Bébé à bord
Ecrit par Farida IB
Je ne le fais pas souvent, mais là il faut que je vous prévienne que c'est long comme chapitre. Anyway bonne lecture !
Armel….
Moi (au téléphone) : miss you mi amor
Elle s’arrête de parler et souffle, je souris. Il se trouve que je l’ai prise de court pour couper court à ses plaintes envers son collègue. Depuis environ une heure que je l’ai appelé, elle ne fait que déblatérer contre lui. Comme d’habitude d’ailleurs, ce qui ne nous laisse pas souvent le temps pour nous. Ça fait dix jours qu’ils sont partis et on ne peut pas dire que le courant est passé entre eux. En plus d’être un pont de lamentations, il est plus un bras cassé pour elle qu’un homme clé sur le terrain. C’est elle-même qui le dit.
Debbie : miss you too " gnédji ", mon cœur. Et toi comment tu vas ?
Moi : enfin, on s’inquiète pour moi.
Debbie : je suis désolée, c’est que cette femmelette me met très souvent en rogne.
Moi : comme je l’ai souvent répété aussi, qui t’énerve…
Debbie (répétant après moi) : qui t’énerve te domine ! Je le sais et je fais des efforts, beaucoup trop même pour ne pas l’étriper.
Moi amusé : Debbie, c’est ton grand frère.
Debbie : mais c’est un gamin je t’assure (souffle) parlons d’autres choses, tu veux bien ?
Moi : je n’attends que ça ! (enchaînant) Alors, comment c’était ce dîner avec votre hôte hier ?
Debbie : fan-tas-ti-que ! Les mets étaient vraiment délicieux, M Diomande et sa famille ont été incroyables avec nous. Nous avons passé, du moins, j'ai passé un excellent moment et j'en garderai de très bons souvenirs.
Moi : on peut donc conclure que cette semaine par contre s’est terminée sur une note positive.
Debbie : oh oui ! Plus que cinq jours.
Moi ravie : en effet, plus que cinq petits jours.
Voix de son collègue (comment il s’appelle encore déjà ?) : Deborah ! Mon sac de sport, il est où ?
Debbie : Atayi, je vous ai déjà dit cent fois de ne pas me parler quand je suis au téléphone ! C’est mal poli d’interrompre les gens.
On l’entend tchiper sans plus.
Debbie : désolée bé, le quidam a encore frappé.
Moi me retenant de rire : je vois ça.
Debbie : on en était où déjà ? Ah oui ! Je voulais te dire que si tout va… Qu’est-ce que vous foutez dans ma chambre ? Qui vous a autorisé à y entrer ?
Le collègue : bah, je cherche mon sac.
Debbie ton furieux : et puis quoi encore ? Vous me prenez pour la gardienne de votre sac peut-être !?
Le collègue : je l’avais posé au pied du lit. Là, je le retrouve plus. On n’est que deux dans cette suite, qui d’autre pourrait le prendre ?
Debbie : je n’en ai fichtrement rien à foutre de votre sac à la merde !
Le collègue : jeune fille, fais attention à comment tu me parles !
Debbie : tu… (criant) D’ailleurs, sortez de ma chambre !
Le collègue posément : pas avant d’avoir retrouvé mon sac.
Elle veut dire quelque chose, mais je l’interromps prestement.
Moi : bébé laisse-le cherche son sac, il te laissera peut-être tranquille après.
Debbie : tu as dit peut-être !
Le collègue ton égal : moi, je veux juste retrouver mon sac de sport rien d’autre
Debbie grinchant : Armel, il m’énerve, sincèrement.
Le collègue : c’est mon lot quotidien.
Debbie ton cassant : tu la fermes et tu sors de ma chambre, tu as vu qu’il n’y a rien.
Le collègue : ça te va bien d’être moins conventionnelle par moments, il te reste juste à apprendre à être moins acerbe. (ne lui laissant pas en placer une) Au moins je suis rassuré que tu ne m'aies pas piqué MON SAC ! J’y vais !
Je ris doucement, je commence à kiffer la gamme de ce mec. Mais pardon ne dites surtout pas à Debbie que je vous l’ai dit kiakiakia.
Debbie : tu… Dégage d’ici ! Dehors !! (à moi) Désolée bé.
Je m’éclaircis la voix pour faire cesser mon rire voilé avant de répondre.
Moi : t’inquiètes.
Debbie : arrête de rire, ce n’est pas drôle !
Moi ma lâchant : bien sûr que c’est drôle, enfin (extrapolant) je n’arrive pas à croire que le type ait embarqué son sac de sport dans l’aventure. C’est trop bizarre.
Debbie : rire* quand je te dis qu’il est louche. Il est parti au dîner hier avec un sac à bandoulière.
Moi : bah c’est à la mode, j’en ai un de chez Guess.
Debbie : oui, mais la sangle est en chaîne (précisant) une chaîne en or.
Moi haussant les sourcils : là ça mérite un tout petit peu plus d’analyse, j’avoue.
Debbie : bingo !
