A nous deux

Ecrit par Les Chroniques de Naty

Chapitre 31

 

Ma mère me regardait comme si c’est la première qu’elle me voit. Je pense qu’elle ne m’avait jamais entendu parler avec autant de détermination que maintenant. Oui je suis déterminé à en finir avec cette histoire, avec ce mariage. Je ne veux plus me voiler la face, Ayana ne m’aime pas et elle ne m’aimera jamais.

Il y a des sentiments qu’on ne force pas, l’amour en fait partir. On peut forcer le mépris, la haine. Certaines personnes peuvent être amenées à vous détester sans même vous connaitre, ou encore vous pouvez faire de sorte  qu’ils vous méprisent. Mais cela n’est pas le cas de l’amour ; il ne se force pas. Il se donne, se prend sans qu’on ait à le quémander. En voulant forcer une relation, ont fini par récolter de la pitié au lieu du véritable amour dont on a besoin. Et dans mon cas j’ai juste besoin d’amour, d’attention et de tendresse. Pas d’autre chose.

Mah ne peut pas me comprendre sur ce point, elle est de la vieille école. Mais je peux bien accepter qu’elle ne partage pas mon avis à ce sujet ; dans la mesure où à leur époque on se mariait sans amour ; les parents décidaient à la place de leur progénitures. Car le mariage n’était pas seulement l’union entre deux personnes, mais plutôt entre deux familles, deux clans. Il n’était pas question de sentiments, l’important c’était les relations et les alliances que ce mariage créerait. Cela dit les enfants avaient le devoir d’obéir à leurs géniteurs. Sauf que là les données ont bien changées ; même s’il est vrai que l’amour seul ne suffit pour construire un foyer ; néanmoins sans lui je ne pense pas qu’il puisse exister de cohabitions. Peut-on vivre avec quelqu’un qu’on déteste ? Impossible ! Alors pourquoi continuer à me lamenter quand la solution à mes problèmes est tellement évidente ? J’ai toujours dis qu’on se mariait pour le meilleur et pour le pire, pourtant jusqu'à maintenant je ne peux pas dire que j’ai connu le meilleur. J’ai plus côtoyé le pire. Et j’avoue être fatigué, je suis épuisé à force de lutter pour avoir l’impossible.

Toujours est-il que ma mère me fixait, un de ses regards qu’elle vous sort quand elle veut vous exprimer sa plus profonde pensée tout en gardant le silence ; et je comprends aisément le sens de l’expression qui dit qu’un regard ou un silence vaut mieux que mille mots.

—Ne me regarde pas ainsi Mah ! Ne me fais pas me sentir encore plus mal. Murmurais-je.

—Je sais que tu es en colère mon enfant et cette colère est justifiée. Cependant ne la laisse pas prendre le dessus sur ton bon sens. Tu n’es pas en état de prendre ce genre de décision. Alors rentre chez toi et repose toi. Demain tu reviens me voir et on en reparlera plus calmement. Me conseilla-t-elle.

Je sais ce que je fais et ce que je dis. Je suis peut-être en colère mais je suis bien capable de prendre mes décisions sans que j’aie à me reposer. Je dois tirer cette histoire au clair ce soir et pas un autre jour. Je veux en finir avec ce mariage aujourd’hui. Je ne reviendrai plus là-dessus. C’EST FINI !!!

—Je n’irai nulle part. Je sais bien ce que je fais Mah, je ne suis pas aussi impotent que tu le pense. Je veux divorcer, et avant de rentrer chez moi, je veux être sûr que papa commencera les démarches dès demain ; sinon je ne bouge pas d’ici. Ok ?

J’ai parlé tellement fort que maman semblait de plus en plus étonnée. Ce n’est pas dans mes habitudes d’élever la voix, et encore moins sur elle. Sauf que là je suis à bout. Alors quand elle essaie de m’amadouer pour que je rentre chez moi ou encore pour que je change d’avis, ça me mets hors de moi. C’est ma mère et elle sait très bien ce par quoi je suis passé dans ce mariage ; elle m’avait même conseiller de me séparer de ma femme, alors pourquoi maintenant que je veux le faire elle ne me soutient pas comme elle le devrait.

