Souffler

Ecrit par Farida IB


Nahia…


Je me suis réveillée quelques heures plus tard avec une forte migraine, je dois prendre un comprimé au salon pour soulager la douleur, mais j’entends les échos du journal télévisé, sûrement que papa est y. Je l’évite du mieux que peux en ce moment sauf que si je ne prends pas quelques choses-là maintenant ma tête risque de tomber du cou (soupir.).

Je marche à tâtons jusqu’au couloir et jette un coup d’œil, c’était vraiment lui. Je décide de prendre la trousse à pharmacie vite fait sans me faire remarquer, mais trop tard. 


Pa : ça va mieux ?


Moi : oui, mais j’ai des céphalées, je vais prendre un comprimé.


Pa : si tu finis viens par ici.


Moi : d’accord


Je prends un  comprimé de Doliprane mille grammes avec un verre d’eau et marche vers lui toute anxieuse.


Pa : assois-toi (pointant le pouf en face de lui), Nahia comment se fait-il que ton médicament finisse depuis deux semaines et que tu ne dises rien ? On ne joue pas avec la santé ma fille. Tu es consciente qu’il reste seulement quelques jours avant ton examen ?


Moi : Je sais papa, je suis désolée, c'est que j’avais peur de demander. Depuis peu c’est difficile de vous demander quoi que ce soit Ma et toi, tout le monde est en colère et ça va dans tous les sens. Je ne voulais pas me faire remarquer.


Il met quelques secondes de trop avant de reprendre la parole.


Pa (l’air contrarié) : sauf que ces histoires ne te concernent en rien, je suis certes en colère contre ta sœur, mais pas au point de te punir toi. Surtout, qu’il s’agit de ta santé, ne refais plus jamais ça ok ? Peu importe l’ambiance si tu as besoin de quelque chose viens me demander sans crainte ou sinon adresse-toi à ta maman.


Moi (tête baissée) : ok papa compris, toutes mes excuses.


Je me lève quelques minutes après sous sa permission et me retourne dans la chambre. Amou n’y était pas, pourtant elle était encore couchée avant que je ne parte au salon. 

Mon téléphone sonne et c’est elle.


Amou : retrouve-moi au portail.


Je sors et vois qu’elle n’était pas seule.


 Bil : la Nana !


Moi (agréablement surprise) : le Boy ! Tu fais quoi ici toi ?


Amou : je l’ai appelé, tu as besoin d’une dose de tendresse et de relaxation (enchaînant) les jeunes, je vais m’éclipser, Nahia pas plus d’une heure. Rentre avant que papa ne quitte devant la télé. Bil à demain et merci encore.


Bil : au plaisir sœur 


Moi : merci Sis, je ne tarderai pas. Tu es un amour.


Amou : plus que lui ?


Moi : toi-même, tu sais que non


Amou : je te taquine, à plus.


Elle rentre et je fais un large sourire à Bil qui me prend dans ses bras.


Bil : comme ta petite forme m’a manqué, ça fait du bien de te voir. J’ai l’impression que ça fait une éternité qu’on ne s’est plus vu. 

Alors dis-moi, tu es prête ?


Moi : pas vraiment, mais Incha Allah, je le serai à la veille.

 Ça fait chic de t’avoir là en face de moi aussi, deux petites semaines et je viendrai carrément m’installer chez toi pour rattraper tous ces manquements (rire).


Bil : à condition que tu viennes avec ta sœur krkrkr, l’Europe lui va trop bien. Ça ne serait pas mal d’épouser les deux sœurs hein.


Moi (l’air mécontente) : essaies et tu verras, je t’arrache tes boules, crois moi je, te les arracherai une par une.


Bil : ah ouais ! Je veux bien voir ça krkrkr…


****


J’ai eu du mal à le laisser rentrer, si seulement Amou n’était pas venue me prévenir, je crois que j’allais le suivre jusqu’à chez lui (sourire). 

Voyez-vous comment l’on se sent lorsqu’on se retrouve dans une sorte de long tunnel sombre et qu’enfin une lumière soudaine apparaît à l’horizon pour nous donner une lueur d’espoir et de la pêche pour affronter le reste des obstacles, c’est comme ça que je me sens actuellement. Tout ce stresse a fini par avoir raison de moi.

L’état de ma sœur m’affecte beaucoup, une grossesse est censée être un heureux évènement sauf qu’avec papa ça vire au cauchemar. Je comprends qu’il soit déçu, mais je pense qu’il devrait un tantinet calmer sa colère. Ça nous affecte tous, maman sort très tôt et revient tard plus que d’habitude pour éviter les injures, Amou pleure jour et nuit pourtant ce n’est pas bon pour elle et les bébés, moi, je n’arrive plus à apprendre. Il n’y a qu’en-dehors de la maison, je révise un peu, mais je suis tout le temps distraite. 

Nous espérions toutes qu’il voyage, peut être que ça le calmerait sauf qu’il ait choisi ce moment précis pour prendre ses congés (soupir lasse.).