Le collègue : Deborah arrête de parler de moi à ton mec. Arrête de parler de moi, tout court. (micro pause) J’oubliais que c’était plus fort toi, tu n’as que mon nom dans ta bouche à longueur de journée. Si tu m’aimes déjà, il faut me le dire au lieu de tergiverser.
Je garde l’écoute à la fois amusé et étonné qu’elle n’ait donné aucune réplique. J’étais en train de me dire qu’elle a enfin compris et qu’elle ne cèdera à sa provocation quand j’entends audiblement une porte claquée très fort. J’éloigne le téléphone de mon oreille qui s’est mise à bourdonner. Je le colle à l’autre oreille au moment où elle reprend l’appel.
Moi : c’était quoi ça ???
Debbie : je fermais ma porte.
Moi dépassé : mais tu voulais la défoncer cette porte en fait.
Debbie : c’était ça ou lui coller une gifle puissance 10.000.
Moi riant doucement : arrête de suivre le type dans son délire, c’est rien que de la provoc.
Debbie : tchuips !
Moi (essayant de la dérider) : tu veux que je te raconte ma soirée à moi hier ?
Debbie : oui !
Un oui enchanteur en plus, trop prévisible mi amor. Je me mets à lui raconter ma soirée à bâtons rompus. Bon, je n’ai fait rien de spécial quand même. Je l’ai passé avec ma mère, Marianne, Bradley et sa famille qui sont là pour le week-end à parler chiffon et je me suis retrouvé à jouer de la guitare en trio avec mes neveux ensuite nous avons joué aux cartes entre adultes. En grosso modo, c’est RAS depuis qu’elle est partie. Je me suis concentré sur mes études d’autant que nous étions en période d’examen et mes heures libres, je les passe avec ma mère. En dehors de ça, on a fait une soirée entre mecs le vendredi chez Alex qui je dois dire était cool. C’était une soirée arrosée, de jeu, de blagues et je dois préciser que je suis rentré directement chez moi après.
Moi : voilà, tu sais tout.
Debbie : ohh, c’est déjà fini ? T’étais en train de raconter pleins de belles choses.
Moi : lol, c’est normal pour une famille.
Debbie : en tout cas pas la mienne (passant du coq à l’âne) et Tina ? Elle doit m’en vouloir pour ce samedi.
Moi : bien sûr, elle a dit qu’elle t’attend de pieds fermes.
Debbie la petite voix : je suis foutue.
Moi : grave ! C’est entre vous deux là-bas. (changeant de sujet) À part ça, il y a Djifa qui m’a rendu une visite éclair ce matin.
Debbie (d’un ton surpris) : wouah tu as dormi sur quel côté hier ? Il faut que tu te recouches sur ce même côté ce soir.
Moi riant : elle revenait de l’église en plus.
Debbie avec un rire de gorge : bénédiction assurée, on a échangé quelques mots l’autre jour. Enfin, tata Mimi avait du boulot pour elle…
On a continué à causer jusqu’à ce que son collègue rapplique à nouveau. Sur le coup, je décide de raccrocher. Mine de rien ça fait deux heures qu’on parle et le ministre de l'Intérieur (mon ventre) commence à réclamer son dû. Je sors de notre chambre de match d’en haut (rires, je l’ai surnommé ainsi) où je m’étais réfugié pour avoir un peu d’intimité. Ce n’est pas donné de l’avoir depuis que Bradley a débarqué avec les siens. Il y a soit lui, soit Tina qui me tombe dessus sans préavis encore que les jumeaux dorment dans mon lit. Ce n’est nullement pour me plaindre, mais j’ai parfois besoin d’un moment à moi pour m’entretenir intimement avec mi amor si vous voyez ce que je veux dire. Hier, on était en plein dedans quand Bradley m’a surpris avec un appel vidéo entre Eddie et lui. Imaginez un peu l’embarras avec ma bite qui pointait et les deux idiots qui me servent de frères m’ont charrié presque la moitié de la nuit à propos de ça.
Je longe le balcon jusqu’à la dernière chambre qui donne sur les escaliers. En les descendants, je tombe sur Bradley et Tina qui s’embrassent passionnément très entrelacés sur le palier intermédiaire. Je ralentis ma descente et m’assure d’être à quelques marches avant de me racler la gorge pour signaler ma présence.
Moi : il y a des chambres dans la maison pour ça !
Les gars ne me calculent même pas, ils finissent de faire leur chose et se sourient. Ensuite, Bradley se tourne vers moi tandis que Tina enfonce sa tête dans son cou en soupirant. On sent celle qui en veut plus.
Moi : heureusement que je suis bien rôdé pour assister à ça.
Bradley : lol on sait depuis bien longtemps que tu ne crois plus au père Noël !
Je rigole.
Bradley : tu étais passé où ? Ça fait un moment qu’on te cherche dans toute la maison.
Moi sarcastique : j’ai vu ça ! Et vous m’avez trouvé, plus du tout besoin de me chercher.
C’est à leur tour de rigoler.
Tina : c’est bon, on ne peut plus avoir un moment à nous ?
Moi (levant les mains d’apaisement) : je n’ai rien dit ! (les dépassant) D’ailleurs faites comme si je ne vous avais pas interrompu.
