19. Disputes entre frères

Ecrit par Samensa

ELA

Afin de ne pas éveiller les soupçons, j’ai opté pour les transports en commun pour rejoindre David qui m’attendait à un arrêt pour qu’on puisse continuer ensemble avec sa voiture. Après avoir fait les courses dans la supérette d’une station, nous nous sommes rendus à la maison de mes parents.

C’est une villa basse de 3 pièces située en bordure de lagune. Comparée aux autres biens mobiliers de la famille, elle est plutôt modeste. C’est la première maison que mes parents ont faite construire lorsqu’ils commençaient à faire fortune. C’est en quelque sorte leur bébé.

-J’aimerais rester ici pour toujours avec toi Ayehla ! dit David en passant son bras autour de mon cou pour m’attirer à lui.

Alors qu’il pose un baiser sur mon front, je le repousse doucement.

-Non arrête. On est venu ici pour discuter pas pour…ça.

-Oh s’il te plait. Tu crois vraiment que nous avons fait toute cette distance pour parler ?... Je t’ai dans la peau Ayehla ! Tu ne le vois pas ?

-Je… Non, arrête ce que tu fais là ! On est censé parler, essayer d’arranger tout ça. David, on ne peut pas continuer ainsi. Je ne peux plus tromper mon…

Ma voix se fait de plus en plus inaudible au fur et à mesure qu’il s’approche de moi et les mots meurent sur mes lèvres lorsqu’il les prend dans un baiser. Je soupire d’extase lorsqu’il me serre tout contre lui.

C’est tellement bon de sentir son parfum, toute la puissance dans ses muscles autour de moi. C’est fou comme j’ai l’impression d’être en sécurité dans ses bras.

Il me soulève pour m’allonger sur le canapé et retrousse ma robe jusqu’à mon ventre. Je le regarde avec désir enlever sa ceinture et sortir son membre de son pantalon. Des papillons dans le ventre, je le tire vers moi pour l’embrasser. D’un geste rapide, il passe mon string sur le côté et me pénètre.

-Ayehla, je t’aime tellement. Je suis fou de toi.

Il commence à bouger en moi. Chacun de ses coups m’arrache un cri, un gémissement.

-Dis-moi que tu vas divorcer… Je ne supporte plus de savoir que tu sois avec lui, que tu dormes avec lui…

Entre ses coups de rein et l’émotion de l’entendre dire ça, je ne peux placer aucun mot.

-Parle-moi bébé. Parle-moi… bon sang, je te dis que je t’aime !

-Je t’aime aussi.

Je réponds dans un sanglot pendant que je le sens se vider en moi. Le temps de reprendre nos souffles, il me couvre de baisers en me disant qu’il m’aime.

Plus tard, nous passons du temps à la piscine en attendant de nous faire livrer la nourriture. Je suis tellement épuisée que je n’ai aucune envie de déballer les courses pour nous faire à manger.

Couchée dans un transat, je me contente de regarder David faire des longueurs. C’est indéniable, ce moment est magique. Je suis heureuse d’être ici avec lui, seuls dans notre petit monde faisant abstraction de toutes les embrouilles qui puissent nous entourer. Je me sens merveilleusement bien.

Lorsqu’on sonne à la porte, je passe une serviette autour de ma poitrine et court ouvrir.

Nom de Dieu !

Eric est debout devant moi, un sourire aux lèvres. Je recule automatiquement quand il met un pied à l’intérieur manquant de trébucher, mes jambes flageolantes.

-Ayehla, c’est déjà le livreur du restaurant ? crie David en entrant dans la pièce.

-Bonsoir mon amour. dit-il à mon attention avant de se tourner vers David. Comment tu vas grand frère ?

Contrairement à moi, David parait très calme. Les deux hommes se jaugent du regard en silence. Très décontracté, il entre et va s’assoir sur le canapé.

-Ta mère m’a appelé Ela. Api est actuellement au Ghana. Je ne vois donc pas la raison pour laquelle tu es ici. Va chercher tes affaires, je te ramène à la maison.

