Yasser Atsane

Write by Les Chroniques de Naty

Chapitre 31

 

*****MOCTAR*****

Revoir Martine dans ce super marché m’a fait de l’effet. Si seulement je savais que je la rencontrerai en ce lieu, je crois que je n’y aurais jamais au grand jamais mis les pieds. Revoir son visage après toutes ces années a fait renaitre en moi un sentiment que je croyais mort enterré. Apparemment je me suis trompé, car elle m’a un peu dérouté avec son attention. En dépit de tout ce que je lui ai fait, j’ai vue à quel point elle semblait inquiète pour moi. Je ne sais pas trop quoi penser ; je suis encore sous le choc de la scène qui s’est déroulé tout à l’heure.

Martine !

Je crois que c’est la femme que j’ai le plus aimé de toute ma vie. Elle m’a tout de suite accroché quand je l’ai rencontré. Je n’ai pas hésité à lui dire qu’elle sera ma femme ; et quelques mois plus tard, nous étions marié. Elle est toujours aussi belle que dans mes souvenirs. Mon cœur a encore succombé et je venais lui demander pardon pour tout ce que j’ai eu à lui faire. Je ne sais pas mais j’ai sentis ce besoin impérieux d’avoir son pardon afin de pourvoir vivre tranquille. Parce que ces temps-ci, je ne me sens plus en phase avec moi-même. Je vis un enfer sur terre. Akabla me fait vivre des supplices. Et mon pauvre cœur est sur le point de lâcher.

Quoi ?

On me dira que c’est le juste retour des choses !

Moi je crois plutôt que c’est le karma. Oui surement que je paie pour tout le mal que j’ai fait autour de moi. Je paie pour la peine que j’ai causée à ma femme, mes enfants ainsi qu’à ma mère. Ah maman ! Comme tu me manque.

Je sens comme un coup de blues. Du coup j’ai envie de revenir dans le passé et de bien refaire certaines choses. Même si je devais quitter Martine à nouveau, je crois que j’aurais fait les choses différemment. Je n’aurai pas agi comme un lâche. J’aurai pris mes responsabilités d’homme en assumant mes sentiments.

Mais non ! En lieu et place, je me suis caché comme un adolescent nouvellement amoureux et j’ai foutu tant d’année de mariage en l’air.

Ais je des regrets ?

Je ne saurais le dire ; mais une chose est sûre, le temps des regrets est non seulement passé. Mais aussi je n’aurai plus la chance de pouvoir refaire les choses.

Depuis la scène du super marché, je suis devenu persona non grata dans ma propre maison. A peine si elle me parle. Déjà qu’elle pouvait découcher sans même me le dire, maintenant c’est pire. Elle prend des affaires pour aller je ne sais où. Il lui arrive même de faire deux semaines sans mettre les pieds à la maison. Et moi comme un idiot, je passe mon temps à la chercher. Je n’arrive pas à m’en empêcher ; cette femme je l’ai dans la peau. Je sais qu’elle me fait subir des atrocités et souvent j’ai bien envie de me révolter, sauf que je n’y arrive pas. J’essaie de faire un effort, mais c’est plus fort que moi. Je retombe toujours dans ce cercle.

Résultat des courses, je me suis mis à boire comme un trou, et à fumer comme un pompier. Moi qui tenais en horreur les bars et autres endroits du genre, j’en suis devenu le meilleur client. Je ne peux plus m’en passer. Je peux comprendre pourquoi certaines personnes sombrent dans l’alcool et la drogue sans pouvoir en ressortir. Il trouve en ces choses, le réconfort et l’illusion d’une vie parfaite. En buvant, je me dis que ma vie sera autrement. Je me saoule chaque soir avant de rentrer chez moi. Et lorsque je vois que les lumières sont éteintes, et bien j’y retourne encore.

Le travail c’est du passé pour moi. J’ai mis mes actions à son nom, mais cela ne l’a pas empêché de m’ignorer comme de la merde. J’ai été chez Yasser et j’ai signé plein de document qui atteste que je renonce à toutes mes actions au profit de ma femme. Ce dernier m’a regardé comme si je n’étais qu’un pauvre con.

