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Ecrit par Lilly Rose AGNOURET

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Impossible de dormir après avoir appris cette nouvelle. Je ne tiens plus en place. Je tourne dans la chambre. J'envoie des whatsapp aux copines pour leur annoncer la nouvelle. Jileska, Gaëlle et Marc-Elise arrivent quelques minutes plus tard.

« Montre les photos, montre les photos », me font-elles.

Elles sont là à s'extasier devant les petites frimousses qui sont drôlement mignonnes. Je n'en reviens pas. Je suis tata.

« Eh, les filles ! Vous savez, elles seront toujours au réveil. Et si vous me laissiez dormir », fait Miro en riant.

« Ok ! Nous avons compris le message ! On dérange, c'est ça ! », fait Gaëlle.

« C'est pas que je vous mets à la porte, mais je vous assure que je tombe de sommeil. Alors, on se voit au petit-déjeuner ! », fait Miro.

« A tout à l'heure, alors. », lancent les filles en s'en allant. « Elles sont trop chou ces petites ! »

C'est vrai qu'elles sont belles mes nièces. Elles ont beaucoup de cheveux sur la tête, des petites bouches en forme d'amande. Mon Dieu, de véritables merveilles !

Je laisse Miro se rendormir et me remets à pianoter sur mon téléphone. Comme Pupuce est encore en salle de réveil, je chatte avec Line, la cadette des Mbeng. Elle est en extase devant les petites. Elles m'envoient photos sur photos. Et je demande alors si Kaba est à l’hôpital. Elle me répond non.

« La vieille est chez elle. Tante Bernadette l'a appelée, mais elle dort. »

« Je pense qu'elle changera de comportement quand elle verra les petites. »

« En tout cas, on s'en fout d'elle. Elle aime toujours gâcher l'ambiance. Sinon, papa Jimmy est là. Il est tellement nerveux qu'il n'arrive pas à tenir sur place. Il y a aussi papa Magloire. Il ne boit plus, oh ! »

« Je suis contente de l'apprendre. »

Et ça dure comme ça une heure durant. Un échange par whatsapp pour me faire vivre chaque instant comme si j'y étais.

Alors que je réponds à un message dans lequel on m'a envoyé une autre photo, Miro me prend le téléphone de la main et le dépose sur le chevet du lit. Il me renverse sur le lit et m'emprisonne en me donnant un baiser.

« Viens la tata Tania. Ce lit est triste sans toi. »

Il m'embrasse encore, alors que nous sommes tous deux couchés sur le lit. Puis, il relève la tête et me dit :

« Au fait, vous avez choisi quels prénoms pour les petites ? »

« Jade et Ruby. »

« Oh ! Des pierres précieuses. Qui a choisi ces prénoms ? »

« C'est maman. Elle les a trouvées instinctivement le jour où elle a appris qu'il y en avait deux au lieu d'une.

« Bienvenue à Jade et Ruby, alors. Et toi, embrasse-moi. »

Huuuuummmmmmm !

 

Il est 9 heures lorsque nous allons au restaurant de l’hôtel pour le petit-déjeuner. Une partie des amis est là. Certains dorment encore. D'autres sont partis faire un tour au marché Mont-bouët.

Miro et moi mangeons en compagnie d'Antoine qui n'arrête pas de questionner sur Marc-Elise. Les questions pleuvent. Quel est son film préféré ? Quel genre de livre lit-elle ? Quelle est sa date de naissance ? Est-ce qu'elle aime les sushis ? Est-ce qu'elle aime les chiens ?

« Tu aurais dû engager un détective privé, Antoine », lui fait Miro.

« Eh, déconne pas, mec. Elle me plaît. J'ai besoin de cartouches pour tirer et viser juste. »

« Ok, ok. Sois pas si agressif ! », fait Miro.

« Comprends-moi, elle m'impressionne. Tu sais, Tania, c'est la première fois qu'une fille black m’intéresse, alors je ne sais pas trop comment l'approcher, tu vois. Avec les Françaises, c'est direct. Tu dis ce que tu veux et elle dit oui ou non. Ici au Gabon, ça l'air un peu plus compliqué. »

« Les filles sont toutes les mêmes, Antoine. Prête-lui beaucoup d'attention et c'est tout. », lui fais-je.

« Ok, ok. Ça, je sais faire. Je vais l'inviter au restaurant et on verra bien ce qu'elle répondra. »

Au fond de moi, je me suis mise à rire. Tu vas inviter la gaboma au restaurant et elle va te dire non !!!

« Invite là à Planet grill. Elle adore cet endroit, même si nous n'avons pas l’occasion d'y manger tout le temps. »

« Ok, c'est noté. Euh, rappelle-moi son parfum préféré. »

Me voilà en train de réfléchir pour que ma copine ait un parfum digne de ce nom.

