99: Désir égoïste
Ecrit par Gioia
***Romelio BEMBA***
Fin janvier. Ma femme est restée alitée pendant plus d’un mois. Depuis qu’on se connaît, c’est la première fois que son état est descendu à ce niveau. C’est la première fois qu’il m’arrivait de la réconforter alors que j’avais moi-même la peur au ventre qu’elle me laisse. J’ai passé un mois atroce entre l’angoisse pour sa santé, mon boulot qui m’en demande toujours plus avec le temps et les petites inquiétudes du quotidien. Tant de stress que je n’ai même pas entendu mon réveil pourtant je l’avais programmé pour me lever avant Jennifer et l’emmener faire sa marche. Pourtant je retarde autant que possible le début de mes journées de travail afin d’être disponible pour elle et voilà ce que le sommeil vient de me faire. Il n’est l’ami de personne pff ! Je me suis levé seul dans ce lit, avec le téléphone sonnant à mon chevet. Un coup de fil de mon amie qui m’a aussitôt rempli le cœur de joie. Son nom ne s’est pas affiché sur mon écran depuis belle lurette alors entendre la voix d’Elikem à l’autre bout du fil me fait l’effet d’un verre d’eau apaisant après une longue soif. C’est notre première réelle conversation depuis la tragédie. Les autres rares fois où je l’ai eu au téléphone, elle se contentait d’écouter mon monologue. Aujourd’hui elle parle même si je n’aime pas ce qu’elle me dit actuellement. Elle est de retour à l’école, pourtant la dernière fois que j’ai eu sa mère, on discutait de différentes options pour prolonger son temps off.
– C’est bien beau de maugréer, mais ce diplôme ne va pas se décrocher seul, alors je ne vois pas pourquoi vous en faites tout un plat. La vie continue.
– Oui, mais…., OK, fais juste attention bougnoule, dis-je après m’être ravisé. Je vois un peu dans quelle phase elle est actuellement.
– Aucune chance que je ne fasse pas attention avec ta tante Belle qui a refusé de retourner dans son foyer et jouir de sa retraite avec son mari. Je lui rappelle que le gars reste une proie de choix pour les petites du pays, mais on dirait que ça ne l’intéresse pas.
– On ne tremble pas quand on connaît sa position, dis-je avec humour
– Mieux de vous. Alors tu dis quoi toi ? Raconte-moi quelque chose de drôle ou énervant. Tant que ça ne me fait pas pleurer, je prends.
– Il faut prier pour moi bougnoule, dis-je après une longue minute de réflexion à chercher des blagues en vain
– Qu’est-ce qui se passe ? C’est l’état de Jennifer qui s’est aggravé ?
– Tu me connais si bien, commenté-je avec un sourire. J’essaie, tu sais ; j’essaie d’être optimiste, mais cette fois je suis ébranlé. Et comme si ça ne suffisait pas, elle s’est mise en tête qu’une greffe de moelle osseuse réglerait définitivement la situation. Pourtant elle est SS. Est-ce que je fais fausse route en lui expliquant qu’un enfant AS n’est pas candidat pour un don de cellules souches ?
– Tu as raison. De surcroît, elle a énormément de chance de développer un graft versus host, enfin le rejet du greffon par le…
– Je sais parfaitement de quoi tu parles Elie. On le sait tous d’où ma frustration qu’elle joue maintenant à l’autruche. Pourquoi Jennifer ne veut juste pas le comprendre ? Pourquoi un truc si simple doit être compliqué pour elle ? Je te jure qu’elle me frustre autant que j’ai peur pour elle.
– Il faut la comprendre Tchaa. On parle de la maladie en tant que personnes externes. Moi du moins. Toi encore tu la subis de temps en temps, mais pas à la même intensité ou fréquence qu’elle. C’est pas facile de rester pondéré dans son cas.
– Je comprends Elie, mais elle, est-ce qu’elle se comprend ? Parce que parfois j’ai l’impression que non. Elle cède au désespoir, je le vois bien. J’essaie de garder son esprit avec moi sur terre, dans la réalité, mais j’ai la sensation d’échouer lamentablement à chaque fois qu’elle m’en sort une autre.