Il ne sait surement pas ce que c’est que l’amour. Je ne lui en veux pas, car les gens de sa race ne connaissent pas l’amour. Je n’ai jamais entendu un arabe dire « je t’aime » et ce à qui que ce soit. Pas même à leur mère.

—Ah Moctar ! Mon frère, tu devras réfléchir à deux fois avant de faire ce que tu veux faire.

—C’est tout réfléchis. Dis-je en allumant ma cigarette.

Je tire une longue bouffée que j’exalte ensuite de mes narines. Oui je suis devenu très connaisseur de la cigarette. Je m’étonne moi-même.

—Je ne crois pas. Cela fait longtemps que tu es dans les affaires, alors tu sais très bien que se sont des risques à ne pas prendre. Ce n’est qu’une femme après tout. Mais surtout n’oublie pas que les femmes ne restent que là où il Ya de l’argent.

—Ma femme n’est pas comme ça. Tu ne la connais pas ma femme. C’est la meilleure de toute et pour elle je suis prêt à tout.

Il sourit. Je vois briller ces canines qu’il a remplacé par de l’or. Cet homme me fait peur. Je ne sais pas, mais je ne me sens pas en sécurité avec lui. C’est comme s’il est un loup qui a revêtu une tenue d’agneau.

—Je vois que tu ne connais pas bien les femmes. Tu les côtoies chaque jour, mais tu ne sais pas à quel genre d’espèces tu as affaire.

—Je ne connais peut-être pas toutes les femmes, mais je connais très bien la mienne et je peux te dire qu’elle m’aime pour ce que je suis et non pour ce que j’ai. De ça j’en suis même convaincu.

N’en pouvant plus, il éclate de rire. Je ne sais pas, mais j’ai la nette impression qu’il se moque de moi. Comme s’il sait quelque chose que moi je ne sais pas, ce qui l’emmené à me parler avec autant d’ironie.

— Ecoute-moi attentivement. Il se racle la gorge et me regarde droit dans les yeux. Je vais te raconter une toute petite histoire, qui j’espère t’ouvrira un peu les yeux. Je me suis marié très jeune. J’avais quoi ? vingt ou vingt et un an. Je ne voulais pas de ce mariage ; bien sûr j’y ai été forcé par mon père. Tu connais bien nos traditions à nous. Nous ne faisons que des mariages arrangés. Des mariages qui servent aux deux familles. J’ai maudis mon père de toutes mes forces parce qu’il me séparait de l’amour de ma vie. Ah je me rappelle d’elle comme si je la voyais sous mes yeux. Anthousa, c’était son nom. Elle était d’une beauté presqu’irréelle et elle était de six ans mon ainée. Mais cela ne m’empêchait pas de vouloir l’épouser. Elle n’était pas née d’une famille aussi riche que la mienne. Disons qu’elle faisait partie de la classe moyenne et moi de la haute classe bourgeoise. Mais tout ça n’était pas vraiment un obstacle pour moi. Je la voulais telle qu’elle était. Mais mon père ne voulait rien comprendre et j’ai dû épouser la fille de son partenaire.

—Ça n’a pas dû être facile pour toi. Dis-je compatissant.

—Oui ça ne l’a pas été. Mais j’ai dû faire avec ; c’était ça ou être déshérité par mon père et être renié par toute ma famille. Tu vois que j’ai vite fais mon choix, tout en prenant soin de garantir à l’amour de ma vie une belle vie cachée à mes côtés. Nous vivions ainsi jusqu’à ce que mon père découvre cela. Je n’ai quand même pas voulu mettre un terme à cette relation qu’il jugeait malsaine. Ma femme en souffrait, mais je m’en foutais complètement. Du moment où j’avais mon amour Anthousa avec moi, j’étais complètement heureux. Tu vois un peu ce que je veux dire non ?

—Oui je comprends très bien.

Comment ne pas comprendre ce qu’il a pu ressentir quand moi aussi j’ai ressentis et continue de ressentir la même pour cette femme qui n’était autre que la nounou de mon fils. J’ai laissé ma femme et mes enfants pour elle ; j’ai mis ma famille aux oubliettes pour être avec elle. Je crois qu’il faut avoir été dans ce genre de situation pour ne serait-ce imaginer ce que cette personne traverse ou ressent.