Mes pieds refusent de bouger.

-J’ai dit : Va chercher tes affaires ! Crie-t-il.

-Ne lui crie pas dessus ! répond David.

-Pardon ? Demande doucement Éric en se levant. Tu dis quoi là ? Euh, c’est à ma femme que je parlais.

- Parle-lui avec respect !

Eric se rapproche de David et lui souffle au visage :

-C’est ma femme et je lui parle comme je veux. Compris ?

Il me prend par le bras et me pousse vers le couloir menant aux chambres en me gueulant d’aller prendre mes affaires. Je retombe violemment sur mes genoux.

-Merde ! Tu ne la pousses pas ! Crie David en repoussant son frère.

-Quoi ? En plus de baiser ma femme, tu vas m’apprendre comment la tenir ? Me donner des ordres ? (il se tourne vers moi) Toi, si dans 2 secondes tu n’as pas rassemblé tes affaires, tu vas me connaitre.

-Non, reste là Ayehla.

J’adresse un regard désolé à David avant de filer prendre mes affaires. Tremblant de peur, je n’arrive même pas à plier mes vêtements. Un vertige m’oblige à m’assoir pour me calmer. Je peux entendre les éclats de leurs voix.

-Tu n’iras nulle part avec elle ! crie David.

-Parce que toi tu vas m’en empêcher ? demande Eric.

Je l’entends rire gravement.

-Ça c’est la meilleure ! Mon frère qui se tape ma femme et qui veut jouer son rôle de grand frère en m’ordonnant des choses. Tu sais quoi ? Va te faire voir ! Espèces de salaud !

-Je me fiche de ce que tu penses de moi. Tout ce que je te dis, c’est de la respecter.

-Est-ce que toi tu la respectes ? Tu couches une femme mariée ! Ma femme ! La femme de ton frère ! Ce n’est pas de ta faute, c’est plutôt elle qui n’a pas su garder ses jambes fermées.

Mon cœur se serre à ces mots. Je me mets à pleurer silencieusement.

Je sursaute surprise lorsqu’Eric entre dans la chambre avec David à sa suite.

-Tu fais quoi assise là ? Prends tes affaires et on s’en va !

-Eric, s’il te plait, je…

-Ferme là ! Ela, ferme là ! Je ne veux rien entendre. Juste habille toi et on part. Maintenant !

David m’arrache des bras le sac dans lequel je m’étais atteler à ranger mes affaires et le jette dans un coin de la chambre.

-Elle n’ira nulle part avec toi ! Je ne la laisserai partir nulle part, surtout pas avec un homme dans ton état.

Ignorant David, Eric se tourne vers moi.

-Je suis très calme jusqu’à présent Ché-rie. Ne me pousse pas à bout. Ramasse tes affaires et on dégage. Je t’attends à la voiture. Oh eh, surtout ne tarde pas !

-Tu ne peux pas y aller avec lui ! s’exclame David une fois son frère parti.

-Tu crois que j’ai le choix, là ? M’écrie-je à mon tour. Il sait tout !

-Raison de plus de ne pas le suivre… bébé je m’inquiète de ce qu’il pourrait te faire une fois seuls.

-Il ne me fera rien.

-Comment tu peux en être sûre ?

-Je sais qu’il est en colère mais… Laisse-moi arranger tout ça… Je t’appellerai.

J’esquive le baiser qu’il s’apprête à me donner et sort en courant de la maison.

Pendant le trajet, l’homme assis près de moi, ne dit mot. Il chante plutôt des chansons du groupe Zouglou Espoir 2000 qui passent dans le lecteur. Rien ne peut laisser penser qu’il s’agit d’un homme qui vient de découvrir sa femme avec son amant.

Je suis juste emplie de honte, de gêne. Je me contente de rester recroqueviller sur mon siège, la main posée sur mon ventre qui tourne comme s’il y avait un tourbillon à l’intérieur. Nous sommes même obligés de faire plusieurs haltes pour que je soulage mon estomac et acheter des médicaments.

