30.Palabres

Ecrit par Samensa

NANCY

Il est en train de me filer entre les doigts. Je le sens. Je le sais.

J’avoue que le fait d’informer mon frère de la situation n’a pas été la meilleure solution mais il fallait que j’en parle à quelqu’un qui puisse comprendre cette histoire sinon la folie allait suivre. J’avais espéré qu’il arrange les choses avec Eric. Mon Dieu, qu’est-ce que j’aime cet homme ! Je ne suis en aucun cas prête à le laisser partir surtout au profit de l’autre idiote.

Cela fait des semaines qu’il m’évite. Il vient à la maison voir son fils et c’est tout. Il évite autant que possible d’y passer la nuit. Toutefois, aujourd’hui, je suis déterminée à tout arranger.

Dès que je termine au boulot, je file me changer chez moi et prendre des affaires coquines pour la soirée que je prépare pour lui, chez lui. Ce soir, je compte remettre les idées en place à M. Tra Lou.

Plus tard dans la soirée, couchée dans le lit d’Eric, je me trouve à tomber : il ne résisteras pas.  Ma nuisette me met franchement en valeur. Elle est en dentelle rouge avec des ouvertures volontaires sur mes parties intimes. J’ai choisi de ne pas porter les brettelles démontables à l’origine. Ainsi, il n’aura pas de mal à me l’enlever. Je souris à cette idée.

L’heure tourne et point d’Eric à l’horizon. J’éteins les bougies parfumées qui sont en train de finir et retourne attendre dans le lit.

Je ne sais quand ni comment je me suis assoupie. Toujours est-il que lorsque j’ouvre les yeux Eric est assis de l’autre côté du lit en train de se déchausser. Pour une surprise, elle est ratée.

-Tu viens de rentrer ? Demandai-je en étouffant un bâillement.

-Oui. Rendors-toi. Répond-il en murmurant.

Ah, il n’a pas l’air de bonne humeur.

-Me rendormir ? N’y compte pas. Déclarai-je en passant mes bras autour de son cou, me collant à son dos. J’ai prévu assez de bonnes choses pour toi mon sucre.

-Nancy, s’il te plait. Pas maintenant je suis fatigué.

-Je sais. Chuchotai-je en mordillant son oreille. Et je suis ici pour t’aider à te relaxer.

Je descends ma main jusqu’à son bas ventre mais il m’arrête net alors que je tente de caresser son entre jambe.

-Nancy ! Souffle-t-il durement. Arrête !

Surprise par son ton mais déterminée à atteindre mon objectif, je continue quand même ma course.

L’écran de son téléphone s’allume : il le consulte puis le dépose avant de filer sous la douche. J’en profite pour y jeter un coup d’œil. Une occasion ratée est un péché, n’est-ce pas ? Direction conversation Ela - Eric. Je suis particulièrement attirée par des messages qui se suivent et qui émanent tous d’Eric.

« J’ai adoré ce moment passé ensemble. C’est comme si rien n’avait changé entre nous depuis que tu es partie. »

« Ela, je sais que je suis parti comme un idiot mais je ne pouvais supporter te voir parler avec lui. »

« S’il te plait, fais-moi signe de vie. On ne peut pas faire l’amour de manière si passionnée et ne plus se parler. Appelle-moi ou au pire des cas réponds à mes messages. »

Seigneur !

Le reste des messages sont des appels désespérés d’Eric à Ela. Il a besoin de lui parler, de la voir. Il l’aime. Elle lui manque. Et encore d’autres sotties que je préfère ne plus voir.

Bien que cette histoire remonte à des mois, mon cœur s’émiette. J’ai l’impression de recevoir un bloc de glace sur la tête. J’ai la tête lourde. Mes glandes lacrymales m’abandonnent puisque je sens mes larmes couler le long de mes joues.

Il sort de la douche et vient me trouver en pleurs. M’arrachant son téléphone que j’ai toujours en main, il finit par comprendre la cause de mon état. Néanmoins, il ne dit rien, même pas pour me donner une explication.

-Tu as couché avec elle. Déclarai-je doucement en larmes. Tu vas bien Eric ? Je demande parce que je ne comprends pas à quel point tu peux être aussi idiot ! Une femme qui t’a humilié de la sorte, tu veux retourner avec elle. Qu’est ce tu as dans la tête ?

- Tu n’avais pas le droit de fouiller dans mon téléphone.

-Merde ! Tu as couché avec elle il y a bientôt trois mois! Criai-je. Et moi, je me tue à tout faire pour te rendre heureuse. Je culpabilise à mort en pensant que je suis la cause de nos problèmes.

-…

-Tu m’as caché ça.

-Ouvre les yeux Nancy, notre relation n’avait pas lieu d’être. Je t’avais prévenu.

-Toi, ouvre les yeux Eric ! Je suis là, juste devant toi. Moi je t’aime et je veux te rendre heureux. Eclatai-je en sanglots. Elle t’a abandonné bon sang.

-Je n’y peux rien Nancy. C’est elle que j’aime, d’accord ? Je suis désolé. On essaie mais ça ne change rien. Je ne peux plus faire semblant. Tu l’as toujours su, je ne l’ai jamais oublié.

-Seuls les imbéciles ne changent pas.

-Alors j’en suis un.

Je pousse un cri de rage en bousculant tout ce que ma main touche dans la chambre. Il essaie de me calmer mais y renonce lorsque je lui intime l’ordre de me laisser tranquille.

 

Le lendemain matin de bonne heure, je me rends sur le lieu de travail de cette imbécile. On m’informe qu’elle n’est pas au travail. Je file donc chez elle. Je sonne.