—Ma femme est tombée trois fois enceinte, et par ces trois fois elle a perdu le bébé. Les médecins disent qu’elle est sous pression et c’est la cause de toutes ses fausses couches. Ils ont dit également qu’elle ne supporterait pas une autre fausse couche du genre ; je devais donc la ménager. Je ne l’ai pas fait ; j’étais plutôt occuper à satisfaire les caprices de mon amour. Puis un jour que nous avions rendez-vous, je me suis rendu chez elle un peu plutôt que prévue et tu ne devineras jamais ce que j’ai vu.

—Qu’as-tu vu ?

—Mon amour, celle sans qui je ne pouvais rien faire. Celle pour qui j’ai tenu tête à mon père au risque d’être renier et déshérité. Bref la femme de ma vie. Il sourit, désabusé. Je l’ai surprise en train de baiser avec le meilleur ami de mon père, mon parrain et mon témoin de mariage. Tu n’imagines pas ce que j’ai ressenti à l’instant T. J’ai failli devenir fou et j’ai pété les plombs en cassant tout dans cette putain de maison que je payais avec mon fric. Bordel ! Mon cœur s’est contracté comme jamais et j’ai sentis la mort m’emporter. Et puis la tempête est passée, mais la rancœur était toujours présente dans mon cœur ; il fallait à tout prix que je me venge. Je n’en ai pas parlé à mon père, mais je sais qu’il le savait. Je le sentais dans sa manière de me parler. Je devais laver l’affront. Chez nous, plutôt mourir que de supporter une telle honte. Alors tu sais ce que j’ai fait ?

—Non !

—Je les ais envoyé tous les deux six pieds sous terre. Dit-il tranquillement en éclatant de rire.

Mes yeux s’écarquillent d’horreur. Cet homme est vraiment effrayant. Je n’ai donc pas tort d’en avoir peur. Il en parle avec tellement d’aisance comme s’il avait plutôt ôter la vie à des animaux et non à des êtres humains.

—Ne me regarde pas ainsi Moctar. Je ne suis pas un monstre. Je m’adapte juste à mon environnement. Tu es gentil envers moi, et bien je le suis mille fois envers toi. Tu me baise par des coups salaces, et moi je te nique avec une crosse de pistolet. C’est comme ça ma devise. Elle, je l’aie étranglée ; j’ai pris plaisir à voir la vie quitter son corps. J’ai aimé la voir trembler de peur sous ma pression. Je pris son frêle cou entre mes mains, et j’ai serré doucement d’abord, lentement, mais surement je mettais une pression sur sa douce gorge. Et ce qui était plus excitant, c’est que je lui faisais l’amour pendant que je l’étranglais. C’est fou comme j’ai adoré ces deux sensations… la peur et le plaisir. C’est par cet acte qu’on donne la vie, et c’est aussi par cet acte que je retirais la vie. Elle suffoquait et me disait que je vais la tuer… je lui ai donc dis que c’est mon intention, car elle ne couchera plus jamais avec un autre homme sur cette terre. Je fus le premier et le dernier. Elle s’est débattue comme une belle diablesse avant de finir raide morte entre mes mains. Et l’autre idiot et bien je lui ai coupé les couilles de mes propres mains. Et crois-moi qu’il ne l’avait bien grosse en plus.

Ses derniers mots me firent froid dans le dos. Cet homme n’est pas dangereux ; il est sadique. Je ne voudrai jamais avoir à faire à lui. S’il a été capable de tuer la femme qu’il disait être la femme de sa vie ainsi que son parrain, c’est qu’il serait capable de tuer tout et n’importe qui.

—J’ai fini par rester avec ma femme. Continua-t-il. J’avais certes des maitresses, mais je me suis rendu compte que la seule femme qui m’a toujours aimé c’est mon épouse. Je l’ai compris un peu trop tard peut être. Elle a été la meilleure chose qui me soit arrivée et depuis que je l’ai perdue, je ne me suis plus jamais marié. Parce que je ne pense pas pouvoir trouver en ce monde une femme aussi douce et aimante qu’elle. Mon père l’avait compris ; raison pour laquelle il a voulu de notre mariage et moi j’étais trop jeune, trop amoureux et surtout trop stupide pour m’en rendre compte.

