Retrouvailles à l'hôpital
Ecrit par Farida IB
Chapitre 26 : retrouvailles à l’hôpital.
Armel….
Drinngg Driinngg.
Je coupe le moteur de ma voiture et jette un regard vers le support Smartphone pour intercepter l’appel d’un numéro qui m’est inconnu. Je plisse les yeux, perplexe et prends deux secondes pour me décider à ignorer l’appel. Je remets le contact et laisse le moteur chauffer en attendant que la mère de Debbie arrive pour nous conduire au Chu. Bradley m’a congédié de force aux aurores pour me reposer un tant soit peu avant de partir au cours, mais je n’ai pas pu fermer l’œil et je n’ai pas non plus la tête à suivre les cours. Comment pourrais-je alors que maman me fait ça dure depuis sa sortie en réa ? Elle m’a barré de la liste de ses visiteurs et du coup je l’ai veillé derrière la porte vitrée de la chambre qu’on leur a attribuée. Et oui, Eunice Elli a la rancune tenace. Bon, de toute façon demain c’est les vacances de Noël. Inutile de vous dire que c’est trop un coup dur pour moi, d’autant plus que je n’ai toujours pas de nouvelles de mi amor. Il semble qu’ils sont coincés dans une zone blanche. J’ai fini par appelé sa patronne qui elle a joint leur collaborateur sur place et m’a fait le retour ce matin. Je…
Drinngggg Drinngggg
C’est le même numéro que toute à l’heure. Là, je fronce les sourcils. Je coupe tout de même le moteur et branche le téléphone au lecteur de la voiture. On n’est jamais trop prudent lol.
Voix : allô Armel
Moi surpris : paaaa ?
Papa : oui, c’est moi. Comment tu vas ?
Moi : bonjour moi ça va. Nous essayons de te joindre depuis hier, maman a accouché.
Papa : ah bon, quand ça ? Et personne n’a pensé à me tenir informé ?
Moi : hier soir, je viens de dire que nous t'avons appelé à plusieurs reprises, mais en vain.
Papa : il fallait laisser un message sur ma boite mail ! Vous êtes dans quel l’hôpital ? Elle va bien ? Qu’est-ce qu’elle nous a ramené ?
Moi : une fille, oui elle est internée à Tokoin. Elle a dû subir une intervention.
Papa (d’un ton détaché) : une fille ?
Moi : weh, ça te fait deux fusils à acheter krkrkr parce qu’il parait qu’elle est cute.
Bon vous vous doutez bien que je n’ai pas encore vu le bébé. Enfin pas de visu. Tina m’a envoyé quelques photos sur lesquelles elle a encore les yeux fermés. Chose étonnante, elle me ressemble trait pour trait. Un truc de dingue !
Papa : il parait ? Tu ne l’as pas vu ?
Moi : oui bon, je l’ai vu en image. (argumentant) En fait c’est compliqué avec maman.
Papa : qu’est-ce que tu as encore foutu ?
Moi évasif : rien de bien grave, tu connais maman elle dramatise tout. Mais dis, c’est quoi ce numéro ? Tu es rentré ?
Papa : je t’appelle depuis un hôtel, oui je suis à Lomé.
Moi plissant les yeux : ah ouais ? Depuis quand ça ?
Papa : ce n’est pas le plus important, ta mère est à côté de toi là ?
Moi : non, je suis à la maison. Enfin, je suis sur le point de démarrer pour l’hôpital.
Papa : surtout, ne lui dis pas que je suis là. Je compte lui faire une surprise. Je vais néanmoins l’appeler.
Moi : mais papa la surprise ne peut pas attendre plus tard ? Elle a grand besoin de toi là.
Papa : vous vous êtes bien débrouillé sans moi, vous pouvez encore attendre quelques jours.
Moi : quelques jours !!? Papa loin de moi l’idée de faire la morale, mais tu n’as pas du tout assuré sur ce coup. À l’hôpital, ils m’ont confondu avec toi.
Papa : c’est bien, cela voudrait dire que tu m’as représenté à la perfection.
Moi (sur un ton de reproche) : papa ??
Papa : fiston, je sais ce que je fais. Ta mère doit m’en vouloir plus que tout en ce moment, il faut que je prenne mes précautions avant de refaire surface.
Moi : hmmm
C’est tout ce que je dis en voyant la mère de Debbie sortir de leur maison et s’avancer vers la voiture.
Papa : tu me donnes de leurs nouvelles quand tu arrives à l’hôpital et tu m'envoies des images de la petite. J'aurais préféré que ce soit un garçon, mais bon elle est déjà née. On ne peut que faire avec.
