41- Les couleurs de nos amours

Ecrit par lpbk

Nowa NYANE

« Mais c’est quoi ce message ? »

Vanessa ? Mais pourquoi m’écrit-elle ? Et que pourrait-elle avoir à me dire ?

Je préfère travailler en essayant de ne pas repenser au message qui m’attendait sur Facebook ce matin.

Je commence à me faire une petite clientèle. Ce n’est pas encore comme dans mes rêves mais c’est beaucoup mieux que de rester assise à se tordre les pouces et à attendre les fins de mois pour aller quémander un chèque chez ses parents. Je travaille peu car il me faut encore trouver une coiffure pour le mariage. De plus, il y a Iris qui n’arrête pas de m’envoyer des messages. Elle veut que je prie pour qu’elle attrape le bouquet de la mariée. Je suis sûre que Tina le lancera dans l’autre direction juste pour qu’elle n’ait aucune chance. Ça m’amuse quad même de voir à quel point ma cousine est accrochée à son Calvinou.

Qui eut cru que les choses se passeraient ainsi ?

Vers 16h, je finis par répondre à Vanessa.

« Bonjour. »

Juste ça car je ne sais pas trop quoi lui répondre.

Très vite, je reçois sa réponse.

« Salut. »

Je n’ai pas encore fini de lire que je reçois un nouveau message.

« J’espère que je ne t’embête pas. »

« Non ça va. », répondis-je.

« Est-ce qu’on pourrait se rencontrer tout à l’heure ? Je termine le boulot à 17h. »

« Ce n’est pas mieux qu’on se parle au téléphone, je suis un peu occupée. »

Je ne la connais même pas et elle veut qu’on se rencontre quelque part ? Euh… non !

« Dommage ! J’aurai vraiment aimé discuter avec toi. »

« On peut le faire au téléphone. »

« OK ! Passe-moi ton numéro. Je t’appelle dès que je sors. »

Aussitôt dit aussitôt fait. Je lui envoie mon numéro et je pose mon portable. Je suppose qu’avec Mika ils ont dû trouver un arrangement. Il a dû lui parler de moi donc elle doit être en mode je me fais des amis parmi les proches de mon chéri.

Je m’en vais dans la cuisine me faire quelque chose à manger. Je rappelle Rudy et il ne décroche toujours pas. C’est le quatrième appel de la journée et toujours aucune réponse. Il doit être sur un de ses chantiers.

Voilà les fêtes de fin d’année qui approchent. Rudy et moi, nous avons décidé de faire un tour en amoureux. Un voyage au Nigéria histoire de passer du temps ensemble avant le mariage de Tina et la naissance de son bambin. Il faut dire que depuis quelques temps, nous sommes carrément accaparées par ces évènements. En plus, Tina ne se sent pas vraiment bien ces derniers temps du coup, nous devons travailler double. C’est quand même son altesse Tina. Hier matin encore, j’ai dû mettre pause à mon travail pour aller lui porter le menu du traiteur avec le chauffeur de maman. Bien sûr après avoir passé pas moins d’une heure et demie à parler sel et poivre, crème et sauce il se trouve qu’elle n’a pas été convaincue. Bref j’ai perdu une heure et demie de ma vie pour elle.

J’envoie un message à Rudy pour l’inviter à diner ce soir chez moi. Je suis sûre qu’il ne pourra dire non surtout quand il saura que j’ai fait son plat favori. Alors que je suis en train de faire mariner les légumes, mon portable sonne. C’est un numéro inconnu. Je suppose qu’il appartient à Vanessa.

« Allo. »

« Bonsoir Nowa. C’est Vanessa. »

J’avais bien supposé.

« Ah ok ! Bonsoir Vanessa. »

« Excuse-moi je devais t’appeler il y a une heure mais j’ai eu un peu de mal à trouver un taxi. »

« Pas de souci. »

« Sinon tu vas bien ? »

« Oui et toi ? »

« Ca va ! En fait je t’ai contacté par rapport à Mika. »

Je ris un moment.

« Je me disais bien vu que c’est la seule personne qui nous lie. Je crois que vous êtes en couple maintenant. »

Elle prend son temps pour répondre.

« Humm… Il est compliqué ce gars. », finit-elle par dire.

« Je sais ! Mon petit conseil c’est de le prendre comme ça. Tu ne cherches rien de plus que ce qu’il te montre et ça devrait aller. Avec le temps, tu devrais mieux le connaitre. »

« En fait lui et moi, nous ne sommes pas ensemble. »

Quoi ? Je me suis donc trompée. Je ne sais pas trop ce que je dois dire maintenant. 

« Il m’a refroidie. »

« C’est-à-dire ? », demandais-je surprise.

« Un gars te dit avec moi tu ne vivras pas la grande histoire d’amour de ta vie, tu fais quoi ? »

Il lui a dit ça ? La pauvre !

« Je le laisse dans son coin c’est clair. »

« Voilà ! C’est donc ce que j’ai fait. »

Mais si elle l’a fait, pourquoi vouloir me rencontrer ?