—Je suis désolée pour ton épouse.

—Uma a été pour moi ce qu’aucune femme ne le sera. C’est vrai que j’avais changé, mais toutes les douleurs que j’ai eu à lui infliger ont eu raison d’elle. Et comme les médecins l’avaient prédit, elle n’a pu supporter une autre fausse couche. L’anxiété de la grossesse ne l’a jamais quittée, car j’ai été un salaud avec elle et ce chaque fois qu’elle était enceinte. Je regrette tellement et je serai capable de donner tout ce que j’ai pour revenir en arrière et me comporter comme un vrai homme envers elle. Et non comme ce con qui a été la cause de sa mort.

Son regard se voile de tristesse. Il n’a plus cette lueur macabre dans les yeux. Je constate qu’il a beaucoup aimé cette femme et il s’en ait rendu compte un peu trop tard. Le pauvre ! Comme je le plains. Mais je me dis aussi que Anthousa n’eusse été sa tromperie l’aimait sans doute.

Pourquoi l’a-t-elle trompé dans ce cas ?

Je ne comprendrai jamais les femmes. Elles auront toujours tout, mais ne cesserons quand même de courir après rien. Elles sont tellement paradoxales qu’elles ne se comprennent pas elles-mêmes.

—Ton regret est légitime. Toutefois, je crois que l’amour que tu avais pour Anthousa était bien plus fort que celui que tu as eu pour Uma.

—Je vois que tu ne comprends pas où je veux en venir. Par mon histoire, je voulais juste te faire comprendre qu’il y ait des types de femmes qui sont faites pour vous tirer vers le bas, vous salir, vous bafouer, vous rendre nul et j’en passe. Ces femmes te font descendre dans les abimes profonds et ne t’apportent absolument rien. Tu diras que tu es amoureux de ce genre de femme. Cependant ce n’est pas de l’amour que tu ressens pour ces dernières. C’est plutôt autre chose que je ne saurai expliquer. Elles ne t’apportent pas la quiétude qu’il te faut ; elles te détruisent à petit feu et quand tu es chanceux, tu ouvres les yeux, tard certainement, mais tu les ouvres quand même. Et puis il Ya ces femmes qui te tire de la merde ; elles te sauvent et te restaure. Ce genre de femmes, elles sont secrètes et voilées. Elles sont d’une sagesse effrayante et elles ne font pas dans la passion. Tu diras que tu n’es pas amoureux de ce type de femme, certes. Mais une chose est sûre, lorsque tu es avec elles, tu te sens bien. Tellement bien que tu as peur que ce bien être et cette quiétude ne soit une utopie.

—Mais et l’amour dans tout ça ? Qu’en fais-tu ?

—L’amour ! Tu crois en l’amour toi ?

—Oui j’y crois. J’y crois parce que c’est par amour que j’ai quitté mon ancienne femme pour Akabla.

Je lui fais un bref résumé de mon histoire. Il me regarde de plus en plus perplexe. Mais surtout je lis en lui une déception qu’il a du mal à cacher.

—Tu as été bien sot. Dit-il après mon récit.

—Sot ? En quoi ais je été sot ?

—En tout.

—Ah bon ?

—Bien évidemment. Si je m’en tiens à ce que tu me raconte, tu as abandonné ton épouse et tes deux garçons pour une femme… comme celle que tu as ? WAHOU !!! Tu m’étonne.

—Pourquoi parles-tu ainsi d’elle ? Répondis-je avec véhémence.

Le ton qu’il a employé pour parler de ma femme me met hors de moi. Je n’accepterai jamais qu’un homme puisse manquer du respect à ma femme. Il est vrai que nous traversons une étape difficile dans notre couple. Mais cela ne signifie pas qu’elle est une mauvaise femme. Je l’aime et je ferai tout mon possible pour qu’elle revienne à de meilleurs sentiments. Tous les couples ont des difficultés. Est-ce une raison pour baisser les bras et ne pas lutter pour la personne aimée ?