C’est Ela qui ouvre et à son air, jamais elle m’aurait imaginé chez elle. J’entre sans invitation.

-Je peux t’aider ? Me demande-t-elle en soupirant.

-Je t’interdis de t’approcher de MON Eric ! Tu n’as pas honte, salope ? Je ne te ferai pas de cadeaux la prochaine fois. Je suis venue t’avertir. Aies un peu de dignité. Tu es en train de lui pourrir la vie. Pourquoi tu ne restes pas avec David et tu ne nous fiches la paix ? Je te rappelle que c’est toi qui es partie. Alors ne viens pas nous emmerder maintenant que tu t’es lassé de l’autre… Sorcière !

Je ressors avant qu’elle n’ait l’occasion de placer un mot.

 

ERIC

Repensant aux évènements de la veille avec Nancy, je soupire. Je sais que je ne suis pas juste de la traiter ainsi mais je n’y peux rien. Je jure que j’ai essayé de l’aimer comme elle le voulait mais je n’y arrive pas. Le mieux c’est de mettre un terme à cette relation. J’essaie de lui faire comprendre cela depuis plusieurs semaines maintenant, elle préfère rester sourde à mes mots et aveugles à mes actions. Elle veut s’imposer alors que je ne l’aime pas. Seule Ela occupe encore mon cœur. Peut-être est-ce mon destin de rester seul.

-Monsieur ! Monsieur ! Crie ma secrétaire en entrant sans frapper.

Non mais c’est quoi son problème ?

-Qu’est ce qui se passe qui peut justifier que vous entriez ici sans frapper ? demandai-je énervé.

-Monsieur, je viens de recevoir un coup de fil de la comptabilité. Il y a un problème.

-Quel problème ?

-Votre petite amie est en train de se battre avec votre femme ! Votre ex-femme ! lance-t-elle excitée.

Quoi ?

Je me précipite à l’étage de la comptabilité. Dans l’open space, c’est l’agitation générale. Je n’ai pas de mal à distinguer la voix d’Ela.

-Espèce de bordel ! La prochaine fois que tu viens chez moi pour me menacer, je te tue. Il fallait que je vienne te le dire ici pour que tu comprennes. Ne crois pas que j’ai trop peur de toi pour te remettre à ta place. Profiteuse !

-Je ne te permets pas de m’insulter ! Entendis-je Nancy crier.

Puis après, ce sont les cris des gens en train de les séparer. Je me fraye un chemin jusqu’à elles.

-Qu’est ce qui se passe ici ?

Tout le monde se tourne vers moi comme ma voix couvre tout le bruit.

-C’est ton ex-femme qui vient me faire une scène de jalousie. Répondis Nancy.

-Je suis juste venue lui faire comprendre gentiment de ne plus venir chez moi pour m’insulter mais elle a voulu faire la folle encore une fois. Contrôle ta chienne.

-Chienne toi-même !

-Assez !

Je déteste par-dessus tout ce qui est en train de se passer à cet instant. Ma vie privée étalée devant mes employés. Quel respect vais-je leur inspirer ?

-Vous deux, dans mon bureau !

-Non ! s’écrie subitement Ela. J’ai fini de passer mon message, je m’en vais.

-Hors de question. On va régler cette histoire aujourd’hui. Tu me suis.

Ela semble paniquer sur le coup. Elle refuse de me suivre alors je lui prends la main pour l’entrainer de force. Elle ne cesse de me dire qu’elle ne peut pas me suivre, que je dois la laisser partit, qu’on n’était pas censé se voir.

-Tu dois me laisser partir, s’il te plait. Me dit-elle doucement alors qu’on est dans l’ascenseur.

-Ah tu veux fuir c’est ça ? Tu viens semer le trouble et tu fuis. Demande Nancy.

- Nancy ! Coupai-je.

Nous sortons de l’ascenseur et nous dirigeons vers mon bureau. Je les fais assoir dans le petit salon aménagé au coin de mon bureau pour leur parler.

Juste avant que je prenne la parole, mon frère nous rejoint comme une furie.

-Qu’est-ce que tu fous ici ? crie-t-il à Ela qui se met à trembler comme une feuille.

Maintenant que je la regarde de plus près, elle me parait plus maigre et surtout bien pâle.

-Je te jure que ce n’est pas ce que tu crois ? Calme-toi s’il te plait.

La scène devant moi me laisse sans voix. Ela est presqu’en train de le supplier en larmes.

-Ne me dis pas ce que j’ai à faire. Continue-t-il de crier comme si nous n’existions pas.

-David, elle est venue me faire une scène à la maison. Il fallait que je lui dise de me laisser tranquille.

-Et tu crois qu’elle n’a pas raison ? Après que tu te sois comportée comme une trainée ?

Euh ?! Pourquoi il la traites comme ça ?

Il l’attire contre lui et lui chuchote des choses à l’oreille. Elle devient livide puis hoche de la tête avant de prendre son sac à main.

-La conversation n’est pas encore terminée. Ou est-ce que tu vas ?

-Tu vas ficher la paix à ma femme ? Me répond David par une question.

-Ta femme. Je ris. Parce que vous vous êtes mariés ? Désolé, je n’étais pas au courant.

-Ne me provoque pas Eric.

Je hausse les épaules.

-Pourquoi ferais-je une telle chose « grand frère » ?

-On rentre à la maison. Déclare-t-il en tirant Ela par la main, nous ignorant au passage.

Cette dernière m’adresse un regard désolé avant de suivre mon frère par la main.

Mon instinct me dit que quelque chose cloche.

 

 

INDECISE