Moi : bah, c’est le mâle qui détermine le sexe de l’enfant. C’est la science qui le dit.
Papa : hmmm ! Fiston, je dois raccrocher. J’ai une affaire urgente à régler. N’oublies surtout pas, je suis toujours en voyage.
Moi : moi qu’est-ce que ça me rapporte ?
Papa : Armel ne commence pas.
Moi amusé : nous en reparlerons, c’est sûr.
Papa : imbécile heureux.
Il raccroche et je sors du véhicule pour ouvrir la portière à la mère de Debbie en me retenant de rire. J’attends qu’elle arrive à ma hauteur pour la saluer à nouveau.
Moi : rebonjour Ma-Debbie.
Ma-Debbie (montant) : bonjour mon garçon, elle t’a appelé ?
Je referme la portière et attends de reprendre ma place au volant avant de répondre.
Moi (m’attachant) : pas depuis que j’ai quitté chez vous, mais sa patronne m’a assuré qu’elle le fera dès qu’elle revient sur Ouaga.
Ma-Debbie : d’accord, que Dieu la protège où qu’elle se trouve.
Moi : amen, Etiam ne vient pas avec nous ?
Ma-Debbie : non ohh, je l’ai laissé chez la voisine pour faire la demoiselle.
Je rigole et démarre. On continue à parler de Debbie puis de l’accouchement de ma mère, puis de leurs accouchements au fil des ans et leurs soutiens mutuels. Ensuite plus personne ne parle. Je mets de la musique pour meubler le silence dans l’habitacle. C’est du Flavour qui passe un moment. Lorsque ça moove sur son titre Chinny Baby, toutes mes pensées se dirige vers sa fille. Dire qu’elle me manque serait un euphémisme, aujourd’hui surtout. J’ai tellement besoin de sa présence, de sa chaleur pour me sentir bien. (soupir) Une fois à l’hôpital, je guide sa mère vers la chambre de maman en saluant et en remerciant les collègues de garde de Dorine qui m’ont été d’un soutien sans faille tout au long de la nuit. On croise elle-même dans les escaliers. Elle me charrie un peu après les salutations et me donne brièvement les nouvelles de la nouvelle mère et du nouveau-né avant de nous laisser continuer. Lorsqu’on arrive devant la porte, on attend d’abord que la sage-femme et une aide-soignante passe pour entrer. En franchissant le cadrage, je suis sidéré de la voir qui devise gaiement avec ma mère. Les deux se tournent vers moi et parlent en synchro.
Debbie : surprise !
Maman : voici celui qui m’a envoyé sur la table d’opération !
La mère de Debbie fonce sur elle pendant que j’avance lentement et la fixe pantois sans trop savoir quoi faire.
Ma-Debbie : gloire à Dieu Deborah tu es rentrée !
Debbie (pointant son doigt vers le berceau) : fait attention à ne pas la réveiller N’nan. Elle vient de s’endormir.
Ma-Debbie ton bas : mais quand est-ce que tu es revenue ?
Debbie tout sourire : ce matin, j’ai sauté dans un bus dès que maman Eunice m’a annoncé son accouchement.
J’écarquille d’avantage les yeux, donc comme ça ma mère a pu la joindre ? Bon, c’est vrai que je n’ai plus essayé de l’appeler après le mélodrame du reste de la journée et ce matin, j’ai préféré appeler directement sa boss.
Ma-Debbie maugréant : il fallait au moins nous informer.
Debbie : je voulais vous faire une surprise.
Ma-Debbie : tchuiips quelle bonne surprise même ? Tu nous as fait une frayeur.
Debbie la petite voix : je suis désolée…
Ma-Debbie : tu fais bien de l’être.
Debbie : rhooo N’nan je suis là, je suis en forme c’est le plus important.
Ma-Debbie : c’est quoi cette histoire de N’nan ? Je ne suis pas une Waawa ! Je suis fièrement une native de Kpalimé.
Debbie : lol, c’est comme ça que les enfants appellent leur mère au village. J’ai fait un petit tour là-bas pour rendre visite aux grands-parents.
Pour ceux qui ne le savent pas, le village de Debbie (situé à Dapaong) fait frontière avec le Burkina Faso.
Ma-Debbie (plissant les yeux) : tu n’étais pas censée être en mission ?
Debbie : nous avons fini plus tôt que prévu.
Maman à moi : toi, tu comptes rester planter là toute la journée ?
Ce n’est qu’à ce moment que je décroche mon regard de Debbie toujours sonné par le fait de la voir.
