26 - Attaque diurne

Ecrit par Owali

Partie 26


Toc toc 

- Oui?

- Tonton, heu...tu peux venir au salon s'il te plaît.

- Qu'est ce qu'il y a?

- J'avoue ne pas avoir compris grand chose. Y a une certaine ma Thérèse au salon qui parle d'espion ou je ne sais pas trop quoi et tantine hermine m'a dit de venir te chercher pour aller chez les pygmées. 

Il fronça les sourcils. 

- C'est quelle histoire ça?!?

Il retira ses lunettes, posa son stylo, se leva et me dépassa pour aller au salon. Je marchai derrière lui et ma nuque recommençait à me gratter. 

Cette sensation d'être suivi qui ne me quittait plus depuis un moment commençait à m'inquiéter. Et les propos que cette femme tenait n'étaient pas pour me rassurer...

- Qu'est ce qu’il se passe ici ? Demanda tonton Bernard aux femmes qu'il venait de rejoindre au salon. 

- Il se passe que ton fils est en danger et qu'on doit aller le protéger au plus vite, lui répondit tantine hermine 

- Danger ? A quel danger fais tu allusion exactement ?

- Hum hum hum hum... Fit la vieille femme en secouant sa tête et en tapant sur ces cuisses. 

Taisez vous, allons chez moi. Les deux femmes se levèrent et se dirigèrent vers la sortie. Tonton Bernard râla un peu mais finit par les suivre et moi...ben je leur emboîtais le pas sans trop savoir où j'allais.


***Inconnue***


Je sortie de mon bureau et marchait en direction de ma voiture lorsque je senti sa présence dans mon dos.

- Qu'est ce que tu fais la?

-...

Je me retournai et le vis, bien qu'il soit caché dans un coin sombre de la ruelle. 

- Je crois t'avoir posé une question ! 

- Je...je... je l'ai perdu ! Me répondit-il d'une voix craintive. 

- Comment ça tu l'as perdu?!?

- J'ai été repéré... 

- Quoi?!? Qui? Comment ?!?

- Une vieille dame... Elle m'a vu, elle l'a emmené chez elle et je n'ai pas pu les suivre.

- Et pourquoi ça?!?

- Il y avait des gardiens devant chez elle...

- Hum. Et qu'est ce qu'ils se sont dits avant que tu ne les perdes.

- Ils ont parlés de se rendre chez des pygmées pour le protéger.

- Hum...tu peux disposer. Puisque ta couverture a été grillée, il faut que je passe au plan B. 

- Très bien maîtresse.


***Prince***


- Bonjour Prince. Ah! tu es déjà prêt?

- Bonjour tonton, oui oui je suis plutôt matinal. Je suis allé faire un footing tôt ce matin avant que le soleil ne tape trop fort.

- Ah ça! C'est bien ça. Et heu...ça va? tu te sens bien? Je veux dire est ce que tu te sens toujours suivi.

- Heu...non hein la ça va. Je n'ai pas de sensation particulière depuis qu'on est sortie de chez Ma Thérèse.

- Ah voilà! C'est bien ce que je disais à ta tante. On ne se lève pas un matin pour dire qu'on va chez les pygmées. Mais elle, dès qu'elle entend parler du moindre truc mystique, tout de suite elle s'enflamme. En plus pour ce genre de chose, il faut en aviser ton père, on ne peut pas prendre une telle décision sans qu'il ne soit consulter.

- Je comprends parfaitement tonton, de toute façon moi même je n'étais pas très emballé à cette perspective. 

- Hum. Bon il faut quand même faire les bains de feuilles qu'elle t'a donné. Même si tu n'y crois pas, il ne faut pas jouer avec ces choses la. C'est Dieu qui a mis à notre disposition dans la nature les moyens de nous protéger alors si les paroles que tu prononces sont bonnes, je vois mal comment ça peut te porter préjudice.

- Je le ferais tonton, répondis-je simplement pour couper court à la discussion. Evidemment je n'en avais absolument pas l'intention

- Ok bon on va y aller, avec les embouteillages la on en a pour une bonne heure et demi pour arriver au ministère.

- Très bien, je te suis.

Nous étions le lendemain de la fameuse visite chez Ma Thérèse. Une dame étrange. 

(Flashback)

Elle habitait à 200m de chez les Loembe dans une petite maison en semi-dure. A notre arrivé, elle nous installa dans une pièce dans laquelle elle faisait ses consultations.  A en juger par les grigris, masques et autres bouteilles au contenu ambiguë, je n'eu pas de mal à deviner que j'avais en fait à faire à une tradi-praticienne.

