
Chapitre 03
Ecrit par St Daniel
???? NOUVELLE CHRONIQUE
???? Titre : Elle voulait venger, il voulait oublier
✍???? Par Saint Daniel
???? Genre : Drame | Romance toxique | Vengeance
Chapitre 3 —
Les draps sont chauds.
Le silence, lourd.
La pluie continue de tomber dehors, rythmant la nuit de ses frappes douces sur la toiture.
Nos corps sont enlacés, la sueur encore fraîche sur nos peaux.
On ne parle pas. Pas tout de suite.
Son souffle glisse contre mon torse.
Le mien, profond, peine à se réguler.
Je regarde le plafond comme on contemple une blessure.
Une qu’on a rouvert soi-même.
Volontairement.
Elle murmure, la voix tremblante :
— Maïna : Dis quelque chose. Dis-moi que je n’ai pas rêvé.
Je ferme les yeux.
Je pourrais lui dire que c’était une erreur.
Que ce n’était qu’un moment.
Mais je mentirais.
— Kevin : Tu ne rêves pas, Maïna. Mais j’aurais préféré que ce soit le cas.
Elle se redresse un peu, son regard planté dans le mien.
Elle cherche une vérité.
Moi, j’essaye d’en fuir une.
— Maïna : Pourquoi tu me regardes comme ça ? On vient de se retrouver, Kevin. Ce n’est pas rien.
— Kevin : Non. Ce n’est pas rien. Mais c’est peut-être trop. Trop tard.
Elle fronce les sourcils. Son regard vacille.
— Maïna : Tu ne peux pas nier ce qu’il s’est passé entre nous ce soir. Tu ne peux pas me dire que tu n’as rien ressenti.
Je me redresse à mon tour.
Je prends une longue respiration.
— Kevin : J’ai tout ressenti, Maïna. Chaque frisson. Chaque battement. Chaque souvenir.
Mais ce n’est pas ça le problème. Le problème, c’est ce que j’ai ressenti quand tu m’as laissé tomber. Quand j’avais besoin de toi et que t’étais plus là.
Silence.
Elle baisse les yeux.
Elle serre un coin du drap entre ses doigts.
— Maïna : Je sais… Je t’ai fait du mal. Mais je ne suis plus celle que j’étais, Kevin. Je te jure. Ces années sans toi… elles m’ont changée.
— Kevin : Et moi ? Tu crois que j’suis resté figé pendant tout ce temps ? Tu crois que j’ai attendu, sagement, avec le cœur en pause ?
— Maïna : Non… Mais je t’ai cherché, Kevin. J’ai voulu revenir bien avant aujourd’hui.
Je la fixe. Et tout remonte.
Les messages non lus.
Les soirs à pleurer dans un silence que même mes pensées n’osaient plus traverser.
L’absence.
Et cette foutue blessure au ventre…
Pas celle que j’ai montrée à Liam. L’autre. Celle qu’on voit pas.
— Kevin : Tu m’as détruit. Et ce soir… t’as réveillé ce que j’ai mis des années à enterrer.
Elle approche sa main.
Elle la pose doucement sur mon torse.
— Maïna : Et si… on recommençait tout ? Si on apprenait à s’aimer autrement ?
Je prends sa main.
Je la serre fort.
Trop fort.
— Kevin : Tu veux qu’on recommence ? Alors dis-moi pourquoi tu es partie. Dis-moi ce que tu ne m’as jamais dit.
Elle hésite.
Son visage se ferme.
Un frisson la traverse.
— Maïna : Parce que j’avais peur. Peur de t’aimer à en mourir. Peur de moi-même. Peur de t’abîmer. Et peut-être… que je l’ai fait quand même.
Je reste là.
À l’écouter.
Et à me demander si le plus grand drame de notre histoire…
ce n’est pas qu’on s’aime trop mal, au lieu de ne plus s’aimer du tout.
Le jour se lève doucement.
