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Ecrit par Lilly Rose AGNOURET

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Quand Miro ramène Maman et Pupuce, il est pratiquement minuit et demi. Il semble épuisé. De même pour maman qui annonce qu'elle va au lit. Là, je suis obligée de lui annoncer que Gaëlle et Sharonna dorment déjà dans son lit.
Elle me demande pourquoi. Je lui réponds en lui posant une question.
« Maman, qui est Mpemba ? »
« Pourquoi cette question ? La mère d’Élisabeth, la grand-mère de Marc-Elise s'appelait Mpemba Madeleine. Elle est décédée il y a 15 ans. »
« Ok. Ok. »
« Pourquoi cette question ? »
« Je te raconterai demain. Je tombe de fatigue. Mais sache que la fameuse Mpemba est venue visiter Gaëlle. C'est pour ça qu'elle est cassée ! »
Maman me regarde sans rien dire puis me demande son téléphone pour appeler les parents de Gaëlle et Sharonna pour les rassurer.
Miro décide d'aller déposer Jileska et Sunita. Je me blottis dans ses bras, juste devant la voiture et il me murmure :
« Je n'oublierai jamais cette journée ! On se voit demain, mon cœur. Je tombe de fatigue. »
Il se met derrière le volant et me dit :
« Au fait, Antoine a bien pris son avion. Mais, il m'a dit qu'il appellera demain, en arrivant à Paris pour avoir des nouvelles de Marc-Elise.
« C'est une bonne chose », lui fais-je.
« À demain trésor. »
Julien, qui bosse avec le voisin pour les épreuves de son BEPC, arrive quelques minutes après. Je le briffe sur l'état de Marc-Elise et il me répond :
« C'est bête d'avoir envie de mourir si jeune. Dans deux mois, on aura oublié cette fichue vidéo ! »

Comme maman atterrit dans mon lit à côté de Pupuce, je prends mon petit matelas et m'installe dans le salon. J'ouvre la Bible et lis quelques passages avant de dormir. Quelle journée alors ! Comment aurions-nous réagi si notre copine avait passé l'arme à gauche ? Comment sera l'ambiance entre nous une fois qu'elle sortira de l’hôpital ?
Beaucoup de questions s’entremêlent dans ma tête et j'envoie un whatsapp à Miro contenant plein de petits cœurs. Il me répond : bonne nuit tendresse.

Le lendemain matin, les filles rentrent chez elle. Maman appelle la mère de Marc-Elise et lui promet de passer à l’hôpital pour les visites à midi. Nous, nous irons voir notre amie pour les visites à 18 heures. Nous allons passer l'après-midi à bosser. Cela, même si Miro pense que nous devrions laisser nos cerveaux respirer un peu.
Je fais le ménage en chantant histoire de chasser la tristesse et l'incompréhension. J'espère vivement qu'Antoine appellera comme il l'a promis à Miro. Je ne sais pas si cela apportera quelque chose, mais au moins, cela voudra dire qu'il n'est pas insensible au sort de notre copine.
Le téléphone de Julien se met à sonner. Je me rends compte que mon frère l'a fourré dans le pot de fleurs qui décore la table de la salle à manger. Je le sors et vais dans sa chambre.
« Téléphone, monsieur. »
« S'il te plaît ! Ramène ce truc où tu l'as trouvé ! »
« Comment ça ? »
Je lis le nom de l'appelant et rigole en me rendant compte que mon petit frère veut éviter les appels de Pamela-Jo.
« Elle a appelé 15 fois, Julien. Elle n'arrêtera pas tant que tu ne répondras pas. »
« Je lui ai dit tout ce que j'avais à lui dire. Quand c'est fini, c'est fini. Elle ne sait pas ce que veut dire le mot aventure ! »
« Oh ! C'est maintenant comme ça ! Mais, prends le téléphone et dis lui qu'elle arrête de rêver. »
« Pardon, moins je lui parle, mieux je me porte. Je savais que j'avais du charme. Mais là, j'avoue que ce charme me dépasse moi-même. »
« Qu'est-ce que cela veut dire ? »
« Ça veut dire que madame a convaincu ses parents de lui permettre de passer les vacances à Port-Gentil. Pourquoi ? Parce qu'elle ne peut pas vivre sans moi. Qui lui a dit que j'ai les moyens de tomber amoureux et d'entretenir une relation sur le long terme ? Pardon, éteins-moi ce téléphone. Mon BEPC d'abord. Le reste ensuite. Comme elle pense que je suis un gars qu'elle peut acheter, elle m'achète des montres, des polos. Si tu veux ouvrir un magasin, je te les refile. Mais éteins-moi ce téléphone, s'il te plaît. »
J'éteins le téléphone comme il me l'a demandé, mais je ne peux m'empêcher de rire. C'est fou comme l'amour peut rendre bête. Il nous pousse à faire des choses qu'on n’imagine pas possibles.
Je suis dans la cuisine découpée un poulet, quand Pupuce arrive.
« Nous avons eu tellement peu hier soir que j'ai eu l'impression de perdre 10 kilos, sur place dans cette salle d'attente à l’hôpital ! Tu t'imagines ! Je comptais les secondes. J'avais beau prier fort en silence, j'entendais mon cœur battre à tout rompre à l’intérieur. Plus jamais je n'irai dans cet hôpital. Heureusement que Marc-Elise s'en est sortie !»
« Et sa mère ? Comment a t-elle te nue le choc. »
« Oh ! Le médecin a dû lui donner un calmant. Tu t'imagines, perdre comme ça l'unique enfant que Dieu lui a donné ! Le père est resté à la maison ; il ne pouvait pas supporter l’hôpital. Il était effondré. Mais grâce à Dieu, si tout va bien, elle sera en classe pour les épreuves du bac. »
« Et on laissera toute cette tristesse derrière nous. Il faut penser positif : on aura ce bac. »
« Je n'en doute pas. », fait Pupuce.
« Tu n'as pas l'air convaincue ? »
« Oh ! C'est juste qu’hier, j'étais avec papa Jimmy. Le type rêve à ma place, quoi ! Il a tout préparé. Je ne savais même plus comment lui dire que je ne veux plus aller en France, mais en Afrique du Sud. »
« Pourquoi l'Afrique du Sud ? »
« Parce que ça me permet de rester plus longtemps avec les petites. Je partirai en janvier au lieu de quitter précipitamment le pays après les résultats. »
« Et pourquoi n'as-tu pas eu le courage de le dire à papa Jimmy ? »
« Je ne sais pas. Je n'ai jamais su lui parler. Pourtant, contrairement à maman, il a toujours été cool et compréhensif. »
« Dans ce cas, prends ton téléphone et envoie-lui un mail où tu lui expliques tout ce que tu viens de dire. Il comprendra. »
« Si tu le dis. Au fait, c'est quand vos fiançailles ? Avant ou après les résultats. »
« De quoi parles-tu Pupuce. »
« Et merde ! Désolée, je n'ai rien dit. »
Elle s'en va aussi vite qu'elle le peut. Je la rattrape sur le pas de la porte de la chambre et l'oblige à me regarder :
« De quoi parles-tu ? Tu as intérêt à cracher le morceau. »
« Zut, alors ! Comment pouvais-je savoir que c'était une surprise ! Et merde, il fallait que ça me tombe dessus ! »
« Dépêche-toi de cracher le morceau, Pupuce. »
Elle continue de me défier par son silence et en profite pour se sauver au moment où le son strident des pleurs de bébés se fait entendre. 

PUPUCE- (tome 1)