XX

Write by Les petits papiers de M


Bella

Je ne porte pas particulièrement ma Caro dans mon cœur mais je dois lui reconnaitre qu’elle a du flair. J’ai vraiment pensé après son discours que je ne reverrai plus Romain. Cela a d’ailleurs été le cas toute la semaine qui a suivi. Je commençais d’ailleurs à déprimer toute seule dans cet appartement de deux chambres un peu trop spacieux pour une personne. En plus j’avais ma propre cour donc pas moyen de faire connaissance avec les voisins à moins d’aller sonner à leur portail. Je déprimais tellement que j’avais à peine acheté de quoi me nourrir. Mes journées tournaient autour de mon matelas et de mon ordinateur. Je ne prenais même plus les rendez-vous pour masser. J’avais le moral dans les chaussettes. J’en étais là de mes moroses pensées quand à ma grande surprise, ma sonnerie avait retenti. Pensant trouver Romain, je m’étais précipité au portail pour tomber sur ma Caro.

-         Au moins il t’a trouvée une maison correcte. Sinon, il allait m’entendre

-         Voici un peu d’eau (lui tendant un bol). Je n’ai pas encore tout ce qu’il faut

Elle est allée faire le tour de l’appartement puis est revenue s’asseoir en face de moi.

-         Pourquoi la maison est encore vide comme ça ? ça fait une semaine déjà que tu es ici non ?

-         Je n’ai pas revu Romain depuis le jour où il m’a amenée ici. Et comme il ne réagit pas à mes sms…

-         Toi vraiment… il faut tout te dire. Tu ne sais pas où il travaille pour débarquer là-bas ? une femme doit savoir faire plier son homme. Toi tu attends seulement que tout te tombe cuit dans la bouche pour que tu manges. Romain est qui pour toi ?

Je n’ai pas osé répondre. Mon homme ? Mon amant ? Je n’avais pas de réponse politiquement correcte pour elle, donc je me suis juste tue.

-         Donc tu crois que parce que tu es partie de la maison tout est fini ?

-         Mais ya Philo sait déjà tout non ? Romain a dit qu’il veut récupérer sa femme donc que c’est fini entre nous.

Elle est partie dans un grand éclat de rire.

-         Et toi aussi tu l’as laissé. Et tu vas vivre comment ? tu as les moyens de payer l’appartement-ci ?

-         Non Ma

-         Tu vas donc laisser une autre femme le gagner ?

-         Comment ?

-         C’est maintenant que le terrain est libre que tu dors sur tes lauriers ? tu penses que le climat est comment entre les deux après ce qui s’est passé ?

-         Je ne sais pas. C’est sûrement tendu

-         Et au lieu d’être présente pour ton homme, le soutenir dans cette situation, tu veux qu’il aille se consoler ailleurs ? tu veux qu’une autre femme entre dans l’équation ?

-         Non

-         Quand est-ce que tu l’as appelé pour la dernière fois ?

-         Je ne l’ai pas appelé, je lui ai envoyé des messages

-         Regarde –moi son visage comme message. On voit bien que c’est Philo qui t’as élevée. Elle-même n’a aucun sens de l’anticipation. Tu vas t’arranger à récupérer Romain et t’occuper de lui comme il se doit. Donc toi le gars t’utilise et quand c’est chaud il te laisse pour retourner à sa femme et tu te laisses faire ? il faut vraiment que tu t’affirmes plus que ça. Est-ce que je me fais comprendre ?

-         Oui Ma

-         Bien. Désormais s’il y a un quelconque problème avec lui, tu m’appelles.

Et elle était partie comme elle était venue. Et moi qui commençais à regretter d’être partie de la maison pensant que cela accélèrerait leur réconciliation. J’ai enfin vu dans mon éloignement l’occasion de consolider ma position. J’ai donc transformé ma maison en notre cocon d’amour en utilisant le point faible de Romain, le sexe. J’ai tout donné, mettant en jeu les dernières miettes de colle cœur que j’avais. Et cela a payé. En l’espace de quelques semaines, il me mangeait à nouveau dans la main. Il partageait sa vie entre le cabinet, le boulot et moi. Il ne rentrait que pour dormir. Et d’après les encouragements que je recevais de ma Caro, il était loin de se rabibocher un jour avec elle. C’est ainsi qu’est né en moi le fol espoir de devenir un jour Madame DOSSOU Romain. Après tout, quand quelqu’un laisse, quelqu’un prend. Et si elle n’a pas compris qu’il est temps de pardonner cet écart à son mari afin de ne pas agrandir la brèche entre eux, c’est son problème. De toute façon, si elle dégage et que je prends sa place, je n’aurai plus besoin de me cacher.

