cause à effet

Ecrit par Farida IB

Bilal…


Nous sommes à deux semaines de l’examen, la pression est à son comble. Djalila a échoué au probatoire donc papa ne me lâche pas, nous en sommes carrément aux menaces (soupire.). Je sais que je fais de mon mieux, mais à côté, j’implore l’intervention divine, la prière et les révisions sont mes priorités en ce moment. J’ai d’ailleurs proposé à Nahia qu’on arrête de se voir le temps de finir les examens, proposition à laquelle elle a adhéré sans rechigner. Les appels et SMS également ont diminué, je ne veux pas que notre relation empiète sur ses résultats à la fin de l’année et cela me permet également de me concentrer à cent pour-cent de mon côté.


Brady arrive dans pas longtemps, nous avons prévus réviser l’histoire-géo cet après-midi. 


Voix de Brady depuis la terrasse 


Brady : toc toc, les habitants de cette maison sont où ?


Moi : entre au lieu de niaiser. 


Brady : tu deviens de plus en plus grincheux frérot.


Moi : normal, j’ai hâte que cet examen finisse. Tu n’imagines pas ce que j’ai comme pression. 


Brady (faisant sortir ses notes) : c’est la même chose chez moi, même Armel s’y met. 

Ce gamin me donne des envies de meurtre parfois, je me demande de qui il tient. Imagine lorsque je suis en conversation avec Tina au téléphone, il se pointe devant moi imitant la voix rauque de papa « Bradley ! As-tu fini de réviser tes leçons avant de jouer à l’amoureux au téléphone ? Raccroche-moi cet appel et va apprendre !! »


Moi : krkrkr, c’est la préadolescence, tu as fait pareil. 


Brady : non moi jamais


Moi : à qui le dis-tu ?


Brady : sérieux, il exagère, figure toi qu’hier Eddie l’a surpris en plein exercice d’abdos avec Marianne (leur petite sœur) il l’avait mise sur ses genoux et faisait des pompes. Un bébé de trois mois Bil, nous étions tous terrifiés, il réplique que papa fait pareil avec Etiam (leur cousine de deux ans).


Moi : Dieu du ciel, si Eddie n’était pas venu c’est sûr qu’il l’aurait fait tomber à un moment donné. Surveillez-le quand la petite est à côté de lui.


Brady : tu t’imagines ? Maman a fait placer des caméras partout, la princesse de papa. Il nous tuera tous si quelque chose doit lui arriver.


Moi : ton papa exagère aussi, on dirait qu’il n’a jamais eu de gosses dans sa vie. Marianne à trois mois, elle a tout un magasin de jouets, je ne parle pas des conteneurs de fringues. 


Brady : laisse le vieux, d’habitude, les Africains priorisent les garçons, mais lui, c’est tout le contraire. Il voulait une fille quand Armel est né, c’est le pourquoi tout ce qui vient de lui ne lui fait jamais plaisir. Je me dis que c’est par manque d’affection venant de papa qu’Armel se comporte ainsi pour se faire remarquer. Papa exagère des fois avec lui.


Moi : rire, la vie chez vous est plus qu’une téléréalité. On ne s’ennuie jamais.


Brady : c’est sûr. Dis, et les princes SOLLOU (le surnom de mes demis frères) ça fait un bye, je n’ai plus vu Ibrahim et Djalila par ici.


Moi : paraît-il que Djalila ne sort plus de sa chambre depuis la proclamation des résultats. Même avant ça ils ne venaient plus chez nous, les lendemains de la prière en l’honneur de Nani, nos frères consanguins ont déserté cette maison. Hier IB était de passage, à ce que j’ai entendu dire, il a prétexté une urgence à la proposition de Noura de rentrer nous saluer.


Brady : quelle histoire ! Pourtant, Iba devrait t’aider en sciences physiques et SVT.


Moi : mon frère laisse-moi me débrouiller comme je peux, je ne veux pas compter sur ceux-là. Si ce n’était pas papa, je n’allais pas faire recours à lui..


Brady : c’est quand même déplorable, vous êtes des frères. Ça aurait été formidable de vous aimer et de vous entraider comme ça se doit. 

Au moins grâce à vous, j’ai banni la polygamie de mes projets, je n’aimerais pas infliger ça à mes enfants. L’union dans une famille, c’est la base du bonheur.


Moi : même moi qui suis musulman et bien que la religion l’autorise, je n’envisage jamais cette possibilité. C’est juste l’enfer !


Brady : oui, je comprends frérot, il te faut bien du courage. 


Raison de plus que nous songions à faire ce pourquoi nous sommes là.


Moi : c’est toi qui as trouvé lol


****

Amouchka…


Moi (en pleurs) : Pa je te jure sur cette grossesse que tu n’as pas à t’en faire pour le reste de mon cursus. Il s’en chargera, sa mère prendra soin des enfants lorsque je serai au cours. Je suis sincèrement désolée de t’avoir honni, je promets désormais de me plier à toutes tes exigences, mais ne me méprise pas. Pa, ne me dis pas d’aller chercher un autre père jamais, je n’aurais rêvé qu’un autre le soit, tu as été un père exemplaire, tu m’as couvert d’un amour si pur et sincère. Je me suis toujours promis de faire ta fierté et je ne compte pas manquer à ma promesse. (je me jette à ses pieds.), ne me rejette pas Pa, j’ai grand besoin de toi. 