Bradley soupirant : maman nous attend pour passer à table.
Moi (me tournant vers lui) : je ne suis pas certain que ta femme ait vraiment faim. Pas de nourriture en tout cas.
Elle me regarde d’un air amusé quelques secondes et finit par sourire.
Bradley : très drôle !
Moi (avec un mouvement de tête) : chambre 3, c’est ouvert.
Tina : merci atavi, je te revaudrai ça.
Moi : c’était le but ! Par contre faites super gaffe, maman attend tout ce qui s’y passe dans sa chambre.
Bradley souriant doucement : c’est noté !
Je poursuis seulement mon chemin et tombe à peine sur le plancher du premier palier quand j’entends une porte claquée. Là, c’est chaud ! Je trace dans ma chambre à bas bruit, heureusement que les jumeaux n’y étaient pas. J’entreprends de ranger mes fiches de révisions. Je ne sais pas pour vous, mais moi, il faut que je recopie les polycopies. Du moins, une synthèse de ce qui a été dit dedans pour pouvoir les mémoriser sinon, c’est mort. Je le fais au ralenti histoire de perdre du temps. Des minutes après j’entends la voix rauque de Tina vers la cuisine et sans plus tarder, je sors de ma chambre. Plutôt que de me rendre à la cuisine, je rejoins Marianne et les jumeaux du côté de la table à manger au salon et leur prête la main pour mettre le couvert. Un moment après Tina arrive suivie de maman.
Maman (dès qu'elle m’aperçoit) : toi, tu étais passé où ? On t’attend pour manger depuis un moment déjà.
Moi : désolé, j’étais au téléphone avec Debbie.
Maman (s’adoucissant d’un coup) : ah d’accord.
Elle dépose une soupière en ajoutant.
Maman : alors elle va bien ? Comment se passe son enquête ?
Moi : pas mal, elle gère.
Maman (sur un ton de reproche) : ça veut dire quoi pas mal, elle gère ?
Moi soupirant : maman elle va bien, l’enquête avance.
Maman : je préfère ! On vous apprend le français à l’école, mais c’est pour débiter des sottises après.
Tina et Marianne piquent du nez.
Moi levant les yeux au ciel : bon, on peut passer à table là ? J’ai faim moi.
Maman (tournant un regard circulaire sur elle) : il manque Bradley. Maintenant, c’est lui qui a disparu.
Je regarde Tina qui répond à maman du tac au tac.
Tina : Brad est sous la douche, mais il ne va pas tarder.
Maman regard pointu vers elle : sous la douche ? Là, maintenant ? (elle fait oui de la tête) Bien bon, on ne va pas l’attendre. J'ai l’estomac dans les talons.
On s’installe et entame bien le banquet avant qu’il n’arrive en sentant effectivement le savon de toilette. Je lui lance un regard du genre « weh chapeau grand » il rétorque par un sourire enjôleur. Pendant tout le repas, il échange des coups d’œil libidineux et à la dérobée avec Tina sous les commentaires drôles de maman. On passe relativement un bon moment.
En début d’après-midi, ils lèvent le camp. Je me propose de faire un massage de pied à maman dans leur chambre pour réduire son œdème. J’y reste environ quinze minutes et ressors pour regagner la mienne en vue d’une petite sieste. J’ouvre la porte et surprends un appel entrant de Magnime. Je la fais languir un peu et décroche après deux autres tentatives. Je dois dire que la sister est en émoi en ce moment, Romeo la malmène seulement. Depuis que nous avons quitté chez Cassidy, elle mène des enquêtes pour confirmer qu’il a réellement une petite en date. Je me suis rangé du côté de Romeo évidemment. C’est pour son bien, elle nous remerciera plus tard.
Moi : oui miss Amah !
Magnime : tu n’as pas répondu à mon message ce matin.
Moi : on dit bonsoir d’abord.
Magnime : bonsoir Armelito ça va comme tu veux ?
Moi : j’aurais préféré sans le sarcasme, mais oui ça va et toi ?
Magnime : pas terrible, ton nouveau pote et toi vous êtes donné le mot pour me tourner en bourrique.
Moi faisant genre : je peux savoir de quoi on m’accuse ?
Magnime : tu sais bien, ne fais pas l’imbécile.
Moi : rhoo Mimine, ne m’insulte pas. Je ne sais rien de plus que ce que je te répète depuis dix jours. Je ne sais rien de la vie privée de Romeo.
D’ailleurs, il faut que je vous dise que ça fait le même nombre de jours que je n’ai plus eu des nouvelles de Cassidy. Elle n’a rien tenté, pas d’appel, pas de message encore moins m’envoyer des photos aguicheuses. Je pense qu’elle a enfin compris le topo et c’est tant mieux pour tous. J’entends Magnime soupirer.
Moi : écoute, pourquoi tu ne lui adresses pas directement la question ? C’est ton pote non ?
Magnime : c’est parce que je n’ai rien obtenu de lui et encore moins d’Alex que je me suis tournée vers toi. Par rapport à Ro, je ne veux même plus insister, ça fait glauque. Enfin, il va se mettre des idées en tête.
