17 - Complicité
Ecrit par Owali
Partie 17
- Bonjour Prince, le pays est vraiment petit hein...
Je me tournai vers ma mère d'un air interrogateur. Elle avait l'air tout aussi surprise que moi.
- Oh! Laure, tu le connais?
- Mais on a voyagé ensemble non. C'était mon voisin dans l'avion! S'exclama Laure visiblement ravie. Mais je ne savais même pas que c'était ton fils! C'est en le voyant la que je réalise.
- Ouai c'est ça. Fis-je d’un air désinvolte en m'asseyant sur le canapé en face d'elle.
Elle soupira et chercha du soutient en se tournant vers ma mère.
- Prince, tu pourrais au moins faire l'effort d'être aimable avec Laure, regarde ce qu'elle t'a apporté, un bon plat de nkoumou, fit-elle en m'indiquant une marmite posée sur la table basse.
- Hum, merci, répondis-je sans montrer plus d'intérêt.
Je ne sais pas ce qu'elles mijotent toutes les deux mais je sens que je ne vais pas aimer ça. Je viens à peine de réussir à conquérir la femme que je convoitais depuis de longs mois, ce n'est pas pour tout gâcher avec...avec cette ravissante jeune femme je dois l'avouer.
- Bon je vais ranger les parfums que tu m'as apporté, fis ma mère à l'attention de Laure. Je vous laisse faire plus ample connaissance.
Je soupirai d'exaspération et sorti mon téléphone pour envoyer des messages à Marie-Claire.
<<Hey princesse, ça va?
> Hey Konzi, ça va et toi?
<< Oui, oui je récupère peu à peu de la fatigue du voyage. Désolé de ne pas t'avoir encore rappelé
> Ne t'en fais pas je comprends.
<< Ah oui?!? Heu...qui que vous soyez je vous conseille formellement de remettre ce téléphone à ma copine!
> Ah ah! Tu es nul :p. Mea culpa c'est Aude qui m'as dit d'arrêter de te mettre la pression, alors c'est ce que j'essaie de faire.
- Mais toi, les gens viennent te voir et tu restes scotché à ton téléphone comme ça, quelles sont ces manières ?!? S’énerva Laure
J'haussai les sourcils de surprise, fit un sourire en coin sans la regarder et continuai ce que je faisais.
<< Je suis fière de toi princesse, je t'appelle ce soir. Aujourd'hui je dois faire un tour avec mon père.
> Ah oui? Ils vont bien tes parents? Ils ont appréciés les cadeaux?
J'avais profité de ma semaine à Paris pour prendre quelques petits cadeaux avec elle. En plus de ce que je leur avais déjà acheté. Marie-Claire avait tenu à offrir à ma mère un sac de marque et son portefeuille à sortie ainsi que quelques beaux foulards. Mon père quant à lui avait eu droit à un livre de pâtisserie dédicacé par un grand chef pour qui elle avait réalisé l'aménagement de la boutique. Ma sœur et sa fille n'avaient pas été en reste. Je lui avais dit qu'elle n'était pas obligé, d'autant plus qu'elle ne les connaissait pas. Mais, faisant fi de mon avis, elle avait mis les affaires dans ma valise à mon insu. Ce n'est qu'à mon arrivé, en défaisant mes bagages que je m'en était rendu compte.
Ah la la...une vraie perle cette femme!
<< Je ne leur ai pas encore remis les cadeaux, je n’ai pas eu la force depuis. Je vais le faire aujourd’hui.
> Ok tiens moi au courant. J'y vais, j'ai rendez-vous avec le responsable des services généraux du centre commercial de Lille.
<< Ah ça y est, ils ont retenu ton projet?
> Je le saurai dans quelques heures, c'est le dernier round des consultations;
<< Ok. Je sais que tu vas assurer, you're the best...
> The best woman with the best man...my man <3 Luv u
<< Luv u too. kiss
Je posai mon téléphone le cœur plus léger. Le simple fait de lui parler m'apaise et me rend moins irascible.
-Bon je t’écoute maintenant, qu’est-ce que tu me veux ?
- Mais...heu comment ça? Je suis venue te voir...
J'eu un rire nerveux.
La go là est sérieuse ?
- Tu viens me voir parce que...on se connait?
Elle soupira, elle avait tout d'un coup l'air mal à l'aise. Je décidai de calmer le jeu.
- Merci pour le Nkoumou...
- Oh! De rien, ce fut un plaisir, répondit-elle avec un grand sourire. Ta mère m'a dit que tu en raffolais quand tu étais plus jeune.
- Ah oui?!? Et que t'a t-elle dit d'autre à mon sujet?
