28. Coups durs

Ecrit par Samensa

DAVID

-Tu rentres tôt chérie !

Je m’adresse à Ela surpris de la voir de si bonne heure à la maison. Je me lève pour la prendre dans mes bras et remarque toute de suite sa mine défaite. Est-ce normal de revenir dans cet état d’un mariage censé être une occasion festive ?

-Tu te sens bien ?

-Oui… oui.

-Tu es sûre ?

-David, je vais bien. Me répond-elle une pointe agacée.

Pour éviter d’empirer la situation, je retiens mes questions.

Plus tard, je la rejoins dans la chambre. Assise sur le lit, les genoux repliés sous elle, elle a le regard perdu. Je m’approche doucement pour la prendre dans mes bras. Elle pousse un soupir avant de reposer sa tête sur mon épaule.

-Qu’est ce qu’il y a ? Demandai-je doucement.

-Je suis juste fatiguée.

-Je ne te crois pas. Tu étais tellement excitée par ce mariage que tu ne serais pas rentrée aujourd’hui à cause de la simple fatigue. Alors parle-moi.

-C’est juste que je ne me sens pas bien David. Sérieusement. Ne t’inquiète pas.

-Si qui que ce soit t’as contrarié, dis le moi pour que j’aille lui régler son compte.

Elle sourit.

-Rien ne s’est passé.

Je capture ses lèvres dans un baiser et mes mains passent délicatement sous sa nuisette. Elle me stoppe dans mon élan, me donne un baiser sur le nez puis s’étend dans le lit en me tournant le dos.

Son attitude m’intrigue.

Le lendemain matin, alors qu’elle est devait aller au déjeuner de mariage, Ela reste à la maison. Elle passe la journée devant la télévision et ne répond que par des onomatopées à mes tentatives de discussions.

Tard dans la nuit, je me rends compte qu’elle n’est ni dans le lit avec moi ni dans la salle de bain. Je pars donc la chercher dans l’appartement. Je distingue sa voix provenant de la cuisine. Quand j’y pénètre, je la trouve debout contre le plan de travail, le téléphone serré contre sa poitrine. Elle se détourne de moi quand j’entre mais j’ai le temps d’apercevoir ses larmes.

-Que se passe-t-il ?

-Rien. Répond-elle en reniflant.

Alors qu’elle fait tout pour m’éviter, je lui arrache le téléphone des mains. Elle essaie de me le reprendre mais je la maitrise d’un bras et de l’autre je fouille le journal d’appel.

Mes nerfs s’échauffent immédiatement lorsque que je vois le nom de son interlocuteur : Eric. En plus un appel sortant !

-Je peux savoir ce que tu disais à mon frère à cette heure ?

-Tu n’as pas le droit de fouiller dans mon téléphone. Rends le moi s’il te plait.

-Répond à ma question !

-J’avais besoin de lui parler.

-Je vois ça ! Un quart d’heure de conversation.

-Ca n’a rien à voir avec toi !

-Tu es sérieuse quand tu me dis ça ? Tu causes avec lui à 2 heures du matin et tu me sors ça ? Depuis hier, tu es dans un autre état, j’en conclus que c’est à cause de lui.

-Non.

-Ne me prends pas pour un imbécile. Criai-je en envoyant valser la chaise posée près de moi qui va se fracasser contre le mur.

-Arrête de te mettre dans cet état ! J’avais envie de parler avec lui et oui je l’ai appelé. Je pense que le sujet de notre conversation n’est pas ton affaire.

-Qu’est ce qui s’est passé au mariage ?

-Qu’est-ce que tu racontes ?

-Tu as couché avec lui ?

Elle ouvre la bouche d’étonnement.

-Tu sais quoi David ? Je pars me coucher. Tu m’apporteras mon téléphone quand tu seras lucide.

Je la suis dans le salon comme elle s’en va.

-Je te parle Ela ! Tu as couché avec lui ?

-Non ! crie-t-elle en me faisant face. Non !

-Alors qu’est ce qui se passe ? Pourquoi toi tu l’appelles à 2 heures du matin ?

-Je suis fatiguée de ta crise. Reprends-toi s’il te plait. On en reparlera demain.

-Non, on en parle maintenant ! Je suis ton homme et tu me dois des explications !

Elle se passe la main se le visage et me regarde les yeux humides.

-Oui je sais. Mais il reste mon mari, devant Dieu.

Sous le choc, je m’avance vers elle en fronçant les sourcils. Je n’ai surement pas bien entendu.

-Répète un peu.

-Eric est toujours mon mari devant Dieu. Le mariage religieux est différent du mariage civil. Et je crois que je suis libre de mes actes jusqu’à preuve du contraire.

-Tu te rends compte de ce que tu racontes ?

-Ce n’est que la vérité.

-Tu es folle de me dire ça ?

Elle prend un air de défi en croisant les bras.

-Pourquoi ? Et tu sais quoi ? Lui, ne m’aurait jamais traité comme tu le fais. Vous êtes différents sur…

L’entendre me comparer à mon frère me met hors de moi. Je ne la laisse pas terminer sa phrase, ma colère prenant le dessus. Je la prends par les cheveux pour la jeter face contre terre. Elle se retourne les yeux hagards. Se relevant, elle saisit la télécommande et me la jette au visage.

Je pousse un juron avant de la suivre alors qu’elle court vers la chambre.

 

 

ERIC

Je me rassieds dans mon fauteuil, renonçant à courir après Nancy. Vu son visage inondé de larmes, je devine aisément qu’elle a entendu ma conversation avec Ela.

Une conversation bouleversante je l’avoue. Ah Ela ! Pourquoi je n’arrive pas à t’oublier ?

