Doutes
Ecrit par Les Chroniques de Naty
Chapitre 3
****Moctar****
Lorsque la porte
s’ouvre, je vois deux yeux d’un blanc éclatant me fixer étrangement.
Me suis-je trompé de
maison ou quoi ?
—Bonjour madame. Euh
suis-je chez le couple Asseu ?
Elle me sourit. En plus
elle a un joli sourire.
—Bonjour monsieur,
bonne arrivée.
Elle prend mon sac et
me laisse passer.
Hum quel bel
accueil ; ça fait des lustres que je n’ai pas été accueilli ainsi à la
maison. Et j’avoue que ce n’est pas pour me déplaire.
—Je suis la nouvelle
nounou et je m’appelle Akabla. Continua-t-elle toujours avec son joli sourire.
Elle dépose mon sac sur
le canapé et disparait dans la cuisine pour revenir avec un plateau et des jus
de fruit ; Hum êtes-vous sûr que c’est dans ma maison que je suis traité
ainsi ?
Elle me sert et
patiente le temps que j’avale le contenu de mon verre, et ce qui me marque le
plus, c’est qu’elle a toujours son joli sourire qui ne la quitte pas. J’adore
voir les femmes sourire ; elles sont si belles quand elles le font. Mais
il Ya des années-lumière de cela que Martine ne m’a pas souri, j’ai donc perdu
l’habitude.
—Merci pour le verre,
c’est gentil.
—A votre service
monsieur. Répondit-elle en s’inclinant légèrement.
Lorsqu’elle me donne
dos, je ne pus m’empêcher d’admirer sa croupe. Elle a des fesses à faire
changer de vocation à un prête.
Qu’est-ce que tu fais Moctar ?
Me gronde ma conscience. Tu regardes la nounou de ton fils avec un œil de
convoitise, en plus sous le même toit que ta femme ! Revoit toi mon gars, ce
n’est pas bon ça.
Lorsque je rentre dans
la chambre, je trouve ma femme profondément endormie. Je m’assois prêt d’elle
et lui caresse doucement la tempe. Elle se réveille et me fixe avec les yeux
ensommeillés.
—Quelle heure est-il ?
demande-t-elle d’une voix pâteuse.
—Il est 18 heures
chérie.
—Tu rentre tôt
aujourd’hui ; je peux savoir où tu as passé la nuit ?
—Chez mes parents mentis-je.
—Hum ! répond-t-elle
septique.
Je sais qu’elle ne me
croit pas, mais je n’ai aucunement envie de me disputer avec elle car je suis
très fatigué et la seule chose dont j’ai besoin à l’instant, c’est d’un bon
sommeil réparateur.
—Tu vas manger ?
—Peut-être après. Je
vais prendre un bain et me coucher.
—D’accord.
—Dis-moi, tu as une
nouvelle nounou ?
—Oui elle est venue
aujourd’hui avec Fatou ! Elle s’appelle Akabla et je compte l’essayer
pendant trois mois avant de pouvoir bien l’engager. Par ailleurs elle est payée
à 50.000fcfa.
—C’est pas mal. J’espère
que tout se passera bien. Dis-je en rentrant dans la douche, j’ai omis de dire
à ma femme que la nounou m’a très bien reçue et qu’elle m’a fait de l’effet
avec son immense derrière.
Je ressors de la douche
propre et fraîche.
Je trouve Martine
manipulant son téléphone. Elle a le visage fermé.
—Où as-tu passé la nuit
d’hier ?
Ah mais c’est quoi
encore cette question ? J’y aie répondu tout à l’heure non ?
—Je pense avoir déjà donné
une réponse.
—Je sais, mais je veux
te donner l’occasion de me dire la vérité.
—Mais quelle vérité
veux-tu Martine ?
—Dis-moi juste où tu as
dormi ? Ou si tu préfères avec quelle femme as-tu dormie ?
Quoi ? Donc c’est
ce qu’elle pense ? Que je la trompe ; j’éclate de rire malgré
moi-même ! C’est fou comme ma femme est suspicieuse. Je me demande comment
elle peut penser un seul instant que je puisse la tromper ; elle n’a pas
confiance en moi, de ça au moins je suis sûr.
—Je n’ai dormie avec
aucune femme ; et tu devrais me croire ! Et puis pourquoi doutes-tu
de ce que je te dis ?
—J’ai appelé ta sœur et
c’est elle qui m’a infirmé ce que tu as dit.
—Mais de quel droit te permets-tu
de vérifier mes dires ? Je ne suis pas un enfant Martine ; alors je
t’en prie ne mets pas ce genre de choses entre nous. Et même si moi Moctar je
te trompe, sache que tu n’en sauras jamais rien. Je ne suis pas né de la dernière
pluie et je sais comment gérer mes affaires.
—Ah bon ? C’est
tout ce que tu trouves à dire ?
—Martine tu me
saoule ! Laisse-moi me reposer ! Sinon je retourne là d’où je viens.
Et là-bas je n’aurai pas à supporter tes incessantes prises de tête.
Ce que je viens de dire
la calme un instant. Car elle se laisse tomber sur le lit le visage entre les
mains.