Mais en attendant, je dois faire bien attention de rester dans mon rôle. Elle m’appelle régulièrement pour prendre de mes nouvelles. Elle insiste pour savoir où je suis mais je ne lui ai pas répondu. Elle a même été jusqu’au boulot, côté restaurant pour voir Serges. Fort heureusement, il avait été déjà briefé par Ro. Il lui a dit que ça ne s’était pas vraiment concrétisé entre nous et qu’il ignorait où je me trouvais. J’ignore si elle a eu recours à Lina. Déjà nos rapports étaient tendus, ils étaient à présents hautement électriques depuis que j’étais parvenue à me faire embaucher en tant qu’assistante personnelle du Padre. Désormais, qui veut voir le Père, doit passer par ses anges, en l’occurrence, moi. La seule et unique. Et cela était valable même pour Queenie. Du coup, j’étais l’ennemie publique numéro 1 au boulot. Mais pour moi quoi ? Je suis la meuf du boss. Toutes les autres sont des etcétéras. Désormais, il n’avait plus le droit de tester les filles. Serges ou  Leroy s’en chargeait. Je ne voulais pas courir le risque que Lina ou Queenie lui envoie une fille piégée. Il avait tempêté, crié, mais j’étais restée intransigeante et j’avais fermé mes cuisses. C’est lui-même qui était revenu vers moi.

Lina m’avait fait mettre en quarantaine par la plupart des boutiques que je représentais sur Facebook. Du coup mes activités fonctionnaient au ralenti. J’ai donc décidé de me relancer autrement. Je ciblais des produits pendant mes achats ou j’allais sciemment dans des boutiques et je me prenais en photo. Ensuite petite publication où je vantais les mérites du produit ou de la boutique et la communauté qui me suit faisait le reste. En quelques clics je suis à nouveau née de mes cendres. Bientôt avec les sous de la pub et ceux que mon doudou me donnent, je pourrai mener une vie de grande dame. La petite domestique que j’étais revient de loin.

Mais ma position est maintenant menacée parce que je n’ai plus de colle cœur. Même s’il est toujours régulier dans mon lit, je sais qu’il n’est plus aussi transporté qu’avant. Je le sens au changement dans ses gémissements, à l’intensité de son désir qui commence à diminuer. Je me suis résolue à faire quelques commandes sur Facebook. Mes produits sont arrivés il y a quelques jours : lait de déesse, œuf de la passion, mets moi KO, graines de désir. J’espère de tout cœur que parmi tous ces produits, au moins un dépassera ou tout au moins égalera le colle cœur de Lina. Sinon je ne vois pas par quel autre moyen je maintiendrais mon influence sur Romain. Ces produits m’ont coûté si chers, il faut qu’ils marchent.

 

J’ai donc mis en place mon petit planning d’utilisation afin de voir l’impact de chacun sur lui et surtout la durée de leur influence. J’ai commencé par le lait de déesse. C’est une crème liquide et blanchâtre vendue dans un joli petit flacon. Petit bémol, il fallait le mettre juste après la douche avant que le corps ne sèche. Romain n’étant pas particulièrement patient une fois que le désir lui montait à la tête, il ne m’a pas laissé le temps de prendre cette douche. A mon second essai, il s’était endormi avant que je ne sorte de la douche. J’ai donc tiré un trait sur ce lait.