La pluie s’est calmée, mais l’humidité colle encore aux murs comme une mémoire qu’on ne peut pas essuyer.
Il est 5h30.
Maïna se rhabille.
Elle évite de croiser mon regard.
Moi, je reste allongé, draps enroulés autour de la taille, les yeux fixés sur le plafond. Encore.
Elle ouvre la porte.
Un courant d’air froid entre.
Et juste avant de franchir le seuil, elle murmure :
— Maïna : Merci… pour m’avoir laissé ressentir. Même si c’était juste cette nuit.
Je ne réponds pas.
Parce que je ne sais pas si je dois regretter… ou espérer.
⸻
Quelques heures plus tard.
Devant le centre d’examen, le bruit est revenu.
Les candidats sont là, certains détendus, d’autres crispés.
Les bavardages reprennent. Les regards s’évitent ou s’accrochent.
Et moi…
Je suis debout, face au portail, les écouteurs dans les oreilles mais sans musique.
Juste pour m’isoler du monde.
Puis elle arrive.
Maïna.
Comme si de rien n’était.
Comme si on ne s’était pas recousus avec nos blessures cette nuit.
Elle me regarde, et elle sourit.
Un vrai sourire. Large. Presque heureux.
Et moi…
Moi, je baisse les yeux.
Mais c’est trop tard.
Mon regard m’a trahi.
Il a laissé passer une lueur d’espoir.
C’est là qu’Imelda apparaît.
Elle m’observe. Son regard passe de moi à Maïna.
Elle s’approche lentement, les bras croisés.
— Imelda : C’était quoi ça ?
— Kevin : Quoi ?
— Imelda : Ça. Ce sourire. Ce regard. Ce… moment.
— Kevin : Y a rien.
Elle rit. Un rire vide. Presque nerveux.
— Imelda : Kevin… Tu veux juste enterrer le passé. Le rejeter sous prétexte qu’il est trop lourd à porter. Mais moi je te rappelle que j’étais là. Que c’était moi sur cette moto avec toi. Que c’est moi qui suis restée à l’hôpital quand t’étais dans le coma.
Son regard se fait plus dur. Sa voix tremble.
— Imelda : Et c’est toujours moi qui ai tenu ta main pendant que ta mère pleurait, pensant qu’elle allait te perdre. Tu veux oublier ? Oublie. Mais moi… Je ne peux pas. Parce que c’est elle. C’est elle qui t’a mis dans cet état. C’est à cause d’elle que t’as ces cicatrices sur le ventre et dans le cœur.
Je détourne les yeux.
Elle continue :
— Imelda : T’as failli mourir, Kevin. Et elle, elle a disparu. Maintenant elle revient… Et toi tu fais comme si de rien n’était ?
Je prends une inspiration.
Puis je lâche, la voix sèche :
— Kevin : Imelda… on a couché ensemble hier.
Le silence.
Un de ceux qui gèlent le temps.
Elle me fixe.
Ses yeux s’écarquillent, puis se remplissent d’eau.
Aucun mot ne sort de sa bouche.
Rien.
Juste ce silence, ce vide, cette déception qui hurle plus fort que n’importe quel cri.
Elle reste là, un instant. Figée.
Puis, lentement, elle tourne les talons…
et s’en va.
Et moi…
Je reste là.
À me demander si je n’ai pas encore une fois tout détruit.
Je me rappelle de ce jour…
C’était un jeudi.
Le soleil n’était ni trop fort, ni absent.
On sortait des révisions de chimie, épuisés mais contents. Imelda riait, comme toujours après avoir bien travaillé.
Et moi, comme toujours, je l’écoutais plus que je ne la regardais.
On avait décidé d’aller manger une glace, juste pour souffler un peu.
Ma moto nous attendait dans un coin poussiéreux du parking.
Elle grimpe derrière moi, enroule ses bras autour de ma taille.
C’était rien, ce geste, mais aujourd’hui… ça me serre encore la poitrine.
On roulait, doucement, en riant.