—Contrôle ton langage Aly. Répliqua-t-elle durement. Que tu le veuille ou non tu n’es pas en mesure de demander le divorce maintenant ; ta femme est enceinte cela dit le divorce dans ces conditions est nul et de nul effet. Et comment veux-tu que je te permette cela ? Tu seras bientôt père de eux enfants, pas un mais deux. Connais tu un peu la responsabilité qui est tienne à partir de maintenant ? Ne fait pas l’autruche. Tout ce que je demande c’est de te calmer, calme toi avant que tu ne commettes un acte que tu pourras regretter plus tard. Comme je te le disais tantôt la colère est mauvaise conseillère.

Cette fois sa voix se fait plus douce et calme. C’est ma mère et elle ne peut rester fâcher contre moi longtemps.

—Je t’en prie mon garçon, essaie de te revoir à la baisse. Ne te laisse pas guidée par cette colère et cette rage qui te consume. Je sais que tu as mal et même si tu ne me dis pas tout, je sais que ta femme a fait une grosse bêtise pour que tu te mettes dans un état pareil. Mais je suis ta mère et je sais ce que je dis ; calme-toi. Quoiqu’elle t’ait fait, pardonne lui et reprenez votre vie à deux en attendant l’arrivée de vos bébés.

Oh Mah ! Si tu savais ce qu’elle m’a fait, je suis sûr que tu changerais d’avis. Tu es très loin d’imaginer la portée ou l’ampleur de la dernière bêtise de ta belle fille. Cette fois elle a fait fort, elle a dépassée tout ce qu’on pouvait penser d’elle. Je sais bien qu’en disant la vérité à ma mère, elle sera d’accord avec le fait que je veuille mettre un terme à mon mariage.

Alors pourquoi ne le fais je pas ? Pourquoi je ne lui dis pas ce qu’Ayana a fait ? Le fait qu’elle ait emmené son amant dans notre maison. A cela s’ajoute le vol des trois millions, qui a causé préjudice à Mimi car elle a été accusée à tort. Sans compter mes doutes quant à la paternité des jumeaux. Je veux lui dire, mais je n’y arrive pas. Pourquoi je n’y arrive pas ? POURQUOI ???

La réponse est aussi limpide qu’évidente, parce je l’aime tout simplement. Et ce même en dépit de tout ce qu’elle a bien pu me faire. Je me sens encore responsable d’elle, je me dis que je dois encore la protéger et prendre soin d’elle Comme je le fais depuis le début de notre mariage. Malgré ma colère et ma douleur, mon cœur n’a cessé de battre pour elle et peut être qu’il n’en sera jamais autrement. Mais étant donné que l’amour seul ne suffit pas pour bâtir un foyer solide qui puisse résister à toutes les intempéries, je ne peux laisser passer cette humiliation sous prétexte que je l’aime. Car une chose est certaine, je ne lui fais plus confiance. Elle a perdu toute crédibilité à mes yeux.

—Je ne… c’est pas possible que je reste marié à cette fille. Dis-je avec douleur. C’est tout simplement au-dessus de mes forces. Et je ne pense pas que vous puissiez me forcer à faire ce que je ne veux pas ; je ne suis plus un enfant. C’est moi qui ai voulu l’épouser et c’est encore moi qui demande le divorce, donc sans vouloir te frustrer Mah, je ne suis plus dans ce mariage.

Elle voyait bien que ma décision était sans appel. Elle me connait et sait pertinemment que je suis borné. Elle sait par ailleurs que je ne fais que ce que je veux ; je suis un homme de parole, je dis ce que je fais et je ne fais que ce que je dis. On ne me force à rien. J’ai toujours été comme ça. J’ai grandi parmi quatre filles, alors il fallait que je sache m’imposer. Que je me démarque de mes sœurs au risque d’être traité comme une fille. J’ai toujours été chouchouté par ma mère et mes sœurs, étant le seul garçon, j’étais traiter comme un prince. Mais cela ne m’a pas fait prendre la grosse tête ou me croire supérieur aux autres. Mon humilité et la considération que j’ai pour les autres ont toujours été mes principales qualités. En dépit du fait que je sois le moins âgé, j’exige le respect de la part de mes sœurs et de tout le monde. Je n’impose pas le respect, non loin de là ; je le donne et c’est tout naturellement que je veuille qu’il me soit rendu. Je ne joue pas avec ma dignité. Un homme, un VRAI, ne se reconnait que par sa dignité et cette dignité réside dans le respect de ses paroles.