—Ne t’énerve pas pour si peu mon ami. Moi je dis juste ce que je pense et nous ne faisons que discuter. Je ne dis pas du mal de ta femme ; mais bon ! Termina-t-il en ricanant tel un chacal.

J’ai la mauvaise sensation qu’il me nargue. Il parle de manière voilée comme s’il se moquait de moi. Toutefois je me calme et m’excuse pour mon attitude quelque peu incongrue.

—Il n’Ya pas à s’excuser pour si peu très cher. Je te comprends et j’aurai surement réagis pareillement. Tout homme se doit de protéger la femme qu’il aime. Alors c’est tout à ton honneur de défendre bec et ongle ta moitié. J’acquiesce et il continue. Mais pour revenir à ce dont nous parlions, mon père m’a toujours dit qu’il ne suffit pas d’aimer une femme pour en faire son épouse, et pour qu’elle puisse porter vos enfants qui sont votre descendance. Un homme ne doit pas poser ses « œufs » partout et n’importe où. Une vraie femme est celle qui peut vous faire goûter son goût sans se faire embrasser. Son parfum sans se faire déshabiller. Une vraie femme est celle qui partage avec vous son cœur pas seulement son lit. Elle peut être votre meilleure amie, votre sérénité, votre fureur et votre chaleureuse maîtresse. Elle vous soutient, vous réprimande, vous fait face et vous remplit de vides, de peurs et de colère. Elle est la compagne de toutes les nuances de la vie d'un vrai homme. Tu verras que je ne te parle ni d’amour, ni de matériel.

—Je ne sais pas trop quoi dire.

—Ne dis rien. Mais retiens juste la femme vicieuse te séduit quelques heures. Alors que la femme fidèle et respectueuse te met pour la vie dans son cœur.

Les paroles de Yasser me font beaucoup réfléchir quant aux choix que j’ai eu à faire ces dernières années. Etaient-ce des choix du cœur ou de la raison ? Étaient-ils juste et à mesure de me rendre heureux ?

J’ai très vite ma réponse quand je me rends compte que je me suis laissé guider par mon cœur. Ce cœur tellement capricieux qui ne sait pas toujours ce qu’il veut. J’avoue que je suis perdu dans ces moments de réflexion. Je ne sais plus à quel saint me vouer. Et pourtant j’ai cette sensation de mal être qui me domine. J’ai tellement envie d’appeler ma mère. J’aimerai tant lui parler et qu’elle me conseille. Malheureusement je ne peux le faire. Je ne sais pas pourquoi mais je ne peux quand même le faire.

—Tu as peut-être raison fini je par dire. Les femmes ne sont pas vraiment ce qu’elles montrent ou ce qu’elles disent. Elles sont tellement insaisissables. Actuellement je traverse une situation difficile avec mon épouse. J’en souffre et elle veut même divorcer. Disons que je mets mes actions à son nom pour la rassurer de mon amour pour elle. C’est une sorte de garantie pour elle.

Il sourit. De ce sourire qui cache tellement de choses et en dit long sur ses véritables pensés.