Moi : c’est vrai que c’est louche, je me demande d’ailleurs pourquoi tu t’intéresses si soudainement à sa vie amoureuse. Dis-moi Magnime, ne serais-tu pas jalouse à tout hasard ?
Magnime ton agressif : jalouse de quoi ? Je surveille ses arrières, c’est tout. Je veux simplement m’assurer que cette fille en vaut la peine.
Moi : si tu le dis !
Magnime : donc tu ne sais rien ?
Moi : absolument rien, je te l’aurais dit sinon.
Magnime : ok bye ! Tu ne m’es pas du tout utile.
Moi : lol bye ! Pose, bon repose la question à l’intéressé.
Magnime : hmm c’est ça, bye bye.
Elle raccroche et je me couche en riant. Je ferme à peine mes yeux que Debbie me prend en appel vidéo sur skype. Apparemment, son collègue est de sortie. C’est parti pour notre moment coquin.
Le lendemain, je me retrouve à commenter les inquisitions de Magnime avec Romeo sur le trajet retour après les cours.
Romeo : encore heureux qu’elle n’ait pas péter un plomb.
Moi : elle est deux doigts de le faire. Type, c’est bon. Libère là comme ça. Elle fait vraiment pitié.
Romeo : pas tant qu’elle n’avoue pas elle-même ses sentiments pour moi, j’en ai ras le bol qu’elle fasse la meuf. Par ailleurs, j’ai décidé d’accélérer les choses.
Moi (lui jetant un coup d‘œil le sourcil levé) : ah ouais ? En quoi faisant.
Romeo : tu seras informé en même temps qu’elle.
Moi : tu fais de la rétention d’informations ?
Romeo : j’assure juste mes arrières, tu es beaucoup trop collé à Magnime. Tu risques de lui révéler mes plans sans le vouloir.
Moi : lol je suis ton homme, à plus forte raison que je veux ce qu’il y a de bien pour elle.
Romeo : bon ok, je vais te le dire.
Il m’explique un peu de quoi il s’agit.
Moi (après explication) : je doute que ça fonctionne. Non seulement ça va trop loin, mais en plus, tu risques d’obtenir le résultat contraire.
Romeo : en toute chose, c’est la fin qui est essentielle. C’est Aristote qui le dit.
Moi : apparemment, tu es très sûr de ton plan.
Romeo : et certain !
Moi : alors je ne peux que te souhaiter bonne chance.
Romeo : merci.
On passe sur d’autres sujets, essentiellement la revue des nouvelles séries qu’il me copie sur ma clé USB et je rentre ensuite. L’après-midi et la soirée je les passe à surveiller maman parce qu’elle a des sortes de contractions passagères qui se révèlent toujours être de fausses alertes au final. En fin de soirée, j’en discute avec monsieur son mari dans le but qu’il nous fasse l’honneur de sa présence afin de l’assister dans ces moments où elle a le plus besoin de lui, mais c’est peine perdue. Je me résigne à le laisser faire de son bon vouloir et le laisse pour m’entretenir avec Debbie. On se raconte nos journées ensuite, je tombe dans les bras de Morphée.
……
Je vous passe la journée suivante. Bof j’ai tout juste suivi le même programme que lundi.
En revanche aujourd’hui j’ai dû faire un détour pour voir Djifa. Elle a lancé un code d’urgence sur Snapchat ce matin, mais n’a rien voulu me dire. J’arrive devant sa boutique et en cherchant où me garer, je reconnais la moto de Magnime. Je fronce les sourcils intrigué en pénétrant la boutique.
Moi : qu’as-tu pour m’envoyer un code rouge matin bonne heure ? Tu as perturbé ma concentration à l’école.
Djifa : installe-toi au moins avant de poser les questions.
Moi : bonsoir,
Elles : bonsoir.
Magnime : c’est par là qu’il fallait commencer, ce sont tes propres règles !
Moi : ce ne sont pas mes règles, c’est le code de savoir-vivre qui le veut ainsi.
Elle tchipe et se décale pour me faire de la place sur l’une des chaises visiteur. Il y a un monsieur qui vient souscrire au wifi zone que Djifa installe sur la véranda dehors avant de m’offrir un rafraîchissement.
Magnime : Djifa n’oublie pas de déduire ça de ses apports.
Moi : lol, alors Djifa que se passe-t-elle ?
Magnime : c’est vrai que c’est une chose qui se passe krkrkr.
Je ricane pendant que Magnime se marre, quand je croise la mine d’enterrement de Djifa qui se triture les doigts, je me calme net. Maintenant que j’en parle, j’ai remarqué qu’elle en faisait une de ces mines dimanche lors de sa visite. C’est vrai qu’on n’a vraiment pas pu causer avec Tristan et Tyler dans mes pattes.
Djifa (brusquement) : euh, je suis enceinte.
Magnime arrête de rire et lève un regard choqué vers elle de même que moi.
Magnime : répète un peu là.
Djifa : je suis enceinte, j’ai eu la confirmation hier.
Moi abasourdi : ohhh
Magnime la fixant toujours interloqué : combien ? Enfin, waouhh quelle nouvelle !!
Djifa : dix semaines !
