Vicissitudes : Chapitre 14

Write by Djiffa

Adéline

La première des choses que je fais lorsque je suis rentrée du village est d’aller voir Wilson ; je comptais lui annoncer la bonne nouvelle de la somme offerte par sa Grand-mère et lui demander d’obliger sa famille à payer le reste ; ils ne vont quand même pas dire qu’ils n’ont pas une telle somme !

J’ai été très déçue d’apprendre que je suis désormais rayée de la liste des visiteurs de Wilson ; il était donc sérieux quand il me demandait de refaire ma vie ! Mais pourquoi prend-il des décisions aussi radicales ? Moi j’ai décidé de l’attendre malgré tout ; je vais envoyer Lolita lui parler ; il doit revenir sur sa décision.

Je rentre et je trouve Lolita, toute attristée ; on dirait même qu’elle a pleuré :

– que se passe t-il ma chérie ?

– Adéline, tu t’imagines ? Issifou reçoit une femme dans notre domicile conjugal ;

– Hum, ma chère ! Tu t’attendais à quoi quand tu faisais ta maligne ? Je t’avais prévenu mais tu ne m’as pas écouté ;

– Il m’a foutu dehors quand j’ai commencé à protester ; moi, sa femme !

– Ça s’est passé quand ?

– Avant-hier.

Je console Lolita en lui tapotant les épaules :

– Loli, tu es trop têtue, c’est l’entêtement qui a conduit le pharaon dans la mer ; penses-tu que Issifou est fait de fer ? Bientôt deux mois sans toi, c’est normal qu’il cherche un réconfort dans les bras d’une autre femme surtout que c’est toi qui refuse de régler le problème ;

– Je n’ai jamais imaginé qu’Issifou pouvait s’intéresser à une autre femme. Que dois-je faire maintenant ?

– Ce que tu aurais dû faire depuis ; présente les excuses à sa mère et regagne ton foyer avant que tu n’apprennes que tu as une coépouse.

– Mais si Issifou a commencé à sortir avec cette femme, je fais comment ?

– Tu feras tout pour qu’il l’oublie en prenant bien soin de lui. Tu iras voir ta sœur pour qu’elle te donne des conseils ; on va gérer tout ceci plus tard ; va vite voir ta belle-mère ;

Issifou

Lolita se permet de venir faire la jalousie alors que tout est de sa faute ! Qu’est-ce qu’elle croyait ? J’ai l’impression qu’elle me prend pour un faible parce que je ne la trompe pas ; si seulement elle pouvait savoir que c’est un choix de vie pour la rendre heureuse ; en plus, elle se jette sur la pauvre Kadessa qui ne m’apportait que de l’aide même si je sens qu’elle s’intéresse à moi autrement. Kadessa est restéé figée sur place, le regard outré par le comportement de Lolita. Je la fais rentrer à l’intérieur et je la prends dans mes bras pour la consoler car elle sanglotait ; elle s’y blottit et je sens une sensation étrange m’envahir ; je la désire fortement surtout que Lolita m’a sevré depuis deux mois ; je fais des efforts pour me contenir et pour me dégager de cette étreinte mais Kadessa s’aggripe à mon torse ; je ne peux vraiment pas expliquer comment cela est arrivé, mais je me suis retrouvé à l’embrasser tendrement.