La maison est toute calme, tout le monde est dans sa chambre, je rentre retrouver Amou lisant un roman, je me décide à prendre un bain et dormir. Je n’ai pas la tête à lire quoi que ce soit de toute façon.


Amou (déposant son roman): c’est plus tôt du sérieux entre vous, je croyais que c’était juste une idylle ou quelque chose comme ça.


Moi : disons que pour le moment nous apprenons à nous connaître, nous passons du bon temps ensemble, nous n’en sommes pas à ″ veux-tu m’épouser″, mais ça va, c’est le fun.

(je prends une serviette et me rends sous la douche)


Amou : c’est bien, je suis heureuse pour toi.


Moi (de retour de la salle de bain): je ne t’ai pas remercié comme cela se doit pour l’avoir appelé. Ça m’a fait un bien fou, je te revaudrai ça.


Amou : tu n’as pas besoin de me remercier, je l’ai fait avec plaisir. C’est la moindre des choses que je puisse faire pour réparer tout ce préjudice que je te cause avec ma grossesse. 


Moi : tu ne me causes aucun préjudice, c’est juste un mauvais temps. Ça va passer 


Amou : je l’espère (du tic au tac), ça fait chaud au cœur de voir toutes ces étincelles dans vos yeux, ça serait bien si vous finissez ensemble.


Moi : wep, j’aurai bien aimé aussi, mais tu connais mieux les hommes que moi, il faut s’attendre à tout avec eux. Mon rêve, c’est de rester avec un seul homme toute ma vie, si ça ne tenait qu’à moi Bil ne serait pas que le premier, mais aussi le dernier.


Amou : sœurette, c’est le rêve de toutes les filles il n’y a que les vicissitudes de la vie qui nous le brise. Retiens ceci, que tu finisses avec lui ou pas, ce serait une expérience pour toi, et le plus important, c’est qu’il est ton premier amour. Tes premières sensations, c’est avec lui, profites de tous ces moments parce qu’après tout n’est que de la déception.


Moi : mouais, tu as parfaitement raison. De toute façon Ma veux pas entendre parler de lui.


Amou : quoi ? Tu lui as dit ? Il ne fallait pas, tu les connais surtout avec mon histoire de grossesse.


Moi : non rien, ce sont les ragots du marché. J’ai démenti, elle m’a donné un ultimatum à cause de la femme de leur père.


Amou : oublie Ma et vis ton histoire, au moment opportun nous saurons quoi faire.


Moi : c’est quand bizarre que tu me dises la même chose que Tina alors que vous ne vous êtes même pas vu. 


Amou : normal, elle est un peu comme moi et elle autre sait prendre la vie du bon côté elle.


Je lui lance ma serviette et me couche après avoir enfilé un gros tee-shirt, il y a comme un silence que je finis par briser quelques minutes après. 


Moi : et toi comment tu vas ? 


Amou : je tiens le coup, je prie Dieu qu’il finisse par lâcher prise.


Moi : ne t’inquiète pas ça va lui passer, il faut que tu te fasses moins de soucis par rapport à ça. Tu n’as pas besoin de tout ce stresse. 


Amou : je sais, et je ne suis pas la seule à être affectée. Je sais que c’est ça qui est à l’origine de ta crise cet après-midi, toi non plus tu n’as pas besoin de tout ce raffut. (elle met une pause.), je crois que j’irai faire un séjour chez tante Mimi.


Moi : quoi ? Pourquoi ? Tu veux m’abandonnes dans ce Tohu-bohu ? Nous étions censées passer du temps ensemble avant que tu ne repartes.


Amou : je sais bien, mais comprends moi. J’ai besoin de calme, toi aussi ainsi que Ma. J’irai faire quelques jours à Cotonou en espérant qu’à mon  retour tout rentre dans l’ordre.


Moi : je pense que tu as raison, s’il ne te voit plus ça finira par le calmer.

 Je suis vraiment désolée que tu aies à subir tout ça, tantine pourrait le raisonner qui sait ? Elle n’est pas aussi bornée que nos parents côté religion et elle saura prendre soin de toi et de mes petits-neveux.


Amou : j’y ai pensé aussi (elle se couche à son tour.), et surtout, je serai bien gâtée. Farida (notre cousine) sera plus que ravie.


Moi : tu parles ! Si seulement je pouvais zapper mon examen pour te suivre


Amou : krkrkr, désolée tu restes ici. Si nous nous en allons toutes sur qui papa va se défouler ?


Moi : jamais, je ne serai pas votre bouc émissaire ! Dès que je finis, je te rejoins.


Ça serait chouette, on ira voir les autres tantes et oncles, aller à la plage. Les plages de Cotonou donnent trop envie, surtout Crois du Sud( ronflements)…


Pfff, c’est toujours comme ça avec elle, elle s’endors sans prévenir surtout avec cette grossesse, c’est pire ! 

My pathetic love sto...