« D’accord. »

« Il se rendra compte tout seul de ce qu’il perd. Tu sais, il parle tellement de toi que j’ai l’impression de te connaitre. Même ta voix, tu verrais comment il la décrit. »

Ah oui ? Il lui a parlé de moi ? C’est étrange mais ça fait quand même plaisir de savoir cela.

« Ah ! Il m’a aussi parlé de toi.

« Ah bon ? Il t’a dit quoi par exemple ? »

Je fais vite le tour de notre conversation.

« Tu es dans le monde du droit je crois et tu es jolie. »

« Vraiment ? »

« Oui ! Le reste je préfère le garder pour moi. »

« LOL ! »

« Euh… je dois te laisser je fais la cuisine. »

Mon poisson est bien parti pour cramer je crois.

« D’accord ! Passe une bonne soirée. »

« Merci ! Toi aussi. »

Je raccroche et je respire profondément. J’ai eu l’impression de passer à l’inspection. Mika est vraiment quelqu’un d’étrange.

 

 

Tina NYANE

Je regarde encore mon téléphone. Toujours pas de nouvelles de Rudy. Il m’avait pourtant dit qu’il assumerait l’enfant. Je soupire intérieurement, essayant de ne rien laisser transparaitre de la détresse dans laquelle se trouve mon cœur.

« Tu en penses quoi Tina ? »

Je ne sais pas trop de quoi parle maman.

« Tu ne te sens pas bien ? »

J’hoche la tête.

« Je crois que je vais aller prendre de l’air dans le jardin. J’ai comme une boule dans l’estomac. »

« C’est un peu normal Tina ! Tu es enceinte. », renchérit ma cousine Iris.

« Merci Iris ! J’ai failli oublier ce léger détail. », lui répondis-je en me levant avec difficulté.

« Attends, je t’accompagne. », lance Tristan.

Celui-là, c’est bien la dernière personne que j’ai envie de voir. Je le laisse tout de même me prendre la main et m’entrainer dans le jardin.

« Il faut que tu marches un peu, ça te fera du bien. »

« Tu peux lâcher ma main ? »

« J’essaie juste d’être gentil, attentionné. J’essaie de me conduire comme un parfait fiancée Tina. Cette comédie m’énerve autant qu’elle t’énerve alors s’il te plait continue de jouer ton rôle qu’on en finisse. »

Il termine de parler et il tire à nouveau ma main. Nous nous baladons entre les fleurs et les bosquets, j’essaie de respirer cet air frais et pur.

« Je n’accoucherai pas ici. »

« Tu veux accoucher où ? »

« Tu n’as pas besoin de le savoir. »

« Je suis le père de cet enfant Tina alors j’ai le droit de le savoir. »

« Tu es tout sauf son père. Tu penses que mon fils aura un homosexuel pour père Tristan ? »

« Je vois ! Tu trouves ça tellement affreux ! »

« Oui ! »

« Et je suppose que c’est pour cela que tu as menti à ce pauvre homme qu’il était de lui ! Tina tu es horrible. »

« De quoi tu parles Tristan ? »

Il s’en va s’installer sur le banc près des géraniums que mon père chérissait tant. Celui-là ! Rien que le fait de penser à lui me donne la nausée.

« Je parle de ton Rudy. Tu peux me dire ce qui est passé par ta cervelle de lui dire que cet enfant était le sien ? Tu comptais faire quoi après ? Kidnapper mon fils et t’enfuir avec lui je ne sais où ? Je t’informe d’ailleurs que je l’ai mis au courant de ton manège et crois-moi il m’a semblé bien soulagé de ne pas être le père de ton enfant. Je me demande encore si c’est qu’il ne veut pas avoir d’enfant ou si c’est qu’il ne veut pas en avoir avec toi. »

Il se met à rire aux éclats. Ce n’est que maintenant que je comprends cette nouvelle attitude de Rudy. Ca fait des jours que je lui écris et il ne répond pas. Je lui donne même des nouvelles de l’enfant et cela semblait ne pas lui importer de savoir qu’il allait bien. Je regarde Tristan avec dégout.

« Je te déteste Tristan. »

Il soupire.

« C’est moi qui devrait te détester d’avoir convaincu ma mère que la meilleure chose pour sauver la face serait une relation avec une femme. Je devrais te haïr parce que tu avais tout planifié. Tu savais qu’e étant ma petite amie, tu n’aurais plus besoin de courir après les promotions parce que là, ce sont elles qui te pourchasseraient. Mais tu pensais quoi ma pauvre folle ? Que ce serait si facile ?  Ce gars, il ne t’aime pas je te le dis. Et pour dire la vérité, je ne pense pas qu’il t’aimera un jour surtout après ce que tu lui as fait. »

Il se lève et s’avance vers moi.

« Allez mon amour, sourit, tu vas bientôt devenir ma femme. »

Je le regarde s’en aller. Il disparait derrière les arbres. J’ai l’impression que mes jambes ne me supportent plus. Je m’écrase sur la terre encore humide et je fonds en larmes. Très vite, je sèche mes larmes et je retourne dans le salon avec les autres.