Moi (sortant de ma torpeur) : euhh… Bonjour maman.
Ma-Debbie (en même temps que moi) : awwoo Da-Eunice excuse-moi, je ne t’ai même pas encore salué. Toutes mes félicitations, on remercie le seigneur de t’avoir fait sortir indemne. (traduction littérale Ewé-Français lol)
Maman (me lançant un regard en biais) : en effet, la gloire est au seigneur.
Elles ont commencé à parler de la pluie et du beau temps. J’en profite pour m’asseoir à côté de Debbie et passe mon bras autour de son épaule. On va se contenter de ça pour le moment.
Moi (d’une voix inaudible) : je suis content de te voir.
Debbie : c’est tout ce que j’espérais, je suis aussi contente d’être là et de te voir.
Je la regarde avec un sourire en coin, elle m'imite. On s’est mis à se regarder ainsi pendant un long moment. C’est ma mère qui casse le charme.
Maman : et maintenant pour quoi il sourit comme un idiot ?
Ma-Debbie qui répond : Da-Eunice laisse-moi l’enfant, il est heureux de voir sa chérie.
Maman me toisant : mieux de lui !
Je souffle discrètement et Debbie me jette un regard inquisiteur que je détourne en coulant un regard vers le bébé.
Moi : maman, je peux ?
Maman(du tac au tac) : non, je ne vais pas risquer que tu me casses les côtes à l’enfant.
Moi : rhoo maman.
Debbie riant sous capte : laisse-moi t’aider.
Elle la prend et la pose dans mes bras croisés sur la poitrine avec des gestes délicats. Je suis parcouru par un frisson en posant mes yeux sur la petite.
Moi émerveillé : c’est fou ce qu’elle me ressemble, c'est vraiment un truc de ouff !
Debbie : c’est impressionnant je te… Oh, tu pleures ?
Moi (secouant la tête négativement) : j’ai un truc, dans l’œil.
Debbie éclatant de rire : monsieur est trop viril pour admettre qu’il pleure en voyant sa nouvelle petite sœur kiakiakia.
Maman tirant la bouche : humm des larmes de crocodile oui.
Je souffle intérieurement, casse feeling elle.
Ma-Debbie (s’approchant) : oww oww oww c’est une grande dame qu’on a là.
Elle la prend et j’essuie mes larmes. Je sais je sais, mais est-ce que vous l’avez vu ?? Je ne vais pas faire mon dur, c'est trop d'émotions j'ai juré.
Debbie : elle a pris tout son temps pour grandir dans le ventre.
Ma-Debbie : vraiment, c’est quel enfant qui aime le ventre comme ça ? J’ai l’impression que ça fait une année qu’elle y est.
On se marre Debbie et moi, et ma mère grimace un sourire en regardant la petite.
Debbie : par contre elle est vraiment trop mignonne, je la réserve déjà pour Etiam.
Maman : c’est une bonne idée, dans ce cas personne ne doit la dot à son prochain.
Ma-Debbie parlant vite : qui vous a menti ? Vous paierez la dot de ma fille piam !
Ça a l’effet d’amuser la galerie.
Voix : toc toc toc, je peux entrer ?
On se tourne tous vers elle et je la regarde avec les grands yeux et la bouche ouverte. Mais que diable fout-elle là ?
Debbie qui répond : ah tata, c’est vous. Entrez venez.
Du coin de l’œil, je peux voir maman qui suit sa progression avec un mélange de stupéfaction et de dédain dans le regard. Cassidy lance un bonjour auquel seules Debbie et sa mère répondent.
Cassidy (s’adressant à maman, l’air décontenancé) : heu euh excusez-moi de passer à l’improviste comme ça... Euh en fait, je voulais savoir comment vous vous portez toutes les deux ce matin.
Maman : ah oh, nous allons bien. C’est gentil de ta part, mais il ne fallait pas te déranger pour venir jusqu’ici. Il aurait suffi de passer un coup de fil à mon fils.
Cassidy titubant : c’est vrai, mais l’inquiétude a pris le dessus étant donné que j’essaie de le joindre depuis hier nuit sans succès.
Je fuis son regard en biais, beh il se pourrait que j’aie un tout petit peu bloqué son numéro hier après son départ. Par ailleurs, je n’aurais jamais dû la débloquer.
Maman : tu n’as pas du tout d’inquiétude à te faire (jetant un coup d’œil à Debbie) je suis entre de bonnes-mains.
Debbie rétorque par un sourire béat auquel elle répond.
