39- Les couleurs de nos amours
Ecrit par lpbk
« Ton téléphone Mika. »
« Ce n’est pas important. », répond-t-il.
« Ça fait quand même un moment qu’il sonne. »
« Ne t’occupes pas de ça s’il te plait. »
« Tu me racontes ? »
Je sais qu’il ne préfèrerait pas vu la tête qu’il me fait. J’ai bien vu qu’il a changé mon Mika. Je suis sûre qu’il y a une femme derrière ce changement.
Nous sommes en train de manger une glace, dans notre café. Quand tous les deux, nous avons un peu de temps, nous nous y retrouvons pour partager un petit moment.
« C’est une fille. Vanessa elle s’appelle. Je crois qu’elle craque pour moi. »
Mon petit doigt ne me trompe jamais.
« Et quel est le problème ? Elle est jolie ? Gentille ? Bref elle te plait ? », demandais-je toute excitée à l’idée de savoir.
« Elle est jolie mais ce n’est pas vraiment mon genre. En plus elle était en couple avec un gars qui la brutalisait. Je lui ai conseillé de le quitter et elle l’a fait. »
« En pensant que tu le lui disais pour être avec elle je suppose. »
« Tu es futée ! »
Je lui fais un clin d’œil et j’avale ma glace.
« Je lui ai parlé de toi. »
« Ah ! »
« C’est tout ? Tu ne veux pas savoir ce qu’elle pense de toi ? »
Je fais la grimace.
« Si tu veux me le dire tu le feras. »
Il sourit et continue sa glace au café. Je trouve ça infecte. C’est sucré, c’est amer en même temps.
Rudy EYA
Je suis rentré il y a deux semaines. Nowa et moi, ce n’est pas comme avant. C’est évident que les choses ont bien changé. Souvent, je la surprends en train de sourire devant son portable. Ça m’énerve mais elle a raison. Je dois la laisser vivre sa vie. Qu’il advienne ce qu’il adviendra. Ce que je sais, c’est que je me démène comme un chien pour que nous deux ça marche.
Ce soir, je dois rencontrer Tristan O. le fiancé de Tina. Il y a deux jours, il m’a fait un message. J’ai pris peur sur le coup. Je me suis demandé si elle lui avait tout avoué ou s’il avait tout découvert par lui-même.
« Bébé ! »
Elle lève la tête, met une pause à son travail. Je m’approche d’elle, je pose mes mains sur ses épaules.
« Je vais faire un tour. Je dois rencontrer une connaissance. »
« Maintenant ou plus tard ? », me demande-t-elle.
« Maintenant. »
« OK ! J’ai droit à un bisou avant ? »
Elle ne peut imaginer à quel point cette simple question me rend heureux.
« Lève-toi un moment ! », dis-je en la tirant de sa chaise.
Je la prends par la taille et nous commençons à danser sous un air musical muet et sourd. Puis, je me mets à la chatouiller. Elle se tort de rire, me suppliant d’arrêter.
« Il faut que j’y aille. »
« OK ! »
Je l’embrasse une dernière fois avant de m’en aller.
« Tu comptes lui dire quoi ? », me demande Calvin.
Il m’accompagne. On ne sait jamais ce qui peut arriver dans ce genre de rencontre. Dans un accès de colère, il pourrait bien qu’il me balance une bouteille à la figure.
« La vérité ! »
« Quoi ? »
« Cette histoire dure depuis longtemps déjà. Et j’en ai marre. Je veux juste que tout ça prenne fin. »
« Et donc tu comptes lui dire désolé d’avoir couché avec ta copine durant trois ans ? Comme ça ! Je crois que c’était en effet une bonne idée que je t’accompagne. »
Nous entrons dans le bar. Je regarde un peu partout dans l’espoir de le reconnaitre. Je n’ai jamais vu de photo de lui. Je ne sais même pas à quoi il ressemble cet homme. J’envoie un message à son numéro pour le prévenir de mon arrivée et quelques secondes après, je vois un jeune homme marcher vers moi, le sourire aux lèvres.