- Oh! Beaucoup de chose. Elle m'a dit que tu étais fan de foot, que tu passais beaucoup de temps à jouer sur les consoles quand tu étais plus jeune. Elle m'a aussi dit que tu étais un bon élève à l'école, ce qui t'a valu d'avoir un bon métier en Suisse c'est ça?
- Eh ben! Pas mal...je suis impressionné. Désolé de ne pas pouvoir en dire autant te concernant. Elle ne m'a jamais parlé de toi.
- Ah bon? Fit-elle un peu déçue. Bon ce n'est pas grave, on peut y remédier.
Est-ce que je t'ai dit que ta vie m'intéresse?
- Bien sur, qui es-tu?
Elle se redressa sur le canapé.
- Alors je m'appelle Laure Okemba, je suis congolaise et je suis actuellement la gérante du Poubara.
- Le Poubara...l'hôtel d'Edith, l'ancienne première dame?
- Oui...heu, en fait je suis plus ou moins proche de la famille présidentielle du Congo. Mais pour des raisons personnelles j'ai voulu m'isoler un peu et c'est comme ça que je suis venue retrouver ma mère ici.
- Ok. Et la vie ici te plait?
- Bah écoute oui ça va. Ça ne fait qu'un an que je suis la mais j'ai plutôt bien trouvé mes marques. Je me suis fait des amis et j'aime mon boulot. En fait, aujourd'hui il ne me reste plus qu'à trouver un homme pour parfaire mon bonheur... finit-elle avec un sourire coquin plein de sous-entendus
- Cool, bah ce n'est pas ce qui manque ici, ça va aller.
- Oh! Si tu savais...à mon âge ce n'est plus aussi facile que ça...
- Pourquoi? Tu as quel âge?
- 32 ans. Mais bon, parlons d'autre chose s'il te plait. Tu es là pour combien de temps?
- 3 semaines, ma mère ne te l'a pas dit ça?
- Ah ah ah! Non non en fait je revenais d'un mois à New York lorsqu'on s'est retrouvé dans le même vol à Paris. Du coup, ce n'est qu'aujourd'hui que je la revois depuis un moment.
- Ok.
Ma mère revint au salon.
- Alors, vous avez pu discuter un peu, fit-elle à l'attention de Laure.
- Oui, oui, répondit-elle toute joyeuse. Je pense qu'on va bien s'entendre, n'est-ce pas Prince?
Je ne suivais déjà plus leur conversation, j'avisais l'heure sur l'horloge du salon. Il allait bientôt être midi et mon ventre commençait à gargouiller.
- Excusez-moi mesdames mais je vais aller me rafraîchir et me changer, papa ne va pas tarder à venir me chercher.
- Mais tu ne manges pas d'abord un peu? Me demanda ma mère. Il faut quand même faire honneur à son plat.
- Si si je vais manger plus tard, mais la j'avais prévue d'aller au restaurant avec Papa. Merci encore Laure.
- Oh il n'y a pas de problème, d'ailleurs prend mon numéro si jamais tu as envie d'un autre plat ou je ne sais pas sortir par exemple tu peux me faire signe.
- Heu...okay, répondis-je en me levant.
Nous échangeâmes nos numéros et je pris congé d'elle. Elle en profita pour s'en aller à son tour accompagnée de très près par ma mère. Je n'aime pas ce qui est en train de se passer.
C'est clair comme le nez au milieu du visage, ma mère a envie de me caser avec cette femme.
=-=
- Ah ça! Vraiment Papa je suis très impressionnée par tous le travail abattu ici! Tu es un vrai chef d'entreprise la.
- On se bat mon fils, le travail du pain n'est vraiment pas facile. Il faut se lever tôt pour que les pains puissent se retrouver à 7h, 11h et 17h chez tous les boutiquiers de la ville, ça n'arrête pas. Heureusement que j'ai embauché des petits que j'ai formé la, ils maîtrisent bien le métier et sont sérieux donc je peux davantage me concentrer sur la pâtisserie.
- Ah oui! D'ailleurs à ce propos, j'ai un petit quelque chose pour toi, fait moi penser quand on va rentrer tout à l'heure.
- Ok. Bon alors je vais te montrer la pâtisserie et on va rentrer ensuite.
Nous étions dans la boulangerie de mon père, où je devrais plutôt dire son usine à pain car étant devenu le principale fournisseurs de la ville, il y produisait des quantités astronomiques de baguette. J'étais très impressionné par son esprit d'entrepreneur. Dire qu'il n'était partie de rien, et aujourd'hui à force de travail et d'abnégation il avait réussi à détrôner ceux qui jusque-là avaient le monopole du marché. Aujourd’hui il était celui qui nourrissait des familles entières et ce, dans l'anonymat le plus total car très discret, il n'avait rien changé à son niveau de vie.
