4- Enfin le ouf de soulagement

Ecrit par wilfrid nougbo

Partie 4  

Après le départ des conseils ou si vous voulez des ministres du roi, ce dernier revient au palais.  Je ne sais même pas ce qui le fait mal dans notre disparition. Il ne peut même pas s’asseoir et ne fait que des allés et venus intempestifs tout en serrant  les dents et même soupirant à maintes reprises.

Soudain sa femme fait son entrée sans fait du bruit. Elle était à la porte depuis quelques minutes observant son mari dans sa  dépression.

La reine :(s’agenouillant) Kabiési oooh!

Adéchinan :(faisant face au mur et dos à l’endroit où se trouve sa femme, il a la tête légèrement levée)  Que me veux-tu ?

La reine : Votre repas  est prêt.

Adéchinan : Je veux être tranquille.

La reine :(insistante) Mais  mon seigneur avait insisté que cela lui soit servi à temps. 

Adéchinan :(se tournant vers elle avec furie) Je n’ai plus faim. Alors retourne dans ta chambre.

La reine : Kabiési….

Adéchinan : Oloori !  (Reine !) tu m’as entendu.

Il la laisse là et va s’asseoir sur son trône.

Adéchinan: Va dans ta chambre. Je veux être seul.

Après avoir  passé des temps à genou, sa femme se retourne dans sa chambre comme voulu de lui mais avec la conscience  très gênée. Elle se demande ce qu’elle aurait pu faire  au roi pour que ce dernier agisse de cette manière à son endroit. En effet,  comportement lui a  paru  étrange. Elle qui n’était pas présente au moment de la réunion  imprévue que son mari avait convoquée ignore ce qui se passe.

Ne  pouvant pas rester longtemps dans sa chambre, elle  réapparait au palais l’air très triste. L' air que  son  visage affiche n’a pas laissé au roi que le choix de lui faire signe de venir.

Adéchinan : Je t’écoute ma reine.

La reine :(s’agenouillant) Que sa majesté me pardonne mon insolence de tout à l’heure. C’est juste que la santé alimentaire de mon seigneur me préoccupe.  Je m’excuse beaucoup. Ejébourè Kabiési (patience mon seigneur)   Elle joint ses deux mains et en présente au roi en signe de respect ou de demande de pardon. Ce dernier pose sa main sur les siennes pour lui montrer qu’il lui a vraiment  pardonné.

Adéchinan : Oloorimi ! (ma reine !) Ne te fais pas de souci,  tu es toute  pardonnée.

A vous lecteur, j’ouvre une parenthèse pour  vous rappeler ou vous dire que selon la tradition de notre village, le roi ne s’excuse ou ne demande pardon  jamais à  qui que ce soit,  qu’il ait raison ou pas. Parenthèse fermée.

La reine :(insatisfaite) Euh… Mon seigneur refuserait-il de me suivre dans ma chambre pour diner ?

Adéchinan :(ahané et soupirant) Non ! Je te suis en même temps.

La reine :(contente) Kaaaaabieeeeesi oooh !

Ils se dirigent tous les deux vers la chambre de la reine. Une fois arrivé et pendant que le roi mange la reine toujours curieuse et  gênée le questionne.

La reine : Que mon seigneur m’accorde la faveur de  lui fait part de  ma requête.

Adéchinan : Oui, ton seigneur a ses oreilles ouvertes à toutes tes doléances ma reine.

La reine : D’accord ! Mon seigneur serait-il disposé à se confier à la pauvre reine que je suis ?

Adéchinan : Avec plaisir ma reine

La reine : Alors ma curiosité me pousse à vouloir savoir ce qui traumatisait mon seigneur tout à l’heure.

Adéchinan : Non, t’inquiète,  ce n’est rien  ça passe déjà ma chère.

La reine : Euh… Étant une vraie  femme et connaissant  mon seigneur je ne pense pas que ce soit rien comme le dit mon seigneur.

Adéchinan :(agacé) Je….

