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Ecrit par Lilly Rose AGNOURET

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Vendredi matin, alors que je suis dans la cuisine en train de faire la vaisselle, en chantant, ma mère arrive. Elle ne travaille pas ce matin. Les enseignants sont en grève. J'ai la chance d'être d'un collège privé, car nos professeurs ne font pas grève.

« J'ai reçu tes beaux-parents hier. »

« C'est quoi cette histoire ! »

« J'ai appelé ta fameuse belle-mère, Cassandra. Elle est passée en fin de journée avec son époux. Tu étais chez Jileska à ce moment-là. »

« Et, pourquoi les as-tu appelés ? »

« Je voulais discuter avec Cassandra avant votre départ pour Libreville. Tu les as déjà rencontrés, mais moi, jamais. Alors je voulais m'assurer que tout ira bien. »

« Ok. Et ils sont venus ici. »

« Oui, juste histoire de faire connaissance. Leur fils est amoureux ; ils veulent s'assurer que tout va bien de ton côté. »

« Donc Cassandra a accepté de venir ici !!! ce doit être la curiosité qui l'a emmenée ici. Ça m'étonne d'elle ! »

« Oh ! C'est vrai que j'ai eu l'impression que c'est Rico, le père de Miro, qui voulait me rencontrer. Apparemment, ma chérie, leur fils leur a dit qu'il a l'intention de faire de toi son épouse. »

« Oh ! Je ...Je... »

« Pas la peine de bégayer avec moi, je ne fais que te rapporter ce qu'ils m'ont dit. Ils disent qu'il a déjà eu des petites amies, mais que tu es la première à laquelle il tient autant. »

« Bon...je...Euh ! »

« Tout d'un coup, tu ne sais plus quoi dire, toi que je connais bavarde. »

« Mais que veux-tu que je te dise, maman. Je sais qu'il discute avec ses parents ; je suis juste étonnée qu'ils en sachent autant. »

« Donc, si je comprends bien, Miro ne t'a jamais rien dit de tel ? »

« Maman ! J'en sais rien, moi. Je... »

« Écoute, je n'ai pas envie de discuter à tort et à travers. Ce que je veux te faire comprendre, c'est que ce garçon t'aime et veux faire un long chemin avec toi. De grâce, ma chérie, comporte-toi sainement et dignement avec lui. »

« Mais maman, je n'ai jamais eu de comportement indigne avec lui ! »

« Je sais comment tu es, je le sais. Ce que je veux, c'est que tu ne changes pas. Ne te laisse jamais influencée, d'accord. »

« Je ne comprends rien à ce que tu veux m'entendre dire, maman. »

« Viens, suis-moi. Je vais te confier quelque chose. »

 

Je laisse la vaisselle et suis ma mère jusque dans sa chambre. Arrivée là, elle ferme la porte et me conduit vers son lit. Nous nous asseyons là, l'une à côté de l'autre. Ça m'inquiète un peu alors, je luis dis :

« Maman, qu'as-tu de si secret à me dire ? Tu m'inquiètes. »

« Je voulais juste te dire que quelles que soient les circonstances, reste tranquille. Ces gens que j'ai rencontrées, sont vraiment très bien. De même pour leur fils. J'aimerais que tu fasses très attention, ma chérie. Dis-en le moins possible à tes amis. Cultive-toi un jardin secret. »

« Mais maman, mes copines sont géniales ! Jamais, il ne leur viendrait l'idée de me chipper Miro !!! »

« Ma fille, écoute-moi quand je te parle. Je me fais peut-être des films, mais je veux juste que tu sois vigilante jusqu'au jour où enfin, tu auras la bague au doigt. »

« Ah, ok. Je vois que ton esprit est déjà loin, ma petite maman. Ce jeune homme t'a vraiment mise dans la poche. »

« Comme tu dis, j'avoue que j'aime beaucoup Miro. Il est intelligent et bien élevé. A moins, je n'aurais pas à me battre avec la mauvaise éducation d'un pauvre type que tu aurais ramassé, je ne sais où. »

« Ok, madame ma mère. Mais je te signale que je suis encore loin de me marier. Je dois d'abord finir mes études et trouver du travail. Ensuite, on verra. »

« Laisse Dieu en décider, ma chérie. Laisse Dieu en décidé. Tiens, je voulais te remettre ceci. »

« Qu'est-ce que c'est ? »

« Ton cadeau, ma fille. Ouvre-le. »

J'ouvre le petit paquet que m'a remis ma mère et je me retrouve avec un très beau bijou entre les mains. Une chaîne en or avec un pendentif en forme de dauphin.

