25-

Ecrit par Lilly Rose AGNOURET

25-

 

La nuit vient juste de tomber. Nous sommes rentrés complètement, morts de fatigues. Dans la navette, je me suis rendu compte que Pamela-Jo ne veut plus lâcher mon frère d'une semelle. Et il ne sable plus allergique aux blanches !!!

Je suis dans la salle de bains. Allongée dans la baignoire, j'ai les yeux fermés, comme pour mieux me relaxer. La journée a été belle mais fort épuisante. Et là, les amis nous attendent pour aller dîner. Ensuite, nous nous jetons dans un bus loué pour l'occasion, et nous atterrissons en boite de nuit, chaperonnés par Carmella.

Je suis là en train de rêver dans la baignoire, quand Miro rentre dans la salle de bains. Il s'assoit sur le rebord de la baignoire et souris :

« Je m'étonne que tu ne te caches pas sous l'eau à cet instant. »

« Pas la peine, je ne suis pas aussi prude que ça. Et puis, tu m'as déjà vu toute nue, tu te souviens. »

« Ok ! Prière de ne pas me rappeler se souvenir sinon, je ne pourrai plus me contrôler. C'est que tu es la tentation même, mademoiselle Akendengue ! », fait-il en m'envoyant un baiser à la volée.

« Ah ! Je suis amoureuse d'un beau parleur. »

« Le beau parleur te fera gémir comme un dingue. Et faudra pas venir te plaindre ; tu m’auras tellement fait attendre, que je ne répondrais de rien une fois que sera mienne. »

« Mon Dieu, j'en tremble déjà ! », fais-je en le taquinant. « Merci pour tout Miro. J'ai passé la plus belle des journées. »

« Tu le mérites, ma belle. Tu le mérites. Et je t'aime. »

« Moi, dix fois plus. »

« C'est vrai ce mensonge ? », fait-il en me posant un baiser sur le front.

Il s'en va en m'annonçant qu'il va régler quelques détails avec les garçons, qui sont deux étages plus bas. Je reste là et continue de rêver dans mon bain. Je me demande comment Pupuce a vécu cet anniversaire. Ça fait pas mal d'effet d'avoir 18 ans. C'est bête, mais je me sens plus grande. J'ai l'impression que quelque chose dans mon esprit a changé. C'est peut-être une impression. Là, je me demande ce que je ressentirai le jour où j'aurai 25 ans ? J'aimerais avoir mon première enfant à 25 ans. Le second à 28 ans. Et éventuellement un 3ème à 30 ans. Bref, la vie nous le dira.

 

Quand j'arrive dans la chambre pour m'habiller, je me rends compte que mon téléphone vibre. De même pour celui de Miro. Je me dirige directement vers le mien. Je me rends compte que c'est un message de Pupuce. Joyeux anniversaire, me dit-elle. Je réponds par la même sans plus m'attarder. Il faut que je m'habille, alors, je ne prends pas la peine de consulter les autres messages. J'enfile ma robe et je me maquille légèrement ; un peu de fond de teint et un peu de gloss. Je suis prête pour le dîner. Je suis là à chercher mon eau de toilette lorsque Miro arrive.

« Moi qui pensais passer un week-end tranquille ! C'est raté. »

« Que se passe t-il ? », fais-je.

« Heu...figure-toi que ton amie Sharonna est dans tous ses états. Je viens de passer une demi-heure à la calmer. »

« C'est quoi cette histoire ? »

« Je l'ai trouvé dans l'ascenseur en larmes. J'ai dû user de tout le vocabulaire que je connais pour la calmer. »

« Et à quoi est dû cette crise de larmes ? »

« Elle t'a envoyé une tonne de sms en 10 minutes. Je savais que les filles étaient folles amoureuses de leur téléphone, mais là, elle a réussi à m'impressionner. Sa vitesse de frappe est terrible. »

Je m'empare rapidement de mon téléphone et me rends compte qu'il y a 2 messages non lus venant de Pupuce et une trentaine de messages de la part de Sharonna. C'est vraiment dingue !

J'en lis quelques-uns. Et je finis par comprendre. Damm !

« Ne me dis pas que... »

« Et si ! C'est dingue, n'est-ce pas ? »

« Et comment va t-elle ? Moi je serais complètement effondrée à sa place. »

« Tes mots sont faibles, ma chérie. Elle est terrassée. »

Ma copine Sharonna a surpris sa mère dans les bras d'un autre homme que son père. Ils s'embrassaient dans le hall de l’hôtel, comme s'ils ne pouvaient attendre d'être dans leur chambre.

« Et qui est cet homme ? », fais-je à Miro.