– Peut-être qu’il faut lui laisser un peu de temps ? Peut-être que si elle se remet totalement, cette mauvaise passe entre vous aussi passera ? dit-elle avec un brin d’optimisme
– Je l’espère bougnoule, je l’espère tellement pour nous, dis-je songeur, le regard perdu sur un tableau dans ma chambre à coucher quand j’entends un bruit de porte qui grince
Jennifer fait son entrée aidée de l’infirmière. J’écourte l’appel en disant à Elikem que je la rappellerai et demande à l’infirmière de me laisser prendre le relais.
– ça va bébé ? La petite balade dans le jardin t’a fait du bien ? je lui demande tout en l’aidant à s’asseoir tout doucement au lit pour qu’elle ne se fasse pas mal à la jambe. Parce qu’en fait cette satanée maladie a jugé que le syndrome thoracique aigu n’était pas suffisant. Il a fallu qu’elle envoie aussi l’ostéonécrose sur les os du genou de ma Pulchérie par la suite.
Je ne sais même pas si je dois fort heureusement, mais bref, grâce aux médecins hautement qualifiés que tonton Eli ne cesse de sortir de son chapeau magique, son cas fut rapidement détecté. La chirurgienne orthopédiste Oyena nous a réglé le problème après une arthroscopie du genou d’à peu près trente à trente-cinq minutes. Les quelques fois où la douleur revient, on la calme avec un peu de Celebrex et selon le docteur Oyena, on pourra se passer de la canne d’ici la mi-février. Un beau brin de femme, je précise cette docteure. J’ai essayé d’envoyer Arthuro sur le coup, mais ce petit aime souvent me décevoir pour rien. Monsieur veut une femme dévouée à la famille qu’ils construiront alors les chirurgiens qui ont souvent les horaires complexes là c’est très peu pour lui. En plus elle ne lui inspire pas confiance parce qu’elle a le nez percé donc on ignore ce que cache son côté sombre. Vous-même entendez moi ça et dites-moi si ça inspire confiance.
– Tu m’écoutes ou tu rêvasses ? j’entends ma femme m’interpeller
– Excuse-moi je pensais à…
– Merci, mais si c’est pour écouter tes histoires avec ton bougnoule, je m’en passerai, elle dit sur un ton irrité
– Pourquoi tu veux qu’on se dispute ce matin chérie ? je lui demande après un léger soupir tout en lui câlinant le genou
– Pardon hein, qui se dispute avec toi ? Quand tu me vois moi Jennifer dans cette position je peux m’engueuler avec quelqu’un ? Qui plus est le roi de la maison ? Celui qui décide et tout le monde doit s’aligner parce qu’il connaît plus que les médecins ? Moi Jennifer, l’enfant que Ama a élevé ? Non jamais, je ne peux pas me disputer avec toi, chef, ironise-t-elle
Je me redresse de la position accroupie où j’étais et la dévisage. Assise, là sur notre lit, la tête tournée sur le côté et elle lisse un faux pli sur sa robe, feignant le désintérêt total pourtant c’est elle qui vient de me pondre un discours totalement à côté de la plaque.
– Je pensais au docteur Oyena et Ar….
– à la bonne heure ! elle ricane. Tu passes la matinée avec une au téléphone me laissant marcher dehors et maintenant tu rêvasses d’une autre.
– Si tu apprenais à ne pas entrer dans la gorge des gens quand ils parlent tu m’aurais entendu dire Arthur. Je pensais, et non rêvais, à ce qu’il m’avait dit quand j’ai suggéré qu’il branche la dame.
– Tu sais je ne t’en veux pas ! Je ne peux pas t’en vouloir. Ta vie est bien. Tu sors et rentres quand tu veux toi. C’est normal que tu aies le temps de rêver d’un couple pour les autres. Tu n’as pas de problème, elle rétorque avec une pointe de sarcasme qui m’amuse au final. Oui autant en rire, sinon ce que la colère me souffle de lui répondre risque de lui casser le restant de moral qu’elle a.
– La prochaine fois que tu verras Elikem, remercie la, je t’assure, dis-lui merci
***Jennifer BEMBA***
Ma bouche s’ouvre aussitôt de stupeur à cette phrase. Non il n’a pas osé. Il n’a pas osé me dire ça à moi, sachant comment je me sens. Je lui crie de revenir et sous le coup de la colère je lance le premier objet que ma main trouve. Sa tablette. Elle atterrit contre la porte de notre douche après qu’il l’ait fermé.