Dès que nous arrivons à la maison, il me demande de monter dans la chambre. Je vais m’y assoir sagement en appréhendant le feu de l’enfer qui s’abattra surement sur moi.

-Tu fais quoi assise là ? Demande mon mari en entrant dans la chambre.

-Je … Je…

-Va prendre une douche. J’ai demandé qu’on te fasse ton thé préféré. Tu vas le prendre et ensuite tu pourras te reposer. C’est bon ?

Qu’est-ce que je peux répondre à ça hormis me lever pour aller faire ce qu’il me demande. Je prends ma douche, la tête sur le point d’exploser. Pourquoi il ne dit rien ? Pourquoi il ne crie pas ?

Quand je retourne au lit, Eric est concentré sur son ordinateur et ne m’accorde aucune attention.

-Eric ?

-Quoi ? répond-il le nez dans son ordinateur.

-Il faut qu’on parle.

-De quoi ?

-Ne fais pas ça, s’il te plait. Comportons nous comme des gens responsables et discutons.

-Quand on parle de responsabilité, de grâce, ne t’y mets pas aussi Ela.

-Bon sang Eric ! Parle-moi !

-Pour te dire quoi ? Crie-t-il en fermant violemment le clapet de son ordinateur. Hein ? (Il respire pour se calmer) Couche toi maintenant.

-Mais merde ! J’ai couché avec ton frère ! Je t’ai trompé ! Je m’écrie.

-Je sais. Répond-il calmement en se dirigeant vers la salle de bain.

Hystérique, je cours après lui pour l’empêcher d’aller plus loin. Je le tire par le col de son t-shirt pour l’obliger à m’écouter. Dans son regard, je peux lire toute la douleur qu’il essaie tant bien que mal de dissimuler.

-Eric réagis bon sang ! Pourquoi tu ne dis rien ?

Je me mets à sangloter.

-Je n’ai rien à dire Ela. Rien du tout. Tu peux pleurer, crier, tempêter, moi je n’ai rien à dire. Je suis désolée si tu te détestes toi-même d’être une moins-que-rien, une pute, une salope. Tu es tombée bien bas ma pauvre fille.

-Eric ! (Je l’attrape par le col) Ne m’ignore pas !

Exaspéré, il me jette sur le côté pour pouvoir passer. J’atterrie, fesses au sol.

Lorsque j’essaie de me lever, une violente douleur m’en empêche. Je porte ma main à mon entre-jambe lorsque j’y sens un liquide me mouiller. Du sang ! C’est du sang ! Mon cri attire l’attention de mon mari qui vient m’aider à me lever. Malgré tout, je n’arrive pas à tenir sur mes jambes. La douleur est horrible. Ma vue s’affaiblit. Je ne sens plus mon corps. Je sombre dans le noir.

 

ERIC

Dans la salle d’attente, mes parents et mes beaux-parents sont assis le visage grave. Depuis hier nuit où j’ai envoyé ma femme à l’hôpital, nous sommes en attente d’une nouvelle qu’on espère bonne. Ça tarde, il est presque 10 heures du matin.

Selon le médecin, Ela a failli faire une fausse couche. Nous attendons maintenant qu’elle sorte des urgences pour aller la voir.

Enceinte ! Elle était enceinte ! Enfin, elle l’est toujours.

Quand je pense à ce mot, la seule envie qui me passe par la tête, c’est de prendre mon flingue et d’aller mettre une balle à mon frère. Est-ce qu’elle savait qu’elle attendait un enfant ? Non je ne pense pas. Est-ce qu’elle sait qui est le père de son enfant ? ca j’aimerais bien le savoir.

Rodrigue arrive et nous allons dans les toilettes. Là-bas et devant mon ami, j’ai enfin l’occasion de me libérer de tout ce poids sur mes épaules. Il ne me calme pas. Au contraire, il me demande de faire sortir ce que je ressens car j’ai besoin d’avoir les idées claires pour la suite.

 

INDECISE