J’ai l’impression d’avoir vendu mon âme au diable en acceptant ce marché.

 

Rudy EYA

Je suis en colère contre Nowa depuis des jours. Je n’arrive pas à le lui dire parce que je sais déjà comment ça risque de se terminer. Elle va s’énerver, moi aussi et je risque de prendre le vol jusqu’au Nigéria tout seul. En ce moment j’ai besoin de tout sauf de me prendre la tête avec elle.

Je n’arrive pas à digérer cette histoire que m’a rapportée Loïc. Je ne savais même pas qu’elle recevait cette tête de gland chez elle et là, mon pote m’annonce qu’il les a trouvés en pleine conversation tous les trois. Même Georgette lui faisait de grands sourires. Elle ne serait pas un peu traitre mon ange d’autrefois ?

Et dire que mon frère Calvin lui aussi semble me juger responsable de tout ce qui arrive.

« Mais oui ! Tu t’es déjà demandé comment aurait tourné votre petite romance si tu avais gardé ta zigounette dans ton pantalon ? Je suppose que non. En plus tu me fais rire hein ! Donc maintenant que tu sais que tu ne seras pas le malheureux papa du gosse de sa sœur, tu te prends pour un saint ! Tu comptes au moins lui dire que cette fille c’est sa sœur ? Ou tu as tout oublié ? »

Voilà les mots qu’il m’a avancés quand je me suis retrouvé chez lui à me plaindre de cette amitié douteuse entre ma copine et son médecin. Il devrait se trouver une autre patiente particulière parce que celle-là est déjà prise.

Je ferme rageusement mon ordinateur car il est temps que j’aille la récupérer chez sa mère. Ce sera l’occasion pour moi de m’excuser d’avoir été si prompt à la colère alors qu’elle me recevait à diner pour la première fois.

Quand j’arrive devant chez elle, je me gare et je lui fais un message pour la prévenir. J’attends dans la voiture quelques minutes avant de la voir traverser la barrière avec Iris qui ne me digère toujours pas.

« Bonsoir bébé. », dis-je en l’embrassant.

« Bonsoir I… »

« Tu es en retard ! »

« Je travaillais. »

« Moi aussi je travaille monsieur le maçon mais je ne suis pas systématiquement en retard. »

« Sauf quand il faut te regarder dans la glace n’est-ce pas ? »

« Oh hé ! Temps mort là. Vous n’en n’avez pas marre de vous crêpez le chignon comme de vieilles mégères ? », intervient Nowa.

« C’est qu’il m’énerve le maçon. »

Elle répond sèchement et puis elle se tourne et nous la suivons main dans la main. Même si je suis fou de rage, je dois avouer que la sentir près de moi me fait du bien.

« Tu m’ignores ces derniers temps ou c’est juste le boulot. », me demande-t-elle.

Elle doit parler du fait que je réponds à un message sur trois et que j’écourte nos conversations. Je n’ai vraiment pas digéré le fait que Mika aille chez elle.

« Le boulot mon cœur. Je te demande pardon. »

Je préfère botter en touche.

Je passe ma main sur ses épaules et je l’embrasse sur les cheveux.

Nous traversons la barrière et j’entends déjà de grands cris de joie.

« Tu as de la chance, ma sœur un peu trop nauséeuse sans doute vient de s’en aller avec son fiancé. Je crois qu’elle t’aurait assommé avec une de ses répliques cinglantes à propos de ton retard. »

« Oh la chance ! »

Elle me regarde étrangement mais je n’ai pas pu me retenir.

« Rudy ! », crie la mère de Nowa en venant à ma rencontre.

Nous nous embrassons.

« Tu vas bien Rudy ? », me demande-t-elle

« Oui madame et vous ? »

« Et moi qui croyais que nous lui avions fait peur. », dit sa grand-mère.

« Mamie… », s’exclame Nowa visiblement gênée.

Je fais la connaissance de ses cousines et des amies de Tina encore présentes. Je me retrouve à manger dans ce même jardin où je l’avais obligé à faire un choix. Elle me regarde en souriant.

« Quoi ? »

« J’ai hâte d’être loin de tout avec toi. », répond-t-elle.

Je m’arrête de manger pour plonger mon regard dans le sien.

« Serait-ce une invitation coquine ? »

« Oh les amoureux ! Il est tard, je commence à fatiguer. »

Je souris tandis qu’elle se prend la tête comme une cinglée. Je la comprends, sa cousine rendrait n’importe qui dingue. Je suis sûre que même le Dalaï Lama finirait par piquer une crise de nerfs.

« Elle finira par se calmer mon cœur. Je la rejoins pour qu’elle patiente un peu ça ne te dérange pas j’espère. »

« Si mais je suis sûr que si tu n’y vas pas, elle ne se gênera pas pour venir me passer un savon. Encore ! »

Les couleurs de nos...