Les œufs de la passion quant à eux devaient être sucés trente minutes avant le match. Arnaque totale. J’en ai sucé trois et la seule remarque que j’ai reçue de lui a été que mes baisers avaient vraiment un drôle de goût. Finalement, Il n’a pas supporté et m’a demandé d’aller me laver les dents. J’ai eu envie d’exploser. Le mets moi KO, je pense qu’il y a eu un souci de dosage avec lui. J’en ai mis quelques gouttes dans du jus de bissap que je lui ai servi. Ce fut la pire nuit de ma vie. J’aurais pu me réjouir, parce que ce fut la première nuit qu’il découchait, mais mon cul en a bavé. Pendant plus de cinq heures de temps, nous avons essayé toutes les positions, regardé des vidéos porno, essayé des serviettes chaudes sur sa bite, en vain. Il avait une érection d’enfer. Impossible de le faire débander. Il m’a baisé jusqu’à ce que j’ai la chatte en lambeaux. On réfléchissait à comment se rendre à l’hôpital à l’aube quand son érection est miraculeusement tombée. 

Avant qu’il ne me pose la moindre question j’ai pété un câble avec lui en lui disant de ne plus jamais boire des boosters sexuels avant de venir monter sur moi. Et je lui ai claqué la porte au nez en allant me coucher dans la seconde chambre. A mon réveil il n’était plus là. J’ai aussitôt jeté ce foutu produit à la poubelle. Je n’ai jamais eu aussi mal au cul depuis que j’ai une vie sexuelle. Il m’a fallu une semaine de bains de siège et de massage de mon minou au beurre de karité pour m’en remettre. J’ai eu droit à des fleurs et une enveloppe pour mon shopping pour me demander pardon. Après cet épisode je me suis donné un peu de temps avant d’essayé les graines du désir. C’était vraiment le meilleur pour la fin. C’étaient de petites graines noires à introduire dans le sexe avant le rapport. Nous avons eu un après-midi de folie. Romain n’a pas arrêté de prendre son pied et il avait le sourire jusqu’aux oreilles en repartant au boulot l’après-midi. Le chemin pour le cœur d’un homme c’est le bas-ventre et le ventre. Le ventre, je le tiens depuis des années et je crois que je suis maintenant en bonne voie pour avoir le monopole sur le bas-ventre.  Après son départ, je me suis sentie un peu enflée en bas avec quelques sensations de brûlure, mais je n’ai pas fait attention. Sûrement les effets de nos chevauchées endiablées.

     

Philo

Le temps passe mais la douleur persiste. On la connait tous cette phrase. Mes frères et moi avions l’habitude d’en rigoler quand elle passait sur les annonces nécrologiques de l’ORTB. Aujourd’hui, je prends toute la mesure de ces mots. Il y a plus de trois mois déjà que cette histoire a eu lieu, que j’ai fait cette découverte écœurante. Mais je n’arrive pas à dépasser cela. Je n’arrive pas à outrepasser ma rancœur envers mon mari, ma colère et ma déception à mon propre endroit pour n’avoir rien vu. Et Bella qui est toujours dans la nature. Il y a seulement quelques jours qu’elle a enfin accepté de passer à la maison me voir, ainsi que les enfants qui n’arrêtaient pas de demander d’après elle. Elle m’avait demandé au moins une dizaine de fois s’il était là avant d’arriver. Et la voir tressaillir à chaque éclat de voix ou claquement de portes n’a fait que rajouter à ma peine.

Comment Romain a-t-il pu ? Il a semblé culpabiliser un moment, mais je crois que face au mur de silence que je lui opposais, il s’est résigné à ne pas avoir mon pardon. Et depuis peu, j’ai le sentiment qu’il s’éloigne encore plus de moi, que ma peine ne l’atteint plus, que nos fous rires et nos étreintes ne lui manquent pas. Et je ne comprends pas. Je n’arrive même pas à en parler tant ma douleur est profonde.

C’est en voyant une main me tendre un mouchoir que je me suis rendue compte que je pleurais et que j’ai réalisé que cette main venait de ma Caro. Une femme pleine de surprises. Je n’aurais jamais cru que ce serait elle mon alliée dans cette difficile situation. Je m'attendais à ce qu’elle se moque de moi et en profite pour tourner le couteau dans la plaie. Mais c’était tout le contraire. Au début je l’avais vraiment trouvée suspecte. Mais comme elle me l’a si bien fait remarquer, rien, même pas l’animosité qu’elle éprouve envers moi ne lui ferait tolérer que son fils, marié, force la domestique à avoir une liaison avec lui et qui plus est, sous le toit conjugal. Aussi incroyable que cela puisse paraître, cette situation était en train de nous rapprocher.