Cassidy : ah euh d’accord, je vous souhaite une meilleure santé. Je ne vais pas vous imposer ma présence plus longtemps. Je vais demander la route.
Debbie : ohh déjà ? Vous n’avez même pas vu le bébé.
Cassidy tourne son regard vers ma mère comme pour requérir son approbation et s’approche du berceau lorsqu’elle la voit hocher la tête en la regardant toutefois d’un air méfiant. Elle se penche dessus puis se tourne subitement vers moi d’un air ahuri.
Cassidy : mais Armel, c’est ton portrait craché !
Maman (d’un ton condescendant) : malheureusement.
Cassidy (me coulant un regard) : c'est une vraie miss, que Dieu la protège.
Debbie et sa mère répondent « amen ! » à l’unanime et ma mère du bout des lèvres.
Cassidy à maman : bon courage pour la mignonne.
Maman : merci et merci pour la sollicitude.
Cassidy : je vous en prie, Deborah à plus.
Elle le dit en agitant sa main et en lui souriant.
Debbie : à plus tata, merci d’être passée. Rentrez bien.
Cassidy : pas de quoi, merci.
Elle tourne les talons et se dirige vers la porte.
Maman : Armel, tu ne l’accompagnes pas ?
Je tourne fébrilement ma tête vers elle perplexe, elle me regarde avec un sourcil interrogateur.
Moi : heu oh ok d’accord, Debbie, tu viens ?
Maman : non Debbie reste ici, je dois m’entretenir avec elle (appuyant) sur certaine chose.
Moi en alerte : ah bon, tu veux lui dire quoi ?
Maman : tchhhrrr ton problème est où ? Va là-bas !
Cassidy amusée : il peut rester ça ne me dérange pas, je connais la route. (passant son regard de moi à Debbie) Ils ont besoin de se retrouver tous les deux.
Maman : ils ont tout le temps pour se retrouver, Armel vas-y.
Je prends une grande inspiration et suis Cassidy à la traîne tandis que tout mon esprit est avec elles. Pour le moment elles tripent sur la puériculture, rien de compromettant…
Cassidy : Armel, tu peux te retourner si tu veux.
Sur le moment, je me rends compte qu’elle est bien loin devant moi.
Moi me précipitant vers elle : désolé, allons-y.
On débouche sur le hall du bloc avant que je ne lui soumette le fond de ma pensée.
Moi : donc tu te lies d’amitié avec ma copine ?
Cassidy : lol faut pas abuser quand même, c’était pour faire genre.
Moi : mais franchement, tu viens chercher quoi ici ? Tu n’aurais pas dû venir !
Cassidy : pourquoi ? Parce que ta copine est là ? Je te signale qu’on était tous les deux à l’emmener et que je suis restée durant toute l’opération et je me suis assurée que tout se soit vraiment bien passé avant de rentrer. Non seulement ça, je me suis inquiétée toute la nuit pour elles et vu que TU m’as encore bloqué de partout j’ai dû me déplacer pour chercher les informations à la source ! Pourquoi m’as-tu remise sur ta liste noire d’ailleurs ?
Moi : tu n’aurais pas dû en sortir, tu vois où nous en sommes. Ma mère a failli y passer.
Cassidy les sourcils haussés : que veux-tu insinuer par là ?
Moi : que son accouchement aurait pu tourner au vinaigre.
Cassidy (fronçant la mine) : et qu’est-ce que j’ai à voir là-dedans ?
Je lui briefe notre tirade et elle garde les sourcils arqués pendant tout mon récit.
Cassidy abasourdie : ta mère sait pour nous deux ?
Moi me grattant la nuque : j’ai bien peur que oui. Enfin, j’ai été contraint de lui en parler.
Cassidy : j’avoue que son attitude en disait long et ça se voit qu’elle apprécie beaucoup ta Deborah.
Moi : elle fait plus que l’apprécier, elles se sont toujours considérées comme mère et fille.
Cassidy : j'avais remarqué. Ça sera très difficile pour moi alors de me faire une place dans son cœur.
Moi fronçant les sourcils : pourquoi faire ?
Cassidy éclatant de rire : mais je plaisantais voyons. Je voulais juste voir ta réaction.
Je lui lance un regard genre « weh très drôle !! »
Cassidy : hé, détends-toi. Je ne cherche pas à me caser. Enfin, tu dois savoir que le mariage n’est pas le rêve de ma vie. J’aime trop ma liberté.
Moi : tu m’étonnes.
Je ne dis plus rien et elle non plus jusqu’à ce qu’elle monte sur un Olé.