La reine :(d'une voix douce) Kaaaaabieeeeesi oooh ! Olowo ori mi, alade temi nikan, ôkô mi  atata. Omo ôba ochukpa, ômô alagi lojou omi, arade kô obirin, arôbadade ôba temi nikan….. (Éloges du roi)

Adéchinan :(soupire longuement et sourit légèrement) Tu sais toujours comment m’avoir. Eh bien ça ne va pas ma reine comme tu l’as constaté. Ce n’est autre que la disparition de ces deux gamins qui m’étreint depuis un certain temps ma reine. Je n’arrive même pas à avoir la tête reposée surtout quand je me souviens des plaintes intempestives de Shola qui m’importunent  . Vraiment je suis dépassé.

La reine :(rangeant les assiettes et tendant le bol de l’eau au roi qui a fini déjà de manger) Face à une telle situation bonne ou mauvaise il y a forcément une décision même si cela ne mènera à rien. J’espère qu’il y a à faire mon seigneur. Il y a forcément une décision à prendre.

Adéchinan : Bien sûr ma reine et j’en  ai déjà pris.

La reine : Alors mon seigneur a été cette fois-ci rapide que je ne le crois. Puis-je en prendre connaissance si ma curiosité n’irrite pas mon seigneur ?

Adéchinan : J’ai décidé moi-même de m’y mettre comme ceux que j’appelle   chasseurs n’ont pas pu.

La reine : Sa majesté. Euh… mon seigneur me prêterait peut-être attention  si je lui propose autre alternative que ça ?

Adéchinan :(se levant d’un bond) Pas pour l’instant. C’est une décision que  je tiens à réaliser et je ne pense pas que je rebrousserai  chemin même si ma défunte mère et mon défunt père reviennent.

La reine : Mon seigneur. Il faut au moins faire recours  à l’oracle.

Adéchinan : J’ai dit même mes géniteurs et tu parles d’oracle.  Femme si tu veux que je te prête attention comme tu le souhaite,  oublies cette affaire. Le vin est tiré.  Prépare mon départ. J’y vais bientôt.

Il se dirige vers sa chambre avec rage laissant même sa récade malgré le fait que sa femme l’ait fait remarquer cela.

Déçue, la reine reste longtemps assise sans émettre un son de sa bouche avant de le rejoindre avec sa récade. 

  Le lendemain n’a pas tardé d’apparaitre et  voici très tôt le matin Olou awo le vieux sorcier et  féticheur  spécial   du roi qui est à l’entrée  palais demandant à voir  sa majesté.

Olou awo :(s’adressant au gardes)  Je vous en prie permettez-moi de parler à sa majesté. Cela concerne la vie de notre roi et la  sécurité de notre royaume.

Un des gardes :(voix rauque) Sa majesté ne veut voir personne.

Olou awo : Moi je ne suis pas personne non. D’ailleurs même qu’est-ce qui vous arrive aujourd’hui ? Vous ne reconnaissez plus moi Olou awo  le féticheur spécial de votre roi c’est ça ?  Ok ! Si vous ne voulez pas que j’entre alors faites appel au roi pour que je lui parle au moins….. Et si cela ne vous plaît pas aussi  remettez-lui ceci au roi.  (Il leur tend une petite amulette mais personne ne  la prend de sa main. Ils restent tous silencieux et les regards ailleurs)

Olou awo : Mais prenez non.

-Silence et immobile!!!

Olou awo :( se retournant tout déçu) Hum !!! On dirait même  que je m’adresse à  des  statues hein. Ok comme vous ne voulez pas m’écouter je vais m’en aller mais dites au roi dès qu’il sera disponible que je suis venu l’annoncer un malheur qui veut s’abattre sur notre royaume mais vous m’en avez empêché. J’ai quand même fait de mon mieux. Au revoir.

Il n’a même pas  franchi le seuil de la concession qui leur sert de clôture pour le palais avant d’être haleté par une voix qui est celle de la reine.

La reine : Awo èwaa (féticheur revenez en nago)

Olou awo :(revenant sur ses pas) Olori vous étiez là ?

La reine : Oui j’étais sous la douche. Vous êtes venu voir sa majesté ?

Olou awo : oui mais… 

La reine : Ignorez-les et entrez s’il vous plait.

Il la suit tout en toisant les imbéciles qui se disent gardes.

