Weekend en amoureux

Write by belleetrebelle

La journée commença par un petit déjeuner servi sur leur balcon privé à l'hôtel, le soleil inondant la table nappée de blanc où s'alignaient pâtisseries fondantes et fruits tropicaux. Chloé, les yeux encore embrumés de sommeil, regardait le paysage urbain comme si elle le découvrait pour la première fois, une flamme joyeuse se rallumant dans son regard à chaque fois qu'elle croisait celui d'Armand.


Le check-in dans leur suite exécutive avait déjà été un enchantement, des pétales de rose jonchant le lit king size, mais ce n'était qu'un prélude. Armand l'emmena ensuite dans les boutiques chics du centre-ville, lui choisissant une robe vaporeuse couleur saphir qui épousait ses courbes avec une élégance sensuelle, et surtout, il l'encouragea à choisir en cachette des dessous dont elle seule aurait le secret.


De retour à l'hôtel, ils s'immergèrent dans un univers de bien-être. Le hammam embua leur peau d'une buée chaude, effaçant les dernières tensions. Puis vint le gommage au savon noir, où les mains expertes de la masseuse, puis celles d'Armand, firent peau neuve, laissant son épiderme doux et vibrant. Allongée sur la table de massage sous la lueur tamisée, Chloé se laissa envahir par les effluves des huiles essentielles aux propriétés aphrodisiaques que Armand avait discrètement demandée. Ses mains, fermes et connaisseuses, tracèrent des cercles lents sur son dos, ses fesses, l'arrière de ses cuisses, éveillant un fourmillement chaud qui irradiait vers son bas-ventre. Elle gémissait, faiblement, abandonnée à cette caresse qui ne cherchait plus à guérir, mais à exciter.


Le dîner aux chandelles fut un rêve éveillé, mais leurs esprits étaient déjà ailleurs, hantés par la promesse de la chambre. La séance de cinéma privé ne fut qu'une vague rumeur en arrière-plan, leurs doigts entrelacés, leurs souffles se mêlant dans l'obscurité bien avant que le film ne se termine.


De retour dans la suite, baignée d'une lumière dorée, Armand la regarda se transformer. D'un geste timide mais déterminé, Chloé fit glisser sa robe. Et là, sous la soie, apparut la lingerie achetée plus tôt : un ensemble noir de dentelle ajourée, un soutien-gorge balconnet qui soulignait sa poitrine généreuse et une culotte si fine qu'elle en était presque illusoire. La voir ainsi, offerte dans toute sa splendeur, avec cette audace retrouvée, lui coupa le souffle. « Tu es d'une beauté à me foudroyer, » murmura-t-il, la voix rauque.


Il la conduisit vers le lit et reprit le flacon d'huile essentielle. Cette fois, le massage fut une lente agonie du désir. Il n'épargna aucun centimètre de son corps, de la nuque à la voûte plantaire, réveillant chaque terminaison nerveuse. Quand ses doigts s'aventurèrent dans l'entrejambe satiné de la culotte, trouvant la chaleur et l'humidité qui l'attendaient, elle cria son nom, dos arqué, les poings serrés dans les draps.


Quand il la pénétra, ce fut une fusion lente, profonde, comme s'ils cherchaient à ne faire plus qu'un, à souder leurs âmes meurtries. Il n'y avait plus de place pour la timidité. Chloé, libérée, était une déesse de passion. Elle chevaucha Armand avec une assurance sauvage, ses hanches ondulant dans un rythme ancestral, ses seins offerts à sa bouche avide. Elle se mit à genoux pour lui, le prenant dans sa bouche avec une audace qui le fit trembler, avant de se retourner, s'offrant à lui dans un abandon total. Ils s'aimèrent dans toutes les positions, explorant chaque angle, chaque frisson, leurs corps ruisselants de sueur et d'huile parfumée. Les mots qu'ils échangeaient n'étaient plus des phrases, mais des jurons, des prières, des « je t'aime » haletants et des « oui, encore » suppliants.


Leurs ébats durèrent jusqu'aux premières lueurs de l'aube, un marathon sensuel où ils se redécouvrirent, non plus comme des amants qui se pardonnent, mais comme des amants qui se choisissent à nouveau, plus forts, plus conscients, et infiniment plus passionnés. Quand l'épuisement les terrassa enfin, enlacés et repus, ils s'endormirent avec la certitude que cette nuit n'était pas une fin, mais le véritable commencement de leur nouvelle vie.



