38- Les couleurs de nos amours

Ecrit par lpbk

Vanessa passe de plus en plus à la maison. A l’improviste. Je n’aime pas ça. Elle a cette manie de rentrer dans ma chambre sans frapper. D’allumer mon ordinateur sans me demander. De mettre Trace TV. Et quand elle ne fait rien, elle me pose des questions.

« Elle travaille dans le domaine de l’image. Je ne sais pas exactement ce que ça veut dire Vanessa. »

« Elle est dessinatrice ? »

Qu’est-ce que ça peut lui faire ce que Nowa fait dans la vie ?

« En quelque sorte. »

« Elle est belle. »

« Merci pour elle. »

Elle est plus que belle. Si seulement tu pouvais savoir.

« Alors, on regarde ce film ou tu préfères parler d’elle toute la soirée ? »

« J’ai du mal à croire qu’il ne se soit rien passé entre vous. »

« Peut-être parce que j’ai l’impression que tu la vois en rivale. »

« Peut-être parce que j’ai l’impression que tu es amoureux d’elle. »

Je la regarde et je souris. Allez, je vais mettre play parce que cette conversation commence à m’énerver. 

Vanessa est venue ce soir avec une idée en tête. Celle de me faire céder à la tentation sinon pourquoi aurai-t-elle mise une robe aussi courte et aussi moulante.

« Comment va ton petit ami ? »

Vanessa est en couple avec un congolais ou un kinois comme elle dit souvent. Je sais qu’ils traversent une crise depuis quelques temps et que chaque fois, elle me dit qu’elle le quittera. Je ne pense pas que ce soit par amour. Vanessa m’a l’air d’être cette gamme de femmes qui se sentent perdues lorsqu’elles ne sont pas en couple.

« Je ne sais pas. »

« Ah ! »

« Quoi ah ? »

« Rien. »

Titanic… James Cameron aurait pu nous épargner ce cauchemar. J’aimerais bien m’endormir mais ce serait trop impoli de ma part.

« Tu veux que je te fasse un massage ? », me propose-t-elle.

« Pourquoi pas. »

J’enlève mon tee-shirt et je m’allonge sur le ventre. Vanessa grimpe à califourchon sur mon dos. Sa robe est tellement moulante qu’elle est obligée de la retrousser pour pouvoir écarter les jambes. Je sens sa peau sur la mienne. Ses mains parcourent mon dos, doucement, délicatement. D’abord mon cou, puis mes épaules. Elles s’attardent dans le bas de mon dos.

« Tu te retournes. »

Je m’exécute.

Maintenant, elle me regarde. Ses mains se baladent sur mon torse, mes bras, mon ventre jusqu’en bas de l’emplacement de ma ceinture.

« Tu devrais mettre un coussin entre tes jambes Vanessa. »

« Pourquoi ? »

« Je ne suis pas sûr que ton copain apprécie que je vois ta petite culotte. » 

Elle se penche sur moi et pose un baiser sur ma joue, dans mon cou, sur mon épaule.

« Et toi ? Ça te dérange ? », me demande-t-elle avant de se saisir de mes lèvres pour un baiser enflammé.

Je passe mes mains sous sa robe. L’une se glisse sous sa petite culotte et l’autre remonte jusqu’à son cou.

« Non ! », lui chuchotais-je à l’oreille.

 

Nowa NYANE

Rudy est en voyage. Encore un voyage pour le travail. Je crois que si je devais choisir une autre profession, je choisirai celle d’architecte. Ça m’a l’air terriblement passionnant.

« Tu es sûre que tu ne veux pas venir ? », me demande-t-il au téléphone.

« Ce n’est pas que je ne veux pas. Je ne peux pas. J’ai eu ma première commande Rudy et je n’aimerai pas prendre du retard. »

« Humm… Tu sais que j’ai envie de toi ? »

« Je sais ! Je te donne la permission de te masturber si tu veux. »

« Pouaah !! Jamais. »

« Tu veux dire que tu ne l’as jamais fait ? »

« Pas depuis que je suis avec toi. »

« Humm… »

Il prend un moment pour respirer.

« Nowa… »

« Oui.. »

« C’est un garçon. »

Je crois que je ne comprends pas vraiment de quoi il parle.

« Pardon ? »

« Mon enfant. C’est un garçon. »

« Ah ! Et comment tu le sais ? »

« J’ai déjeuné avec … »

« Tu quoi ? »

Il ne dit rien.

« Je ne me rappelle pas avoir été mise au courant de ce petit diner entre parents. »

« Ce n’était pas un diner Nowa. Il fallait que je la rencontre pour que nous parlions de certaines choses. »

« Certaines choses ? Mais tu te fiches de moi ou quoi Rudy ? Tu fais ce que tu as envie de faire sans me consulter mais moi, je n’ai pas le droit. »

« Tu parles de quoi ? Qu’est-ce que je t’ai empêché de faire Nowa ? »

Il m’énerve. Si je m’écoutais, je lui raccrocherai au nez.