Kadessa

Lorsque j’ai ouvert la porte, j’ai reconnu Lolita car j’étais à leur mariage avec ma mère. Je n’ai pas aimé qu’elle se pointe à ce moment-là ! Folle de jalousie, elle s’est jetée sur moi mais Issifou l’a retenu et l’a traîné par le bras hors de la maison en fermant le portail. Il faut savoir profiter des situations dit-on ; je profite du fait que Lolita m’a aggressé pour pleurnicher afin d’attendrir Issifou ; il me fait entrer au salon et m’entoure de ses bras en guise de consolation ; j’en profite rapidement pour me serrer tout contre lui. Ses bras vigoureux qui m’encerclent me procurent une sensation indescriptible. Je resserre encore l’étreinte et j’ai l’impression que cela lui plaît ; je soulève la tête pour le regarder dans les yeux ; il m’attire encore à lui et nos lèvres s’approchent, s’ouvrent, s’entremêlent et s’enroulent. Nous nous embrassons tendrement ; sentant l’excitation montée, je me dégage de son étreinte. Issifou cherche à m’attirer encore, je cours et il me rattrape. Il est complètement emporté. Il m’embrasse encore longuement ; je brûlais également de désir ; je me demandais s’il fallait céder ou non. Je résolus de faire la difficile. Je me dégage encore des bras d’Issifou et je cours encore mais il me rattrape ; il est ivre de désir. Il me chuchote :

– Je t’en prie ma chérie, laisse-toi faire. J’en ai besoin ;

Je ressens un désir brûlant chez Issifou. Cela se sentait que la privation ne lui a pas fait du bien. Je suis conscient qu’il est beaucoup plus en ce moment, guidé par le désir que par les sentiments ; il avait juste envie de faire l’amour. Issifou enroule ses mains autour de mon cou et prend encore mes lèvres ; je réponds à ce baiser avec plaisir. Il entreprend de me déshabiller délicatement. Je tremble de plaisir quand ses mains expertes touchent mon corps. Rien ne pouvait arrêter Issifou. Il semble déterminé à aller loin. J’essayais de me dégager mais il est plus fort que moi ; en plus, j’aimais ce qu’il me faisait. Néanmoins je lui demandais d’arrêter.

Il feint de ne pas entendre mon refus et continue à m’embrasser ; tout mon corps était embrasé et je n’arrive plus à l’arrêter. Ce soir-là, je découvre un plaisir intense dans les bras de Issifou dont je pouvais lire le soulagement sur le visage.

Après l’acte, je fais mine d’être attristée ; Issifou m’interroge :

– Qu’est-ce qui ne va pas Kadessa ?

– J’espère que je ne serai pas le coup d’un soir !

Issifou soupire et répond :

– Je ne peux rien te promettre Kadessa, tu sais que je suis mariée ;

– Et je sais aussi qu’en tant que musulman tu peux prendre une autre femme.

Issifou

Je viens de passer un bon moment avec Kadessa ; je ne le regrette d’ailleurs pas ; elle est si sensuelle ! La privation commençait à me pertuber et il m’a été difficile de lui résister. Aujourd’hui, pour la première fois de ma vie, naît en moi l’envie d’essayer la polygamie. Ce qui est certain, c’est que subtilement et lentement, sans que je ne m’en rende compte, Kadessa m’a conquis.

Darla

Nouvelle croyante, je me sens en paix et je sursois à mes plans diaboliques, notamment celui de séduire Issifou. Depuis ce matin, je sens Lolita très calme et pensive. A la pause, je l’aborde :

– Qu’est-ce qui ne va pas Loli ?

– Rien, ça va ;

– La situation avec ton mari s’est -elle améliorée ?

– Pas vraiment, Darla ; il me demande de revenir à la maison vivre avec ma fille ; mais dans ce cas, il quittera la maison. Et pire, je l’ai surpris avec une femme.