« Bonsoir ! », me dit-il.
« Bonsoir Tristan. »
Il sourit de plus belle.
« Mais non, moi c’est Dany ! Tristan est assis là-bas. »
Lui aussi il est venu accompagner. Humm… Nous suivons Dany jusqu’à une table installée à l’abri des regards. A mesure que nous avancions, des milliers de questions se bousculaient dans mon esprit.
« Bonsoir. », dis-je.
« Bonsoir. Installez-vous. »
Nous tirons nos chaises et nous posons nos fesses.
« Vous avez fait connaissance avec Dany je crois. Moi c’est Tristan et je suppose que c’est toi Rudy. »
Il dit ça en me pointant du doigt. Je déglutis. Calvin est silencieux, comme une carpe.
« Moi c’est Rudy et lui c’est Calvin, mon frère. »
Il salue à nouveau Calvin avant d’interpeller un serveur pour que nous passions nos commandes. Nous prenons de l’eau, histoire de rester lucides. Nous parlons de foot, de politique, d’économie, de tout sauf de l’objet de cette rencontre. Oui, il ne parle pas de Tina encore moins de sa grossesse.
Quand il demande à Calvin et à Dany de nous laisser, je ne peux m’empêcher de penser que maintenant, nous allons parler des choses sérieuses.
« Ça va ? », me questionne-t-il.
« Oui et toi ? »
« Comme tu vois, moi je vais bien. Par contre toi, je crois que tu as un gros problème sur le feu. Il parait que ma fiancée est enceinte… de toi. Je… »
« Ecoute Tristan ! C’était un accident par un soir de faib… »
« Ne raconte pas d’histoires. Je sais depuis quand vous couchez ensemble. Tu te disais vraiment qu’elle était si intelligente Tina ? Tu pensais qu’elle avait réussi à me tromper pendant autant d’années sans que je ne m’en rende compte ? Ou que je devais être fou d’elle au point de l’épouser sachant que l’enfant qu’elle porte n’est pas le mien ? »
Je ne sais plus ce que je pensais. Je préfère l’écouter parler, après tout, je suis coupable.
« Tu as une fiancée ? Une copine ? »
« Oui ! »
« Et tu l’aimes ? Je veux dire est-ce que tu veux réellement construire quelque chose avec elle ? »
« J’ai une copine dont je suis amoureuse. »
« Et comment ça marche entre vous depuis qu’elle sait que tu vas être père ? Ou tu le lui as caché ? »
« Je n’ai pas vraiment envie d’en parler. »
Il prend une gorgée de son verre.
« Tina a réalisé une insémination. »
Silence ! Quoi ?
« Ça t’en bouche un coin je sais. Tina a réalisé une insémination. Cet enfant n’est pas le tien. »
« De quoi est-ce que tu parles Tristan ? Elle m’a presque juré qu’il était de moi ce gosse. »
« Et tu crois une femme qui a trompé un homme pendant trois ans ? Rudy, Tina n’est pas enceinte de toi. Elle a juste voulu se jouer de toi. Ça va faire deux ans que nous avons commencé le traitement. »
Je n’arrive pas à y croire. Comment j’ai été stupide de croire à cette histoire.
« Tu te demandes pourquoi elle a fait ça ? Réfléchis un peu. »
Oui, pourquoi as-t-elle fait ça ? Pourquoi elle m’a menti cette fille ? Je sens mon sang bouillonner de rage. A cause d’elle, ma relation avec Nowa est devenue compliquée. Je vais la tuer cette pétasse.
Je dois faire appel à tous mes ancêtres pour ne pas exploser de rage. Mais dès que j’entre dans ma voiture, je ne peux plus me retenir. Je donne un coup sur le volant. Puis un second.
« Merde ! Merde ! Merde ! Je vais la tuer cette conasse. »
Ma nervosité se transforme en joie. Et je pars dans un fou rire.
Je suis sûr que si j’étais une fille, je pleurerai de joie.
« Qu’est-ce qu’il t’arrive Rudy ? »
Je le regarde et je ne peux m’arrêter de rire.