« Tu penses vraiment que quand je m’imaginais ma plus belle histoire d’amour c’était aux côtés d’un homme qui me ferait un enfant dans le dos ? »

« Il y a des fois, la réalité est différente de ce que nous faisons comme rêve. Il serait peut-être temps que tu comprennes que je ne suis pas parfait. J’ai fait une erreur et chaque fois que tu en as l’occasion, tu ne te gênes pas pour me la rappeler. Combien de fois faudra-t-il que je te dise que je suis désolé ? »

« Tu sais quoi ? Je vais aller voir Mika. Je te le dis en toute honnêteté. Pas parce que je veux coucher avec lui mais parce qu’il me manque et que j’aime discuter avec lui. »

« Non ! »

« Non ? Tu crois sérieusement que j’ai besoin de ton accord ? »

« Nowa, je t’ai demandé de faire un choix… »

« Tu n’avais pas le droit de me demander de faire ce choix parce que moi je ne te demanderai jamais de choisir entre ton fils et moi. Bonne soirée Rudy. »

« Ne rac… »

Trop tard ! Moi je n’ai plus rien à lui dire.

J’attrape les clés et je suis déjà dans l’ascenseur.

Ding dong

J’attends quelques secondes et c’est Noah qui ouvre. Il m’invite à entrer et là, quelle surprise… Sade, la fille de Carla.

« Bonsoir Sade. Tu vas bien ? »

Elle semble un peu gênée. Je ne vois pas pourquoi ?

« Oui et toi ? »

« Ça va. »

On se fait la bise et je m’assois près d’elle.

« Tu te fais rare la miss. », lance Noah en coupant le volume de la télévision.

« Le boulot ! »

« Ah, tu as finalement trouvé ! »

« Euh… non ! Je me suis mise à mon compte. »

« Et ça marche ? », me demande Sade.

« Plutôt ! »

« Et comment va Tina ? Les préparatifs du mariage ne la stresse pas j’espère. »

« Tu connais Tina. Entre sa grossesse, son boulot, son fiancé et les préparatifs du mariage, elle se porte comme un charme. Euh… il est là Mika ? »

« Il est de garde ce soir. », me répond Noah.

« D’accord. »

Je reste encore un moment, à discuter avec eux avant de m’en aller. Je crois qu’il se passe un truc entre ces deux-là.

 

En descendant, je n’ai cessé de me demander si je devais ou pas aller à la clinique. Il est quand même tard et la nuit, il y a des urgences la plupart des temps. Je sais que nous ne sommes pas dans Grey’s Anatomy mais quand même. Après une bonne demi-heure de questionnement, je me décide finalement à y aller. Avant, je dois faire un saut quelque part.

 

Mika BIAM

Il y a des nuits de garde comme ça. Longues et chiantes. Des nuits où il ne se passe rien. Ce n’est pas que je souhaite aux gens d’être malades mais voyons, je ne vais tout de même pas rester éveiller toute la nuit pour sourire aux infirmières.

« Vous avez de la visite docteur ! »

« De la visite ? », demandais-je.

« Oui ! Une jeune femme. »

Sans doute Vanessa. Elle commence à se faire pesante celle-là. Je n’aime pas trop les pots de colle. J’ouvre la porte de mon bureau et je tombe sur…

« Hey ! », dit-elle en sautant du canapé.

Elle est gênée ça saute aux yeux.

« Hey ! », répondis-je en poussant la porte.

Elle inspire profondément et se lance.

« Je t’ai apporté une fleur. », dit-elle en montrant de la main la fleur posée sur le canapé.

« C’est quoi comme fleur ? »

« Du lilas. »

Le silence est long, lourd. Je l’entends presque.

« Je suis désolée Mika ! Je sais que … »

« Je sais. », dis-je en m’approchant d’elle.

Mon regard est attiré par les sachets en papier sur la table.

« C’est quoi ça ? »

« Je me disais que je pouvais t’inviter à diner. Avec moi. Ici. »

Au même instant, une infirmière ouvre la porte pour m’annoncer que je suis attendu d’urgence au 5ème étage.

« Je crois que je ferai mieux d’y aller. »

« Reste Nowa ! »

Je la supplie presque.

« Pourquoi tu ne t’allonges pas le temps que je revienne… S’il te plait. Tu m’as manqué et si tu pars, je ne sais pas quand je te verrai encore. S’il te … »

« Je vais t’attendre. »

« Merci. », dis-je en l’embrassant… sur les cheveux bandes de méchantes.

Je ne comprends pas pourquoi vous ne m’aimez pas alors que j’ai tout pour plaire. C’est clair maintenant, vous les femmes, vous aimez les salops. Quand un mec est calme, posé et pas coureurs de jupons, ce n’est pas votre truc. Vous êtes maso n’est-ce pas ?! Bref, j’ai un cœur à sauver. Ciao !