J’essaie de me contenir, mais je n’y arrive pas. Me dire ça à moi, me parler de sa parfaite petite âme sœur quand je suis si vulnérable. Cette âme sœur pour qu’il m’ait laissé marcher seule alors que je pensais qu’il dormait à cause de la fatigue. Je m’effondre sur le lit et encore une fois, je pleure silencieusement. J’en ai marre de tout. J’ignore quand je m’endors, mais au réveil je ne suis plus dans la même position. On m’a bougé pour me remettre correctement au lit et une couverture fine recouvre mon corps. Romelio sans doute. C’est comme ça avec lui depuis que j’ai parlé de la greffe. Tantôt il me parle durement ; j’ai la sensation de ne pas être écoutée ou prise pour une conne. Et tantôt, il me traite avec tant de tendresse que je me sens coupable. On ne peut plus continuer ce yoyo sentimental entre nous. Je hèle son nom plusieurs fois en vain. Je me lève en tenant le bord du lit, et sors de la chambre à sa recherche. C’est plutôt Yasmine que je trouve sur ma véranda avec mon infirmière qui me renseigne au passage sur mon mari. Monsieur est parti travailler. Je demande à l’infirmière de nous servir des amuse-gueules pendant que je m’installe avec Yasmine qui sort d’un siège-auto un gros bébé tout mignon.
– Le protocole hein ma chérie. J’ai dû sortir les « je soussigné » à ton gardien pour qu’il me laisse entrer et même la petite dame voulait aussi me retourner avant que tu ne débarques, elle me dit sur son ton amusant qui me fait rire.
– Avec les voleurs qui se déguisent en amis de la famille là, on n’est plus à l’abri alors il a reçu des ordres formels de mon mari
– En tout cas le chef n’a pas tort. Alors c’est comment ? Ça fait un bail, elle commente tout en buvant son jus de raisin.
– Ce n’est pas plutôt à moi de te dire ça ? Tu es venue me demander le travail et brusquement on ne t’a plus trouvé.
– C’est lui la raison oh, elle dit en soulevant l’enfant dans les airs pour lui faire des papouilles.
– Mince, tu étais donc enceinte quand tu es venue au resto ? Je n’avais rien remarqué.
– Ahaha, mon ventre ne se manifeste pas trop tant que je n’ai pas franchi les six mois. Je te présente Pierce Sani, le digne fils de son papa et sa maman.
– Coucou Pipi, je dis au bébé en lui faisant de grands sourires
– Pardon ne me gâte pas le nom de l’enfant avec votre « blédardise » là. Même les filles n’ont que Pichou dans la bouche malgré mon combat quotidien pour leur enlever ça.
– Aïe, mais c’est Pipi le petit nom. Ou c’est pas comme ça on dit pour les gens qu’on appelle Pierre ?
– On te dit Pierce. Comme Pierce Brosnan. Un prénom sexy et qui en jette
– Excusez-nous oh maman Pierce, dis-je avec humour. Ce qui est sûr, il est adorable comme tout.
– Toi-même tu sais, c’est quand même moi sa mère
– Toi-là, on ne te complimente jamais et tu dis merci. Tu dois toujours accompagner ça de quelque chose.
– C’est mon motto oh. S’aimer et le dire partout, ça me sied comme ça. Raconte-moi plutôt ce que tu deviens. J’ai fait plus de dix tours à ton snack, mais on me disait toujours « madame n’est pas là ». Encore heureux que j’étais dans ta voiture quand on est passé chez toi une fois sinon on allait te chercher en vain
– Tu me cherchais comme ça, mais tu n’as pas appelé ?
– Pardon, j’aime entendre les nouvelles qui sortent directement de la bouche au lieu des appareils là. Les blancs nous surveillent trop avec
– Ahaha, dis plutôt que tu aimes trop commérer. Comme tu vois, ma santé me dérange encore.
– Ehhh, la saleté de maladie là compte te laisser un jour ma chérie ? Je pensais qu’au Canada là-bas on t’avait trouvé une solution ?
– Est-ce que j’ai dit ça ?
– Non, mais comme tu étais chez les blancs et ils sont plus avancés que nous en médecine, j’ai cru qu’ils t’auraient guéri une bonne fois pour toutes quoi
– Il faut laisser cette histoire de 1960 là. Je n’ai rien vu chez les médecins du Canada qui étaient meilleurs que les nôtres ici, sinon la courtoisie dans le service pour certains. Tu sais, mon état est une sorte de condamnation. Je n’ai pas de frère, sœur, ni même des cousins ou cousines proches sinon j’aurais pu être sauvé… mais bref, parlons de trucs plus gais, finis-je par dire quand je me rends compte que je glisse encore dans la déprime.