– Ecoute Loli, je voudrais que tu aies la sagesse nécessaire pour comprendre ce que je vais te dire ; tu sais, je menais une vie de débauche jusqu’à récemment ou j’ai connu Dieu ; je t’ai donné un très mauvais conseil en te demandant de ne jamais présenter des excuses à ta belle-mère ; mais en réalité, tu n’as pas d’autre option ; va, ravale ta fierté, c’est juste deux phrases « maman, excusez-moi ; je ne vais plus jamais recommencer » ; même si elle ne t’écoute pas, ton mari saura que tu l’as fait et le problème est réglé ; après ce geste, tu l’évites au maximum ; ne t’entête pas car l’orgueil conseille mal les gens dont il est écouté ; c’est une fleur qui croît dans le jardin du diable ; l’orgueil empêche la soumission ; tu sais, il y a beaucoup de femmes dehors qui cherchent un mari ; même moi j’en cherche, ne t’amuse pas avec le tien ; Je te prie d’aller présenter tes excuses avant même de retourner chez toi pour que ton mari n’ait plus à quitter la maison comme il l’a dit ; fais vite car pendant que tu traînes, Issifou se laisse séduire par une autre femme ; tu sais bien qu’il est musulman et qu’il est autorisé à être polygame ; un homme en manque d’amour est une proie facile ; ne permets pas au diable de te détruire ; l’orgueil est un péché ; même si tu trouves un autre homme, tu ne sais pas s’il sera pire que Issifou donc autant rester avec lui.

– Merci Darla, c’est ce que je vais finalement faire ; je sens déjà mon foyer menacé ; je ne suis pas prête à perdre Issifou car je commence à comprendre que les gars dehors veulent juste du sexe et non du mariage ;

– Fais le sans tarder ; j’aurais également souhaité que tu sois pieuse et que tu laisses Dieu guider ta vie ; si cela avait été le cas, tu n’aurais même pas giflé ta belle-mère et tu ne seras pas dans tous ces problèmes. Evite aussi de raconter tes problèmes à n’importe qui ; je sais pourquoi je te parle ainsi. Il y a beaucoup de faux amis, de vrais loups déguisés en agneau. Bientôt, quand j’en aurai le courage, je t’expliquerai pourquoi je parle de faux amis. Va régler ton problème avec ton mari et sa mère.

– C’est compris, Darla ; merci beaucoup ;

Lolita

Cette discussion avec Darla m’a fait du bien car depuis deux jours, je ne vais plus bien ; je réfléchis. Cette femme que j’ai vue dans ma maison sort d’où ? Issifou la connaissait peut-être ? A peine ai-je quitté le domicile conjugal, qu’une autre vient déjà. Je ne veux pas perdre mon mari ; franchement, je réalise que je m’amusais avec le feu ; je pensais que Issifou ne pouvait vivre sans moi mais je me leurre ; je vais ravaler mon orgueil et aller présenter les excuses à ma belle-mère afin de regagner mon foyer. Je n’aimerais pas qu’une fois rentrée, Issifou quitte la maison parce que dans ce cas, je ne pourrai plus maîtriser ses mouvements. Il vaut mieux que je suive les conseils des uns et des autres.

Lorsque je rentre le soir, je demande à Adéline de m’accompagner car j’ai trop honte de faire ce que j’ai toujours refusé. Mais actuellement je n’ai pas le choix : si je fais la maligne, Issifou va m’échapper et je serai une mère célibataire. Le pire, c’est que si je dois me mettre avec un autre homme, je ne sais pas de quel genre il sera et avec quel type de belle-mère j’aurai affaire.

Je prends Adeline sur ma moto et nous prenons le chemin de la maison de ma belle-mère ; devant son portail, j’ai eu beaucoup de peine à sonner ; finalement c’est Adeline qui a pu le faire ; nous sommes entrées et j’ai demandé d’après ma fille ; la domestique m’a fait savoir qu’elle dormait dans la chambre de ma belle-mère ; je toque à la porte ; j’entre et dès que ma belle-mère me voit, elle me chasse :

– tu cherches quoi ici Madame, sors de ma chambre ; et si c’est pour voir ta fille, elle dort;

J’ai envie de lui répondre à la hauteur de son mépris mais je me retiens ; il ne faut pas que je gâche tout ; mon mariage est en jeu. Je la laisserai débiter toutes les inepties qu’elle veut ; je lui dis :

– je suis venue vous voir ;

– pour une nouvelle gifle n’est-ce pas? Attends-moi sur la terrasse

Je me rends sur la terrasse et Adeline m’interroge :

– tu l’as vu ?