- Papa, je me répète encore mais vraiment, chapeau hein! Lui dis-je en sortant de sa pâtisserie. C'est propre, le cadre est sobre, les produits sont bien mis en valeur, et la clientèle est au rendez-vous. Que demander de plus?
- Il faut demander la santé mon fils, il faut demander la santé. Pour que tout cela puisse perdurer il faut la santé car sans cela je ne pourrais pas travailler et sans le travail, rien n'est possible.
- Ça tu l'as dit. Mais une question me taraude, que faites-vous de tous l'argent que vous gagnez? Je vois bien que le business marche et pourtant, maman et toi avez l'air toujours aussi pauvres qu'avant...
- Pauvres?!? Ah ah ah mon fils, c'est parce que tu es maintenant grand quelqu'un chez les blancs que tu nous traites de pauvres aujourd'hui?!? N'oublie pas que c'est cette pauvreté qui a fait de toi ce que tu es aujourd'hui hein!
- Nooon, ne le prend pas mal papa, ce n'est pas du tout ce que j'ai voulu dire et tu le sais. C'est jusque je trouve qu'avec tout le mal que vous vous donnez, vous avez le droit de pouvoir quand même jouir du dure fruit de votre labeur. Je ne sais pas, arranger la maison, acheter des nouveaux meubles, une nouvelle voiture...tout ça quoi.
- Ah je vois ce que tu veux dire! Mais en réalité ce que toi tu considères comme des signes extérieur de pauvreté avec tes yeux d'européens, pour nous qui vivons ici tous les jours, c'est un havre de paix. Je suis un enfant du village et je ne m'imagine pas du jour au lendemain à vivre ailleurs qu'au milieu de la forêt. Tu sais que j'ai travaillé pendant de longues années avec le préfet, j’ai vu comment il vivait dans les grandes villa climatisées avec des grandes barrières autour pour se couper du reste du monde. Je n’aspire pas à ce genre de vie moi.
- Oui mais bon papa, il y a quand même un juste milieu entre vivre dans une maison en semi dure en proie à la chaleur, aux moustiques et l’eau quand il pleut et une grande villa climatisé! Et pourtant je vous ai envoyé de l’argent pour ça, qu’est-ce qui s’est passé ?
Nous avions quitté le centre-ville où se situait la pâtisserie et roulions déjà depuis un moment en direction de la gare ferroviaire.
- Où allons-nous ?
Mon téléphone de France se mit à sonner au même moment, ne lui laissant pas le temps de répondre.C'était Marie-Claire.
~ Hey Princesse!
~ Caaa y essstttt! C'est mon projet qui a été retenuuuuu!!!
~ C'est vrai?!? Ah c'est super chérie! Tu vois je t'avais dit que tu étais la meilleure!
~ Ah la la! Je suis trop contente! Les gens me prennent pour une folle tellement je saute et crie partout!
~ Bon jusque la rien de nouveau...ah ah ah!
~ RRraahh Konzi! Tu as la chance d'être loin, autrement je t'aurai...
~ C'est bon, c'est bon excuse-moi princesse, je suis fière de toi! Tu as travaillé dure pour ça!
~ Mercciiiii! Ah la la, il faut que j'appelle Aude et mon père et mon frère
~ Quoi je suis la première personne à qui tu en parles?
~ Euh! Ben ouai...c'est vrai en plus. Tu es la première personne à qui j'ai pensé...
~ Wow...quel honneur!
Elle marmonna quelque chose que je ne saisis pas.
~ Excuse moi princesse mais je ne t'ai pas entendu
~ Rien...je n'ai rien dit. Bon allez on s'appelle plus tard. Bisous.
~ Bisous
Je raccrochais et me retournai vers mon père qui avait un large sourire dessiné sur son visage.
- Ça c'était ma belle-fille ou bien?
- Hum...ça se pourrait bien.
- Comment ça se pourrait bien? Tu n'es pas sûr de ton choix?
- Si, si...je suis sûr que je pourrais être bien avec elle mais...je ne sais pas si ça va marcher entre nous...dans la durée
- Et pourtant vous avez l'air de bien vous entendre la!
- Notre histoire est toutes récente et même s'il est vraie qu'on est sur la même longueur d'onde sur beaucoup d'aspect, une fois l'excitation de la découverte de l'autre lors des premiers mois passée, je...je ne sais pas.
- Qu'est-ce que tu crains mon fils?
Je soupirai profondément avant de me confier à mon père. Si je ne lui parlais pas de ça? A qui pourrais-je bien le faire?
Il était 17h et le soleil commençait à décliner lorsqu'il arrêta le monteur alors que nous étions au milieu de nulle part.