—Encore une fois tu devrais réfléchir avant de t’engager à faire ce que tu envisage de faire. Et laisse-moi te dire que l’amour n’a pas de condition, ni de garantie. Il se donne ou ne se donne pas. Papa m’a toujours dit de faire attention aux femmes qui demandent quelque chose en retour de leur amour. Celles-ci ne sont pas ce qu’elles disent être et elles sont puérile et n’ont aucune maturité. Sinon une femme mûre ne domine pas, elle touche. Elle ne provoque pas, elle est provocante. Elle n'est pas intelligente, elle est sage. Elle ne s'insinue pas, elle montre subtilement le chemin. Elle n'est pas pressée, elle attend le bon moment. Elle ne se soucie pas de la quantité, elle préfère la qualité. Elle ne voit pas en toi un intérêt ou une valeur pécuniaire, elle regarde plutôt l’homme que tu es ; la valeur qualitative et humaine que tu es. Elle n'est pas exigeante envers toi et ne te demande pas l’impossible pour elle, elle aime juste savourer le temps qu’elle passe avec toi et profite de qui tu es, non pas de ce que tu as à offrir en matériel. Elle ne te juge pas, elle analyse et t’accorde le bénéfice du doute. Elle te réconforte, te réchauffe le cœur. Elle est sélective dans ses batailles et choisis de mener les tiens à tes côtés. Elle n'aime pas être regardée car l’œil peut oublier, elle préfère être écoutée car l’esprit et l’âme n’oublie pas. Elle ne parle pas de sexe, elle est maîtresse dans l'art de l'amour. Elle n'est pas facile, elle est flexible. Elle ne commande pas, elle gère. Elle ne renaît pas, elle est en floraison constante.  Et enfin la femme mûre est un ensemble de toutes les beautés possibles car c'est une femme avec un cœur qui aime de toutes ses forces. Mais encore et surtout, elle n’aime que toi et toi seule.

—Je vois que ton père était un homme sage.

—En effet il l’était. Je te dis tout ça afin que tu puisses comprendre. Par ailleurs j’aimerais te poser une question si tu me le permets bien entendu.

—Vas-y je t’écoute.

—Après tout ce que j’ai dit tout à l’heure, entre ton ex-femme et ta femme actuelle, laquelle s’en rapproche le plus ?

J’ai baissé la tête. Honteux. Je ne plus répondre et je crois que mon silence a été pour lui une réponse plus éloquente. Il n’est plus revenu sur le sujet et nous avons parlé affaire et autres sujets d’actualité. N’empêche que ses propos ne cessèrent de résonner dans ma tête. Et le pire c’est que je sais qu’il n’a pas vraiment tort. Ma vie a changé depuis que j’ai quitté ma femme ; mais le paradoxe, c’est que je ne me vois pas revenir avec elle.

Non je ne le peux pas ; je resterais avec Akabla. Nous règlerons nos problèmes et tout reviendra comme avant. De ça j’en suis persuadé.

 

*************************

 Un mois !

Quatre semaines !

Trente putains de jours qu’elle n’est pas rentrée et je n’ai aucune nouvelle d’elle. Ou est-elle ? que fait-elle ? Avec qui est-elle ?

Elle est injoignable et ne fais même pas l’effort de me contacter. Pourquoi fait-elle ça ? Elle ne peut m’abandonner de la sorte. Que vais-je devenir sans elle ?

J’entreprends de fouiller ses affaires pour ne serait-ce que qu’avoir une idée de l’endroit où elle peut se trouver. Et ce qui me laisse plus perplexe c’est qu’elle n’a absolument rien emporté. Elle m’a dit qu’elle sortait faire une course et depuis rien. J’ai été au poste de police mais cela n’a rien donné.

En fouillant ses affaires, je retrouve des bijoux que je ne lui ai pas offerts. Des reçus de nombreux achats mais aussi le RIB d’un compte bancaire qui reçoit plusieurs versements. Mais le plus étonnant c’est tout ce cash qu’elle a. que fait-elle avec tout ça ? Je compte et il en a pour plus de cinq millions de francs. C’est fou qu’elle ait autant d’argent sans que je ne le sache ; et surtout que ce n’est pas moi qui le lui ait donné.

Je m’assois sur le lit et je m’endors sans le savoir.

A mon réveil, il faisait déjà jour et je me sens toujours aussi fatigué. Les évènements de la veille me reviennent en tête.

—Akabla ! Dis-je à haute voix en me rappelant que c’est à elle que je pensais avant de sombrer dans le sommeil.

Je ne sais pas si c’est mon imagination qui me joue des tours ou si ce que je vois est vraiment la réalité. Mais je vois l’objet de mes pensées se matérialiser devant moi et j’ai du mal à y croire. Elle sortait de la douche. Que fait-elle là ? Quand est-elle revenue ? Et comment est-elle rentrée ? Cette dernière question n’a pas de sens dans la mesure où elle a surement les clés de la maison. Vu que c’est aussi chez elle.

—Akabla.