« Elle ne l'a pas vraiment distingué. Elle a tellement été frappée de stupeur en reconnaissant sa mère, qu'elle ne s'est plus intéressée au monsieur. Il a d'ailleurs très vite pris la tangente. La mère n'a même pas trouvé un seul mot pour calmer sa fille. »

« Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Pourquoi sa mère est-elle descendue dans le même hôtel que nous alors qu'elle savait que sa fille y passerait le week-end. »

« En fait, Sharonna s'est trompée en demandant la permission à ses parents. Elle leur a dit que nous descendions au Meridien. Donc, sa mère a dû pensé qu'elle ne risquait rien en venant au Park'Inn. »

« C'est fou quand même ! Une femme mariée qui embrasse son amant dans le hall d'un grand hôtel !!! »

« Il faut penser que ce type la rend complètement bête, au point de faire preuve de légèreté. J'ai bien peur que tu te retrouves toute seule avec moi pour le dîner. Les filles sont avec elles en ce moment. Et j'ai bien l'impression qu'elles vont rester à l'hôtel et se commander à manger par le room service. »

« Il en est hors de question. Je vais les voir et je t'appelle. Tu peux te préparer. »

« A tout à l'heure ma puce. »

Quand j'arrive dans la chambre de Sharonna et Jileska, je trouve les filles en conseil de guerre. L'attitude que m'a décrite Miro, a complètement changée. J'entends Sharonna dire : je vais faire la folle cette nuit, danser jusqu'au matin et descendre toute une bouteille de Black jack et

« Tu ne feras rien de tout ça, Sharonna. Personne ne va se saouler. On va faire la fête convenablement et rentrer saines et sauves à Port-Gentil. »

« C'est facile à dire, Tania. Ce n'est pas ta mère qui se fait bécoter par son amant dans le hall d'un hôtel ! »

« Je comprends, Sharonna. Mais nous sommes venues ici pour nous amuser. Nous n'aurons peut-être plus l'occasion avant longtemps de faire les folles toutes ensemble à Libreville. Le bac, c'est bientôt ; ensuite, nous serons éparpillées ! Viens avec nous. Ne reste pas dans ta chambre toute seule. Demain, nous aurons bien le temps de réfléchir à la conduite à suivre avec ta mère. Ok ! »

« Non, je viens pas. Je sais même pas comment je vais faire quand je me retrouverai devant mon père ! »

Nous restons là encore à parlementer pendant un quart d'heure et c'est Marc-Elise qui trouve la parade pour faire changer d'avis à Sharonna :

« On prend le téléphone, on appelle ton père et on lui raconte tout. Comme ça, tu te sentiras plus légère et ta mère se débrouillera avec son époux. »

« Jamais je ne ferai ce genre de chose », s'insurge Sharonna.

« Alors, habille-toi et viens avec nous sinon, je l'appelle. »

Mon amie consent alors à s'habiller. Et nous rejoignons les autres au restaurant. Les parents de Miro dînent avec nous. Ils ont été rejoints par un couple d'amis qui vit à la capitale. Carmella prend son rôle de chaperon vraiment au sérieux. Elle nous surveille de près.

Le dîner est tranquille. Comme dessert, les serveurs apportent un immense gâteau au chocolat. Et nous avons droit en lieu et place du champagne, à du cidre. Les parents de Miro veulent être sûrs que personne ne se saoule sous leurs yeux. Il est 22h 30 quand nous sortons de table. Juste le temps de faire un tour dans nos chambres pour nous rafraîchir, et nous voilà dans le bus, près pour aller se trémousser sur la piste de danse.

Le chauffeur du bus à pour consigne de nous ramener à l’hôtel à 2 heures du matin.

Là, je danse dans les bras de Miro. En fait, je devrais dire que nous somme collé-collé, pire que deux chewing-gums. Nos bouches ne se quittent pas un instant. Les autres autours se trémoussent. Chacun a pris possession de la piste comme il peut. Mon frère Julien a les bras très occupés à caresser le fessier de Pamella-Jo. Marc-Elise se l a joue experte en danse dans les bras d'Antoine. Chacune de mes copines a trouvé avec qui faire la paire. Le plus important pour moi est de ne pas perdre Miro dans cette boîte de nuit. J'ai bien trop peur qu'il atterrisse dans les bras d'une autre.

À 2 heures du matin, nous sommes complètement à plat lorsque Carmella nous somme de sortir de la boîte. Direction l’hôtel.

Il est trois heures du matin quand je tombe exténuée après la salle de bain, dans le lit. Miro est déjà couché. Il n'a pas pris la peine d'enlever sa cravate tellement il est fatigué. Je lui pose un baiser sur la joue et il ne réagit pas.

Alors que je veux me coucher, mon téléphone vibre violemment. J'ai l'impression de l'avoir ignoré pendant longtemps, car il y a près d'une quarantaine de messages. Mes frangin Mbeng m'ont matraquée de messages. Il y en a 2 de Pupuce. Ma mère m'en a envoyé 3. Ils sont courts : appelle.

Je ne prends pas le temps de lire les autres messages. Je me demande alors ce qui se passe. Je suis loin de me douter de ce qu'ils ont à m'annoncer.

« Tu en as mis du temps, me lance maman. Je te signale que tes enfants sont nés à zéro heure 45 ce matin. Par césarienne. Deux jolies filles. »

Mon cri de joie est tellement strident que Miro se réveille en panique.

« Qu'y a t-il chérie ! »

« Je suis tata, Miro, je suis tata. »

             
PUPUCE- (tome 1)