Dès lors, je ne fus pas très à  l'aise. Je ne croyais pas en ces choses qui à la limite se résumaient à de l'escroquerie et de l'abus de faiblesse.  Ces charlatans profitent de la détresse des gens pour se faire les poches en leur vendant mille et une promesse de guérison ou de pseudo protection contre un parent lointain qui serait la cause de leur malheur.

Pfff...Balivernes!

- Ils me disent que tu ne croiras pas en ce que je vais te dire, fit-elle à mon attention.

- Qui ils? 

- Les esprits, ceux avec qui je travaille. Ils me disent que tu cours un grand danger mais que comme tu es têtu, on ne pourra rien faire pour toi.

Hum...et puis quoi encore!

- Oh! Comment ça?!? S'exclama Tantine Hermine. Ma Thérèse tu ne peux pas laisser mon fils comme ça!

- Calme toi Hermine, laisse la parler, fit tonton Bernard.

- Des gens te veulent du mal...en fait ils veulent ton étoile parce que tu brilles trop mon fils...ça attise les convoitises.

- Hum! Fis-je en réprimant mal un rire nerveux. 

Vraiment ces gens là, jamais ils ne te diront que tout va bien, tout le monde t'aime... il faut forcement désigner des ennemies qui te voudraient les pires choses.

- Ils t'ont collé un espion. Ce dernier te suit déjà depuis un moment et rapporte à son émissaire tes moindres faits et gestes. 

C'est ça!

-  Claire...une fille claire...ils me montrent une fille claire qui a un pied dans un cercueil 

- HEIN?!? QUOI???

- Ah...ça y est, j'ai capté ton attention, fit-elle en ricanant. Mais il ne faut pas trop t'inquiété pour elle, c'est ton cas qui est plus préoccupant. 

- Pfff quel danger allez vous prétendre que je cours? lui demandais-je las

Elle pencha sa tête pour me regarder au dessus de ses lunettes à la manière d'une institutrice.

- Ils ont besoin de ton âme pour accomplir leur dessein. 

- OH! S'écria tantine Hermine. Héééé...les gens sont méchants hein!

- Hum. Qu'est-ce qu'on peut faire pour empêcher ça, lui demanda tonton Bernard.

- Il faut le blinder, vous voulez encore faire quoi? répondit-elle en mettant sa tête à côté.

- Voila! Bernard allons chez les pygm...

- Ah calme toi d'abord! L'interrompit tonton Bernard. Ma Thérèse, tu peux lui faire des protections non?

- Heu...Oui je peux faire mais...

- Bon voilà, tu as besoin de combien? Demanda t-il en sortant une liasse de billet de sa poche.

- Oh! Tonton non...fis-je en bloquant son geste. Tu n'as pas à faire ça!

- Comment ça? S'exclama tante Hermine. Toi on te dis que ta vie est en danger et tu ne veux pas qu'on te mette à l'abris? On est en Afrique ici hein, il faut ne faut pas prendre à la légère ce qu'elle te dit.

- Ce n'est pas une question de prendre à la légère, repris-je. C'est jusque je ne cautionne pas ce genre de chose. Qu'est-ce qui me prouve que ce qu'elle raconte n'est pas simplement le fruit de son imagination et de ses déductions.

- Mais? et pourtant tu as réagis quant elle a parlé de la fille claire non? fit tante Hermine

- Pfff...Déduction. Tu lui a dit que je vis en Europe, les chances que je connaisse une fille claire sont quasiment à 100% donc heu...

- Ce n'est pas faux aussi, renchérit tonton Bernard en rangeant son argent. 

- Bernard qu'est-ce qui te prend? C'est aujourd'hui que tu veux remettre en question les dons de ma Thérèse???

- Non...heu...non je ne dis pas qu'elle ment mais si l'enfant ne croient pas qu'il est en danger, je ne vois pas pourquoi on va s'enflammer. 

- Bernard?!? S'exclama tante Hermine en écarquillant ses yeux à l'endroit de son mari.

- Laisse ma fille, il ne faut pas t'énerver, fit ma Thérèse avant de se lever et de disparaître derrière une autre pièce.

Tantine Hermine parlait en langue avec tonton Bernard. Je ne comprenais pas ce qu'ils se disaient mais il ne fallait pas être devin pour voir qu'ils n'étaient pas d'accord concernant l'attitude à tenir face au pseudo danger que je courais. Je savais que Laure était dangereuse et qu'elle avait des accointances avec les milieux occultes, mais je n'avais pas peur d'elle. 