 

Nowa NYANE

« Hey ! »

J’ouvre les yeux. Il fait jour. Je suis toujours allongée sur le canapé. Mon Dieu, j’ai dormi là ! Ma tête doit être affreuse. Je me couvre instinctivement le visage avec les mains. Je l’entends rire.

« Ne te moques pas Mika. »

« Allez ! Arrête, je suis sûr que tu n’es pas si horrible. »

Je le frappe et tous les deux, nous partons dans un fou rire.  

« Il est quelle heure. », demandais-je.

« Presque 08h. », me répond-t-il en regardant sa montre.

Il a déjà enlevé sa blouse. Il a les traits tirés.

« C’est épuisant les gardes ? »

« Très. »

Son téléphone sonne. Il regarde l’écran et le remet dans la poche de son pantalon.

« Je te dépose ? »

Je finis de remettre mes chaussures.

« Oui ! »

 Sur le trajet jusque chez moi, il me raconte ce qu’il a fait ces derniers jours. A aucun moment, il ne fait allusion à mon malheureux message. Son téléphone sonne encore, et comme tout à l’heure, il ne décroche pas. Il continue de me faire rire jusqu’à devant mon immeuble.

« Tu veux monter prendre le petit-déjeuner ? »

A la façon dont il me regarde, il doit être surpris par cette proposition.

« Humm… »

« Téléphone. Il vibre. »

Il l’éteint finalement et coupe le moteur.

Nous prenons le petit-déjeuner chez moi en regardant une série. Quand la sonnerie retentit, il me regarde. Comme si nous avions commis un péché. Je me lève et je m’en vais ouvrir.

« Salut cousine ! », lance Iris en entrant dans l’appartement.

Elle sursaute en voyant Mika.

« Désolé ! », dit-il en se levant.

Elle se tourne vers moi, puis vers lui et encore vers moi. Je ferme la porte et je fais les présentations.

« Je peux te parler ? », me demande-t-elle en affichant un faux sourire.

« Dans la chambre. »

« Tu m’attends un moment Mika ? »

Il hoche la tête et moi, je suis Iris qui marche comme une folle furieuse.

Quand j’entre, elle ferme la porte.

« A quoi tu joues Nowa ? »

« Comment ça ? »

« Ce gars, cette façon de disparaitre du réseau en laissant un mec super inquiet. Et là, je te trouve dans ton salon avec ce Dieu sur pattes en train de vous faire un film ! Tu veux savoir ce qu’il penserait ton Rudy ? »

« Non ! Je ne veux pas savoir. »

Elle reste la bouche ouverte.

« Mika est un ami. Ce n’est pas de ma faute si comme tu dis c’est un Dieu sur pattes. C’est une série que nous regardons, c’est le seul programme potable à la télévision. Et pour finir, je n’ai pas disparu du réseau pour le plaisir Iris… »

Je m’assois sur le lit et je me prends la tête entre les mains.

« Son enfant, c’est un garçon Iris. »

J’entends ses pas sur le carrelage. Elle s’assoit près de moi et me prend dans ses bras.

« Comment ça va se passer quand elle l’appellera pour lui dire qu’elle perd les eaux ? Et est-ce que je devrai faire un cadeau au petit, à Rudy ou à cette fille ? Comment tout ça se passera ? »

« Je comprends ma chérie. Mais à force de côtoyer le joli docteur, tu risques de faire une grosse bêtise. »

« N’ai-je pas le droit ? »

Elle soulève mon visage.

« Non Nowa, tu ne dois pas. Si tu ne ressens plus rien pour Rudy tu devrais le lui dire. »

« Ce n’est pas ça Iris. Je suis toujours amoureuse de lui mais avec cette histoire, j’ai l’impression que du jour au lendemain mes sentiments pourraient s’envoler pas forcément parce que Mika est là. Juste parce que je n’arrive pas à accepter cette histoire d’enfant. »

« Nowa, je pense que cette fille et Tina devraient accoucher vers la même période. Peut-être qu’à ce moment, tu devras simplement le laisser profiter du bonheur d’être père pendant que toi tu prendras le temps de profiter de celui d’être tante. »

« Je ne sais pas ! »

« Je comprends ma chérie. Mais tu sais qu’il t’aime comme un fou. »

« Il m’aime tout court, sinon il aurait au moins utilisé un préservatif. »

Nous restons dans la chambre pendant presqu’une heure. Et ce n’est qu’à ce moment que je me rappelle avoir abandonné Mika dans le salon. Je sors précipitamment de la chambre et je trouve qu’il n’est plus là. Il a juste laissé un mot, sur le pense-bête près de la porte.

« Il est bien sympathique ton appartement. Mika. »

Qu’est-ce que ça veut dire ? Est-il en colère ?

Les couleurs de nos...