-         Je te l’ai déjà dit d’arrêter de pleurer. Tu te rends malade et pourtant la situation n’évolue pas

-         Je sais mais je n’y peux rien. C’est plus fort que moi

-         Ça ne s’améliore toujours pas entre vous ?

-         Pas vraiment. Il est distant. C’est comme s’il s’en fichait complètement. Il rentre tard, il a même découché une fois et n’essaye même pas d’engager la discussion avec moi. C’est comme si nous étions devenus colocataires

-         Je vois. Qu’est-ce que tu comptes faire ?

-         Je ne sais pas ma Caro. Mais il faut que ça s’arrête. J’ai l’impression d’être en train de perdre mon mari. Il s’est habitué à l’atmosphère tendue qu’il y a entre nous et maintenant il vit sa vie sans moi

-         Tu oublies que c’est lui qui a fauté ? c’est vrai que c’est mon fils, mais Philo je te trouve vraiment molle. Il te trompe et parce qu’il te semble indifférent tu veux tout oublier et lui courir après ? quel respect penses-tu qu’il t’accordera après ? il se sentira libre de faire ce qu’il veut parce qu’il saura que de toute façon tu es le chien qui aboie sans mordre. Il faut que tu saches t’imposer dans ton couple

-         Qu’est-ce que je dois faire ma Caro ?

-         Tu ne dois pas lâcher prise. Il doit comprendre son erreur et se faire pardonner. Ce n’est pas à toi de ramper pour lui. Puisqu’il joue à l’indifférent, fais pareil, ressaisis-toi, fais-toi belle, ignore-le pour qu’il voit que tu es passée à autre chose et que tu vis sans lui. Tu comprends ?

-         Je pense que je ne peux pas faire ça. Je vais craquer.

-         Et c’est normal parce que tu es un être humain. Viens me voir si tu sens que ta volonté flanche. Tu vois que je suis là pour toi non ? j’aurais pu être chez Stéphane, mais je suis restée à tes côtés.

-         Je sais ma Caro. Et je t’en suis tellement reconnaissante. Je n’aurais eu personne à qui parler parce que cette histoire est tellement laide que je ne me vois pas la raconter à mes parents.

-         Tu as bien fait Philo. Ta réaction m’a fait voir à quel point je m’étais trompée à ton sujet. C’est cela être une bonne femme. savoir protéger son couple quand il le faut. Exposer cette histoire à ta famille aurait déshonoré ton mari devant eux. Je sais combien tu souffres. C’est pourquoi je te promets toute mon aide. Nous allons arriver à bout de mon imbécile de fils.

-         Merci ma Caro. Merci beaucoup.

Elle est restée encore quelques minutes avec moi à me prodiguer des conseils avant de partir à l’Eglise. Ces derniers mois, elle avait eu un regain d’énergie qu’elle avait décidé de mettre au service de la Paroisse. Elle s’y rendait donc souvent pour les groupes ou juste pour prier. D’après elle, il fallait qu’elle m’assiste par la prière parce que la douleur m’affaiblit.

   

Romain

Ça fait quelques jours maintenant que Bella se refuse à moi. Et cela ne lui ressemble absolument pas. J’ignore si elle est malade ou a un quelconque souci. Cela m’étonnerait parce qu’elle n’a aucun souci financier et semble en pleine santé. Alors mon petit doigt me dit qu’elle pourrait être enceinte. Les dernières fois qu’on a fait l’amour j’ai trouvé sa chatte plus charnue et hypersensible. Même si elle était bien mouillée, je sentais qu’elle avait du mal à me supporter. Pourtant mes sensations étaient exacerbées, elle était incroyablement chaude et accueillante. Et la dernière fois que j’ai vécu de telles sensations c’est quand Philo était enceinte des jumeaux. Et cela me terrifie tout autant que cela me rend joyeux. Être père à nouveau serait le plus beau des cadeaux. Mais avec Philo. Ce qui n’est malheureusement pas le cas. Je ne m’étais jamais imaginé avoir des enfants de mère différentes. Mais beaucoup de choses avaient changé depuis que  Je me suis tourné vers la seule personne qui m’épaule dans cette situation et m’aide à trouver mon équilibre, ma mère.

