Je t'aime

Ecrit par Les Chroniques de Naty

Chapitre 32

 

Ayana Sy Savané (épouse Diakité Lol)

 

Je laisse tomber ma serviette et m’admirais dans le grand miroir de ma chambre.

C’est vrai que j’ai pris beaucoup de poids ; mes seins ont quasiment triplé de volume. Je les avais gros avant mais depuis le début de la grossesse, je les ai encore plus gros. Mon ventre n’est pas en reste. Depuis que j’ai su que je suis enceinte de jumeaux, mon corps a commencé à réagir comme si c’est maintenant que lui aussi prend conscience de mon état.

La grossesse n’est vraiment pas facile ; je suis à mon cinquième mois. C’est vrai que je ne vois plus comme dans les premiers mois et que les vertiges se sont nettement améliorés, mais je suis toujours aussi fatiguée. Surtout avec mon poids qui ne cesse d’augmenter. J’essaie de ne pas me laisser aller et d’être toujours aussi coquette ; mais franchement c’est épuisant. Maman m’a fait coudre des tenues adéquates pour mon état.

Ma famille et ma belle-famille sont devenues mes alliées. Parce qu’entre mon mari et moi ça va de mal en pis ; je me demandais si la situation pouvait être pire et bien je ne suis pas au bout de mes peines. A peine s’il me regarde, il ne fait plus attention à moi. Il ne me parle plus, en clair je suis quasi inexistante pour lui. Je voudrais ne pas me plaindre parce que je suis la seule fautive dans toute cette histoire c’est moi et moi seule, alors j’essaie d’assumer les conséquences de mes actes comme une adulte. Cependant, il ya des jours où j’ai envie de tout lâcher et partir. Tout abandonner et m’en aller très loin d’Aly.

Mais où irais-je ? Papa ne veut pas me voir chez lui, même s’il a pardonné à maman ; il a toujours une dent contre moi et en dépit de toutes les démarches effectuées pour qu’il puisse me pardonner, il n’en démord pas. Ma vie ne peut pas être plus merdique que ça. Aly m’a également interdit de mettre pieds chez ses parents. Il m’a fait savoir sans management qu’il ne veut même pas que je puisse avoir affaire à sa famille.

Je ne comprenais pas pourquoi il me l’avait interdit jusqu’à ce que j’apprenne par ma mère qu’il avait demandé le divorce. J’ai tellement pleuré ce jour-là que j’ai été hospitalisé. Oui j’ai déconnée, oui j’ai fait des erreurs, oui je mérite de souffrir ; mais je me suis excuser et je continue de le faire encore.

Je me rappelle qu’après mon opération, il n’est pas venu me voir. C’est le chauffeur qui est passé me chercher. Après qu’il ait quitté l’hôpital, il n’y avait plus mit les pieds. A ma sortir, il était en voyage pour une mission. J’ai souffert pendant son absence, il n’a jamais appelé pour prendre de mes nouvelles. Pourtant je suis enceinte de ses enfants, il est censé être là pour me soutenir dans cette étape de ma vie. Mais non, je n’ai droit qu’à son indifférence et son mépris.

J’étais encore occupée à me caresser le ventre comme j’aime le faire quand Aly entra dans la chambre. Je fais vite de ramasser ma serviette pour couvrir ma nudité. Il parut amuser par mon geste et s’approcha de moi. Son regard ne me quittait pas. Il revient de voyage ; et je ne savais même pas qu’il rentrait aujourd’hui. Je ne sais plus rien de lui, depuis le temps il ne fait qu’enchainer les voyages à l’étranger. Comme s’il me fuyait.

—Que caches tu ainsi ? demanda-t-il avec un petit sourire narquois.

Je déglutis avec peine ; je ne pouvais répondre car sa proximité me trouble beaucoup. Cela fait tellement longtemps qu’il ne me parle plus ; je ne me rappelle même plus de la dernière fois qu’il m’a pris dans ses bras pour me faire un câlin. Sa chaleur me manque tellement, son odeur, ses caresses. Tout en lui me manque. Je me rends compte que je suis amoureuse de cet homme, je serai prête à tout pour lui. Et le voir là devant moi, avec sa barbe de deux jours je n’ai qu’une envie, l’embrasser à en perdre haleine. Je veux qu’il me dise qu’il m’aime et que je suis la femme de sa vie, je veux retrouver l’Aly, mon Aly que j’ai connu mais que j’ai aussi chassé.

—Je te pose une question, depuis quand te caches tu de moi ? Me redemande-t-il.

—Je ne me cache pas… murmurais je.