J’ai été réveillé par le vibreur de mon téléphone. Je ne voulais pas décrocher cet appel, néanmoins, me disant qu’Ela avait une bonne raison de m’appeler à cette heure, je suis sorti du lit pour répondre.

-Eric ?

-Oui ?

-Tu vas bien ?

-Ela… Je suppose que tu ne m’appelles pas à cette heure pour t’enquérir de mon état. Qu’est ce qu’il y a ?

Les secondes s’égrènent, elle reste silencieuse.

-Ela ?

-David, je te demande pardon.

Elle éclate en sanglots.

-Pardon pour tout le mal que je t’ai fait. Je me rends compte à quel point j’ai été idiote. Rien ne saurait justifier mon acte. Je veux juste que tu saches que je suis désolée et que tu me pardonnes… au nom de tout ce qu’on a vécu.

-Ela, il est deux heures du matin. Lançai-je en me passant la main sur le visage.

-Je sais. Je ne pouvais pas ne pas t’appeler. Depuis le mariage de ma sœur, depuis qu’on s’est vu dans ce restaurant, je ne fais que penser à toi, à nous. Eric, je ne dors plus.

-Tu as fait ton choix Ela. Je n’y suis pour rien.

-Je sais.

Ses pleurs reprennent de plus belle. L’entendre pleurer me fait mal à un point que je n’aurais pas imaginé.

-Eric… Eric, est ce que tu m’aimes encore ?

Sa question me surprend, tout comme ma réponse. Je me suis maintes fois posé cette question dans mes moments de réflexion depuis notre divorce. J’ai essayé de me mentir à moi-même mais avec elle, je ne peux mentir.

-Je t’aime Ela. Ma voix tremble d’émotion. Je t’aimerai toujours. C’est toi qui as décidé de partir. Pourquoi tu reviens maintenant ?

-Oh Eric… Tu te rappelles lorsque tu m’as demandé en mariage la première fois ?

-Tu étais en terminal.

-Oui. Elle rit. Tu avais promis de m’aimer pout toujours et tu as tenu promesse. J’avais promis rester avec toi… je n’ai pas tenu ma promesse. Pardon.

-Ma puce, je… Ela, tu m’as fait mal.

-Tu ne sais pas ce que je ressens quand tu m’appelles ma puce.

-Merde ! Ela, je t’aime.

Seuls des sanglots me répondent.

-J’étais prêt à tout pour toi. Hélas, tu n’as pas voulu te battre pour nous. Tu l’as préféré à moi. Je me demande bien pourquoi puisque de mon point de vue rien ne te manquait. Tu aurais dû demander. Tu aurais dû demander, me parler. Mais non, tu m’as abandonné !

-Pardon Eric, pardon…

-J’ai souffert comme un chien !

La frustration est telle que je perds mon calme.

-Et le pire dans tout ça, c’est que je t’aime ! Ela, on allait avoir un bébé ! Tous les deux. Et on l’a perdu, à cause de toi. As-tu déjà essayé d’imaginer ce que serait notre vie actuellement si tu étais restée ? J’en veux à David mais toi ! Toi ! J’ai parfois l’envie de te rayer de ma mémoire mais je n’y arrive pas parce que depuis le lycée je t’ai dans la peau !

-Je t’aime aussi Eric. Dit-elle d’une voix brisée.

-Alors pourquoi tu as tout gâché hein ? Et pourquoi tu viens me torturer ? Laisse-moi être heureux, s’il te plait.

-Avec Nancy, c’est ça ?

-Bon sang ! En quelle langue je dois te dire que tu es irremplaçable ? Nancy ne saurait te remplacer.

Des reniflements attirent mon attention. Je surprends les yeux rougis de Nancy sur moi. Je raccroche donc en me levant tandis qu’elle s’enfuit en courant.

Las, je renonce à lui courir après.

 

ELA

Courant vers la chambre, j’entends les pas de David dans mon dos. Il me rattrape facilement en tenant ma robe de nuit. Je pars m’écraser contre le mur.

L’homme en face de moi, je ne le reconnais plus. Je suis terrifié car je n’ai jamais vu cette facette de David. Il est une toute autre personne.

-Tu as couché avec lui ? Hein ?

Je lui crie que non. Il persiste à croire que je ne dis pas la vérité. Il me demande de reconnaitre ce fait. Comment le pourrais-je si ne l’ai pas fait ?

-David, j’ai mal partout. Arrête s’il te plait !

-Dis-moi où est ce que ça s’est passé ?

-Tu fais semblant ? Je te dis que je n’ai rien fait !

-Menteuse !

-Idiot !

Je reçois une gifle comme je n’en avais jamais reçu dans ma vie. David est un homme imposant alors la puissance de ses coups n’est pas supportable pour moi surtout s’il les donne comme si j’étais son égal.

Je le vois gesticuler. Je n’entends rien. Seul un sifflement aigu qui se transforme peu à peu en bourdonnement emplit mes oreilles. Je suis quasiment sourde. Je couvre mes oreilles de mes mains pour essayer  de me reprendre en le traitant de fou. Ce qui a le don de l’énerver encore plus. Il me tombe dessus.

A mon grand effroi, je me mets à cracher du sang.

J’essaie de crier pour que quelqu’un me vienne en aide mais aucun rien. En plus de m’avoir rendue sourde, je crois qu’il vient de m’ôter la capacité de parler.

J’arrête de me débattre, fermant les yeux. Peut-être que quand il me croira morte, il cessera.


Hello, j'espère que vous allez bien. Pas facile de "suiter" très souvent. Alors, pour vous patienter, vous pouvez toujours aller lire ma première histoire (pour celles qui ne l'ont pas encore fait), elle s'intitule MON AVOCAT, MON PROTECTEUR. A très vite!

INDECISE