Moi les sourcils levés : en français facile ça donne quoi ?
Djifa : environ trois mois.
Magnime plissant le front : trois mois ? Ça doit être Jean-Jacques ça.
Djifa secouant vigoureusement la tête : ça ne peut pas être lui, enfin nous étions séparés bien avant.
Magnime : bon en fait, je ne suis pas sûre de comprendre. Ça fait également trois mois tout juste que tu t’es mise avec Ange. Et puis tu m’as assuré qu’il ne s’est rien passé entre vous.
Djifa le regard fuyant : à notre première rencontre oui
Magnime mine dégoûtée : seigneur…
Djifa mord sa lèvre en baissant la tête.
Moi analysant : donc c'est Ange à 1000% .
Elle hoche la tête.
Moi : alors que comptes-tu faire ? Tu lui as en parlé au moins ?
Djifa : non ! Enfin pas encore, je n’ai pas encore pris une décision.
Moi plissant les yeux : prendre une décision par rapport à quoi ou à qui ?
Djifa : Ange, il va penser que je l’ai piégé pour pouvoir l’apprivoiser.
Moi : tu n’en sais rien, dis-le lui d’abord. Ensuite, on avisera.
Elle me fixe un moment et soupire avant de parler.
Djifa : je suis vraiment dans la merde ! Me retrouver comme ça avec deux gosses hors mariage et avec tout ce que ça implique comme fardeau.
Magnime sèchement : il fallait t’y attendre en couchant le premier soir avec un inconnu sans te protéger.
Moi (sur un ton de reproche) : Magnime ?
Magnime en colère : elle m’a dit ici à cette même place qu’ils s’étudiaient, qu’elle ne veut pas précipiter les choses !
Djifa : mais j’ai tenu parole, après ça on n’a plus rien fait.
Magnime lui criant dessus : quand même, tu as omis de me dire pour ce soir-là et voilà où nous en sommes aujourd’hui. Les pilules du lendemain, tu connais ?
Moi haussant le ton : Magnime ce n’est vraiment pas le moment.
Elle soupire bruyamment et toise Djifa avant de murmurer quelque chose d’incompréhensible dans sa barbe.
Djifa (soupir désespéré) : si je vous ai appelé, c’est pour qu’on réfléchisse ensemble à une solution.
Magnime martelant : tu vas sauf que garder ce bébé Djifa !
…. Quel bébé ?
On se tourne tous au même moment pour voir Ange debout devant la porte-fenêtre. Magnime et moi, nous levons machinalement pour leur laisser un peu d’intimité.
Magnime : on vous laisse discuter.
Moi regardant Djifa : on cause plus tard.
Elle nous lance un regard suppliant auquel nous faisons fi. Nous saluons brièvement Ange et traçons vers nos engins. Au moment de partir, je remonte un peu les bretelles à Magnime et on se sépare sur la promesse qu’elle mette un peu d’eau dans son vin et soit plus indulgente envers elle. Djifa, je ne cautionne pas ce qu’elle a fait, mais le coup est déjà parti. Le moins qu’on puisse, c’est de lui apporter notre soutien en espérant que son Ange ne fasse pas le con en refusant d’assumer ses responsabilités. En tout cas quoi qu'il advienne, on y fera face. Un enfant c'est que du bonheur.
C’est sur cette pensée que je démarre. À la maison, pendant que je me réchauffe un truc à manger, j’appelle Debbie que je n’arrive pas à joindre depuis notre dernier coup de fil ce matin. Elle répond toujours aux abonnés absents. Au bout de plusieurs tentatives, je soupire intérieurement et me résous à réessayer plus tard. Une fois repu, je profite du fait que ma mère fasse sa sieste pour réviser mes fiches. Je lis quelques lignes quand le sommeil me prend.
Je me réveille un bon moment plus tard et la première chose que je fais, c’est de retenter le numéro Burkinabé de Debbie, mais c’est le statu quo. Je vais sur les réseaux pour voir si elle a lu les nombreux messages que je lui ai envoyés entre temps, idem. J’aurais dû prendre les coordonnés de son collègue pour ce genre de situations, j’aurais vraiment dû. Je vire sur les statuts WhatsApp pour faire passer mon angoisse et mon désarroi. En défilant, je tombe sur celui de Saliha. Enfin, c'est des photos de Cassidy qu’elle a publié pour son anniversaire qui date d’hier apparemment. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai ressenti le besoin de l’appeler pour lui présenter mes vœux. Bon, c’est juste de la déférence. En plus, c’est via téléphone, elle ne pourra rien faire pour m'intimider
Je débloque donc son numéro et lance néanmoins l’appel avec grande hésitation. Au moment où je commence à regretter mon acte et me décide à raccrocher, elle décroche.
Cassidy d’entrée de jeu : tu es sûr que tu ne t’es pas trompé de numéro ? C’est la pute que tu appelles là inh.
Moi d’un trait : Cassidy, j’appelle simplement pour te souhaiter un joyeux anniversaire et je n’aurais pas dû. Bye !
Clic !