Cassidy : je compte sur toi pour me donner de leurs nouvelles.
Moi (soupir) : si je le fais, est-ce que tu me feras l’honneur et la joie de t’éloigner loin de moi pour de bons ?
Cassidy faisant la moue : hummm, laisse-moi y réfléchir.
Moi : Cassidy ??
Cassidy (riant en faisant un geste évasif de la main) : je ne compte pas revenir de toute façon, tu as vu les regards que ta mère me jette ? Je ne suis pas folle de revenir.
Moi amusé : tu as senti inh krkrkr.
Cassidy : ne me fais pas changer d’idée parce que j’aime les défis.
Moi : ok ok c’est bon !
Je sors un billet que je lui tends, elle secoue la tête négativement.
Cassidy : laisse, je peux payer. Zed man allons-y.
Elle m’envoie un bisou volant du doigt au moment où le zed man démarre. Je rigole en secouant la tête. Tina arrive dans le même timing et se gare à leur place. On s’échange le bonjour puis je contourne pour monter du côté non-chauffeur. Elle s’engouffre sans tarder dans l’hôpital.
Tina : tu n’étais pas censé être à la maison en train de te reposer ?
Moi : je n’ai pas pu le faire.
Tina : tu devrais dormir un peu, tu as de grosses poches sous les yeux.
Moi : weh après après.
Tina : au fait, tu es partie nous ramasser cette grosse doudoune encore où ohh ? Elle n’est pas un peu âgé que toi là ? Toi, tu n’aimes pas ta vie inh.
Moi roulant des yeux : c’est juste une amie.
Tina : Armel à d’autres ! Je ne suis pas née de la dernière pluie, je sais reconnaître quand deux personnes couchent ensemble et ça se sent à des kilomètres que tu es sous son emprise.
Moi plissant les yeux : où vas-tu chercher des idées pareilles ? La seule personne qui occupe mon cœur, c’est Debbie.
Tina rire dérisoire : la bonne blague ! Parce que tu as un cœur toi ? Qui fonctionne de surcroit ?
Moi : bien sûr, je ne suis pas un monstre.
Elle me jette un coup d’œil ironique en cherchant un créneau sur le parking. Quand elle se stationne, je l’aide à décharger un sac rempli de nourritures pendant qu’elle détache Leana derrière. Elle se présente à la guérite puis on trace vers l’aile gauche.
Tina (reprenant) : Debbie sait qu’elle est en compétition avec une adversaire redoutable ? Parce que telle que je vois celle-là, elle n’est pas le genre que tu peux duper ou malmener à ta guise.
Moi : Tina, je te dis qu’il n’en est rien. Il y a eu un truc avec cette jeune femme certes, mais c’est finit. Je suis plus que décidée à me consacrer à Debbie.
Tina : oh oui, ça explique pourquoi la baleine était présente pendant l’accouchement de TA MERE ! Ce n’est par rien ça !
Moi : elle était là par inadvertance à la maison quand les contractions de maman ont commencé.
Tina (me lançant un regard moqueur) : je veux quand même te croire (changeant de sujet) donc maman est toute seule là maintenant ?
Moi : non, Debbie et sa mère sont avec elle.
Tina surprise : Debbie est rentrée ? (oui de la tête) C’est qu’il va y avoir du sport. Je suis impatiente de voir comment tu vas t’en sortir et je serai au premier rang pour voir Debbie te larguer. Tu ne la mérite pas cette petite.
Moi marmonnant : elle ne se doute de rien.
Tina : ça ne m’étonne même pas, trop crédule celle-là.
On marche encore deux minutes lorsqu’on se dirige vers la chambre, on croise Debbie en question.
Moi : tu rentres ?
Debbie : non, ta mère m’a envoyé te chercher.
Elle se tourne vers Tina et dit d’une petite voix.
Debbie : bonjour tata Tina.
Tina (tournant un regard circulaire sur elle) : atavi tu as entendu quelqu’un parlé ?
Rire, au fait elle ne digère toujours pas le fait que Debbie l’ai quitté pour un autre travail malgré qu’elle s’arrange pour l’aider à la boutique un samedi sur deux. Enfin Tina dit que Debbie était sa best seller.
Debbie : ne dis rien, je compte te consacrer les quatre prochains samedis.
Elle se retourne soudainement intéressée et on la regarde d’un air amusé.
Tina : je veux d’abord voir ça.
Debbie : c’est une promesse (avançant ses bras vers Léana) maintenant, je peux prendre ma shourie avec ses grosses joues qui donnent envie de la croquer ? Elle m’a cro cro manqué.