« Nous avons récemment eu des échantillons de Magnetism, d'Escada. Offre-le lui et tu l'auras à tes pieds. »

« Oh, je ne m'attends pas à ce qu'elle me lèche les pieds, Tania. »

« C'est une expression pour dire que tu lui feras plaisir, Antoine. La prochaine fois, Tania parlera Thaï et tu comprendras mieux. »

« Très drôle, miro. Très drôle », fait Antoine.

« Bon, Tania et moi retournons dans notre chambre. Nous sortirons ensuite pour aller acheter des cadeaux à ses nièces. Elles sont nées ce matin, tu t'imagines ! »

« T'es vraiment la plus jeune des tatas que je connaisse, Tania. En France, on est tata à 30 ou 40 ans. »

« Nous sommes en Afrique, Antoine. Mets toi à l'heure africaine. »

« Je vais le faire, Miro. Vu toi, tu t'es vite acclimaté, mon pote. »

 

Miro et moi remontons dans notre chambre. Je lui demande alors où l'on ira pour acheter les fameux cadeaux.

« Nous sommes dimanche, tu sais. A part le marché Mont Bouët, aucun magasin en ville n'est ouverts. Le mieux est d'attendre demain. Nous achèterons les cadeaux à Port-Gentil. De toute manière, je n'ai pas d'argent. »

« T'inquiète pas pour l'argent. Et pour le magasin, je vais demander à ma mère. Elle a une amie qui possède un magasin pour bébé au quartier Louis. Elle nous fera une fleur en ouvrant rien que pour nous. »

Wèèèèèèè ! C'est bien d'être riche et d'avoir de l'influence.

Quand nous arrivons devant la porte de notre chambre, nous trouvons Cassandra qui s'apprête à toquer.

« Nous sommes là, maman. »

« Ah ! Bonjour à vous. Tiens, Tania. J'ai oublié de te remettre ton cadeau hier. »

« Oh, merci Cassandra. »

Je lui fais deux bises avant de me saisir du paquet qu'elle me tend. Comme c’est une go qui ne blague pas, je me rends bien vite compte qu'il y a un parfum de chez parfum et un bijou dans le paquet. Yo !!! J'ai vraiment beaucoup de chance cette année ! La vie ne peut pas être plus belle.

« Maman, nous avons besoin d'acheter des cadeau pour des bébés. Tania est tata depuis ce matin. »

« Oh, félicitations. Mais tout est fermé le dimanche. Ah, laisse-moi passer un coup de fil et je t'envoie un texto. A tout à l'heure chéri. Ton père me demande de l'accompagner à la messe à Ste Marie. Bisou. »

dans la chambre, Miro m'aide à ranger tous les paquets cadeau. Entre ceux que j'ai ouverts et les autres, il y a une pléthore de paquet. J'ai vraiment été gâtée. Même en rêve, jamais je n'aurais pu avoir tout ça. Le père de Miro m'a offert une montre Swatch. Carmella m'a offert une robe de chez Desigual, et dans le paquet que m'a remis Cassandra, il y a une gourmette en or sur laquelle est gravée mon prénom et une eau de toilette Miss Balmain.

Mon sac de voyage risque de rendre l'ame si je mets tout cela à l'intérieur, alors Miro me dit :

« Nous allons acheter un sac. Viens, sortons. Maman a appelé son amie. Elle nous attend au magasin. »

Nous prenons un taxi compteur qui nous dépose juste devant le magasin, à côté du marché Louis. Nous montons à l'étage et je me retrouve au paradis des bébés. Mon Dieu ! On a envie de tout prendre. Mais comme ce n'est pas mon argent qui paie, je me contente de tirer deux robes

« C'est tout ! », s’étonne Miro.

Me voilà en train de bégayer :

« Je...je ...euh ! »

« Tania Akendengue, ton intégrité m’honore, mais s'il te plaît, achète de vrais cadeaux aux petites. »

Yo !!! faudra pas que les gens pensent après que je profite de son argent.

Je prends un panier que je remplis de petites choses. Des choses dont je sais qu'elles auront besoin. Je prends en plus, des joujoux. Miro demande alors à l'amie de sa mère d'emballer deux grands nounours, les plus grands du magasin. Un représentant Minnie Mousse et l'autre Daisy Duck. Nous passons à la caisse et un sacré mal de tête me prend quand j’entends dire : trois cent quarante-six mille francs. Je préfère regarder ailleurs pour ne pas avoir mal au cœur.

J'ai dépensé en une fois le prix de mon billet d'avion pour Accra !!! 

PUPUCE- (tome 1)