Je me laisse tomber sur le lit, en pensant « qu’est-ce qui m’a pris ! » Aussitôt, mon téléphone sonne, c’est elle. Je laisse sonner plusieurs fois et finit par décrocher las.
Moi : quoi ??
Cassidy : pour ton info mon anniversaire, c’était hier.
Moi : là, j’en ai plus rien à cirer.
Cassidy ne relevant pas : et je l’ai fêtée toute seule comme une sorcière.
Moi : il y a ta famille à trente minutes de chez toi.
Cassidy : c’est avec toi que j’aurais voulu le fêter, tu aurais mis l’ambiance comme tu sais si bien le faire.
Moi mitigé : lol l’ambianceuse entre nous deux, c’est toi.
Cassidy : et c’est cela qui me manque le plus, nos délires ensemble.
Moi : range tes freins, je ne reviendrai pas sur ma décision.
Cassidy : ce n’est aucunement mon intention. Enfin, j’aimerais beaucoup prendre un verre et parler. Je me sens particulièrement seule aujourd’hui, j’ai besoin d’une oreille attentive.
Moi : bah, va voir ta mère !
Cassidy : Armel, tu es sérieux là ?
Moi soupirant : vas-y parle, je t’écoute.
Cassidy : je n’ai pas assez d'unités pour une longue discussion.
Moi : laisse-moi te rappeler.
Cassidy : je te jure que je ne tenterai rien, je veux simplement parler.
Moi : il me faut une garantie.
Cassidy : lol tu as peur de moi maintenant ?
Moi : il y a de quoi non ?
Cassidy : je te le promets sur ma paire de louboutin.
Moi : celle que ton grand-oncle t’a offerte pour ta remise de diplôme ?
Cassidy : oui celle-là.
Moi supputant : ok passe chez moi, je suis là.
Cassidy ton incrédule : comment ça chez toi ? Tu m’as dit ne pas avoir le droit de ramener une autre fille que ta copine chez vous.
Moi : raison de plus pour que tu te tiennes correctement.
Cassidy : lol très intelligent de ta part. J’arrive, envoie-moi ta localisation.
Moi : ok !
……
Je sors par le second portail d’entrée et avance à petit pas avant de faire un signe de la main à Cassidy qui oscille son regard à ma recherche. Elle me sourit quand elle me voit. Je la regarde simplement jusqu’à ce qu’elle arrive à mon niveau.
Cassidy : bonsoir,
Moi : bonsoir, après-toi.
Je ferme la marche après lui avoir indiqué le portail. Je marche à une distance considérable d’elle et la regarde jeter un regard circulaire sur la façade puis, je l’entends siffler.
Cassidy : il y en a qui vivent bien dans ce pays, ça ressemble aux maisons qu’on voit dans les magazines.
Moi haussant l’épaule : c’est le bijou de mon père.
Cassidy : en tout cas, il a bien travaillé. Je le félicite.
Moi : je ne manquerai pas de lui dire.
Cassidy : quoi ? Je disais ça comme ça, je…
Moi éclatant de rire : c’était juste pour te taquiner, je sais que mon père tu l’as en horreur.
Elle me lance un regard de travers. On arrive à l’intérieur et après la canette d’Orangina qu’elle a accepté prendre, je l’introduis dans ma chambre en faisant attention de ne pas alerter ma mère.
Cassidy : wow, c’est ça ta tanière ?
Moi lui indiquant un fauteuil : tu comptes t’émerveiller devant tout ce que tu verras dans la maison ?
Cassidy : pas ça, bon je suis d'accord que c’est jolie, mais c’est quoi ce foutu bordel ? Ça ne reflète pas l’image que tu renvoies dehors.
Moi fronçant les sourcils : j’ai fait le ménage dimanche.
Elle me regarde bizarrement puis balaie l’air d’un revers de main.
Cassidy : je ne suis pas là pour ça de toute façon.
Je prends place sur le lit et lui indique de nouveau le fauteuil du doigt qui je signale est à l’autre bout vers l’entrée de la chambre. Elle s’installe et inspecte les lieux du regard en buvant dans sa canette.
Moi (rompant le silence pesant) : ça va ?
Cassidy : oui bien toi ?
Moi : bien aussi, en tout cas t’as l’air en forme.
Cassidy : je me maintiens.
Il y a un moment de blanc et tout d’un coup elle dit.
Cassidy : et Deborah ?
Moi sans ambages : elle va bien, elle est en mission.
Cassidy plissant les yeux : ah oui ? Elle fait quoi comme travail au fait ?
Moi : rédactrice magazine, j’ose croire que tu n’es pas venue pour parler de ma copine ?
Cassidy : non, bon oui ! Enfin, il y a quelque chose qui m’a toujours tracassé par rapport à vous deux.
Je lève le sourcil et la regarde.
Moi : dit toujours.
Casssidy : tu l’aimes ?
Moi parlant vite : bien sûr que je l’aime.
Cassidy : je te crois t’inquiète, mais j’ai besoin de savoir pourquoi vous les hommes vous avez ce besoin impérieux d’aller voir ailleurs ? En apparence, ta copine, c’est une fille bien, tout mon contraire. Elle est belle, elle t'est dévouée, elle est vaillante, elle a de l’avenir. Tout ce qu’il faut pour faire une bonne épouse à notre ère, mais tu lui aies quand même infidèle.