« Oh, comme c'est beau ! Merci maman. Mais, ça dû te coûter une petite fortune. »

Elle me regarde alors intensément. Puis, son regard se perd dans le vide. Un silence nous envahit. Je le romps en disant :

« Maman, tu es avec moi ? Maman... »

« Je ne sais pas, ma chérie. je...en fait, la visite des parents de Miro m'a bouleversée. Je...Je. »

Elle s'arrête de nouveau et son regard se perd encore dans le vide. J'ai comme l'impression qu'il y a quelque chose qui lui pèse sur le cœur. Je dois me dépêcher d'aller me préparer, mais je préfère rester là. Du moins, je n'aurais pas les idées claires tant que je ne saurais pas ce à quoi pense maman.

« Maman, qu'est-ce qu'il y a ? Tu sembles tout d'un coup sur une autre planète.

« J'ai acheté ce bijou il y a 26 ans. »

« Non, sans blague ! Et tu l'as conservé toutes ces années ! »

« J'avais 22 ans, lorsque je l'ai acheté. Je comptais le porter le jour de mes fiançailles. Elles n'ont jamais eu lieu, alors, j'ai gardé ce bijou, comme ça, car je ne savais quoi en faire. »

« Euh, sois plus claire maman. Tu t'es fiancée à 22 ans !« Cette imbécile de Larissa que tu as revue au marché et qui était avec ton père ! »

« Bien, je crois qu'il faut que je te raconte tout. Je fais comme une crise d'angoisse depuis hier. C'est peut-être bête, mais je ne sais pas pourquoi, J'ai l'impression de revivre une scène de ma jeunesse. »

« Mais encore, maman ? Sois claire. »

« Cette imbécile de Larissa que tu as revue au marché et qui était avec ton père !»

« Oui, Larissa, oui. Je t'écoute. Que vient-elle faire dans la conversation ? »

« Elle et moi étions amies autrefois. »

Yo !!!! C'est quoi cette histoire !!! Me voilà qui saute du lit tellement je tombe des nues.

« Mais maman, si Larissa n'a que 35 ans, elle ne peut pas être ton amie d'enfance !

« Chérie, j'ai 48 ans aujourd'hui. Et si cette chère Larrisa a 35 ans, je me coupe une jambe tout de suite ! Elle a 2 ans de plus que moi. Nous avons été à l'école ensemble. Elle arrivait de Mandji Ndolo avec sa mère. Sa fameuse mère ! »

« Yo ! Mais maman, c'est pas possible ! Larrissa ne peut pas avoir 50 ans ! Non, ce n'est pas possible. Elle est encore toute fraîche et...»

« Ma fille, laisse tomber tout cela. Elle s'est fait refaire les seins ! Elle n'a jamais eu d'enfant, donc, elle est bien conservée. Mais elle a 50 ans. »

« Non, là, balance la doc, la vieille, parce que je suis que dépassée. »

« Bien, j'avais 20 ans. Un homme blanc est tombé follement amoureux de moi. Le type était directeur d'un grand magasin de Port-Gentil. Il venait de Toulouse. Il m'offrait des bijoux, il m'achetait les vêtements les plus beaux. Il me donnait de l'argent. Je ne manquais de rien avec lui. Le type était tellement fou de moi, qu'e deux ans après notre rencontre, il a demandé ma main aux parents, parce qu'il devait rentrer en France et voulait m'emmener avec lui. »

« Et que s'est-il passé, maman ? Pourquoi ne t'es-tu pas mariée ? »

« La copine que j'avais m'a joué le coup du siècle. J'étais jeune et naïve. Elle était comme une grande sœur. Votre mère Agnès était trop jeune pour écouter mes histoires de cœur ; c'est donc à Larissa que je me confiais. Il se trouve que la mère de Larissa était une grande féticheuse. Les gens allaient la voir pour tout et n'importe quoi. Les femmes allaient la voir pour attacher les hommes et les hommes allaient la voir pour rendre leurs femmes maboules d'amour pour eux ; tu comprends. »

« Oui, je vois que les choses n'ont pas changé aujourd'hui, c'est pareil ! »

« C'est justement là où je voulais en venir ! Sois vigilante ma chérie et surtout ne te laisse entraîner par personne vers ces pratiques-là. Miro t'a aimé simplement comme tu es. Reste telle quelle et ne cherche pas d'artifices pour le rendre dingue et l'attacher. »

« Maman, que s'est-il passé entre Larissa et toi ? Aujourd'hui, vous vous parlez à peine ! Si tu ne m'en parlais pas maintenant, jamais je n'aurais parié que vous vous connaissiez avant qu'elle n’atterrisse dans la maison de papa. »

« J'ai été bien bête ma chérie. Ce type était fou de moi. Il subvenait à mes besoins. Il m'avait logé dans cet immeuble-là, en face du lycée d'état, le Lagon Bleu. J'étais tranquille. Mon avenir était tracé : on devait se marier et s'envoler pour la France. Tes grand-parents avaient déjà acheté toute la boisson pour les fiançailles. Elles n'ont jamais eu lieu. »

« Pourquoi, maman ? Que s'est-il passé ? »