Au petit matin, bercés par la quiétude de la suite, Armand décrocha le téléphone et commanda un room service. Le chariot, recouvert d’une nappe immaculée, fut discrètement déposé devant leur porte. Ils le firent entrer et découvrirent un festin : du café fumant, des jus de fruits frais, des croissants dorés et une assiette de fruits tropicaux découpés avec soin.


Mais avant de se jeter sur le repas, Armand entraîna Chloé vers la grande baignoire sur pieds. Il la remplit d’eau chaude et y versa un gel moussant au parfum de vanille et de frangipanier. Ils s’y glissèrent ensemble, leurs corps se retrouvant dans l’étreinte liquide et chaude. Ce fut un bain romantique et paresseux, où les bulles dissimulaient leurs formes et où leurs doigts s’entrecroisaient sous l’eau. Ils ne parlaient pas, se contentant de sourires échangés, de baisers légers posés sur une épaule ou une nuque, savourant la quiétude et l’intimité retrouvée.


Une fois rhabillés de peignoirs moelleux, ils s’installèrent sur le canapé de la suite, le chariot entre eux. Ils mangèrent lovés l’un près de l’autre, se nourrissant parfois avec les doigts, se passant un morceau de fruit ou trempant un croissant dans le même bol de café. La complicité était palpable, légère, comme délestée du poids des derniers mois.


Après avoir repoussé le chariot, rassasiés et le cœur léger, Chloé, comme poussée par un instinct maternel, prit son téléphone. Elle appela sa mère.


« Allô Maman ?… Oui, tout va bien… » Sa voix était douce, détendue. « Et Léna?… Elle dort encorei ?… Elle a pris son petit-déjeuner ?… »


Elle écouta, un sourire attendri aux lèvres, tandis que sa mère lui racontait les exploits matinaux de sa petite-fille. Armand, allongé près d’elle, la regardait faire, le cœur gonflé d’une émotion profonde. Voir Chloé ainsi, à la fois femme épanouie et mère aimante, dans ce moment de bonheur simple après une nuit de passion, lui confirmait qu’il était sur le bon chemin. Ce n’était pas qu’une réconciliation ; c’était la réconciliation de tous les rôles qui faisaient leur vie : amants, partenaires et parents. Le puzzle de leur famille se remettait enfin en place, une pièce après l’autre.



Le chariot du room service était reparti, et un silence confortable s’était installé dans la suite. Armand, assis en tailleur sur le lit face à Chloé, lui prit les mains dans les siennes. Son regard était grave, mais plein d’une tendresse inébranlable.


« Alors, dis-moi, bébé, » commença-t-il, sa voix basse et douce. « Qu’est-ce que tu as sur le cœur ? Parle-moi, ma femme. Vide ton cœur. Vraiment. Ce weekend, c’est pour ça. Pour qu’on remette les pendules à l’heure, une fois pour toutes. »


Un long silence suivit. Chloé baissa les yeux, observant leurs mains entrelacées. Puis, elle prit une profonde inspiration, comme si elle s’apprêtait à plonger dans des eaux profondes et froides.


« J’ai… j’ai si peur, Armand, » commença-t-elle, d’une voix à peine audible. « Peur de toi. Peur de moi. Peur de nous. » Les mots sortaient maintenant, lentement, puis plus vite, comme un flot longtemps retenu. « Quand tu as utilisé ce ton avec moi au téléphone… ce ton froid, dur… ça a réveillé tout ce que je redoutais le plus. La peur que l’homme que j’aime puisse se transformer en un étranger qui me fait trembler. Que sous l’amour, il y ait un contrôleur, un juge. Et ça… ça m’a glacée. Plus que toutes les disputes. »


Elle leva les yeux, son regard noyé de larmes non versées. « Et puis il y a la honte. Une honte qui me colle à la peau. Chaque fois que je suis heureuse avec toi, comme cette nuit, une petite voix dans ma tête me chuchote : "Tu n’as pas le droit. Regarde ce que tu as fait. Tu as souillé ce bonheur." C’est comme si je portais une tunique sale, et même après le bain, je sens que ça ne part jamais vraiment. Alors je me retiens. Je me dis que je ne mérite pas cette paix, cette famille. Que c’est de ma faute si tout est si fragile. »