Il m’intimide, il me fait entrer dans ma coquille.

Il tira sur la serviette et la jeta loin. Son regard s’attarda sur mes courbes voluptueuses. Je sais qu’il adore mes seins, alors je fais exprès de me cambrer légèrement afin qu’il puisse en avoir une meilleure vue. Ses yeux deviennent plus sombres lorsqu’il est excité, et à l’instant précis je sais qu’il est excité. Je le connais, je sais comment il réagit. Sans me quitter des yeux, il caressa doucement mon ventre ; ce qui provoqua en moi une avalanche de sensation. Depuis le début de toute cette histoire c’est la première fois qu’il me touche, qu’il touche mon ventre. Puis sa main glissa encore lentement jusqu’à atteindre mon intimité. Puis il introduit un doigt en moi, tandis que son autre main me malaxait les seins. Sans le vouloir, des petits gémissements se font entendre.

Et cette tension !!! Je suis tellement à fleur de peau ; mes sens sont maintenant en alerte. Je me rappelle que le médecin a dit que je peux bien faire l’amour. Alors je me laisse aller à cette douce caresse. Je ferme les yeux pour mieux profiter de cet instant qui j’espère durera longtemps. Je me sens bien dans cette position indécente. Lui habiller et moi toute nue. J’aime la manière dont il me caresse. Il connait mon corps et je connais le sien ; j’essaie de lui rendre son plaisir en enroulant mes bras autour de son cou. Mais contre toute attente il me repoussa.

Ce geste brusque me fait ouvrir les yeux. La passion et le désir se sont envolés.

—Tu te caches de moi pour mieux servir ton amant quand il reviendra n’est-ce pas ?

J’aurai préféré une gifle à cette phrase. La magie de l’instant a disparu. Il me regarde méchamment, il est revenu l’Aly grincheux et colérique.

—Tu pense que je vais me permettre de coucher avec toi encore, détrompe toi ma chère. Continua-t-il. Je ne veux pas être la roue de secours ; attends quand ton amant reviendra il saura te donner le plaisir que tu recherches tant. Parce que tu ne m’as jamais considérer comme un homme digne de toi, alors pourquoi t’abaisserais tu as couché avec un moins que rien comme moi ? Je ne suis pas à la hauteur de tes espérances.

—Pourquoi me fais tu ça ? Je me suis maintes fois excusée, mais tu refuses de me pardonner. Que veux-tu que je fasse d’autres pour que tu daigne enfin me croire quand je te dis que je suis désolée pour tout ce qui a bien pu se passer entre nous ? Si tu veux je peux me mettre à genoux pour implorer ton pardon ;  joignant l’acte à la parole, j’essayant de m’agenouiller à ses pieds. Mais il me stoppa. J’insistais et finir par m’abaisser en attrapant ses deux pieds.

En temps normal j’aurai trouvé cette posture marrante et peut être même indigne de moi. Mais au stade où j’en suis, je donnerai tout pour avoir son pardon. Quitte à me trainer entièrement nue dans toute la maison.

—Ce n’est pas la peine de te ridiculiser de la sorte. Fallait réfléchir à deux fois avant de commettre tous ces actes. Dieu t’a doter d’une cervelle, mais tu as refusé de t’en servir, tu n’as pas voulu réfléchir et maintenant tu veux te jouer aux victimes. Tu veux faire croire à tous que c’est toi qui souffre le plus. Il hocha la tête en riant. Vraiment tu ne cesseras jamais de me surprendre. Estime-toi heureuse que je n’aie pas dit à tout le monde ce que tu as fait. Si tu vois que mes parents te porte encore dans leur cœur, c’est parce que je n’ai pas eu le courage de leur avouer toutes les imbécilités que tu as eu à faire.

Je baissais la tête honteuse. Même dans cette situation, il essaie de me protéger ; ça veut donc dire qu’il ya de l’espoir pour moi, pour nous et pour notre mariage. Je dois juste être patiente et ne pas baisser les bras. Avec le temps, il saura me pardonner.

—Je suis sincère quand je te demande de me pardonner ; si tu me laisse une autre chance, je te promets d’être la femme que tu as toujours voulu que je sois. Je serai la meilleure femme pour toi. Je te rendrai heureux, je m’y attèlerais. Je sais qu’il est difficile pour toi de me croire, surtout après tout ce que j’ai eu à te faire. Mais il faut également que tu sache que je t’aime et je suis prête à tout pour mériter à nouveau ton amour et ta confiance.

—M’aimes-tu ?

—Oui je t’aime Aly ; je t’en prie pardonne-moi. Implorais-je.