Mais dans ce mariage, j’ai fait fi de ma dignité, je l’ai caché. Je m’en suis séparé tout ça pour les beaux yeux d’une femme. Je n’ai pas honte de le dire, j’ai aimé ma femme au point de me rabaisser pour elle. Parce que c’est ça l’amour, c’est ça le mariage. Se plier aux exigences de l’autre. Lui faire plaisir. Faire passer son bonheur avant le nôtre, se sacrifier pour être comme l’autre le désire. Le don de soi, oui je me suis donné à part entière. Je n’ai jamais su faire les choses à moitié. J’en suis, ou je n’en suis pas. Il n’ya pas d’à peu près avec moi ; quand je donne je le fais sans compter et quand je reprends, je le fais également sans pitié. J’ai donné mon cœur et ma confiance à Ayana, elle me les a ramenés dans un piteux état. Mais tout ça c’est fini. J’ai donné de sorte qu’il ne me reste plus rien à part un cœur meurtri ; je ne dis rien, je veux juste qu’on me redonne ma liberté pour que je puisse m’occuper de moi et de mon ego blessé. De ma dignité bafouée, de mes sentiments rejetés et de cet immense vide que j’ai à la place du cœur.

—Dis-moi Aly, qu’est-ce que ta femme t’a fait pour que tu veuilles à tout prix divorcer d’elle ? Je me rappelle bien qu’il ya quelques mois de cela, tu me disais qu’elle était la condition à ton bonheur. Je ne voulais plus d’elle comme bru, mais à cause de toi j’ai fermé les yeux sur toutes ses imperfections ; j’ai fait l’effort de la voir avec tes yeux. Parce que tu m’as dit que tu l’aime et qu’elle te rend heureux. Alors pourquoi ce soudain revirement ? Que s’est-il passé pour que tu sois autant remonté contre elle au point d’être aussi amer et malheureux ?

Je gardais le silence. Je ne peux pas répondre, ou du moins je ne veux pas répondre. Parce que je connais ma mère, si jamais je lui avoue toute l’histoire, sa colère dépassera la mienne.

Et par-dessus tout ça, je veux encore la protéger, oui je veux protéger Ayana. Je ne veux pas salir sa réputation ; après moi elle mérite de se remarier et vivre tranquillement. Alors si cette histoire venait à se savoir, c’en est fini d’elle, elle ne pourra plus jamais avoir du crédit aux yeux de ses semblables. Je connais notre communauté, les gens y ont la rancune tenace et ils passent le plus clair de leur temps à ressasser les mauvaises aventures des autres. Ils adorent colporter, raconter et surtout se mêler de la vie de leur prochain. Juste pour savoir ce qui se passe chez le voisin, et aller le raconter à tout le quartier. Que dire de la famille, elle sera vue par les membres de sa propre famille comme une moins que rien et une voleuse. Une femme infidèle qui n’a pas su préserver son foyer. Je ne veux pas qu’elle souffre, je ne veux pas que sa mère souffre encore par sa faute. Elle a assez causé du tort aux siens.

—Mah ça c’est entre ma femme et moi. Je ne peux en parler.

—Dans ce cas il n’y aura point de divorce. Cria mon père. Depuis combien de temps est-il là ? qu’a-t-il entendu ? Il s’approcha de nous, le visage complètement déformé par la colère. Mais pourquoi est-il dans cet état ?

—Tu ne divorceras jamais de cette fille, crois-moi Aly. Renchérit-il. Le mariage c’est pour la vie, tu m’entends mon garçon ? Quand on se marie, ce n’est pas pour jouer et ensuite rendre le jouet. Ta femme n’est pas une chose que tu as louée et après t’en être servi, tu l’as redonne à ses parents. C’est un être humain, et elle doit être traitée comme tel.

—Mais papa, tu ne sais m…

—Il n’y a pas de mais qui tienne ici. Je ne veux pas non plus savoir ce qui a bien pu se passer entre vous ; je ne veux absolument rien savoir. Règle le problème qui vous oppose comme tu le peux, mais je ne veux pas entendre parler de divorce. Il est hors de question que tu me fasses honte devant l’Imam Sy Savané et sa famille. Cela ne fait même pas un an que tu as épousé sa fille que déjà tu veux t’en débarrasser. Que diront les gens ? Ils penseront que je suis de mèche avec toi et que j’ai fermé les yeux sur tes méfaits. Je ne peux…

—Je me fiche de ce que penseront les gens ; le coupais je à mon tour. Ma voix était remplie de colère contenue. Je fais l’effort de ne pas exploser. De ne pas balancer toutes les choses salaces que m’a fait subir Ayana. Je m’en contre fous papa. Je n’en ai absolument rien à cirer…

—Aly est-ce une manière de parler à ton père ? Me gronda maman ; mais qu’est qui te prend mon enfant ? Nous ne t’avons pas éduqué de la sorte.