Une fois dans le palais, elle installe ce dernier qui commence par lui raconter un rêve qu’il a fait la nuit écoulée.

Olou awo : Olori,  je vous jure par nos ancêtres que n’ai pu fermer les yeux depuis que j’ai vu la chose et c’est d’ailleurs même la raison de ma venue ici si tôt mais vos gardes  ont refusé de me comprendre. Alors dites-moi où sa majesté a-t-il prévenu  qu’il va ce matin ?

La reine : Prévenu vous dites ??? Si je vous dis que je sais à quelle heure exactement votre roi a quitté le lit je vous mens. Je ne sais même pas si c’est peut-être un sortilège qu’il a utilisé pour me faire dormir si profondément. Je n’ai jamais dormi de cette façon. D’ailleurs même depuis quand vous les hommes prévenez vos femmes avant de sortir ? il ne m’a rien dit et c’est même ce pourquoi je vous ai faire revenir ici. Il m’a parlé d’une décision qu’il a prise mais j’ai essayé de le faire revenir à la raison mais hélas je ne suis qu’une simple et pauvre femme. Je crois que c’est cette décision là qu’il a mis en œuvre.

Olou awo : Ah bon ! De quelle décision s’agit-il ?

La reine :(surprise)  Quoi ? Voulez-vous me dire qu’il ne vous a pas informé ?

Olou awo : Pour quel but vous mentirai-je ma reine ? S’il me l’avait dit  je ne serais pas ici ce matin et à cette heure-ci.

La reine : (soupirant et secouant la tête) Adéchinan ômô Olabodé. Tu as recommencé.  Il m’a dit qu’il ira lui-même à la recherche des gamins disparus et que même ses défunts parents ne pourront l’en empêcher.

Olou awo : C’est bizarre hein. Comment sa majesté pourrait-il cacher  quelque chose à moi  son défenseur auprès des dieux ?(soupirant) Bon dites-moi les choses qu’il a emmené.

La reine : awo je vous dis que je….

Aussitôt Balogun fait son entrée tout en respirant on dirait l’amortisseur d’une machine à mouler. Je pense que les imbéciles à l’entrée du palais  l’ont enfin laissé passer.

Balogun :(respirant à vive allure)  Olori où est Kabiési ?

La reine : Il n’est pas là mais il y a quoi Balogun ?

Balogun : il y a plus que beaucoup même ma reine. Une fille vient d’être retrouvée morte sur le sentier du marigot.

La reine : Quoi ?

Olou awo : Oui ça vient de commencer Olori. Sa majesté a pris la plus mauvaise décision de sa vie que je sais qu’il va regretter si peut-être les dieux lui épargnent la vie.

Balogun : Hum !!! Quelle décision ?

Olou awo : Balogun, ne me fais pas l’étonné. Sa majesté vous aurait surement parlé de son projet.

Balogun : Soyez précis Awo. Le roi comme vous le  connaissez tous a plusieurs choses qui tournent dans sa tête surtout ces dernières lunes.  

La reine : Je ne crois pas qu’il vous aurait caché à vous aussi qu’il ira lui-même à la recherche des enfants qui ont disparu.

Balogun : Ahein ! J’en étais sûr. Excusez-moi le thème hein mais laissez-moi dire que sa majesté est un peu têtue.

Olou awo :(ricanant) Hum !!! Un peu tu dis ? Il est plus que têtu et c’est ça qui le conduira à la mort.

La reine :(prise de peur) Hum !!! Comment la mort ?

Olou awo : En tous cas ce n’est pas dans ma bouche que vous allez manger votre piment. Moi je vous laisse, j’ai  terminé ma mission au palais.  Adieu.

Balogun : Adieu ?

Olou awo : Oui que voulez-vous de plus ?

Balogun : Qu’allons-nous faire de  la mort qui vient de commencer son ravage ?

Olou awo : Ah ! Qui cherche trouve et qui trouve supporte  hein. Vous et votre roi  avez  cherché et vous avez commencé par trouver donc  soyez  prêts aussi à supporter. Quant à moi odigbéré oooh (adieu en yoruba).

Il sort et  les laisse là plaqués et se regardant  comme deux animaux sauvages voulant entamer une bataille.