Armand ne l’interrompait pas. Il écoutait, absorbant chaque mot, chaque tremblement de sa voix. Quand elle fit une pause, il demanda, doucement : « Et ma colère, après la naissance de Léna? Mon refus de la voir ? »


Un sanglot échappa à Chloé. « Ça… ça a été pire que tout. Parce que tu as rejeté une partie de moi qui était innocente. Tu as rejeté notre amour incarné. Et même si je comprenais ta douleur, ça a laissé une cicatrice que je ne sais pas comment panser. J’ai eu l’impression que tu nous haïssais, elle et moi. Que nous étions devenues le symbole vivant de ton humiliation. »


« Je ne haïssais pas Léna, » corrigea-t-il fermement, mais avec douceur. « Je haïssais la situation. Je haïssais la trahison. Et j’avais tellement peur de m’attacher à un enfant qui… peut-être… n’était pas de moi. C’était lâche. C’était monstrueux. Et je vivrai avec ce regret toute ma vie. Mais je t’en supplie, ne confonds plus jamais cela avec un rejet de toi ou d’elle. C’était le rejet de ma propre douleur, que je ne savais pas comment gérer. »


Il poursuivit, ses pouces caressant le dos de ses mains. « Et maintenant ? Cette peur de revenir à Douala, de quoi s’agit-il vraiment ? »


« C’est la peur de redevenir la femme d’avant, » expliqua-t-elle, cherchant ses mots. « La femme qui étouffait en silence, qui avait peur de déranger. À Yaoundé, j’ai appris à être seule, à prendre des décisions. J’ai ma petite routine, mon petit boulot. Revenir à Douala, c’est comme rentrer dans un moule. Le moule de l’épouse d’Armand. Et j’ai peur que la Chloé que je suis devenue, avec ses cicatrices et sa petite force, n’y ait plus sa place. J’ai peur que tu aimes l’idée de moi, l’idée de la famille, mais pas la femme réelle, brisée et complexe, que je suis maintenant. »



« Tu te trompes, » murmura Armand en se rapprochant, son front touchant le sien. « La femme que je veux à mes côtés, ce n’est pas la jeune fille naïve d’avant. C’est la femme qui est là, en ce moment même. Celle qui a la force de me dire ses peurs les plus profondes. Celle qui a traversé l’enfer et qui en est ressortie avec une beauté plus forte, plus vraie. Je n’ai pas passé tous ces mois à me battre pour un fantôme, Chloé. Je me suis battu pour toi. Pour cette femme-là. »


Il prit son visage entre ses mains. « À Douala, ce ne sera plus comme avant. Je te le promets. La maison n’est pas un moule, c’est une page blanche. Et nous allons l’écrire ensemble. Avec nos règles, notre rythme. Tu vas continuer ton travail ? On installera un bureau rien que pour toi. Tu as besoin de temps seule ? La maison est grande. Tu as peur de mes réactions ? On instaure une règle : on se parle, toujours, même quand c’est difficile. Même quand on a peur de blesser. »


Chloé le regardait, les larmes coulant enfin librement sur ses joues. Ce n’était pas des larmes de tristesse, mais de soulagement. D’être entendue. Comprise. Acceptée dans toute son imperfection.


« Je ne te promets pas que je ne serai plus jamais en colère, » ajouta-t-il, honnête. « Mais je te promets de ne plus jamais t’utiliser comme un punching-ball émotionnel. Et je te promets de me battre, chaque jour, pour que tu te sentes en sécurité, aimée et respectée dans notre maison. Pas comme une invitée, mais comme la reine de ce foyer. »


Dans le silence qui suivit, un lourd fardeau semblait s’être envolé. Ils ne s’étaient pas simplement réconciliés ; ils s’étaient redécouverts. Ils avaient mis à nu leurs blessures les plus laides et avaient choisi, ensemble, de les panser. Ce n’était plus un pardon fragile, mais un pacte renouvelé, fondé sur une vérité enfin restaurée.

Le choix de renaitre