Il me releva, puis alla prendre ma serviette pour me couvrir.

—A quel moment as-tu su que tu m’aimais ?

Je ne m’attendais vraiment pas à cette question. Mais peut être que la réponse est aussi simple que claire. Depuis le jour de notre mariage où j’ai posé les yeux sur lui. Où son parfum m’a titiller les narines, ce jour où nos mains ce sont frôler et qui a fait naitre un petit sentiment dans mon cœur et à allumer un brasier dans mon corps. Ce même jour où il a posé sur moi un regard dans lequel je lisais tout l’amour et la tendresse qu’il avait pour moi. C’est ce même jour qu’il a juré devant Dieu et les hommes de toujours prendre soin de moi et de ne jamais me faire souffrir.

Peut-être que je suis tombé amoureuse de toi depuis ce jour-là. Parce que j’ai l’impression de t’avoir toujours aimé. C’est surement ma naïveté et le prétendu amour que j’avais pour Léon qui m’ont aveuglée. Mais une chose est certaine, l’amour que je ressens pour toi n’est pas nouveau, il n’est pas récent et ne date pas d’aujourd’hui, ni hier et encore moins d’un mois. Il m’a l’air ancien, il faisait tranquillement son bout de chemin et attendait surement que je voie clair en moi avant de pouvoir pointer son nez. Dans tous les cas, c’est un amour fort et impérieux. Qui ne peut plus se cacher ; j’ai l’impression que j’étouffe à cause de ce que je ressens pour lui. Et chaque fois que je pose les yeux sur lui, il grandi ; chaque jour que je vois mon ventre arrondi et que je le touche, il grandi. Quand nos enfants me donnent des coups, je ressens cet amour. A chaque petites douleur, il grandi encore plus. Et même à chaque échographie il prend de l’ampleur. C’est comme ça, et pas autrement.

Je l’ai su un an plus tard certes et peut être même qu’il est un peu tard ; mais comme on le dit, mieux vaut tard que jamais. Je préfère me rendre compte avec beaucoup de retard de ce que je ressens pour toi, que de ne jamais m’en rendre compte du tout.

Ce n’est pas le genre d’amour rempli de passion, et de désir brûlant. Je l’aime avec passion, beaucoup de passion même je dirai. Seulement qu’au-delà même de ça, c’est un tout. C’est un amour tranquille, rassurant, qui ne frise pas la folie mais qui me rendra folle si je n’ai pas l’objet de mes désirs. C’est un amour qui me consume lentement mais surement. Qui fait des compromis et qui acceptes les différences de l’autre.

Je t’aime sincèrement Aly, et ce depuis toujours ; mais me croira tu si je te le disais ?

—Je t’ai toujours aimé ; finis je par répondre.

—Mais jusqu'à quand vas-tu continuer à te foutre de moi ? J’en ai marre de tout ça. J’en ai marre de te voir à chaque fois que rentre chez moi ! Tu prétends m’aimer depuis je ne sais combien de siècle cria-t-il avec sarcasmes, mais tu n’as pas hésité un seul instant à me tromper. Quel drôle d’amour. Je voulu répondre, me défendre contre cette accusation. Mais il m’arrêta d’un signe de main. Ça suffit !!! J’en ai assez entendu aujourd’hui. Je ne te supporte simplement plus. Je suis fatigué de toi. Tu me dégoute.

Je voyais bien qu’il me détestait. Il me parlait avec tellement de rage et de rancœur. Je ne pense pas qu’il puisse me pardonner un jour ; je ne crois pas non plus qu’il puisse oublier tout ce qui s’est passé. Finalement je crois que je ne suis pas au bout de mes peines.

—Que veux-tu que je fasse pour que tu me fasses à nouveau confiance.

Il m’observa un moment, je sens que je ne vais pas beaucoup apprécier sa réponse.

—Tu es sûre que tu ne sais pas ce que j’attends de toi Ayana ? Ne sois pas aussi bête et naïve. Mais je sais qu’au fond de toi tu le sais, tu veux peut être l’entendre de vive voix. Bon ce n’est pas compliqué ; je veux juste que tu disparaisses de ma vue et de ma vie. Je ne veux plus jamais entendre parler de toi. Et après ton accouchement, je récupère mes enfants et je te rends ta liberté parce qu’apparemment il n’est pas possible qu’on  divorce dans ces conditions.

QUOI ??? Il veut me prendre mes enfants.