Balogun : Ma reine on fait quoi ?

La reine : Quoi ? Vous allez disparaître de ma vue ? N’est-ce pas vous ses aveugles conseillers ?

Balogun : Mais ma…

La reine :(hurlant) Sortez !!!

Elle le laisse et  entre dans sa chambre. Ce dernier reste figé un moment avant de disparaître comme l’a voulu la reine.

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Mes chers amis,  revenons à présent dans la forêt.

Je vous dis que nous (Olouôdè, Ifèmi et moi)  nous retrouvons actuellement devant une rivière qui n’est que le seul chemin par lequel nous pouvons  atteindrons le sentier menant   à Sakété qui n’est plus loin que d’un demi de  kilomètre. Le vent nous fait parfois entendre les klaxons des motos et voitures qui passent sur la voie.  Je vous jure que nous sommes foutus car il n’y a ni pont ni pirogue pouvant nous permettre d’enjamber cette rivière et je me demande même comment ceux qui ont tracé ces sentiers  ont pu faire pour le faire. La rivière est au bon milieu de la forêt et il n’y pas de place de sol que là où nous nous tenons et l’autre bord menant à Sakété là.

 « Qu’allons-nous faire maintenant ? » je suis sûre et certaine que c’est là la question que vous voulez ou même me posez actuellement. Alors je vous dirai que je n’en ai aucune idée moi-même mais j’ai une solution banale. Hum !!! Solution ?? Eh oui. Bon celle de m’adresser aux coqs qui sont avec moi. J’ai raison je pense hein. Ok… et ça y est...

Moi :(inquiète) Ifèmi on fait quoi ?

 Il hausse les épaules et jette un coup d’œil à Olouôdè. On dirait qu’il a lui aussi peur de ce qui allait  nous arriver.

Olouôdè :(raclant la gorge) Je pense que j’ai une solution.

Oui ! Il n’en manque jamais celui-là. Dites-vous que s'il ne nous avait pas rejoint par la main de Dieu nous nous serions déjà pourris dans cette forêt,  Ifèmi et moi. Bref, Dieu est grand.

Moi :(pressée) Oui on vous écoute Olou.

Olouôdè :(regard en l’air) Bon nous allons devoir passer dans l’eau.

Moi : quoi ? Vous n’avez pas  vu comment cette eau est nombreuse ? En tout cas moi je ne vais pas risquer une fois de plus ma vie.

Ifèmi : J’ai peut-être une idée. On va chercher un long  bâton  que nous allons mettre dans l’eau pour voir comment elle est profonde et enfin essayer d'abattre cet arbre là-dans.  

Regardez-moi ces gens-là hein. Moi qui croyais qu’il allait trouver une autre alternative plus mieux que celle de passer dans l’eau,  lui-même n’a fait que soutenir  cette fameuse solution d’Olouôdè.  Ils m’énervent déjà même. 

Olouôdè : Et tu vas où comme ça ?

Moi :(boudant) Me reposé.

Ifèmi : Tu es folle je pense. On est confronté à un problème et toi tu prétends aller te reposer ?

Moi : Eh bien vos soient disant solutions me lassent ok.

Ifèmi : Tu vas revenir ici ? Ou bien que je vienne te donner une fessée d’abord ?

Olouôdè :(fixant la rivière) Hum !!! Je rêve ou quoi ?

Moi :(me retournant) Hum ?

Olouôdè : Mais vous ne voyez pas ?

Ifèmi :(suivant les regards d'Olouôdè)  Quoi ?

Olouôdè : N’est-ce pas une pirogue qui vient là-bas ?

Ne croyez pas qu’il ment hein. C’est vraiment une pirogue vide qui roule sur la rivière sans le guide de personne. Ça parait miraculeux à vos yeux mais c’est ça. Vous saurez bientôt ce qui s’est réellement passé.

Olouôdè :(soulagé)  Mes amis nous sommes sauvés. Dieu est vraiment grand.

Moi :(étonnée) Sauvés ???

Ifèmi : Oui on a une pirogue gratuite

Moi : Ahan !!! Qu’est-ce qui vous arrivent même ? Tout à l’heure vous disiez que nous devrions nager et maintenant qu’une pirogue mystique a fait son apparition vous dites encore qu’on est sauvé.