Pa (un ton posé, mais perçant) : je regrette de vous avoir autant choyé ta sœur et toi, étais-je un père dictateur comme le sont la plupart de mes amis que tu ne m’aurais pas faits cet affront. Je t’envoie hors du pays pour étudier et dès la première année tu me ramènes ce diplôme (pointant mon ventre), bravo pour le respect et la considération. Tu es bien une grande fille à présent, tu as fait ton choix, assume-le toute seule comme la grande fille que tu es. Quant à moi, je m’occupe de celle qui a encore l’air de respecter mes convictions pour le moment, qui sait si demain, ce sera son tour ? Je m’attends dorénavant à tout dans cette maison.


Moi (toujours à ses pieds) : papa pardonne-moi, je te jure que je ferai tout pour réparer mon tort.


Pa (toujours sur le même ton) : en faisant quoi Madame ? L’Épouser, c’est ça ? Moi vivant jamais ! Tu m’entends ? JAMAIS


(je continue de le supplier à genoux) 


Pa : Amou j’ai dit que je n’accepterai jamais que ce mariage ait lieu, il n’y a plus de débats à faire là-dessus. Réjouis-toi du fait que je ne t’aie pas chassé de ma maison. Tu devrais me ramener au moins un diplôme avant de faire ta bêtise. Moi qui comptais sur toi pour prendre ma place dans la société, tout ce que tu trouves à faire, c’est de partir te donner à un blanc. Amou le vin est tiré, tu es enceinte oui, mais tu ne me honniras pas d’avantage en faisant de ce blanc ton époux (criant) je dis bien non !


Moi : Pa qui voudras-tu qu’il accepte de prendre une mère célibataire comme épouse dans cette communauté ? Je serai traitée de tous les noms.


Pa : fallait y penser, je me chargerai moi-même de te trouver un époux quand ça sera le cas. Un musulman, Africain, Togolais.


Amou : papa……


Il se lève et veut partir, je me jette à nouveau à ses pieds et il me traîne ainsi jusqu’à la porte.


Pa (hors de lui) : Amouchka ADJA, si tu ne veux plus vivre dans cette maison reviens me voir avec cette histoire de mariage avec un blanc. Oshiwo damlé kpakou (proverbe yorouba).


Il pousse un juron à l’Ivoirienne et sort de la maison.


Tonton Hamed entre dans la concession au même moment et je cours m’agenouiller devant lui.


Moi (la voix enrhumée) : tonton, je t’en supplie parle à papa, interviens auprès de lui pour moi. Je sais que toi et moi avons eu des malentendus par le passé et je te demande pardon pour tous mes manquements vis-à-vis de toi. Je t’en supplie parle-lui, dis lui que je n’ai pas fait exprès. Qu’il revoie, m’accorde son pardon.


Tonton Hamed (me relevant) : lève-toi ma fille chacun commet des erreurs dans la vie, ton père est juste en colère laisse le temps apaiser son cœur meurtri. Il reviendra à de meilleurs sentiments. Cesse de pleurer, ce n’est pas bon pour ton état, je lui parlerai au moment opportun. 


Moi : merci tonton, je suivrai ton conseil


Je rentre dans la chambre la vue embrouillée par mes larmes retrouvée ma petite sœur en pleine crise. 


Moi (apeurée) : Nahia, Nahia, ohh mon Dieu !

Tonton Hamed appelle papa, Nahia fait une crise.


Tonton Hamed : cherche son inhalateur dans ses affaires, je cours appeler votre père.


Je déboutonne son haut et le reboutonne après avoir enlevé son soutif pour libérer sa poitrine et permettre à ce que l’air rentre suffisamment tout en recherchant l’inhalateur.


Pa (entrant) : où se trouve son inhalateur ?


Moi : le voici, mais vide


Pa (indexant la table d’étude de Nahia) : prends-moi un cahier-là, je vais lui donner de l’air Hamed va me payer du lait peak.

Nous nous activons tous autour d’elle, tonton Hamed revient sans tarder avec le lait déjà percé que papa lui donne. 


Nahia (reprenant son souffle) : ça me va papa, je n’en veux plus.


Pa : prends toute la boîte, Hamed cesse de souffler. Ça peut aller ? Tu te retrouves ?


Nahia : oui, je veux me lever.


Moi : non repose-toi, ce soir, tu n’iras pas travailler, j’aviserai Tina. Couche-toi d’accord ?


Ce qu’elle fait


Pa (sur un ton de reproche) : depuis quand ton médicament est-il fini et tu n’as pas pensé à me le dire ?


Nahia (voix faible) : il y a deux semaines


Pa: tu veux quoi ? Te tuer, c’est ça ? Si nous n’étions pas là comment  allais-tu t’en sortir ?


Tonton Hamed : calme-toi Aladji, je crois que nous devons la laisser se reposer d’abord.


Il se retient d’ajouter quoi que ce soit et sort de la chambre suivi de tonton Hamed. Je me couche auprès d’elle et nous ne tardons pas à nous endormir.

My pathetic love sto...