—Non tu ne peux pas me faire ça ! Dis-je au bord des larmes. Ce sont également mes enfants, tu n’as pas le droit de me séparer d’eux. Je suis leur mère et ils o…

—Tu n’es pas leur mère, tu en es très loin d’ailleurs. Une femme comme toi ne mérite pas d’être appelé maman. Tu n’as ni l’étoffe ni la compétence d’une mère. Et puis ce n’est qu’une information, et elle n’est pas à discuter. Je veux juste que tu mettes au monde MES ENFANTS et après tu peux faire ce que tu veux de ta vie.

Il tourna les talons et ressort de la chambre.

Je m’effondrai sur le lit. Ma vie ne peut pas être pire que ça. Il veut prendre mes enfants, il veut me les arracher. Et pour les donner à qui ? Non je ne peux pas accepter ça. Mais pour l’heure il faut que je me calme, pour le bien de mes bébés je dois éviter de me mettre en colère ou encore d’être trop stressée. Mais comment rester tranquille avec ce que je viens d’apprendre ? Il faut absolument que j’en parle à quelqu’un au risque de devenir parano.

Non il ne peut pas m’arracher mes enfants, il ne peut pas me faire ça. Tout sauf mes enfants. Je voulus appeler ma mère, mais elle se fera trop de souci pour moi. Déjà que tout va mal avec ma sœur Mina, si je viens ajouter mes problèmes, c’est sûr que sa tension va encore monter. Cet idiot d’Isaac et son idiote de femme ont eu leur souffre-douleur en la personne de ma sœur. Dieu sachant faire les choses, la nouvelle est enceinte et elle n’arrête pas de lancer des piques à Mina. La pauvre !!! Son foyer bat de l’aile, mais elle garde toujours le sourire et fait fi de tout ce qui se passe. Elle supporte en silence, elle accepte toutes les humiliations possibles ; je me demande souvent où elle puise cette force et ce courage.

Moi je supporte l’attitude de mon mari parce que je sais qu’au fond de lui il m’aime. Il est seulement blessé par tout ce que je lui ai fait. En outre je suis enceinte, cela nous lie encore plus et crée des liens forts entre nous. Mais dans son cas, Isaac ne l’aime pas, sa belle-mère ne la supporte pas, sa coépouse lui mène la vie dure et par-dessus le marché, elle n’a pas d’enfant qui puisse l’égayer et détourner son attention de toute cette mesquinerie dont elle est victime. J’avoue qu’a sa place, j’aurai déjà abandonnée.

Et même si j’explique à Nafi, elle non plus ne pourra pas comprendre ce que je vis. En plus de ne pas être mariée, elle se dira que c’est un juste retour des choses et que je ne récolte que ce j’ai semée. Elle a peut-être raison, sauf que là j’ai besoin d’une personne qui saura trouver les mots juste afin de calmer mon angoisse grandissante.

Et si j’appelais ma belle-mère, mieux je peux passer la voir. Mais les paroles d’Aly me reviennent en tête et je ne veux pas lui désobéir et aggraver ma situation. Tout compte fait il n’en saura rien, ce n’est pas moi qui le lui dirait en tout cas. Alors c’est décider je vais chez les Diakité.

Je m’apprêtais assez rapidement et informais le chauffeur de notre sortie. Tout en lui précisant de ne pas en parler à son patron.

 

*

**

***

Une heure plus tard, me voici assise avec ma belle-mère en train de discuter. Heureusement que mon beau père n’est pas là. Ça me fait toujours bizarre de lui parler ; elle est tellement gentille envers moi et quand je pense à l’insolence dont j’ai fait preuve à son égard, je suis assaillie de remords. Mais comme elle me l’a fait savoir, tout ça c’est du passé et il y’a bien longtemps qu’elle m’a pardonné. Nous sommes des êtres humains et par conséquents, nous sommes amenées à commettre des erreurs. Le plus important est de savoir les reconnaitre et demander pardon.

Je l’apprécie encore plus, car c’est une femme très sage et de bon conseil. Je comprends mieux pourquoi mon mari passe beaucoup de temps avec elle. Elle a cette faculté de vous mettre à l’aise, et quel que soit le problème que vous lui expliquer, elle trouvera les mots adéquats pour vous rassurer. J’ai vraiment de la chance de l’avoir comme belle-mère ; car lorsque Mina m’explique les misères que lui font subir la sienne, je me rends compte que je dois remercier Dieu.