– Hum, figure-toi que la maman de George est en prison oh
– Hein ? m’écrié-je. Pourquoi ?
– Je sais ma chérie ? Je vais passer par où pour le savoir quand monsieur est le roi des cachoteries dès qu’il s’agit de sa maman ? En tout cas, ce sont mes filles même qui m’ont informé. Tu sais qu’Amaya ne voit rien sans me dire dans la maison, donc elle a entendu et dès mon retour elle m’a tout raconté.
– Eh Yasmine, le commérage auquel tu habitues la petite est bien ça ? Elle risque de garder ça en grandissant hein.
– Et puis après ? C’est à moi qu’elle raconte et c’est tout à fait normal, elle me répond sur la défensive.
– D’accord, tu sais que je n’y connais rien sur les enfants de toute façon, alors continue, je réponds rapidement pour qu’elle ne s’énerve pas. Loin de moi l’idée de remettre en cause l’éducation d’un enfant qui n’est pas le mien.
– Oui, donc je te disais que la vieille est au gnouf. Apparemment elle ne fait que pleurer toutes les fois que son fils va la voir. Elle dit qu’elle n’a plus longtemps à vivre, blablabla. Et quand j’ai demandé à son fils, il m’a dit d’aller me chercher du travail là ? Tu te rends compte ? Moi je m’inquiète pour eux et tout ce qu’il trouve à dire, de façon insolente en plus, c’est « va chercher du travail si tu as le temps de bavarder pour ne rien dire ». Je t’assure que ce n’est pas lui. C’est moi qui l’ai sauvé quand il m’a appelé un matin en larmes pour que je vienne le chercher après que sa maitresse l’a gardé enfermé dans le coffre de sa voiture pendant toute la nuit.
– Pardon, il faut redire les dernières phrases. Sa maitresse ? Enfermé ?
– Oui oh, tu ne connais pas ses imbéciles d’homme ? Heureusement il est tombé sur une qui lui a fait ça bien dur, elle rigole tout berçant le petit sur son épaule. Ce n’est pas moi qui sors de la maison pour jeter les ordures quand un numéro inconnu m’appelle, mais en plus insiste ? Je finis par décrocher espérant que peut-être c’était ma sœur parce que je ne t’ai pas raconté hein. Depuis que madame est en couple avec un vieux papi plein aux as, elle ne se prend plus pour des lols hein. Elle s’est disputée avec maman parce que…
– Une histoire à la fois s’il te plaît, finissons d’abord l’affaire de George
– Hein j’en étais même où ? elle rigole
– Tu emmenais les filles à l’école
– Oui voilà, le numéro inconnu appelle. Je finis par décrocher et c’est une bonne dame qui me dit qu’elle est sortie pour balayer sa devanture quand elle a entendu des bruits venant de la voiture de George. Au départ, elle ne voulait pas s’en approcher, car craintive, mais puisque les bruits s’intensifiaient elle a craqué. C’est en se rapprochant qu’elle entend George lui expliquer qu’on l’a enfermé ici depuis la veille. Elle va donc chercher des jeunes du quartier qui à leur tour vont trouver un mécanicien. Une fois dehors, George lui demande donc de m’appeler et c’est comme ça que j’arrive.
– Le pauvre ! Il aurait pu mourir ou je sais pas quoi moi.
– Ah pardon c’est bien fait pour lui. Demain il pensera à deux fois avant de me tromper.
– Parce qu’il t’avoué qu’il le faisait ? je m’étonne
– Est-ce qu’il avait même la parole pour avouer, elle rétorque en rigolant. La mâchoire du type claquait tellement que c’est la bonne dame qui m’a tout raconté. Le soir là, il s’est accroché à moi dans le lit comme un bébé koala à sa maman, me jurant qu’il n’aime que moi, qu’on aurait pu ne plus jamais se revoir, qu’on doit mettre les disputes bêtes bêtes de côté et se concentrer sur notre bonheur. Le genre de discours de quelqu’un qui a vu la mort défiler devant ses yeux quoi, elle dit et continue de se marrer
– Tu as le cœur hein Yasmine. J’aimerais en dire autant pour moi parce que je deviendrai folle si quelque chose comme ça arrivait à Romelio. C’est ma mâchoire qu’on devra calmer tellement elle serait en train de grincer.
