerai une
semaine avec elle, ce qui l’enchante énormément.
- Ah, merci Adéline de venir égayer ma vie.
- C’est un plaisir pour moi Grand-mère.
La semaine se déroule vite ; je suis loin de regretter ce séjour au
village : le paysage magnifique, l'authenticité, l'accueil des habitants
m’ont beaucoup marqué; au village, l’on respire de l’air pur et on se
lève le matin après le chant du coq ; tout est naturel ici, même la
nourriture est saine. C’était un séjour exceptionnel au coeur de la
nature.
Les discussions avec Grand-mère sont de véritables
cours que je reçois : des astuces de cuisine et de beauté, les vertus
des plantes, des conseils de vie etc… Grand-mère a beaucoup de
connaissances utiles. Comme le dit Amadou Hampaté Bâ, « Quand un
vieillard meurt, c’ est une bibliothèque qui brûle ».
La veille de mon départ, la vieille m’appelle et me dit :
- Adéline, actuellement, tu es la seule personne sur qui je
compte pour prendre soin de mon petit-fils ; je t’en prie, ne
l’abandonne jamais.
- Ah Grand-mère, moi je n’ai pas de problèmes ; c’est Wilson qui veut mettre fin à notre relation ;
- C’est le découragement, il reviendra sur sa position ; je ne
sais pas si j’aurai l’occasion de le revoir ; je te demande de lui
réitérer mon immense amour et mon soutien total dans cette épreuve ;
- Ne parle pas ainsi Grand-mère ; pourquoi tu ne le reverrais pas ?
- Ma petite, je suis vieille ; comme le disait un grand auteur
africain, j'ai appris à voir venir la mort avec le même calme que je
vois tomber la nuit quand le jour décline. A chaque réveil, je me
considère comme un condamné en sursis.
- Je vais prier pour que tu vives encore longtemps, Grand-mère;
Elle sourit et me remet un paquet en me disant :
- tiens cet argent et compte.
Je suis surprise que la vieille ait autant d’argent ; je compte et je lui fais le point :
- Dix-sept millions sept cent vingt-deux mille, grand-mère.
- Voilà ; quand Wilson et son père me donnaient de l’argent,
je ne faisais pas grand-chose avec ; je les rangeais et j’aidais les
personnes en difficulté dans le village ; voilà ce qui me reste ; je ne
suis pas sûre que la famille de Wilson paiera sa caution ; garde cet
argent et si tu le peux, essaie de glaner le reste de part et d’autre;
ce ne sera peut-être pas dans l’immédiat mais un jour, elle sera
complète.
Je suis tellement émue par le geste de la grand-mère
de Wilson ! Je pense bien que j’irai demander de l’aide à Issifou ;
s’il me complète cinq millions, j’obtiendrai vingt-deux millions et il
ne manquera que dix-huit. Cette nouvelle réjouira le cœur de Wilson même
si l’argent n’est pas suffisant pour le paiement de la caution. Je
quitte le village totalement requinquée.
Issifou
Comme ma femme n’est pas près de moi, je passe mon weekend auprès de ma
mère et de ma fille ; je n’ai pas de maîtresse en ville avec qui passer
du bon temps ; je suis, du moins pour le moment et depuis notre union,
fidèle à ma femme qui m’entretenait correctement; à quoi entretenir une
autre femme dehors si on ne manque de rien à la maison ? J’ai fait le
choix de me concentrer sur une seule femme afin de la rendre heureuse et
de préserver mon ménage des troubles. Mais aujourd’hui, elle n’est pas
là pour me combler et elle ne semble pas impatiente de nous retrouver,
sa fille et moi. J’ai reçu un coup de fil de sa part le weekend dernier
et j’ai été fortement déçu ; elle demandait à voir sa fille ; je lui ai
demandé d’envoyer Adéline la chercher chez ma mère mais elle m’a dit que
cette dernière avait voyagé ; je n’ai pas du tout aimé apprendre
qu’elle vit seule dans l’appartement. Je suis certain qu’elle me trompe,
c’est pour cela qu’elle est si têtue et n’obéit pas à mes ordres. Je
lui ai dit d’aller elle-même voir sa fille chez ma mère.
Le
weekend dernier, j’étais chez ma mère où j’ai dégusté un bon repas
cuisiné par Kadessa. C’est mon plat favori et je me suis régalée. La
cuisine a été bien faite. J’avais envie que Kadessa reste un moment pour
que nous puissions discuter mais elle a tenu à s’en aller, juste après.
Si elle pouvait passer encore ce weekend, cela me ferait plaisir car
j’aime bien ses manières d’agir ; elle est douce, posée, attentionnée et
polie. Elle est très jolie et s’habille à mon goût ; comme je m’ennuie
sans ma femme, j’aime bien discuter avec elle ; si j’étais célibataire,
j’allais essayer une idylle avec elle
Comme par magie, la
nature a exaucé mon souhait de voir Kadessa ce weekend. En arrivant chez
ma mère, j’ai vu ma nouvelle amie tenant Fatima dans ses bras. Elle me
salue comme d’habitude avec respect, déférence et enthousiasme. Ma mère
s’adresse à moi :
- Ah Issifou, tu es là ? J’allais juste te téléphoner pour te prévenir que nous sortons ;
- Mais où allez-vous ?
- Kadessa m’a proposé une sortie à la plage avec les domestiques et la petite, histoire de la divertir.
- C’est une très bonne idée ; mais pourquoi ne m’invitez-vous pas ?
- Si ça te dit, viens avec nous.
- Avec plaisir, maman.
Nous nous rendons à la plage pour un pique-nique que j’ai beaucoup
apprécié ; je me retrouvais par moment seul avec Kadessa et nous avons
beaucoup échangé ; j’ai eu l’occasion d’en apprendre plus sur elle, sur
sa vie et sur ses plans pour le futur. Elle attend patiemment le mari
que Dieu voudra bien lui destiner et elle servira avec amour et
l’honorera comme son maître ; sa vision du mariage me plaît beaucoup.
Elle au moins a compris que l’homme et la femme ne seront jamais égaux
mais complémentaires ; sa devise, c’est la soumission avant la
réclamation. Elle ne s’offusquerait pas de vivre dans un foyer
polygamique du moment où son mari prend bien soin d’elle. Les théories
que Kadessa développent m’intéressent.
En fin de journée, je
dépose ma mère et ma fille puis j’offre aussi à Kadessa de la ramener
chez elle. Pendant le trajet, elle me fait une proposition :
-
Issifou, comme ta femme n’est pas là, j’aimerais te faire à
manger les soirs quand tu rentres. Je ne fais rien de mes soirées et
cela me fera plaisir de t’aider ;
- Merci Kadessa mais je mangerai les soirs chez ma mère ;
- Cela m’offenserait si tu rejettes ma proposition ;
- Ok, je te promets d’y réfléchir.
Décidément ! Cette Kadessa a plein de qualités ! J’envie déjà son futur mari.
Maman Issifou
Je suis aux anges ; je sens bien que la mayonnaise prend et que mon
plan marche ; Issifou est entrain de tomber dans le piège tout
doucement. J’attendrai qu’il morde à l’hameçon avant de lui parler
formellement de Kadessa. Là, il sera plus réceptif.
A Suivre.........