- Hum mon fils, on va se parler d'homme à homme aujourd'hui. Descends, nous sommes arrivés.
- Hein comment ça? Arrivés ou?
- Descends tu vas voir.
Nous descendîmes de la voiture et je le suivi sur une piste sinueuse qui s'enfonçait dans la forêt. Au bout de 5 min nous arrivâmes dans une clairière au milieu de laquelle se dressait une magnifique maison en bois.
- Mais, mais qu'est-ce que c'est?!?
- Mais c'est mon juste milieu mon fils...
HEIN ?
Il me fit faire le tour d'une magnifique propriété traversée par une rivière et qui s'étendait sur un hectare de plantation en tout genre. Pour vivre heureux il faut vivre caché était un adage que mon père avait pris au pied de la lettre. Personne à part lui et moi n'était au courant de l'existence de cette maison qu'il venait d'achever avec toutes ses économies et qu'il comptait offrir à sa femme pour leur prochain anniversaire de mariage.
Mon père est mon héros.
On y passa une bonne partie de la soirée au cours de laquelle il me partagea sa vision des relations entre les hommes et les femmes. Même si je le trouvais un peu archaïque, j'étais plutôt d'accord avec lui sur un certain nombre de point. Concernant mon pseudo handicap, il me fit comprendre que tous les blocages se situaient à mon niveau et que lorsque j'aurai compris que le plus important n'était pas la longueur mais plutôt la façon dont j'allais me servir de mon membre, j'aurai tout gagné.
- Il est important que tu établisses une relation de confiance totale avec ton partenaire. Il ne doit demeurer aucune gêne entre vous. Surtout ne te précipite pas, ça ne fera qu'accentuer le sentiment de frustration et de ton côté et de celui de ta partenaire. Prends le temps de connaitre son corps, les zones où elle est plus ou mois sensible. Un homme moyennement membré sachant s'y prendre pour donner du plaisir à sa partenaire sera toujours un meilleur amant que celui qui n'aura jamais pris cette peine, se contentant uniquement d'entrer et de sortir comme un bourrin.
Ça c'était bien vrai!
C'est remonté comme un coq que nous rentrâmes à la maison. J'étais heureux d'avoir pu partager un moment de complicité avec mon père. En rentrant je me dirigeais directement vers ma chambre pour récupérer les cadeaux que Marie-Claire avaient pris pour mes parents avant d'oublier. Les bras chargés, je me dirigeai vers le salon où mes parents étaient installés pour regarder le journal télévisé.
- Depuis que je suis arrivé, je n'avais pas encore pris la peine de déballer mes affaires. Maman voilà pour toi, fis-je en lui remettant deux gros paquets. Papa, ça c'est pour toi, ajoutai-je en lui donnant un paquet de taille moyenne.
- Ah je vois que c'est moi qu'on néglige ici hein...ce n'est pas grave merci mon fils, fit mon père
- Papa il ne faut pas suivre la taille des paquets, si maintenant ce sont les bâtons de manioc qui sont dedans. Ah ah ah
- Mokonzi tu joues avec moi hein! Fit-elle toute contente d'ouvrir ses paquets
Mon père arborait fièrement la montre suisse que je lui avais offert et fut émue lorsqu'il découvrit le livre dédicacé.
- Tu as trouvé une femme mon fils...
Ma mère ne faisant pas attention à ses propos s'extasiait devant les derniers modèles de pagne wax tout droit sortie des usines hollandaise que je lui avais apporté.
Lorsqu'elle découvrit le sac et le porte feuille du gros sac d'emballage Valentino elle se mit à sauter dans tous les sens.
- OOohhh j'ai gagné ooohhh!!! Mon fils est bénie oooohhh! Qui va me voir dans la ville???
Elle mit son sac à l'épaule et se mit sur la pointe de ses pieds et défila devant comme un mannequin en nous regardant de haut.
Mon père et moi étions pliés de rire.
- Bon, sinon il faudra remercier ta belle-fille hein, c'est qui t'as offert ça!
Elle bloqua son geste, retira le sac de son épaule et le jeta sur le fauteuil comme un vulgaire torchon.
- Si elle croit que c'est avec ses sacs tout droit venue de Chine qu'elle va m'acheter, elle se met le doigt dans l'œil! Klock
- Venue de Chine??? M'exclamais-je complètement abasourdit
- Valentino c'est quoi?!? Tchip ce n'est même pas Louis Vuitton ou Channel. Tu peux remballer ça, je n'en veux pas. Fit-elle avant d'aller dans sa chambre.
Littéralement sur le cul, je me tournais vers mon père médusé, il me fit un regard désolé.
Pourquoi les choses ne peuvent jamais être simples ?
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