– Ma chérie si ton homme sait que ton cœur est mou, il va facilement te dominer dans le mauvais sens oh. Les hommes sont naturellement fourbes. C’est seulement la stratégie qui sauve certaines d’entre nous sinon, Dieu même sait.
– Je suppose que ton mari ne t’a jamais dit ouvertement de remercier une autre femme après t’avoir planté, je lui avoue, le cœur encore lourd
– George ? SANI George ? C’est peut-être à une autre Yasmine alors, sinon SANI me connaît bien. Mais raconte-moi plutôt ce qui se passe parce que ton visage s’est tout d’un coup voilé, elle me dit sur un ton compatissant qui me fait craquer
Alors je lui confie tout. Tout ce que j’ai dans ma tête, tout ce que je ressens, je laisse tout. Et pour une fois on m’écoute sans froncer la mine, sans avoir un tic. On ne me rabâche pas les oreilles avec le « courage » légendaire de ma tante, ou encore son « doucement hein ma fille ». Le pire alors c’est « Dieu est au contrôle » de Romelio. S’il est au contrôle Dieu, qu’attend-il pour faire fléchir le cœur de mon mari afin qu’on avance vers cette solution dont j’ai parlé ?
– D’abord je vais te dire que tu as gaffé Jenny. Quel que soit le degré de la maladie, jamais tu n’aurais dû accepter que ton mari devienne un eunuque.
– Il n’est pas eunuque Yasmine
– Bref, tu vois là où je veux en venir. D’ailleurs, à bien regarder, tu es sûr qu’il s’est fait opérer ?
– Toi aussi, il me l’a dit
– Hum, ah, en tout cas, si tu le crois je te suis dedans
– Puisque je te dis qu’il l’a fait !
– Eiyeee, il ne faut pas te fâcher ma belle, je ne remets pas ce qu’il t’a dit en cause. Seulement comme tu n’étais pas sur place le jour là….Bref, ce n’est pas le sujet de toute façon. La médecine c’est pas mon domaine, mais je connais du monde, surtout au Ghana alors je vais me renseigner pour toi. Si on refait les seins aux vieilles femmes et Kris Jenner a l’air d’avoir 20 ans de moins que son âge grâce aux nombreuses chirurgies c’est pas une petite drépanocytose qu’on ne pourra pas régler, elle dit avec un optimiste qui me touche et me fait rire à la fois.
– La balle perdue pour Kris Jenner là c’était nécessaire ?
– Ce n’est rien sinon un peu d’aigreur. Normalement elle vit la vie que je mérite.
– Lol tu es malade hein. Il n’est pas tard pour toi.
– C’est ce que je dis à George oh, mais quand ça tombe sur les choses comme ça, il ne sait que me rappeler d’aller travailler. Bref, cette affaire d’amie qui est aux États-Unis là, moi je ne le sens pas du tout. En plus ton gars s’est déjà rendu aux États-Unis sans toi. Je ne dis pas que c’est forcément ce qui se passe, mais on a déjà entendu les histoires des hommes qui avaient une femme dans un pays et une autre ailleurs.
– Il n’est pas comme ça. Elikem ne peut pas me le prendre, c’est de moi qu’il est amoureux, je dis du tac au tac. Sur ce plan seulement, je suis tranquille. Ce qui me fait réfléchir, c’est plutôt qu’il soit fermé à mes propositions et qu’encore une fois son nom se retrouve dans nos histoires. Malheureusement son copain à elle est décédé et j’ai l’impression que maintenant je vais devoir partager mon mari avec elle. Mais je n’ai pas envie de le partager maintenant. Je sais que c’est égoïste, mais j’ai besoin de lui avec moi à 100 %. J’ai besoin qu’il m’écoute, qu’il me soutienne, qu’il soit là pour nous, et pas ailleurs.
– Alors donne-lui un enfant, elle me dit et me prend par surprise
– Mais je t’ai dit que…
– Je sais ce que tu m’as dit Jennifer, mais il existe d’autres solutions pour enfanter non ? N’est-ce pas vous avez les moyens ? Insiste pour qu’il renverse son affaire d’eunuque là, et dis-lui de faire l’enfant avec une mère porteuse.
