11. Tromperies
Ecrit par Samensa
ELA
Je me réveille subitement en
sentant la fraicheur me pénétrer les os. David toujours endormi, me tient dans
ses bras tout contre lui. Me dégagement doucement pour éviter de le réveiller,
je consulte mon téléphone. Ce n’est pas vrai ! Non ! Il est plus de 4
heures du matin !
Je me lève en hâte pour enfiler
mes vêtements. Après un dernier regard pour mon amant, je sors de l’appartement
sur la pointe des pieds, chaussures à la main.
Dans le couloir, les lumières
sont déjà allumés. Je marche la tête baissée faisant fi des magnifiques décors
que je ne connais trop bien.
-Bonjour voisine !
La voix me surprend, me faisant
crier.
-Eh voisine, excuse moi je ne
voulais pas te faire peur.
Vraiment, si ce n’est pas la
poisse, je ne sais pas ce que c’est. J’ai devant moi le voisin d’en face, mon
ancien voisin. En son temps, il venait souvent à la maison pour regarder les
matchs avec Eric et ses amis. Ils l’appelaient tous « grand frère »
car il était le plus âgé (la quarantaine) et aimait bien donner des conseils.
On se connait bien, très bien même. Que quelqu’un me dise pourquoi cet homme ne
dort pas à cette heure ?
-Non ne t’inquiète pas. Dis-je
dans un sourire jaune.
-Ah d’accord… Mais tu habites de
nouveau ici ? Ça m’étonne parce que selon les on-dit, c’est ton beau-frère
qui est ici maintenant.
Et voici ce que je craignais.
-Non, je ne vis pas ici. Je suis
juste venue voir mon beau-frère.
-A 4 heures du matin ?
demande-t-il en haussant les sourcils.
-Oui.
-Est-ce qu’il y aurait un
problème ?
-Non !
Sans faire exprès, je réponds en
haussant le ton si bien qu’il recule légèrement surpris.
-Excuse-moi… Bonne journée !
Je me précipite dans l’ascenseur
sans un regard pour lui.
Une fois à la maison, je reste un
moment dans la voiture afin de réfléchir à tout ce qui s’est passé. J’ai trompé
mon mari. Oui, je le reconnais. Cette fois-ci, ce n’était pas une erreur mais
un choix. J’ai choisi de faire l’amour avec le frère de mon mari.
Pourquoi ? Parce que j’en avais envie.
Les gens crieront surement au
scandale devant une telle situation. Mais, ils ne savent pas ce que moi je
ressens. Ils devraient le savoir avant de me juger. Quand je suis avec David,
mes sentiments se retrouvent bouleversés. Ça l’a été depuis le premier jour de
notre rencontre et les autres fois, je convainquais ma raison que je le
haïssais. Néanmoins, mon cœur battait à un tout autre rythme. Assurément, je
suis attiré par David. Faire l’amour avec lui a aussi révélé que nous deux,
c’est exceptionnel.
Et pourtant, je suis sûre que
j’aime mon mari, pas comme au début, je le concède mais il compte beaucoup pour
moi.
Il m’est à l’heure actuelle
impossible de faire la part des choses. Peut-être que si j’en parlais à
quelqu’un, je me sentirai soulagée. Mais qui ?
Frustrée, j’envoie un coup dans
le volant en refoulant mes larmes. J’écris rapidement un SMS à ma petite
sœur :
« Salut. Si jamais Eric t’appelle,
dis-lui simplement que j’ai dormi avec toi en cité. Merci. »
Maintenant que ma couverture est quasiment assurée, je suis prête à affronter Eric.
ERIC
Lorsque je suis rentré aux
environs de minuit, Ela n’était pas à la maison. Le gardien m’a assuré qu’elle
était sortie dans l’après-midi. J’avais essayé de l’appeler vers 16 heures mais
elle n’avait pas répondu.
Je m’inquiète vraiment pour elle.
J’aurai voulu appeler nos connaissances mais je ne voulais pas inquiéter qui
que ce soit. J’ai donc décidé d’attendre le matin pour les prévenir. Angoissé à
mort, je suis resté assis dans le canapé du salon pour attendre.
Un bruit de porte qui se ferme me
réveille. J’ai dû m’endormir en attendant. Sur mon téléphone, il est déjà 5
heures. Je m’assieds en me frottant les yeux pour chasser le flou du réveil.
Dans la pénombre, je vois sa silhouette passer dans le salon.
-D’où viens-tu ?
Elle s’arrête un moment pour se retourner
vers la source de la voix avant de répondre.
-De chez ma sœur. J’avais besoin
de réfléchir.
-Tu sais que je me suis inquiété
pour toi ?
-Désolée.
-Tu aurais pu me faire signe
quand même !
-Je suis désolée.
-Arrête de me servir des
« désolée » Ela, s’il te plait.
Je soupire ne trouvant plus rien
à dire. Face à mon silence, elle prend les escaliers. Je la suis jusqu’à la
chambre. Il faut qu’on règle cette histoire pour de bon !
Lorsque j’entre dans la chambre,
elle est déjà sous la douche. Je me déshabille pour la rejoindre. Le sexe est,
selon des dires, très bon pour la réconciliation.
Elle tressaille lorsque je la
touche.