—Ma fille tu sais l’être humain ne cours qu’après ce qu’il n’a pas au détriment de ce qu’il a. Nous sommes tous à la recherche d’un idéal, alors que celui-ci n’existe pas. Chacun doit créer les conditions de son bonheur, faire de sorte à créer les circonstances pour rendre cet idéal possible. Mais nous ne sommes jamais satisfait et courrons toujours à la recherche de je ne sais quel bonheur. Tu es jeune et tu as encore beaucoup à apprendre. Remercie Dieu d’avoir commis ces erreurs pendant que tu es encore jeune et que tu as tes parents pour te guider sur le droit chemin. Tu as alors le temps de te racheter et avancer tout en ayant retenu la leçon.

—Je sais maman, mais Aly ne veut toujours pas me pardonner. Et comme je te l’ai dit tantôt, il veut me prendre les enfants à leur naissance et me chasser par la suite.

Ce n’est pas dans mes habitudes de raconter mes problèmes de couple, mais je ne sais plus à quel saint me vouer. Par ailleurs cette dame est la seule personne qui puisse m’aider. Elle connait son fils et sait comment il fonctionne ; c’est elle qui me demande de me calmer et de supporter tout ça parce qu’elle sait que tôt ou tard il reviendra à de meilleurs sentiments.

Elle émet un petit rire.

—Il n’osera jamais faire ça Ayana. Je connais Aly, il est têtu mais pas méchant. Quand il est fâché, soit ils se replie sur lui-même, ou soit il rend le coup mais en faisant plus mal. Et son plus grand défaut, c’est qu’il est beaucoup rancunier. Il ne pardonne pas facilement et toi-même tu peux en témoigner. Mais ne t’inquiète nullement, tu accoucheras et tu resteras avec tes enfants et ton mari. A toi de savoir supporter tout ça. Il faut savoir si ton foyer vaut la peine que tu te batte et accepte tout ça pour sa survie.

Elle me donna d’autres conseils. Ça fait du bien de parler à quelqu’un qui ne vous juge pas. En dépit de tout ce qu’on a comme antécédent, elle ne me juge pas. J’avais besoin de me confier à ce genre de personne, qui puisse me parler avec objectivité. Le reste de ma visite se passa bien. Je me sentais bien avec elle ; avec ce genre de personne dans votre vie, il n’y a pas de raison que vous ne réussissez pas. Elle est le socle de cette famille, leur pilier. Et a bien regarder, elle mérite mon respect et mon amour. Comme j’aimerais être comme elle ; être incontournable dans mon foyer, être la mamelle nourricière. Celle qui fait vivre le foyer. Je veux faire de ma maison un havre de paix et de bonheur. Et pour ça je suis prête à tous les sacrifices ; j’accepte de subir mon karma, parce que je ne laisserai mon foyer à aucune autre femme. Personne n’éduquera mes enfants à ma place.

Ma belle-mère me raccompagna à la voiture, en me prodiguant toujours de sages conseils. Je promis de passer la voir ; même si je ne lui avais pas dit que son fils m’avait interdit de venir les voir ; ce genre de visite me sera beaucoup bénéfique.

Arrivée à la maison, je constate que mon mari n’est pas encore rentré. J’ai juste le temps de prendre une douche et passer à table ; au moins il ne saura pas que j’ai été voir sa mère. Peu de temps après, j’entends sa voiture se garer.

Il est là !!!

Je me demande bien quelle attitude adopter envers lui. En dépit du fait que sa mère m’ait rassuré, je suis toujours inquiète par sa décision.

Il n’est pas seul ; une voix féminine : Zhoura…

Qu’est ce qu’elle peut bien faire ici à cette heure ?

Je la trouvais attablée, avec MON mari, entrain de manger MON repas dans MA maison. Je me retiens de peu pour ne pas la tirer par sa longue chevelure et la balancer dehors, hors de ma vue et de MON foyer. Je pense avoir assez de problème pour ne pas avoir à supporter une instruise.

—Ah tu es là ? remarqua Aly.

Ils bavardaient comme d’habitude avec cette même complicité. Et Zhoura qui souriait de toutes ses dents

—Bonsoir Ayana comment vas-tu ? Renchérit cette dernière. Tu as super bonne mine ; et mes bébés ils grandissent bien j’espère.

Je ne répondis même à sa salutation.

—Ecoute, Zhoura viendra vivre avec nous à partir d’aujourd’hui. Je trouve qu’elle se sent assez seule à l’hôtel et ça lui fera moins de dépense. Et vue qu’on aura beaucoup de travail et de missions à effectuer dans les prochains jours, j’ai jugé utile et préférable qu’elle vienne rester avec nous.

Non mais c’est quoi ce bordel ? J’espère vraiment qu’il plaisante, parce que pour que cette femme vive sous le même toit que moi, il faudra que les poules aient des dents…

Esclave de mon cœur