– QUOI ? TU ES FOLLE ? je m’indigne
– Avant de monter sur tes grands chevaux, laisse que je finisse. Un homme qu’on le veuille ou pas a besoin d’assurer sa descendance. C’est un besoin presque physiologique chez eux, alors tu dois le mettre en avant lui. Tu vois, c’est comme ça que tu auras son écoute, et qu’il sera concentré sur toi. Parce qu’actuellement vos difficultés lui prennent sûrement la tête et c’est comme ça que l’autre aux États-Unis là en profite pour piquer son attention. Présente-lui la chose comme ton désir de le voir devenir papa. Ne lui parle même plus de ton opération. Tout comme il l’a fait pour votre couple, je suis sûr qu’il se sentira aimé que tu le mettes en avant. Et au deuxième bébé tu pourras glisser la possibilité de la procréation assistée. Puisque vous aurez déjà un enfant tous les deux, c’est sûr qu’il n’aura pas le cœur à te dire non. Tu mettras en avant le fait que tu veux rester en vie aussi longtemps que possible pour voir l’enfant grandir.
– Je…. , Waow, tu as trouvé tout ça en si peu de temps ? je réponds, le cerveau complètement retourné
– C’est aussi mon talent ça hein. Je sais vite régler les problèmes, elle dit fièrement.
– Mais je ne sais pas si j’aurais le cœur de voir une autre femme porter sa grossesse. C’est comme si elle partagera un truc avec lui que moi je ne pourrais pas.
– Alors je peux la porter pour vous
– Hein ? Toi ? Tu ferais ça ?
– Pourquoi pas ? Je fais de beaux bébés comme tu vois non.
– Ah non non, c’est trop bizarre pardon. Il n’acceptera jamais en plus, le connaissant.
– à toi de le convaincre. Maintenant que j’y pense on peut même raccourcir le chemin pour vous deux hein si c’est moi hein. On lui fera croire que c’est mon ovule, mais en réalité ce sera le tien. Comme ça je porte uniquement l’enfant et lorsqu’il sera né, tu te fais opérer.
– Mais…, c’est légal ça ? Quel médecin accepterait de faire ça ?
– Ah faut laisser ça. Je vais voir mon gynécologue parfois pour qu’il me prescrive des somnifères quand je dois endormir un peu George. Les médecins sont corruptibles comme n’importe qui.
Mon esprit se projette déjà dans cinq ans. Moi en parfaite santé, écoutant les histoires d’un robuste et mignon garçon à l’arrière de notre véhicule, tandis que Romelio nous conduirait en vacances, avec une main sur mon ventre dans lequel grandirait notre deuxième bébé. C’est tellement beau, mais j’ai peur. Ça fait beaucoup de mensonges. Je n’ai jamais autant menti de ma vie. Même si j’arrive à convaincre Romelio de renverser son opération, comment je vais le calmer lorsqu’il découvrira que l’enfant est de nous ?
– Est-ce qu’il a besoin de le découvrir ? Yasmine me demande, signe que j’ai posé tout haut ma question
– Comment ça ? Je ne vais pas pouvoir le lui cacher non. Si je dois subir une opération pour la greffe, il faut bien qu’il soit informé.
– Arrivée à ce stade tu le manages ma chérie, c’est ton homme. Tu m’as dit qu’il est amoureux de toi et toi seule non ?
– Oui
– Alors tu vas le gérer. Il n’y a rien qu’un loup enragé peut faire quand son calmant est devant lui. Tu lui sortiras la carte des larmes, tout ce dont tu as besoin, mais tu le feras fléchir. Et de toute façon, quand il verra que l’enfant se porte bien, je doute qu’il t’en veuille à mort. L’essentiel c’est que vous soyez heureux et en parfaite santé non ?
Oui elle a raison. L’essentiel c’est qu’on soit sur nos pieds. Avec un peu de chance, cet enfant sera AS. Et on me greffera les cellules du placenta. Dans AS, il y a bien A, alors pourquoi on me dit que mon état ne pourra pas changer ? Ce sera mieux que rien. Je le dis parce que je connais un médecin qui m’en a parlé, mais Romelio ne veut jamais rien entendre, comme ce dernier ne travaille pas à l’hôpital Li.
– Si tu fais ça pour moi Yasmine, je te jure que je te serai à jamais reconnaissante, je dis émue
– Entre femmes, on s’entraide toujours, c’est normal, elle me dit avec un sourire bienveillant
– Je vais te récompenser financièrement, ne t’inquiète surtout pas
– D’accord. La première étape c’est de convaincre ton chéri et tu me tiens au courant.
Je hoche la tête, le cœur apaisé d’avoir enfin une solution et je porte même son fils pour m’amuser avec lui. Oui bientôt, je vais aussi porter mon bébé de cette façon.