Ifèmi : Yonnou. Ayi  towé ni vo. (femme/dame sois tranquille en fon)   Il ne nous arrivera rien de mal.

Moi : Oui si vous cessez de trouver n’importe quoi comme solution.

Ifèmi : Ok ! Toi tu proposes quoi comme solution ?

Moi : Hum. Aucune idée.

Ifèmi : Alors cesse de nous importuner pour rien.

Moi : Donc je vous importune ?

Ifèmi : Maintenant oui.

Moi :(choquée) Euh…

Il s’approche de moi, me  prend dans ses bras et me serre très fort contre lui.

Ifèmi :(me caressant le menton)  Tu sais Senanché (ma Senan) , tu n’es qu’une fille et nous hommes alors laisse-nous gérer la situation à notre manière. Rien ne va t’arriver tant que j’ai le souffle de vie. Arrête de te paniquer ok.

Je hoche la tête en signe d’approbation.  Il jette un coup d’œil voleur à Olouôdè avant de poser ses lèvres sur mon front. Hum ! pourquoi pas sur mes lèvres ? C’est ce que vous dites ? Quand même vous aussi. Que savent les villageois comme nous de bisou ? Ce qu’il vient de faire aussi même je suis certaine que c’est dans un feuilleton il l’aurait vu  en ville. Donc cessez de vous poser des questions. En tout cas pas dans ce domaine.

Vous vous demandez  surement aussi ce pourquoi Olouôdè n’a plus intervenu dans notre conversation depuis. Eh bien je vous informe qu’il tente actuellement en train de récupérer la mystérieuse pirogue. 

Olouôdè :(criant) Ifè ne restez pas là. Aidez-moi à la récupérer.

Ifèmi me lâche et le suit effectivement tandis que moi je suis restée debout les bras croisés les regardant dans leurs gestes

Une fois la pirogue récupérée, nous y sommes  embarqués même si tout en moi vibre de frisson.

Vous n’allez pas croire qu’au bon milieu de la rivière cette pirogue ait  commencé  par dandiner rudement. Et je pense que c’est  sous l’influence de  je ne sais quelle force.  Moins de geste maintenant nous allons nous effondrer et vous nous saurez morts de   noyade.

Moi :(m’agglutinant dans les bras d’Ifèmi) Je vous avais pourtant averti.  Nous sommes morts…

Olouôdè :(se lève et s’agenouille dans la pirogue)  On va s’en sortir. Ne vous inquiétez pas.

Moi :(déjà en pleures) Comment ? Comment ? Moi je m’inquiète ok.

Olouôdè m’ignore et commence ces fameuses incantations.

Soudain, une étrange voix se fait entendre  sous nos pieds dans la pirogue. Je vous jure que c’est par miracle que je n’ai plus fait la crise cette fois-ci. En tout cas Dieu merci sinon les deux hommes auront deux problèmes à régler. Personne n’ose parler parmi nous les trois. On dirait que cette mystérieuse voix nous  a tous pris nos langues.

Pendant que la voix ricane sans cesse, Olouôdè commence  par fouiller sa camisole. Je pense qu’il est en train de chercher une amulette. Quant à Ifèmi, il essaie d’enfoncer les doigts dans la gorge comme voulant vomir quelque chose. Je n’ai aucune idée de ce qu'il fait.

Ils ont été surpris par mon hurlement et arrête au même moment ce qu’ils faisaient.

Olouôdè : Tu as quoi ?

Moi :(frissonnant) Mes pieds.  Il y a une main qui tient mes pieds.

Ifèmi : Hum !!! Tu es sûre là ?

Moi :(en pleures) Oui oui mais je ne vois rien.  

Voyez-moi ces gens-là hein. Ils m’ont ignoré encore et ont continué chacun ce à quoi ils s’étaient occupés à faire.  Cette fois-ci je  ne peux rien dire que de continuer à hurler et de plus en plus fort.