Je suis persuadé que seules les faibles d'esprits sont atteins par ces choses, moi je ne crois qu'en moi et en mon potentiel illimité. Elle revint quelques minutes plus tard avec un sac dans lequel il y avait des feuilles et des écorces en tout genre.

- Tiens, fit-elle en me tendant le sac. Je ne veux même pas de ton argent, je te donne ça cadeau comme ça tu ne diras pas que je veux t'escroquer. Lave toi avec le matin et le soir pendant 5 jours, ça va te protéger le temps de ton séjour...tu as dit qu'il est la pendant 2 semaines non? Fit-elle à l'attention de tantine Hermine.

- Oui, oui c'est cela, répondit-elle

- Merci ma Thérèse bon on va y aller, il se fait tard.

Elle acquiesça dans un mouvement de tête et nous nous en allèrent.


(Comeback)


- Tu sais, moi j’ai du faire preuve d’une grande ténacité pour en arriver la ou je suis aujourd'hui. Au pays la, seule deux choses compte si tu veux devenir quelqu’un : L’argent et les relations. Le reste, le travail, les postes à responsabilité, les voitures, les maisons ou même les femmes ! Tous ça coule tout seul. Alors mon petit, est-ce que tu es prêt à devenir quelqu’un ?

- Toujours Tonton, toujours, répondis-je avec un grand sourire. Mais quand tu parles d'argent, tu parles de combien à peut prêt?

- Il n'y a pas de prix fixe, tout est relatif. Mais bon, ne te préoccupe pas de cet aspect. Pour l'instant nous allons d'abord t'aider à constituer un réseau solide. 

Sur ces mots il se gara dans le parking de son ministère et on y pénétra. A chaque fois qu'on croisait des gens, il me présentait fièrement comme étant son fils qui travaille dans les grandes banques suisse sans oublier de mettre en évidence sa montre flambant neuve qu'il faisait semblant de cacher modestement lorsque les gens y faisaient allusion.

- Bonjour Josiane, le  DG est là?

- Bonjour Monsieur Loembe, oui attendez un instant je vais vous annoncer. 

La secrétaire se leva et alla cogner sur une porte capitonnée.  Quelques seconde plus tard elle revint.

- Il vous attend.

Tonton Bernard entra en premier et se dirigea vers Mr Nze. Ils s'échangèrent une poignée de main chaleureuse avant de se cogner les têtes. Tonton Bernard m'introduisit et je lui tendis la main pour le saluer. Le contact avec la paume de sa main m'électrisa littéralement. La décharge électrique que je senti me fit abréger l'échange. Nous nous observâmes brièvement mais, ce que je vis dans le regard de ce Monsieur ne n'inspirait rien de bon. 

Je ne sais pas. Quelque chose me gênait chez ce type.

Il nous invita à nous asseoir, nous proposa du café et nous discutâmes essentiellement de la politique et des perspectives de buisness au pays. A l'air de émergence, tout devenait possible.Une heure plus tard nous dûmes prendre congé de lui car il devait aller en réunion. Il me donna sa carte en me disant de le recontacter avant de partir car il souhaitai m'inviter à dîner chez lui.

- Voilà! La je t'ai crée une opportunité. A toi maintenant de la saisir! Me lança tonton Bernard avec une tape dans le dos en sortant du bureau de son DG. Bon je dois aller travailler un peu, tu vas te retrouver pour rejoindre la sortie?

- Oui, oui tonton pas de problème.

- Ok bon, tu as de l'argent pour prendre le taxi pour rentrer?

- Oui tonton, ça va aller. Merci beaucoup, à plus tard.

- Ok, bonne journée mon fils. De toute façon comme c'est journée continue la, s'il n'y a pas de problème j'irai voir mes chantiers donc si tu n'as rien a faire tu me passes un coup de fil et on ira ensemble.

- Ca marche, je te dirai.

Je sorti rapidement du ministère et entrepris de me balader un peu dans la ville. A vrai dire, mis à part les quelques coins où le couple Loembe nous emmenaient quand nous étions en vacance chez eux, je ne connaissais pas vraiment Libreville. Sans trop savoir comment j'ai fait, je me suis retrouvé du côté de Mbolo et avec la chaleur qu'il y avait je décidais de m'arrêter prendre un verre au Parad'Ice.