Moi ahuri : dois-je te rappeler que c’est toi qui essaies de me détourner d’elle ? C’est toi qui as commencé en abusant de moi.
Elle place sa main sous son nez une tierce de seconde pour cacher son sourire moqueur.
Cassidy sérieuse : ok ! Admettons que la première fois, je t’ai un peu forcé la main. Les autres fois cependant, tu es venu de ton propre chef. À un moment tu as même pris goût, tu étais chez moi trois fois par semaine.
Moi (me grattant la nuque la tête baissée) : je l’avoue (me passant la main sur le visage en soupirant) tout ça n’était qu’une passade, j’ai été faible.
Cassidy roulant des yeux : l’éternelle excuse ! Moi, je dis que tu ne tiens pas tant que ça à ta copine, enfin pas comme tu le prétends. Parce qu’à mon humble avis, on ne peut pas aimer quelqu’un et coucher avec d’autres personnes. Mais enfin si tu tiens à une fille, tu ne la trompes pas. Peu importe la tentation, rien que de penser à elle, tu sauras résister. Ce qui me fait mal, c’est que la fille ne se doute de rien la plupart du temps. Ça me déshydrate le cœur, franchement.
Je hausse les sourcils et la regarde environ deux minutes d’un air blasé.
Cassidy : pourquoi tu me regardes de la sorte ?
Moi : bah, c’est drôle que ce soit toi qui me sortes ce genre de speech.
Cassidy (avec un geste évasif de la main) : il y a plein de choses sur moi qui peuvent t’épater.
Moi au tac : je m’en contrefiche et je ne veux pas les connaître. J’ai été un petit joueur, mais là, j’essaie de changer. J’aurais apprécié que tu ne mettes pas les bâtons dans les roues.
Elle veut parler, mais je la stoppe d’une main levée en entendant comme un bruit vers la cuisine.
Moi : je viens, je vais voir si ma mère a besoin de moi.
Cassidy écarquillant les yeux : parce que ta mère est là ?
Moi me levant : bien sûr. Je te signale qu’elle est enceinte jusqu'au yeux.
Cassidy : oh, et tu m’as fait venir ?
Moi (tournant un regard moqueur vers elle) : c’est quoi, tu as peur de ma mère ?
Cassidy : il vaut mieux, avec tout ce que tu me racontes sur elle.
Moi tenant la porte : lol elle ne mord pas t’inquiète.
À peine parlé que je tire sur le poignet pour tomber nez à nez sur elle, mon cœur voltige dans ma poitrine.
Moi titubant : ma… Maman ? Tu veux quelque chose ?
Maman regard aigu : non, j’ai entendu comme des voix. Tu as de la visite ?
Moi : euh oui.
Je parle comme ça, qu’elle pousse la porte qui s’ouvre sur une Cassidy assise dans le fauteuil droite comme un " i ". Je me retiens de rire.
Cassidy : bonsoir, maman.
Maman : hmmm otsan o soèaa ? (en tout cas, c’est pour dire bonsoir!)
Cassidy hoche la tête pendant qu’elle la dévisage des secondes avant de tourner sa tête vers moi.
Maman : elle c’est qui ?
Moi : euh, c’est Cassidy. La jeune femme dont je t’ai parlé et elle va s’en aller.
Maman ton réprobateur : enfin Armel, pourquoi ? (fixant Cassidy) Enfin, vient ma chère. Nous allons faire connaissance.
Cassidy et moi la regardons en même temps tous les deux avant d’échanger un regard alarmé entre nous. Elle se lève tout de même pour la suivre en me faisant de grands signes derrière alors que je leur emboîte le pas.
Maman : Armel, toi tu restes ici.
J’attends qu’elles disparaissent vers le salon pour aller les épier. A priori il n’y a rien d’alarmant, elles font réellement connaissance. Après dix minutes, Cassidy met fin à la visite en prétextant des courses pour sa mère. C’est maman elle-même qui la raccompagne au portail et je me retrouve à faire des cent pas devant l'entrée principale.
Maman (dès qu'elle referme le portail) : Franck Armel Djidjoho Elli.
Moi faisant diversion : maman franchement, je n’aime pas ton Djidjoho là, un vieux prénom comme ça. Je préfère Selom.
Elle arrive et se met debout face à moi. Si le regard pouvait tuer, je serai déjà mort.
Maman méprisante : tu ne le mérites absolument pas !
Moi dans ma lancée : pourtant, c’est toi qui me l’as donné, avec tout ton amour.
Maman : jeune homme n’essaie pas de détourner mon attention.
Je souris en la suivant à l'intérieur.
Maman : le sourire ne marchera pas non plus cette fois.
Elle entre dans la cuisine, je la suis.
Moi anticipant : avant que tu ne dises quoi que ce soit maman, rassure-toi qu’il ne s’est rien passé. On discutait juste.