« J'étais heureuse, au comble du bonheur. Une sage-femme venait de m'annoncer que j'étais enceinte. Quand j'ai annoncé la nouvelle à ce type, il est allé voir mes parents et leur a dit qu'on oubliait les fiançailles et qu'il voulait que l'on célèbre directement le mariage. Donc, nous devions nous marier à la coutume et à l'ambassade de France, à Libreville. Mais, je ne sais pas pourquoi et comment je me suis laissée manipuler par Larissa. Elle m'a convaincue utilisée un soi-disant parfum que sa mère avait spécialement préparé pour moi. Elle m'a remis un petit flacon que je devais me pulvériser avant de me mettre au lit avec mon fiancé. J'ai bêtement cru quand elle m'a dit que cela allait réveiller les sens de mon fiancé et le rendre plus fougueux au lit. J'ai été bien bête ! »

« Oh ! Je vois. Je parie qu'elle t'a joué un mauvais tour qui a fait fuir ton fiancé. »

« Oh, figure-toi, que le fameux parfum était composé des sécrétions vaginales de Larissa. Elle se lavait l'entre-jambe et gardait cette eau en vue de faire ce fameux parfum. Donc, quand j'ai à trois reprises utilisé ce parfum, c'était l'odeur de Larissa qui ensorcelait mon fiancé. C'est comme ça qu'il m’a laissé tomber du jour au lendemain et a commencé à suivre Larissa comme un chien. Garde bien cette image en tête : on avait vraiment un chien collant cette fille à la trace. Une semaine avant la date prévue de mon mariage, elle et lui ont pris l'avion pour Toulouse. Je suis restée là, à Port-Gentil, avec mes larmes et mes souvenirs. J'ai été tellement secouée par cet abandon de la part de mon fiancé et cette tromperie de la part de celle que je voyais comme une sœur, que j'en ai perdu mon bébé. A la suite de cet événement malheureux, j'ai appris que je ne pourrais plus avoir d'enfant. »

« Maman ! Comme c'est triste ! Je ne savais pas que tu avais vécu ce genre de chose ! Et je m'étonne que Kaba qui parle toujours à tort et à travers ne nous ai jamais divulgué tout cela. »

« Mais pourquoi n'as-tu jamais essayé de refaire ta vie, maman ? Tu vois, elle n'est pas si méchante que ça ! J'ai gardé mes douleurs en moi. Et j'ai loué Dieu quand votre mère a accepté de me donner un enfant. »

« Mais pourquoi n'as-tu jamais essayé de refaire ta vie, maman ? A part tonton Steeve avec lequel nous avons vécu quand j'étais au jardin d'enfants, depuis, rien. »

« Je ne sais pas ; Je ne sais pas Tania. Je suis heureuse comme ça ! »

« D’accord, si tu le dis. Mais dis-moi. Comment se fait-il que Larissa ait atterri il y a 3 ans dans la vie de papa ? Elle ne ressemblait en rien à quelqu'un qui a vécu en France ? Elle était fauchée comme un rat d'église et vénale avec ça ! Mon pauvre papa. »

« Eh ben, je crois que la chicote de Dieu lui est tombée dessus. Parait qu'elle a vécu la belle vie pendant 10 ans à Toulouse. Jusqu'au jour où sa mère est morte. Elle ne pouvait donc plus recevoir ses petits colis de feuilles pour se laver le corps. Le blanc qu'elle m'avait volé, l'a mis à la porte. Elle a atterri dans la rue. Elle était tellement bête en classe, qu'arriver là-bas, elle n'a même pas eu la présence d'esprit de s'inscrire dans un centre de formation pour apprendre un métier. Elle a soi-disant fait des petits boulots. Mais je pense qu'elle s'est prostitué. Et pour finir, elle s'est choppé un milliardaire anglais, qui lui payé la fameuse chirurgie esthétique pour augmenter sa poitrine. Mais là aussi, le type l'a balancé après l'avoir consommée. Elle a donc trouvé le moyen de rentrer au Gabon. Mais, tiens-toi bien, elle n'avait que des robes de soirée dans ses valises. Pas un sou, ni un diplôme et encore moins l récit de la vie en rose à nous raconter. Elle n'a jamais mis les pieds ici car elle a honte ; et je ne peux vraiment pas la sentir.»

« Je suis vraiment désolée pour toi, maman. »

« Ne le sois pas, ma chérie. Je suis heureuse car je t'ai. Le reste appartient au passé. J'ai juste eu cette crise d'angoisse dans la nuit à tel point que je n'en ai pas dormi. Sis vigilante. »

« Il ne m'arrivera rien, maman. Mes amies n'ont pas l'esprit tordu. »

« D'accord, ma chérie. Maintenant, va te préparer pour l'école. Tu vas être en retard. »

Je sors dans la chambre de ma mère, avec cette chaîne en or autour du cou. Je suis tellement heureuse que je ne veux en aucun cas me gâcher la vie en étant suspicieuse vis-à-vis de mes amies. Il ne m’arrivera rien, car mes copines ne sont pas aussi sottes que Larissa.

           
PUPUCE- (tome 1)