Je n’ai arrêté que lorsque j’ai vu les deux hommes sortir au même moment et d’un même geste chacun son sortilège  d’attaque.  Olouôdè sort des plumes (je ne sais pas si ce sont celles d’oiseau ou de poule parce qu’elles sont baignées d’huile rouge et même de sang). Quant à Ifèmi, il a réussi à vomir un œuf tout blanc.

 Ils jettent chacun son  contre-attaque au niveau où se trouvent mes pieds et  à ma grande surprise je vois qui apparaître sous mes pieds ?

Mon Dieu !  Je n’en crois pas mes yeux. Il nous a suivi ou quoi ?

Tous ensembles :(éberlués)  Kabieeeeesi !

Il ne peut même pas nous répondre. Je pense que les sortilèges  d’Olouôdè et d’Ifèmi ont eu un effet sur lui.

Olouôdè : Je savais !

Ifèmi : Hum !

Moi : Je le savais aussi. Adéchinan wo aye è lodé (regarde ta vie en l’air/nago).

Déçus nous nous sommes tous tus jusqu'à finir notre parcours sur la rivière.

Une fois arrivé à l’autre bord, nous nous sommes descendus en le laissant dans la pirogue et continuons notre chemin mais Ifèmi a insisté qu’on le sorte de la pirogue pour au moins lui sauver la vie même s’il ne le mérite pas.

Ifèmi : Je ne veux pas que nous ayons sa mort sur notre conscience. Faisons ce que nous pouvons pour lui.

Moi : Qu’est-ce que toi tu dis comme ça ? On vient à peine d’être libéré de son joug et tu penses que c’est préférable de lui donner  encore la chance de nous nuire ou bien.

Ifèmi : Je sais qu’il est  méchant et ne mérite pas de survivre mais…

Moi :(l’interrompant en criant) Mais quoi ????

Olouôdè : Il a raison ma file.

Vous voyez avec moi maintenant non? Ils viennent encore de s’accorder. On dirait des jumeaux.

Moi : D’accord mais moi je ne vais pas vous suivre quand même.

Ifèmi : Tu n’as pas besoin.

Ils se sont retournés vers lui tandis que moi je suis allée poser mes fesses sur un tronc d’arbre au bord du sentier menant au boulevard de Sakété.

Une fois arrivé, ils ont  essayé de le sortir de la pirogue.

 Même dans le tombeau la méchanceté ne changera pas de nature et le méchant demeure toujours méchant. A peine l’ont-ils posé au sol qu’Adéchinan le barbare  sort un couteau ensorcelé  et veut poignarder Olouôdè mais ce dernier a été rapide ou plutôt que Dieu l’a sauvé. Il lui arrache le dit couteau et lui en enfonce à la poitrine. C'est bien fait pour lui.

Moi :(De là où je suis) Je vous l’avais dit. Un méchant n’abandonne jamais.  vous ne me croyiez pas.

Ifèmi :(soupirant et passant la main au visage) Ouf !!!

Olouôdè  fait de même et  saisit la main d’Ifèmi pour me rejoindre.

Moi :(soulagée) Maintenant qu’il s’est fait avoir de lui-même, nous pouvons partir ?

Olouôdè :(déçu) Ma fille excuse-nous de ne pas prêter oreilles à tes dires.

Moi : Non c’est rien. Désormais vous m’écouterez.

Ifèmi : Bon il est temps de penser à autre chose.

Olouôdè : Allons-y vite.

Alors mes lecteurs vous comprenez que le méchant  roi nous a heureusement quittés. Quoi ? Vous croyiez que j’allais dire malheureusement ??? Non ! loin  de là. Vous savez tous ce qu’il nous a créé ce connard là.  Donc adieu à lui et paix à sa cruelle âme. Akou toun kou è lonan oroun (il est mort, ré-mourra et ré-mourra).

Ouf !  Pensons à autre chose comme le veut mon chéri.

Nous sommes à présent au bord d’un boulevard qui mène à Sakété selon les dires d’Ifèmi.

Que reste-t-il à faire ?

A suivre………….



SVP : Je m’excuse beaucoup pour la lenteur de l’histoire. C’est parce que je ne suis pas aussi stable.  merci pour la compréhension et la confiance. Soyez bénis au nom de Jésus-Christ.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'Etranger Invisible