—Que t’ais je fais pour
que tu me traite ainsi ? Je ne mérite pas ce que tu me fais. Je ne suis certes
pas un ange, mais je ne suis pas non plus un monstre sur lequel tu dois
t’acharner.
Mais de quoi parle-t-elle ?
Je déteste la voir dans cet état.
—Ecoute chérie, je ne
te reproche rien. N’en fait pas une affaire personnelle ; OK ? Nous
sommes tous les deux surmenés ces derniers temps c’est tout. Mais tout rentrera
bientôt dans l’ordre.
Elle ne me répond pas.
—Martine ?
—Oui.
—Je t’aime.
—Moi aussi je t’aime !
Répond-t-elle après une pause.
Je la prends dans mes
bras pour la calmer !
La voir triste me fait
de la peine.
J’ai rencontré Martine
par le biais d’une amie. C’est une très belle femme et je n’ai pas compris
qu’elle soit célibataire jusqu’à cet âge. C’est en la fréquentant que j’ai pu
comprendre pourquoi les hommes la fuyaient. Elle est d’une intelligence presqu’effrayante.
Par ailleurs c’est une femme de caractère qui sait ce qu’elle veut et ne mâche
pas du tout ses mots. Je sais qu’elle occupe un grand poste. Je sais aussi que
ma femme touche plus que moi en termes de salaire, mais cela n’a jamais été une
cause de dispute pour nous.
En dépit de tout ça,
elle m’a toujours respecté et laisser la place d’homme. Elle n’élève jamais la
voix quand nous parlons. Elle me concède mon statut de chef de famille. Contrairement
à ce que les gens peuvent penser, c’est une femme douce et soumise. Je remercie
Dieu que les hommes qu’elle a connu précédemment ne l’ait pas épousée car c’est
une vraie perle.
Le seul bémol de notre
mariage a été cette histoire d’enfant. Le problème ne vient pas de nous, disons
que le temps de Dieu pour nous donner un enfant n’était pas encore arrivé. Ça
été dur pour nous, mais on a tenu bon. Disons que ma femme a tenu bon ; il
fallait qu’elle supporte les paraboles de maman ainsi que les regards
inquisiteur et accusateur des uns et des autres. Je suis heureux qu’elle ait
fait de moi un père ! Mon fils est mon portrait tout craché. Je l’adore et
je suis fière d’être son papa. Mais le souci ; c’est que depuis la
naissance du bébé, Martine n’a plus mon temps. A peine si elle s’occupe de
moi ; elle n’a d’yeux que pour le petit. Je sais que je dois être content
car c’est une bonne mère, le problème est que je suis jaloux. Oui je suis
jaloux ; je veux ma part d’attention et d’affection.
Je suis un homme et
j’ai besoin de ma femme ! J’ai envie de lui faire l’amour jusqu’au petit
matin. Savourer son corps et son intimé comme je le faisais avant.
Mais cela n’est plus
possible car elle a peur que ça ait des répercussions sur la santé du bébé.
Selon elle c’est dangereux et l’enfant pourrait choper des maladies.
Balivernes !
Quatre longs mois sans
rapports intimes c’est dur pour un homme. Et surtout je suis tenté de
partout ! Je rencontre des femmes à longueur de journée. Mais j’essaie d’être
fort.
Mais jusqu’à quand
vais-je résister à l’appel de la chaire.
Il faut que ma femme se
réveille avant qu’il ne soit trop tard. Je vais lui en parler quand elle sera
un peu calme. Pour le moment je vais juste dormir.
****Martine****
Moctar est rentré ce
soir ; et il m’a mentis. J’ai demandé à Nouria si son frère avait passé la
nuit là-bas, cette dernière a voulu le couvrir, mais elle est malheureusement
tombée dans mon piège. Je suis déçue de lui ! Je sais qu’il m’a trompé ;
et je ne peux supporter cela. Je galère pour gérer le bébé et la maison, mais lui
est occupée à coucher avec les femmes dehors.
Seigneur mon mariage
n’aura donc pas dépassé les sept premières années fatidiques.
En quoi ais je échouée ?
Me dis-je en pleurant de plus belle.
Je me souviens que mon
ex fiancé m’a dit que je ne serai jamais heureuse dans un foyer car j’ai le
comportement d’un homme. Après quoi je me suis remise en cause et j’ai travaillé
sur moi afin d’être une bonne femme. Quand j’ai rencontré Moctar, j’ai su qu’il
était diffèrent des autres, car lui n’avais pas de complexe par rapport à moi.
Est-ce de ma faute si
j’ai eu la chance de vite me faire une place au soleil ?
La société te demande
d’être autonome et indépendante, et quand tu réussis à faire cela, on te relègue
au plan de femme-homme. Tu galère avant de trouver un homme à épouser. Ils ont
tous peur et te fuis comme la peste. Avec mon mari ça été diffèrent. Et j’en
suis fière.
Mais finalement je ne
suis pas sortir de l’auberge, vue la manière dont ce dernier se comporte envers
moi. Il m’aime je n’en doute pas. Alors pourquoi s’éloigne-t-il de moi ?