Tina (lui mettant un vent) : tu as perdu le droit de toucher ma fille.
Debbie : la chance que j’ai moi aussi une nouvelle petite sœur pour combler le vide.
Tina/Moi : belle sœur !
Debbie rit seulement.
Moi : bon dans tout ça est-ce que vous savez s’ils ont déjà donné un prénom au bébé ?
Tina : Syntyche !
Moi plissant les yeux : Syntyche ? C’est encore quoi ça comme prénom ?
Debbie : ça lui va bien, elle scintille.
Moi pas d’accord : lol je préfère une Mila ou une Rose, pourquoi pas Joanna ? Qui lui a même donné ça ?
J’attends de poser la question à ma mère qui me prend direct en grippe.
Maman : je devrais te demander la permission, c’est ça ?
Moi : je n’ai pas dit ça, mais j’aurais aimé participer au choix du prénom. Au moins ce sera comme ma récompense pour m’être tant échiné pour elle. Depuis sa conception d’ailleurs.
Maman : bois beaucoup d’eau, ça va te passer. Ma fille a déjà un prénom et c’est Syntyche.
Ma-Debbie : et c’est jolie.
Bradley (qui entre à ce moment-là) : je trouve aussi, bonjour tout le monde.
On répond en chœur.
Bradley : maman, je suis passé en coup de vent voir comment tu te portes ce matin.
Maman : merci fiston il y a du mieux.
Bradley : et ma petite sœur ? (avançant vers elle) C’est quand même drôle d’avoir une nouvelle petite sœur à mes âges. Papa et toi avez fait fort sur ce coup.
Maman tchipe et on rigole.
Bradley : au fait, quelqu’un a de ses nouvelles ? Il répond à présent aux abonnés absents. Il faut qu’on s’occupe de l’extrait de la petite.
Maman : tu peux t’en charger non ? Laisse ton père là où il est, on va se croiser au carrefour.
On s’échange des regards entre nous sans répondre. Pardon, je ne vais pas risquer d’être foudroyé à la place de mon père. Déjà que j’ai mon lot de foudre !
Bradley : ok, je passe récupérer la fiche le soir. Bon ce n’est pas tout, mais je vais être en retard au tribunal. Maman, tu me rappelles que je te dois un gros cadeau. Comme d’habitude, tu as nous a épaté, tu as même relevé le niveau cette fois.
En parlant de cadeau j’en ai deux pour elle. Vous vous souvenez peut-être du bijou qu’elle disait avoir déniché sur un site sénégalais ? Eh bien, je l’ai acheté le jour même en plus d’un autre que j’ai repéré sur le site. J’ai gardé tout ça pour cette occasion et je crois que ça tombe à bon escient pour lui faire oublier l’épisode d’hier. Je vais attendre de me retrouver seule avec elle pour lui remettre.
Maman : tu crois quoi ? J’ai encore les bons gènes dans mon sang.
Rire général. Bradley nous laisse et la mère de Debbie reste une trentaine de minutes encore avant d’annoncer son départ. Je prends la valise de Debbie et nous l’escortons pour prendre un taxi. Au retour, on se trouve un endroit discret et enfin, je peux faire ce dont j’ai envie depuis que je l’ai vu en arrivant. En tout cas je me fiche si nous avons un spectateur ou même des spectateurs ou pas. Nous sommes dans un pays de droit.
Debbie (lorsqu’on se sépare) : ça fait une heure que j’ai envie de faire ça.
Moi sourire en coin : et moi donc ! Tu m’as manqué.
Je l’attrape par la mâchoire et l’embrasse brièvement. Lorsque je me détache, je garde sa mâchoire du bout des doigts et la regarde d’un air menaçant.
Moi : mais hoo plus jamais tu me refais ce coup, j’ai cru qu’il t’était arrivé quelque chose. Je me suis inquiété de ouf !
Elle sourit, désolée. Je me mords la lèvre face à son sourire qui fait plus coquin qu’autre chose.
Moi : tu vas voir la punition que je vais te flanquer.
Elle lance un lol en m’enlaçant le cou avant de se mettre sur la pointe des pieds pour me faire un gros bisou sur la lèvre.
Debbie : je m’excuse, je voulais te dire dimanche que j’allais peut-être rentrée plus tôt quand M. Atayi nous a interrompu et après, j’ai eu l’idée de te faire la surprise.
Moi : donc il est rentré lui aussi.
Debbie : nop, il arrive par un vol ce soir. Parait-il qu’il a horreur des bus (roulant des yeux) il ne supporte pas les longs voyages patati patata. Quoi qu’il en soit, j’ai mon billet retour au chaud.