Il ne manquait plus que ça, que je me dispute avec mes parents. Décidemment Ayana tu me pourri la vie dans tous les contextes. Mais au stade où j’en suis, je n’ai plus rien à perdre. J’ai mal alors autant me libérer une bonne fois pour que mon père puisse saisir ce que je veux vraiment.

—Non Mah vous ne m’avez pas éduqué de la sorte en effet. Vous m’avez appris le respect des ainés, à courber l’échine lorsque je tends la main à une personne âgée ; à tenir compte de l’avis des autres ; à être humble en toutes circonstances. Oui vous m’avez tout appris.  Par ailleurs, vous m’avez également appris à défendre mon point de vue, à dire ce que je pense. A ne pas me laisser marcher sur les pieds, en clair vous m’avez appris à être un homme juste et intègre. Et c’est ce que j’essaie de faire. Alors s’il vous plait ne m’empêcher pas de divorcer. Je veux assumer les conséquences de mes actes raison pour laquelle je veux mettre un terme à cette union.

—Mais ce que tu demandes est impossible, ta femme est enceinte et tu veux l’abandonner. Cela ne fait pas de toi un homme qui prends ses responsabilités, au contraire ça fait de toi un lâche et un moins que rien. Bon en admettant que tu ais raison et que tu divorce d’elle ; et dans les prochains mois elle donne naissance à tes enfants, comment ferra tu ? Auras-tu assez de courage pour réclamer quoique ce soit d’elle ?

Je voulus lui répondre mais il me stoppa avec un signe de la main.

Non laisse-moi finir ; et je me permets de répondre à ta place. Tu ne pourras rien exiger d’elle. Et tu sais pourquoi ? Parce que tu n’as pas été là quand elle avait le plus besoin de toi, alors de quel droit vas-tu te prévaloir d’une quelconque paternité ? Hum dis le moi, en tant que qui voudra tu voir SES ENFANTS ? Vu que tu n’as pas été là pour elle, pour eux. La grossesse est une période très difficile dans la vie d’une femme. Elle est entre la vie et la mort, car tout peut arriver. Tout !!! Alors elle a besoin d’une personne qui puisse la rassurer, la soutenir, lui prendre la main et traverser ce long tunnel qui est tantôt sombre et tantôt éclairé. La grossesse est une incertitude car la femme ne sait pas si elle s’en sortira vivante ou pas.

Maman fit une pause pour que mon pauvre cerveau puisse bien assimiler toutes ces données. Puis elle reprit de plus belle.

—Ta femme a besoin de toi maintenant et pas après. Elle veut que tu sois là pour elle, avec elle. Que tu sois là pour eux. Te rends-tu compte de la bénédiction dont Dieu vous comble ? Pour une première grossesse, elle attend des jumeaux. C’est un cadeau inestimable. Je t’en conjure mon fils va profiter de cette grâce, va auprès de ta femme ; soutient la plus que tu ne le fais déjà, aime la encore plus. Je sais que tu en es capable.

Après tout ce que vient de dire Mah, je n’ai plus la force de protester, ou du moins de protester devant eux. Parce qu’une chose est sure et certaine, ils n’accepteront jamais ce divorce. Papa tient trop à son fichu honneur, et des qu’en dira-on. Comme si ces gens étaient là lorsqu’elle me pourrissait l’existence.

—Ta mère m’a enlevé les mots de la bouche. Commença papa. En plus je ne savais même pas que ta femme était enceinte. Aly mon garçon, il s’approcha de moi et posa une main réconfortante sur mon épaule. Je ne sais vraiment pas ce qui se passe entre ta femme et toi, et puisque tu ne veux pas le dire je ne te forcerai pas. Mais sache que le divorce n’est pas la solution et encore moins dans ces conditions. Tout ça fait partie du mariage. Cela fait bientôt quarante ans que j’ai épousé ta mère, ça n’a pas toujours été facile crois-moi. C’est la vie et rien n’est facile ou acquis d’avance. On doit se battre pour tout avoir, tout. C’est un combat quotidien et perpétuel, on ne se repose pas. Petit nos parents se battent pour nous, puis nous grandissons et commençons à mener nos propres combats ; nous nous marions et faisons des enfants, et c’est un autre combat qui commence encore. Mais là il ya plusieurs combats, non seulement on se bat pour maintenir l’harmonie dans le foyer, mais encore on doit lutter pour nos enfants. Pour leur bonheur, parce que ces derniers deviennent la priorité, NOTRE PRIORITE. Ils sont le fruit de l’amour qui existe entre leurs parents. Ils n’ont pas demandé à venir au monde, ils n’ont rien demandé et sont par conséquent innocents dans toutes les querelles qui pourraient opposer leurs géniteurs.