- Bonjour Monsieur, qu'est-ce que vous prenez? Me demande la serveuse en gorgeant tellement que j'ai cru qu'elle allait avaler sa langue.

- Heu...un coca s'il vous plait.

- Très bien, fit-elle avec un grand sourire avant de s’éloigner en roulant du cul à s'en déboîter les hanches. 

Cette vision me fit éclater de rire et me fit repenser à une scène vécue avec...avec elle. Je redevins tout d'un coup mélancolique. Je sortie mon téléphone et lançai whatsapp pour voir si elle s'y était connecté récemment...rien. Rien depuis qu'elle avait quitté Zurich...je savais que je n'aurai jamais du la laissé partir... J'envoyais un message à Marcus pour savoir s'il avait des nouvelles mais il ne me répondit pas. Il doit être occupé, je l'appellerai plus tard.

En parcourant mes contactes, je tombais sur celui du Pilote. 

Ah tient! Nous n'avions pas pu nous voir la dernière fois. Peut être que la ce sera possible. Je lui envoie un message avant de poser mon téléphone sur la table, la serveuse étant de retour.

Elle se penche tellement outrageusement pour me servir mon verre que mes yeux n'ont d'autres choix que de se perdre dans ses sei...

- Chic?!?

Je me tournais brusquement vers la seule personne qui m'appelait comme ça...

- Rose? Mais qu'est-ce que tu fais la?

- Mais c'est à moi de te poser cette question, fit-elle en me sautant au cou, visiblement super heureuse de me revoir.

La serveuse la toisant avant de retourner derrière son comptoir

- Yieu?!? Regarde moi sa bouge comme le machoiron, c'est qui que tu tchip comme ça? Klock. Apporte moi un orangina avant que tes yeux ne tombent au sol, vilaine la!


 Elle s'assit en face de moi et m'expliqua qu'elle était désormais rentré au pays et qu'elle avait réussi à se faire transférer comme agent d'escale pour air france à Libreville.

- Super! Tu vas enfin avoir une vie un peu plus stable.

- Je t'assure. Tous les jours entre deux avions la, ce n'est vraiment pas une vie. J'aspire à autre chose maintenant. J'ai envie de me poser.

- C'est un bon projet, je te souhaite d'y arriver.

- Ah merci! Mais toi qu'est-ce que tu es revenue faire? Si mes souvenirs sont bon ça fait à peine un mois que tu étais la non?

- Oui...ah laisse trop de problème. Je te raconterai une autre fois. Parle moi de toi, la vie à Libreville et tout...

Nous discutâmes pendant un moment. Finalement je la voyais plus comme une amie qu'autre chose et ça avait l'air réciproque donc nous passâmes un moment agréable.

Dring Dring...Dring Dring

On m'appelait sur mon téléphone Suisse et je vis qu'il s'agissait de Laure. Je m'excusai auprès de Rose et m’éloignai un peu pour répondre.

~ Bonjour Laure

~ Bonjour mon chérie comment vas-tu?

~ Ça va bien et toi?

~ Heu...bien, bien merci. Dis moi, je voulais savoir quand est-ce que tu viens exactement. La st valentin c'est bientôt, tu n'as pas encore pris ton billet?

~ Si heu...si si j'allais t'appeler justement. J'arrive la fin de la semaine.

~ C'est vrai?!? Ah super!!! Mais il fallait me le dire plus tôt

~ Ben je viens de prendre mon billet en fait donc heu...

~ ok ok pas de soucis.

~ Bon on se rappelle plus tard, je dois y aller la.

~ Ok. bisous mon chéri!

Je raccrochais et rejoins Rose qui venait aussi de raccrocher son téléphone. 

- Tout va bien? Me demanda t-elle avec un sourire.

- Dans le meilleur des mondes, alors on disait quoi?

- Heu..je ne sais plus mais de toute façon je dois y aller la, je viens de recevoir un appel. Ma sœur vient d'accoucher et j'ai trop hâte d'aller voir ma nièce! 

- Ah heu...ben ok. Bon heu...tu me laisses ton numéro et on se verra à une autre occasion.

- Oui bien sur!

Elle prit son téléphone et nous nous échangeâmes les coordonnées. Elle me fis la bise avant de sortir. 

Quelques minutes plus tard, je réglais l'addition et sortie. Je marchais vers la route pour prendre un taxi en direction d'Okala lorsque des cris derrière moi se firent entendre.  Le temps de me retourner et de réaliser ce qui se passait, un gros bolide fonçait sur moi à pleine allure. 

BOUM!

Trou noir.

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MOKONZI