Elle me regarde sans rien dire. Elle m’ignore et retourne comme si de rien n’était dans la douche après avoir pris une serviette dans le placard. Je vois des valises déposer un peu partout dans la chambre comme si elle revenait de voyage.

—Akabla c’est à toi que je parle. Criais-je pour me faire entendre.

J’entends l’eau coulé, comme si elle a commencé à se laver. Cela a le don de me mettre hors de moi. C’est un manque de respect que je saurais tolérer chez moi. Dans ma propre maison, m’ignorer comme un vulgaire animal. C’est juste inacceptable pour moi.

Je la rejoins dans la douche.

—Qu’est ce qui ne va pas chez toi ? Je ne te parle mais tu m’ignore. Es-tu sourde ? Dis-je en la retournant de force.

— Lâche-moi Moctar. Suis-je obligé de te parler ?

—Oui tu es obligé de me parler car tu es dans ma maison.

Elle me rit au nez.

—Ma maison ! Ma maison ; fait-elle en m’imitant. Au cas où tu l’aurais oublié, cette maison porte mon nom et je peux même te mettre dehors si l’envie me prend. Alors je te conseille de ne pas m’énerver.

—Tu n’oserais pas.

— Mets-moi à l’essai et tu pourras le constater de par toi-même.

Je me reprends et passe une main tremblante sur mon visage. Il faut que je me calme pour qu’elle puisse me dire où elle était durant tout ce temps. Cependant j’ai l’impression que je ne vais pas aimer ce que je vais entendre. Surtout j’ai une folle envie de la tuer. Cette femme veut me pousser à bout. Comment s’est-elle transformer en une personne aussi détestable ? J’ai du mal à croire que ce soit la même femme que j’ai connue il Ya quatre ans plutôt.

—Je t’en prie ma chérie. Parle-moi. Où étais-tu ? Demandais-je en radoucissant le ton.

—Tu n’as pas besoin de le savoir. Et maintenant sors d’ici. Je dois ressortir alors laisse-moi prendre mon bain. Je n’ai pas que ça à faire.

—Tu viens à peine d’arriver et tu comptes encore ressortir ? Que vas-tu chercher encore ?

—Ce que tu ne peux et ne pourra jamais me donner. Répond-t-elle en poussant ma tête de son index.

Cette action est la goutte d’eau qui ait débordé le vase et me mets dans une colère sans nom. N’en pouvant plus, je la tire et la fait sortie de la douche. Toute nue.

—Mais lâche-moi. Qu’est ce qui te prend ? Tu me fais mal. Espèce de sale brute ! Tu n’es qu’un vau…

Elle ne finit pas sa phrase que je la jette sur le lit, avant de lui assener une belle paire de gifle. Elle me regarde étonnée.

—Maintenant tu la ferme et tu m’écoute. Sache que ma patience a des limites et ne tu la mets à rude épreuve. Je peux être doux, plus doux qu’un agneau. Mais sache aussi que je peux être le pire des monstres. Alors c’est la dernière fois que je te pose cette question, OU ETAIS TU ?

Elle me fixe d’un mauvais regard et je sens toute la haine qui boue en elle. On lui donnerait une arme qu’elle me mettrait une balle dans la tête. M’a-t-elle déjà aimé ? Sinon je ne pense pas qu’on puisse avoir autant de rancœur pour une personne qu’on prétend avoir aimé. Elle essuie les larmes qui ruissellent sur ses joues endoloris avant de répondre.

—Je ne sais pas par où commencer en fait. J’ai été à tellement d’endroit en même temps. J’ai voyagé avec tout le luxe et le confort que tu ne pourras jamais m’offrir… j’ai été avec des hommes aux chevilles desquelles tu n’arriveras jamais. J’ai côtoyé des personnes que tu ne rencontreras jamais dans ta misérable vie de chien pourris. Et je suis juste revenu ici pour prendre mes affaires et me casser d’ici. Je vends la maison, je vends tes actions, je vends tous tes biens et je divorce.

Je la regarde, les yeux grandement ouverts. N’en croyant pas mes oreilles ; j’espère qu’elle plaisante. Je l’espère vraiment…

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