Maman ton exaspéré : Armel, je ressemble à une imbécile c’est ça ? Qu’est-ce que tu m‘as dit à propos de cette femme !!? Tu m’as vraiment prise pour le dindon de la farce ! J’y crois pas, c’est un autre niveau carrément. Est-ce que tu te rends compte qu’elle est beaucoup trop âgée pour toi ? Elle pourrait être ta mère !
Moi : rhoo maman pas jusque-là. Tu dois me croire quand je dis qu’il ne s’est rien passé, elle était venue tout juste pour parler. Et je peux t'assurer que je t’ai dit la vérité l’autre jour, elle a abusé de moi.
Elle rigole nerveusement.
Maman furieuse : décidément, tu veux me prendre pour une folle, Armel, tu l’as ramené dans ma maison et Dieu sait ce qu’il se serait passé si je ne t’avais pas surprise.
Moi : je te jure que c’est la vérité.
Maman vociférant : assez !! Ne me regarde pas dans les yeux en me mentant effrontément. Tu n’es qu’un imbécile, volage et un libertin sans scrupule comme ton père ! Deborah est partie seulement pour deux semaines, deux (tenant son ventre) aïe aïe aïe ! Wouyii seigneur ça fait mal.
Moi me précipitant sur elle : maman maman maman, qu’est-ce qui se passe ?
Elle me repousse quand j’essaie de la relever du sol.
Moi inquiet : qu’est-ce qu’il y a ? Je vais appeler une ambulance.
Maman : va chercher le sac que j’ai apprêté pour l’hôpital, je crois que je suis en train d’accoucher.
Moi au bord de la panique : ah !?
Maman se tortillant de douleur : vas-y dépêche-toi imbécile !
Je vais rapidement chercher le sac et passe prendre mon téléphone pour rappeler Cassidy. C’est elle qui revient m’aider à l’installer dans la voiture. Direction Kotokou Kondji, l’hôpital où elle faisait suivre sa grossesse. Une fois là-bas, on nous transfert vers le Chu Tokoin pour qu’on l’opère en urgence. Entre temps, j’ai activé Bradley qui a lui a activé la femme d’un de ses potes qui était pile parmi les infirmières à nous accueillir à l’entrée du Chu. On trouve Bradley et Tina dans les couloirs de la maternité. Je savais qu’il est fort probable qu’elle se fasse opérer, mais j’étais désemparé de la savoir au bloc. L’attente fut longue, très longue. Ça a été les trois heures les plus longues de ma vie.
Cassidy : Armel, tu devrais t’asseoir un peu.
J’arrête de tourner en rond et la regarde.
Moi : putain, mais ils foutent quoi ? Ça fait trois heures qu’on est là.
Bradley : une opération ça prend du temps (fixant quelque chose) attend, il y a Dorine qui vient. Je vais lui demander les nouvelles.
Moi le suivant : je viens avec toi.
J’accélère mes pas vers elle et lui parle depuis ma position.
Moi : Dorine, s’il te plaît dit nous quelque chose, ma mère va bien ? Ça fait des heures qu’ils y sont, je vais devenir fou là. Putain !
Dorine : calme-toi, tout va bien. L’opération suit son cours, je vous dirai s’il y a du nouveau.
Bradley : on compte sur toi.
Moi m’adressant à Dorine : normalement, elle doit se faire administrer une injection d’anti-D.
Dorine : en effet, mais c'est après l’accouchement. Je vais les aviser.
Bradley : merci, s'il y a quoi que soit tu nous le dis.
Dorine : sans faute, je vous laisse. Courage à vous.
Elle s’en va et Bradley me conduit vers le banc sur lequel sont assis Tina et Cassidy, mais je ne peux pas m’asseoir. Je passe par toutes sortes d’émotions violentes en ce moment. Je m’en veux terriblement pour ma bourde. Ma mère est partie sur la table d’opération en colère contre moi, j’ai vraiment peur qu’il lui arrive malheur. Je ne me le pardonnerai jamais. Je tape dans le mur énervé. Cassidy vient passer un bras autour de mon épaule et me frotte le bras un moment avant de m’inciter à m’asseoir. Ce que je fais dépité sous le regard pointilleux de Tina. On attend encore environ quarante-cinq minutes avant de voir un médecin sortir du bloc la blouse maculée de sang. C'est Dorine qui le suit de près qui pointe un doigt vers nous. On fonce sur eux.
Bradley : dites-nous tout docteur.
Docteur : tout s’est bien passé, on a pu sortir le bébé. C’est une fille, toutes mes félicitations.
Moi soulagé à moitié : et sa mère ?
Docteur : il y a eu plus de peur que de mal. Elle aura toutefois besoin d’une transfusion sanguine, une poche tout au plus. Mais tout est sous contrôle. Mon équipe et moi, nous en chargeons déjà.
Moi : je peux lui donner, on est du même groupe sanguin.
Docteur : ok (se tournant vers Dorine et sa collègue) amenez-le au bloc C. (à moi) C’est vous le père je suppose.
Dorine amusé : ce n’est que le grand frère.
Docteur : félicitations grand frère ! Votre mère a accouché une jolie petite fille et elle a une sacrée chance d’avoir un grand frère comme vous.
J’ai un large sourire en suivant Dorine vers le bloc C.