« Ah dis-moi ! Vous vous êtes dit quoi non ? »
« Je n’aurai pas d’enfant ah ah ha… »
Il est incrédule je crois.
« Rudy, tu deviens fou ? »
« Non ! Calvin je te jure que je ne serai pas père. Du moins pas dans 3 mois. Mon Dieu ! »
Il lève un sourcil. Il doit vraiment se dire que je suis en train de perdre les pédales.
« Rudy pardon ! Ta tchoin va accoucher bientôt. Tu as dit que tu assumerais. Ne commence pas à faire ton idiot. »
« Mais je te dis qu’elle n’est pas enceinte de moi. C’était une insémination. Tout ça c’est une grossesse éprouvette. En plus son fiancé, il est gay. »
« Merde ! C’est vraiment une salope cette Tina. »
« Je te jure ! Mais ça ne va pas se passer ainsi. »
Quand j’entre dans l’appartement, ça sent bon. Nowa est dans la cuisine. Je pose ses clés et je m’en vais la rejoindre.
« Hey ! »
« Hey ! », répond-t-elle en souriant.
Elle est magnifique.
« Je fais un gratin. Je sais que ce n’est pas ton truc mais tu vas devoir te forcer. J’ai beaucoup de travail… Et tu caches quoi ? »
Je retire l’une de mes mains de derrière mon dos et je me gratte le front.
« Allez ! Montre-moi ! »
Je lui fais non de la tête.
« Elle est là Georgette ? »
« Elle est partie avec Loïc. Montre-moi sinon tu dors affamé. »
Je m’approche d’elle et lorsque je suis à quelques centimètres, je sors mon bouquet. Ses yeux pétillent déjà. C’est bien la femme dont je suis amoureux.
« C’est pour moi ? »
« Non ! Pour Georgette. »
« Je te déteste ! »
Elle m’arrache presque le bouquet des mains et se met à l’admirer.
« En quel honneur ? »
« Parce que je t’aime petite femme. »
« Humm… »
Elle pose les fleurs sur le plan de travail et vient de perdre dans mes bras. Je l’embrasse avec avidité. J’ai soif d’elle. Je caresse ses jambes nues.
« Tu sens bon ! »
« Je sens toujours bon Rudy. »
« C’est vrai. »
« Par contre toi tu pue la cigarette. »
« Désolé. Je peux encore t’embrasser ? »
Pour toute réponse, elle pose ses lèvres sur les miennes.
Nous mangeons en bavardant et en riant comme de nouveaux mariés et comme à chaque fois que nous passons la nuit chez elle, nous dressons notre lit de fortune au salon. Elle est allongée sur le coté, mon bras autour d’elle.
« Mon cœur ?! »
« Oui ?! »
« Tu sais que je t’aime n’est-ce pas ? »
« Je ne sais pas ! Tu malmènes trop mon cœur. », dit-elle en riant aux éclats.
Moi, ça ne me fait pas rire. Elle a un peu raison.
« Tu n’as plus à penser à cette histoire de bébé… »
« Non Rudy, on ne va pas en parler maintenant Rudy. Je viens de passer une superbe soirée, là, j’ai seulement env… »
« Elle n’attend pas mon enfant ! »
Elle reste un moment sans rien dire.
« Nowa ! Tu as compris ? »
« Oui ! Mais elle attend un enfant ou elle n’en n’attend pas au final. »
« Elle attend un enfant mais pas de moi. »
« J’ai le droit d’être contente ? »
« Tu as droit à tout. »
Elle se retourne, je sens ses dents sur mon épaule et son souffle chaud. Elle crie.
« Et j’ai le droit de la traiter de salope ? Parce que quand même elle offrait ses services à combien de personnes cette fille ? »
« Ne dis pas ça mon cœur. Et puis, moi je n’ai plus envie que tu penses à elle. »
« Tu as raison ! Mais tu me promets de ne plus jamais la voir. »
« Promis ! On fait l’amour pour faire la paix ? »
Ses mains glissent dans mon pantalon et elle me mordille encore l’épaule.