Moi : ah ouais ? Ça te dit qu’on l’utilise après ?
Debbie : tu veux qu’on parte en voyage ?
Moi haussant l’épaule : pourquoi pas ? À partir de demain nous sommes en congé.
Debbie : je tiens à te rappeler que ce n’est pas tout à fait mon cas.
Moi faisant la grimace : ah ouais, j’ai failli oublier que t’es maintenant une working girl.
Debbie : je n’ai pas encore dit non, enfin je te confirme à la reprise.
Moi : ok, allons-y avant que maman n’envoie quelqu’un nous chercher.
Debbie riant : encore elle-même ! (pause) Mais toi dis-moi, c’est quoi cette histoire que tu l’as envoyé sur la table d’opération ? C’était mon, entre griffes, bon arrivée ce matin.
Moi pris de court : euh en fait, elle m’engueulait lorsque ses contractions ont commencé.
Debbie : ah ? Et qu’est-ce que t’as encore créé ?
Moi évasif : cette fois, je suis innocent (changeant de sujet) ça te dit qu’on rentre un peu à la maison ? Tu dois être fatiguée de ton voyage et moi, je suis k.o après cette nuit.
Debbie : moi ça va, j’ai dormi dans le bus. Ta mère a besoin de moi et je ne suis pas repue de ma petite sœur.
Moi : belle sœur Debbie, habitue-toi à cela une bonne fois.
Elle agite sa main devant moi.
Moi haussant l’épaule : je te l’ai dit, c’est quand tu veux.
Debbie (me souriant à travers l’épaule) : j’attends juste de m’assurer que tu sois un bon époux, enfin l’époux que je veux que tu sois pour moi.
Moi fronçant les sourcils : tu doutes encore de moi ?
Debbie : simple précaution ! (sur le ton de la plaisanterie) Mais c’est en bonne voie.
Moi : c’est censé me faire rassurer ça ?
Debbie levant un sourcil : tu es fâché ?
Moi : nop.
Debbie : ton visage dit tout le contraire pourtant. Je n’ai pas dit ça pour te vexer, sincèrement.
Moi : je ne suis pas fâché, t’inquiètes.
Je clos le débat sur cette note, mais c’est sûr que cette discussion n’est pas terminée. Je ne suis pas vexé, au contraire, j’ai peur que ma mère lui ait mis la puce à l’oreille. Ça ne m’étonnerait même pas qu’elle le fasse, déjà qu’elle a voulu ″ s’entretenir ″ avec elle… Soupir. Cette histoire, je sens que je ne m’en sortirai pas intact. Je passe deux heures au moins avec elle avant de rentrer pour corriger le tir de mon sommeil pour ensuite revenir plus tard dans la soirée. Le lendemain, je fais un saut à l’école pour m’assurer que les congés soient effectifs puis entreprends de faire les veilles avec Tina et Debbie qui ne s'est pas décrochée d’une semelle de l’hôpital depuis son retour. Encore qu’elle a jusqu’à lundi pour reprendre le boulot. Par rapport au cadeau, je n’ai toujours pas pu le refiler à ma mère. Entre les défilés de la famille et des amis proches de la famille, c’était quasiment impossible de me retrouver seule avec elle. Par contre elle a enterré la hache de guerre avec moi entre temps, mais elle est plus que jamais remonté contre mon père qui ne s’est pas présenté jusque-là. Va savoir !
C’est très tôt le dimanche que je lui remet finalement lui remettre les bijoux alors que Debbie s’est rendue à la séance de vaccination avec Syntyche et Tina a fait un tour chez eux pour s'occuper de sa petite famille et rapporter à manger par la même occasion. Elle ouvre les boites et me lance un merci du bout des lèvres avant de les poser à côté d’elle.
Moi arquant le sourcil : c’est tout ? Un merci aussi laconique que triste ? Je pensais que tu voulais absolument ce collier.
Maman : tu veux quoi ? Que je loue une bâche et appelle le griot parce que tu m’as offert un collier pour soulager ta conscience ? D’abord, je ne sais pas où tu as sorti tout cet argent.
Moi soupire las : je pensais que cette histoire n’était plus d’actualité ? Maman il ne s’est rien passé avec Cassidy ce soir-là, comment est-ce que tu veux que je te le dise pour que tu me croies ?
Maman avec humeur : rectificatif, il ne s’était rien passé encore !
Moi : je te jure sur ta tête que je n’ai rien prévu faire avec elle.