-         Tu es sûr qu’elle est enceinte ? c’est ce qu’elle t’a dit ?

-         Elle ne m’a pas dit mais je pense que c’est le cas. Elle ne t’a rien dit ?

-         Non. Peut-être que tu te trompes

-         Non, je ne me trompe pas. Je suis sûr que c’est le cas.

-         Et tu comptes faire quoi ?

-         Je ne sais pas maman. C’est pourquoi je suis venu te voir. Si jamais c’est vrai et que Philo apprend ça ce serait très grave hein. Tu sais que je ne peux pas divorcer

-         C’est toi qui penses que tu ne peux pas divorcer. Vous vivez comme si vous n’étiez plus mariés depuis longtemps. Si ça continue comme ça, je ne vois pas ce que vous feriez ensemble. En plus, Bella est en train de prouver qu’elle aussi peut te rendre père. On a vu les limites de Philo à ce niveau

-         Tu n’en sais rien. Nous avons quand même deux enfants

-         Qui ont déjà douze ans non ? et depuis même pas une fausse couche

-         Laisse ma femme en paix. Ce n’est pas le sujet. Qu’est-ce que je fais de Bella ?

-         Tu n’as pas intérêt à essayer de la faire avorter hein. Cet enfant c’est ton sang. Ne t’inquiète pas pour Philo, je parlerai à Bella. C’est dans son intérêt de faire profil bas. Et tant que Philo ne sait rien, je ne vois pas pourquoi elle parlerait de divorce

-         Je n’ai pas envie de divorcer maman. Et ça n’a rien à voir avec les biens de papa. J’aime ma femme. cette situation commence à me peser. Tu t’imagines que maintenant elle se comporte comme si je n’existais plus ? nous nous parlons à peine, nous ne prions plus ensemble. Je me sens de trop dans ma propre maison

-         Si je te dis que ta femme est trop fière maintenant, tu me diras que je parle mal d’elle

-         Mais c’est moi qui ai fauté. C’est normal qu’elle m’en veuille. Je ne sais juste pas comment percer son mur et ça me fatigue

-         Quelle est cette faute là qu’elle ne peut pas pardonner ? depuis combien de mois ? tu sais ce que les couples qui durent ensemble se pardonnent ? ta femme est trop fière. Et c’est ça qui la perdra. Elle se voit déjà trop blessée. C’est elle la première femme trompée sur terre ?

-         Maman…

-         Maman quoi ? tu penses que si ce n’est pas les biens de ton père elle serait encore là ? une femme qui t’ignore alors que vous vivez ensemble ? c’est pourquoi Dieu t’a fait grâce d’un autre foyer où tu retrouves la chaleur dont on te prive ici.

-         Je ne vais pas non plus passer ma vie à jongler avec les deux.

-         Bof, tu ne seras pas le premier polygame de la planète. Il faut déjà que tu prennes des dispositions par rapport à l’enfant à naître si elle est enceinte. Si Philo le découvre et qu’elle veut divorcer, ce sera à tes dépends. Donc pense déjà à construire son patrimoine à part pour qu’il ne soit pas lésé

-         Tu vois vraiment trop loin toi

-         C’est à ça que servent les vieux

Après l’avoir quittée, je me suis rendu au boulot en appelant le notaire. Étant marié sur le régime de la communauté réduite aux acquêts, je suis dans l’impossibilité d’acquérir un bien sans qu’il n’appartienne également à Philo et donc elle en apprendra l’existence. J’ai ma petite idée de ce que je peux faire.

-         Bonjour Mr Nkoue. Merci de vous êtes déplacé aussi vite

-         Votre famille fait partie de nos clients depuis des années. C’est la moindre des choses

-         Merci quand même. Je sais que la discrétion est la plus grande de vos qualités. L’affaire pour laquelle je vous appelle est particulièrement délicate et je…

-         Vous n’avez même pas besoin de le mentionner. Ce sera entouré de la plus grande discrétion

-         Même ma femme ne peut en être informée

-         Elle n’a jamais été informée de l’existence du Boulot, donc n’ayez crainte. En quoi pouvons-nous vous être utiles à présent ?