Je le regarde dormir,
et lui caresse doucement la tempe. Il sent bon. Je lui fais un baiser. Il
murmure dans son sommeil. Je continue jusqu’à ce qu’il capture mes lèvres. Je gémis
lorsqu’il glisse une main sur mon sein gauche qu’il pétrit avec dextérité.
Notre intimité m’a manqué.
Mais plus il se réveille
et plus je sens son érection durcir contre moi, plus j’ai peur.
J’ai peur.
Oui j’ai peur que je ne
sois plus à son gout. La maternité a laissée des séquelles sur mon corps.
Je me retire de ses
caresses.
—Mais qu’est ce qu’il y
a? demanda-t-il la voix rendu rauque par le désir.
—Rien.
—Reviens s’il te plait.
—Je ne peux pas ;
l’enfant pleure.
—Et moi je n’entends
rien. Et puis sa nounou est là ! N’est-ce que pour cela que tu la
paie ?
Je ne réponds pas.
En plus le bébé ne
pleure pas.
Pourquoi je mens ?
Je ne veux pas que mon
mari me voit avec ce ventre et cette forme. J’ai honte de me montrer à lui. La
maternité a ses avantages, mais aussi ses inconvénients. Et le principal, ce
sont ces bourrelets que je traine depuis la naissance de mon fils. Je veux récupérer
mon corps d’avant grossesse, avant que Moctar ne me voit.
—Reviens chéri. Tu ne
vas pas me laisser comme ça.
Il désigne son sexe
tendu d’un regard implorant.
C’est vrai que si
jamais je le laisse ainsi, il va souffrir. Mais c’est plus fort que moi.
—Je ne peux pas.
-Comment ça tu ne peux
pas. Je suis ton mari et c’est ton devoir de faire descendre ce truc. Bordel
Marine ! Jusqu’à quand va-t-on continuer ainsi ?
Jusqu’à ce que tout
redevienne comme avant me dis-je dans la tête.
—Tu as tes maîtresses
non ? Elles peuvent le faire mieux que moi.
Il me regarde perplexe.
Moi aussi je suis surprise par ce que je viens de dire. Mais c’est comme ça. Je
pense ce que je dis. Qu’il retourne là où il a dormir hier.
Puis je sors de la
chambre en claquant la porte.
****Nouria****
Ma belle-sœur m’a bien
eu.
Je sens que j’ai jeté
mon frère dans les problèmes. Comment peut-il découcher et mentir qu’il a
dormir ici ?
Je ne peux pas
cautionner ses infidélités. Mais il aurait pu au moins m’éviter de me faire
passer pour une menteuse aux yeux de Martine. Je déteste être mêlée aux
affaires de couple des gens. Et surtout quand il s’agit de Moctar.
—A quoi
penses-tu ? demanda maman. Je ne l’avais pas entendu s’approcher de moi.
—A rien. Dis-je en me
levant.
—Tu mens mal ma fille.
—Maman !!!
—Mais c’est la vérité.
C’est depuis ton appel avec Martine que tu es comme ça.
—Tu écoute les
conversations des gens alors.
—Pas du tout. Je t’ai
entend parler malgré moi. Que se passe-t-il là-bas ?
Je lui résume la
situation. Mais sa réaction me laisse sans voix.
—Tu auras du couvrir
ton frère.
—Sur du faux ?
—Même si ! C’est
ton frère avant tout.
—Je n’en disconviens
pas maman. Mais il a menti à sa femme ; alors je ne pouvais pas le
soutenir.
—Bon moi je vais l’appeler
pour lui dire qu’il a passé la nuit ici avec nous. Et que c’est toi qui ne l’a
pas vue, puisque tu dormais déjà quand il est venu.
—Ahhiiii pourquoi
vas-tu faire cela ?
—Pour protéger mon fils
voyons. Il ne faut pas que cette femme fasse la bouche sur lui.
—C’est leur problème,
pas le nôtre et même si elle fait la bouche sur lui surement qu’il le mérite.
Tu connais très bien ton fils. Ce n’est pas un ange, il a dut faire quelque
chose à Martine pour qu’elle réagisse de la sorte.
—Qu’importe.
—Et puis maman, tu n’as
pas à parler dans ça. Ils sont mariés ; Moctar n’est plus un enfant qui a
besoin qu’on le couvre.
—Tu ne connais pas
cette Fille avec ses airs de grande dame. Je me demande bien ce que mon fils a
trouvé à cette vieille fille.
Je suis sidérée par la réaction
de ma mère. Elle n’a jamais cachée qu’elle n’aime pas ma belle-sœur et je me
demande bien pourquoi ? Martine est une bonne personne ; elle a ses
mauvais jours comme tout le monde, mais elle reste quelqu’un de bien. C’est
vrai qu’elle est plus âgée que mon frère, mais cela n’a pas été un frein à leur
amour.
Maman ne l’a jamais supporté,
car elle se dit qu’elle est trop vieille pour Moctar. Mais ce dernier n’est pas
un enfant et lui seul sait ce qui est bien pour lui.
Sans plus m’accorder un
regard, elle prend son téléphone et lance le numéro de Martine…