-Eh, ce n’est que moi. (Je lui
donne un baiser dans la nuque) Bébé, je t’aime tellement. Je suis tellement
désolée pour mon comportement. Excuse-moi Ela. Je t’aime si fort.
-Je t’aime aussi Eric. Dit-elle
en reniflant.
-Non, non (Je la retourne pour la
serrer contre moi) Ne pleure pas s’il te plait. Je ne veux pas que tu pleures
par ma faute.
-Oh si tu savais Eric… dit-elle
en sanglotant.
-Chuut… Doucement ma Ela chérie.
On va surmonter tout cela. Tu sais, c’est normal pour un couple de se faire de
petits palabres. C’est notre première grosse dispute (Je ris), on devrait fêter
ça ! M’exclame-je pour détendre l’atmosphère.
Je passe ma main sur son corps
mouillé. J’ai envie de faire l’amour à ma femme mais je le sens tendue. Sur son
visage, j’entreprends de baiser ses yeux lorsqu’un détail attire mon attention.
Un suçon, au niveau de son ventre. Le fait qu’elle en ait un n’est pas le souci
car la plupart du temps, je le lui en fais. Le problème est que celui-ci est récent,
trop récent.
J’effleure de mon doigt le suçon
en question.
-Ela ? Qu’est-ce que
c’est ?
Elle se crispe instantanément.
-Un suçon ! Alors maintenant
tu oublies quand tu laisses les traces de ton passage ?... Ecoute chéri,
embrasse-moi maintenant, je…
-Ne me prends pas pour un
idiot !! Je cris, hors de moi.
Mon cœur cogne tellement contre
ma poitrine que j’ai l’impression que je vais mourir de colère. En face de moi,
j’ai une femme pâle, inquiète. Ce n’est pas bon signe : elle me cache
quelque chose.
-Tu vas me dire qui t’a fait ça
sinon…
Je me tais car ce qui me vient à
l’esprit n’est pas agréable.
-C’est toi. Insiste-t-elle.
Comment tu peux penser à autre chose ? Qu’est-ce que tu crois ?
Hein ? Je ne…
Je ne l’entends plus, je vois
juste ses lèvres bouger. Et si elle m’avait menti ? Et si elle n’était pas
avec sa sœur cette nuit ? Soudain, des images d’elle dans les bras d’un
autre homme me parviennent.
Hors de contrôle, je commets
l’irréparable. Je lui assène une gifle mémorable qui l’envoie au sol.
Interdite, elle me regarde les
yeux grands ouverts. Me rendant compte de ma bêtise, je m’abaisse pour la
prendre dans mes bras. Qu’est ce qui m’a pris ? Je m’excuse alors qu’elle
se contente de pleurer en silence. A ma grande surprise, elle se laisse faire
quand je la porte jusqu’au lit et la borde.
Honteux, je me couche de mon côté
en pestant contre moi-même. Quelle preuve ai-je qu’elle me trompe ? Et si
cette trace était mon œuvre ? Je suis un idiot. J’ai frappé ma femme, nom
de Dieu. J’ai fait du mal à Ela. Si elle ne me pardonne pas, je ne m’en
remettrais pas ?
RAISSA
J’entre ma clé dans la serrure
pour ouvrir la porte. Dans le salon, c’est la pagaille. Les vêtements de David
sont éparpillés à même le sol. Et lui est profondément endormi, tout nu sur la
moquette.
Moi qui voulais lui faire une
surprise, c’est plutôt moi qui le suis. Et pas du tout agréablement. Je dépose
à la cuisine les courses que j’ai faites avant de passer au crible la scène de
crime. Il faut que je sache qui est la pétasse qui veut s’interposer entre
David et moi.
Alors que je suis investie dans
ma tâche, David se réveille. D’abord surpris en me voyant (c’est sûr qu’il
s’attendait à quelqu’un d’autre), il se lève en silence avant de se diriger
vers sa chambre.
Le pire, c’est qu’il ne m’accorde
aucune importance. J’ai tellement mal que l’homme que j’aime se comporte ainsi.
Pourquoi fait-il ça ?
Lasse, je me mets à ramasser les
vêtements à terre. J’imagine la tête de ma mère dans l’au-delà. Moi en train de
faire le ménage après qu’il se soit amusé avec une autre.
« Maman, comprends moi. Abidjan, c’est
la guerre. »
C’est effectivement la guerre.
Lui faire une scène ne sera pas à mon avantage, plutôt un prétexte pour se
débarrasser de moi. Mieux vaut me faire passer pour une victime.
Je gémis lorsque je marche sur un
objet pointu. Fouillant entre les fibres de la moquette, je retrouve l’objet
coupable. Une petite médaille d’environ 1 cm sous forme d’A serti de pierres
précieuses. Non loin, je retrouve la chaine.
Un déclic ! Je reconnais ces
bijoux.
Il y a des années, une fille
fêtait son incroyable anniversaire. Pour son anniversaire, sa grande sœur
apporta deux chaines avec une jolie médaille en forme d’A. Elle offrit l’un des
bijoux à sa sœur et garda la deuxième. Les connaisseurs étaient subjugués car
les bijoux étaient d’une valeur inestimable et surtout unique en leur genre.
La lettre A comme Aké !
Et je devine aisément à qui
appartient celui-là. Elle va me sentir passer.