– Elle m’a dit d’attendre ici ;

– Tu aurais dû faire tout ceci depuis ; tu as été très têtue et j’espère qu’il n’est pas trop tard.

Ma belle-mère apparaît peu de temps après avec un air hautain; Adéline la salue en faisant une génuflexion ; franchement, Adéline m’énerve parfois ; elle est trop polie envers une femme qui l’avait chassé de chez elle. Ma belle-mère s’adresse à moi :

– Que me veux-tu, Madame ?

Je n’arrive pas à prononcer un son ; il m’est tellement difficile de parler. J’avais trop honte ; c’est comme si mon honneur est bafoué. Voyant que j’avais du mal, Adéline vient à ma rescousse en se mettant à genoux et en déclarant :

– Maman Issifou, nous sommes venus nous excuser pour la bêtise qu’a commise Loli ; elle regrette et ne recommencera plus jamais ; je vous en prie, pardonnez-là.

Adéline me regarde en me faisant signe de l’œil pour que je m’agenouille comme elle ; je m’exécute à contrecœur ; ma mère avait raison ; je devais naître en Occident pas en Afrique car j’ai horreur de me soumettre.

Ma belle-mère nous demande de nous lever et se prononce :

– Adéline, ton amie Loli, est très impolie ; depuis qu’elle a épousé mon fils, elle se plaît à me narguer parce qu’elle ne m’a jamais considéré comme sa mère ; j’accepte les excuses, juste pour Issifou mais sachez qu’il est déjà dans les démarches pour épouser une deuxième femme.

Je reçois cette déclaration comme une flèche en plein cœur ; Je suis sûre que c’est la fille que j’ai vu avec Issifou la dernière fois. C’est elle ma rivale. Issifou est à moi, juste à moi ; je ne permettrai qu’il soit à personne d’autre ; oh Dieu ! Pourquoi ai-je traîné à regagner mon foyer ?

Adéline remercie la mère d’Issifou pour sa compréhension et nous sortons de là. Une fois dehors, Adéline me propose que nous rendions visite à ma sœur Elisabeth pour avoir son avis sur la situation.

Elisabeth

J’attends la visite d’Adéline et de Lolita qui viennent de me prévenir de leur arrivée ; ma sœur est si têtue que j’ai peur pour elle. A cette allure, son homme risque de se détourner d’elle. Comment faut-il lui parler pour qu’elle comprenne ? Un homme aussi beau et gentil comme Issifou doit sûrement être convoité par les femmes.

Les voilà qui entrent dans ma concession. Elles prennent place ; Lolita n’est pas du tout gaie.

– Qu’y a-t-il encore, Lolita ?

– Elisabeth, sauve-moi ; il y a deux jours, j’ai vu une femme avec Issifou au domicile conjugal.

– Ne t-avais-je pas averti ? Et maintenant, qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Tu ne sais pas que la nature a horreur du vide ?

– J’aurais dû présenter mes excuses plus tôt à sa sorcière de mère.

– Surtout ne pleurniche pas dans mes oreilles, Lolita ; c’est toi qui ne voulait écouter personne ; maintenant, es-tu prête à aller voir ta belle-mère ?

– Nous revenons de chez elle ;

– Ah ! T’a-t-elle écouté ?

– Oui, mais elle m’a aussi dit qu’une rivale se prépare ;

– N’en fais pas cas pour l’instant ; rentre chez Adéline chercher tes affaires et rentre chez ton mari immédiatement. N’attends pas la semaine prochaine comme il l’a dit. Fais-le sans tarder.

Lolita

Je ne passe même plus chez Adeline pour prendre mes affaires ; je me rends directement au domicile conjugal. Plus de temps à perdre, mon mariage est en jeu.

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