-         Si j’ai un enfant hors mariage, pourra-t-il prétendre à mes biens ? notamment ceux que mon père nous a légués à ma femme et moi ?

-         Si vous êtes encore marié à votre femme au moment de votre décès et que vous avez reconnu l’enfant, il pourra jouir de vos biens au même titre que les autres. Mais si vous l’avez reconnu, mais que vous n’êtes plus marié, il n’aura accès qu’aux biens qui font alors partie de votre patrimoine à ce moment-là. Mais vous ne pouvez faire aucune donation à cet enfant à l’insu de votre femme.

-         Que pourrait-il arriver si ma femme découvrait son existence ?

-         Pas grand-chose. Tant qu’elle n’est pas en mesure de divorcer à vos dépends, tout va bien. Mais si elle arrive à faire prononcer un divorce à votre tort, alors elle emportera 50% de votre patrimoine commun et 100% des biens hérités de votre père en tenant compte des clauses qui accompagnent cette donation.

-         Donc le plus simple pour me protéger tout en constituant un patrimoine à cet enfant serait quoi ?

-         Vous avez le choix entre faire des donations à la mère ou attendre la naissance et faire des achats en son nom propre.

-         Ok. merci beaucoup pour toutes ses informations et surtout pour avoir fait le déplacement

-         Comme je l’ai dit, nous sommes à votre service

-         Je vous recontacterai très vite.

Il était à peine sorti que Bella m’annonçait Rachelle. Je suis bien conscient que sa présence ne fait pas l’unanimité au Boulot. Mais je pense que c’est surtout parce que Rachelle manque d’objectivité. Elle fait un excellent travail administratif et Rachelle peut profiter à loisir de son petit pompier de mari en faisant le tour du monde avec lui. Bella s’occupe de tout et Lina peut se consacrer au harem. Alors pourquoi elle râle ? la relation personnelle que j’ai avec elle ne lui donne pas le droit de critiquer ma relation. Après tout elle n’a jamais remis en cause le fait que je couche avec tout le harem toutes ces années. Alors maintenant que je limite à une seule personne, elle n’est pas contente ? Les femmes sont décidemment très compliquées.

Elle a même osé me dire qu’elle aurait préféré que je la renvoie masser les clients ? Comment pourrais-je faire une telle chose avec la femme qui partage désormais ma vie et qui deviendra peut-être la mère de mon enfant ?

-         (la mine encore attachée) bonjour Romain

-         Rachelle. Comment tu vas ?

-         Bien. C’est quoi cette odeur dans ton secrétariat ?

-         Une trouvaille de Bella. Un encens contre les mauvaises odeurs. Tu aimes ? je pourrais lui demander l’adresse pour toi

-         Dieu m’en préserve. Il n’y a que vous pour ne pas voir combien c’est fort. Tu devrais lui dire d’arrêter. Et vu comment elle s’évente, je ne pense pas qu’elle trouve l’odeur si agréable que ça

-         Sinon, pourquoi tu es là ?

-         J’ai vu Nkoue sortir de ton bureau. On a un souci ?

-         Non. J’avais juste quelques questions à lui poser

-         À quel sujet si ce n’est pas trop te demander

-         J’envisage de céder un certain nombre de mes parts du boulot. J’avais besoin de savoir les implications

-         Et pourquoi tu ferais ça ?

-         Pour des raisons personnelles dont je ne souhaite pas discuter pour l’instant

-         Et pourquoi tu ne nous les proposes pas à Serges, Leroy ou moi ?

-          Parce que je n’en suis qu’au stade de la réflexion. Si je décide de sauter le pas, vous serez les premiers informés.

J’ai bien senti à travers le regard qu’elle me lançait qu’elle ne croyait pas un mot de ce que je racontais. Mais je n’avais pas l’intention non plus de lui dire le fond de ma pensée. Ma préoccupation en ce moment était de faire le meilleur choix possible pour Bella et cet enfant à venir. Et en la regardant au moment de refermer ma porte sur Rachelle, je me suis dit qu’il faudrait bien qu’elle m’avoue sa grossesse. Elle me semblait plutôt mal en point. Elle n’arrêtait pas de s’éventer en se trémoussant sur sa chaise.

 
Histoires de famille