Nous sommes responsables de nos enfants car nous sommes le canal par lequel Dieu les a emmener sur cette terre. Une obligation de moyen et une obligation de résultat nous incombe. On fait fi de tous nos différends pour eux, pour leur bonheur et leur bienêtre. Tout ce que je te dis c’est pour te permettre de prendre conscience de la responsabilité qui est devenue tienne. Tu es responsable de ta femme et de tes enfants. Tu es responsable d’eux devant Dieu et devant les hommes, c’est ton devoir en tant qu’homme, en tant qu’époux et maintenant en tant que père. Il ne peut en être autrement ; car c’est bien au-delà de ce que tu penses ou peux imaginer. C’est une recommandation divine ; une prescription et une obligation divine même je dirais. Alors te voici prévenu. J’ai fait mon devoir de père, ta mère a fait le sien, finalement tu vois qu’il ne reste que toi.

J’écoutais mon père sans broncher. Il me parlait d’homme à homme ; c’est la première fois qu’il me dit ce genre de chose. Nous parlions beaucoup c’est vrai, mais aujourd’hui c’est différent ; il veut m’ouvrir les yeux sur une vérité absolue. Me faire comprendre que la vie est faite de haut et de bas, le mariage est une incertitude, une lutte et quand tout va mal, il ne s’agit pas de baisser les bras et fuir. Non il faut affronter le vent, la tempête et l’orage, s’accrocher à ce qu’on a construit. S’accrocher à ses croyances et principes. Et les enfants sont en grandes parties la raison pour laquelle beaucoup de couple ne divorce pas même s’ils ne sont pas heureux. Ils restent ensemble pour leur progéniture. Parce qu’il ya des moments où l’amour fini, et ce qui doit faire vivre le foyer est entre autre le respect mutuel, la tolérance, la confiance que l’on a en son conjoint. La tendresse et souvent même une profonde affection pour l’autre.

Tout ça c’est bien beau, mais là mon cœur est tellement blessé que toutes ces belles paroles me paraissent comme de la foutaise. Mes parents ont raison, je le sais, je ne suis pas un enfant et je sais faire une nette distinction entre ce qui est faux et ce qui ne l’est pas.

Je les regardais tous les deux, ils essaient tant bien que mal de me rassurer et me faire changer d’avis. Je regarde ma montre, il se fait assez tard ; je n’ai pas vu le temps passer. Et en plus je suis fatigué. Je suis courbatue de partout ; par ailleurs je n’ai pas ma voiture et je dois rentrer en taxi.

—Papa, Mah j’ai bien compris ce que vous avez dit. Merci pour vos conseils et merci de m’avoir écouté. Je crois que je vais rentrer.

—Oui mon enfant il se fait tard. dit Mah. Nous sommes tes parents et tel est notre devoir. Te conseiller et te guider sur le droit chemin. Rentre mon fils, et que Dieu t’accompagne.

Elle formula des bénédictions à mon endroit ; papa la rejoignit et ce fut une pluie de bénédictions pour moi, Ayana et les bébés.

Je sors de chez mes parents le cœur encore plus lourd. J’y étais venu chercher du réconfort, j’en ai eu certes. Mais je ne me sens toujours pas aussi bien que je le voulais. Parce que je n’ai pas eu ce que je voulais, je veux divorcer et mes parents s’y opposent. Je n’en ferai pas cas. Je sais ce qu’il me reste à faire. Ils m’ont peut être refusé le divorce, mais je sais que si Ayana le demande ils ne le refuseront pas. Alors je me donne pour mission de l’emmener à demander le divorce d’elle-même. Je jure de faire de sa petite vie d’égoïste sans cœur un véritable enfer. Elle peut compter sur moi pour lui en faire voir des vertes et des pas mûres.

A nous deux Madame Ayana Sy Savané épouse Diakité…

Esclave de mon cœur