Maman faisant la moue : ne me mêle pas à tes bêtises. Tu n’as absolument rien à dire pour ta défense, si digne fils de ton père que tu es.
Je souffle et me redresse.
Moi : maman, je sais que j’ai beaucoup déconné par le passé, mais dernièrement, je fais beaucoup d’efforts pour être meilleur ; et ce, sur tous les plans. Il faut que tu saches qu’en-dehors de cette histoire avec Cassidy, je n’ai plus de plans culs rien du tout. J’ai décidé de me ranger et me focaliser sur Deborah. Là, je reconnais avoir failli, mais je m’attelle à repartir de nouveau sur de nouvelles bases.
Elle me regarde un long moment dans les yeux. Je sais ce qu’elle fait, elle me fait passer sous le détecteur de mensonge.
Maman claquant la langue : après tout, c’est à Deborah que tu dois des explications pas à moi et je tiens à ce que ça se fasse au plus vite.
Moi perdu : tu veux que je lui dise pour Cassidy ?
Maman : et bien même ! Repartir sur de nouvelles bases se résume à faire preuve d’honnêteté dans ton cheminement avec Deborah. Tu ne comptes tout de même pas laisser cette garce sans scrupule faire amie-amie avec la pauvre fille alors qu’elle se tape son copain.
Moi : maman !?
Maman me fusillant du regard : quoi maman ? Tchhrrr tu ferais mieux de tout raconter à Deborah avant que je ne le fasse moi-même et j’espère qu’elle saura prendre la bonne décision et te quitter. Tu ne la mérites pas !
Moi : lol tu rejoins Tina.
Maman : on se demande bien pourquoi.
Moi sur le ton de défi : je vais vous étonner.
Maman rire dérisoire : j’attends de voir ça.
Bradley arrive sur ces entrefaites avec Marianne et ses enfants. Marianne et les jumeaux se jettent sur maman qui les accueille avec enchantement. Il lui remet l’acte de naissance officiel de Syntiche. En faisant mon curieux, je peux voir qu’ils ont ajouté Mila et un prénom endogène comme maman a coutume de le faire à la liste. Je souris, il n’y avait pas plus heureux que moi toute la matinée. Entre midi et deux, Magnime et Djifa passent nous zieuter. Je devine par la bonne humeur de Djifa le temps de la visite que tout s’est bien passé avec son Ange. Ce qu’elle me confirme via un message auquel je suis occupé à répondre en ce moment même lorsque je sens une ombre entrer dans la chambre. Je relève la tête et le regarde avec stupéfaction.
Moi : papa ?
Tout le monde se tourne dans sa direction pendant qu’il entre complètement.
Papa : bonjour,
On répond tous sauf maman bien sûr, mais il se trouve qu’il a ramené un argument de taille qui entre et nous fait signe de nous taire pendant qu’il avance vers maman qui n’a pas décroché une seule fois son regard assassin de papa. C’est lorsqu’il se plante devant elle qu’elle l’aperçoit enfin.
Maman (extrêmement excitée) : mon Dieu, oh mon Dieu, ce n’est pas possible (le prenant dans ses bras) oh mon fils, tu es rentré !!
Eddie : salut maman !
Il s’abaisse et lui fait un bisou sur la tempe. Ensuite, il y a un léger brouhaha pendant qu’on se fait des câlins, des bisous et des checks. Bref la fièvre des retrouvailles.
Maman à un moment : laisser-le respirez, chéri vient t’asseoir à côté de maman.
Moi charriant Eddie : le fifils à maman !
Eddie : ne sois pas jaloux frérot.
Moi : lol
Maman tapote ses cuisses, carrément ! Il s’assoit sur elle un peu gêné. Je la regarde juste interloqué. Depuis là, c'est des plaintes à n’en point finir. Il parait que je l’ai envoyé se faire décapiter. (Oh oui les gros mots en même temps !) Qu’elle a eu trois couches normaux, il a fallu que moi le vilain petit canard de sa famille, je l’envoie sous le couteau. Donc tout ce temps-là, j’étais son pivot pour descendre du lit, marcher, manger, faire les courses ou même nourrir le bébé. C’est Debbie qui m’aide souvent, parce que Tina est pile derrière sa belle-mère chérie. Ça ne m’étonne même pas, elles ont toujours agi par tandem ces deux-là. Je la regarde à nouveau qui réprimande Eddie sur sa perte de poids, mais gentiment. Comme si elle lui suggérait la conduite à tenir dorénavant en fait. Weh la mère de l’autre ! Moi avec qui !!??