Et c’est là que ça arrive.
Un bruit de moteur surgit derrière nous.
Une voiture noire, vitres teintées.
Elle fonce… et nous percute violemment.
Le choc.
Le bitume contre la peau.
Le silence… puis les cris.
Je me souviens de ma tête frappant le sol.
Je me souviens d’avoir vu Imelda au sol, sa bouche en sang, appelant mon nom.
Et la voiture ?
Elle ne s’est jamais arrêtée.
Pas même un coup de frein.
Ce jour-là, j’ai failli mourir.
Ce jour-là, j’ai perdu confiance.
Et pire encore : ce jour-là, j’ai appris que c’était l’ex de Maïna au volant.
Un type jaloux, violent.
Personne ne l’a plus jamais revu.
Je l’aime, Maïna.
Je crois que je l’ai toujours aimée.
Mais Imelda a raison. Le cœur a ses raisons que la raison ignore…
Mais la réalité, elle, a ses cicatrices.
Et moi, je les porte encore.
Je suis là.
Sur le balcon du premier étage du centre.
Plongé dans mes souvenirs, les bras croisés sur la rambarde, les yeux fixés sur le ciel qui menace encore de pleuvoir.
Je n’ai d’yeux que pour le rêve.
Ce rêve que je continue de chérir, même si je sais qu’il me détruit.
— Liam : Tu comptes rester là jusqu’à la fin des épreuves d’aujourd’hui ou tu vas essayer de te rappeler que t’as un examen à réussir ?
Je ne réponds pas.
Pas tout de suite.
Puis j’entends Imelda, qui s’approche et crache ses mots comme une gifle :
— Imelda : Il n’est qu’un imbécile. Un type qui réfléchit seulement avec son entrejambe. Laisse-le là où il s’est perdu.
Liam tousse nerveusement, pris entre deux éclairs.
— Liam : Eh bah, on dirait que vous deux, vous avez… disons, des choses à vous dire.
Je ne réponds toujours pas.
Je me contente de soupirer, et de rentrer en salle.
En classe.
L’odeur du papier. Le grincement des chaises. Les murmures.
Les profs distribuent les sujets.
Je prends mon brouillon.
Et au lieu d’écrire le plan de mon devoir,
j’écris des mots.
Des mots que personne ne verra.
Des mots qui viennent du fond.
Des mots que je plie soigneusement.
Puis, en coin, j’écris un prénom.
Maïna.
Maïna, de son côté elle serre son stylo.
Le sujet est devant elle, mais ses pensées sont ailleurs.
Elles sont dans un lit, quelque part dans la nuit.
Elles sont dans une chambre où elle aurait aimé rester.
Elle regarde la feuille sans vraiment la lire.
Elle revoit le visage de Kevin, ses yeux plissés dans l’obscurité, sa voix tremblante au creux de son cou.
Elle se souvient de ses doigts, de sa colère, de son abandon…
Et surtout, de ce moment de fragilité qu’il lui a offert.
Elle sait.
Elle sent.
Ce n’était pas juste du désir.
Pas juste une erreur.
C’était ce qu’on appelle un appel à l’aide, un dernier frisson entre deux âmes qui n’arrivent pas à se détester malgré tout.
Mais elle ne dit rien.
Elle garde tout en elle, comme elle l’a toujours fait.
Elle écrit quelques lignes, rature, recommence.
Puis, au moment où elle lève les yeux, elle aperçoit Liam qui regagne sa place.
Il tient un papier plié.
Elle fronce les sourcils, confuse.
Il marche, fait mine d’éviter le regard du surveillant, mais glisse discrètement le papier sur sa table.
Elle le regarde.
Il ne dit rien.
Juste un clin d’œil, comme s’il savait.
Elle déplie lentement le papier.
Ses yeux glissent sur les mots.
Un souffle.
Un frisson.
Son cœur rate un battement.
Ses doigts tremblent légèrement.
Elle referme le papier, puis le glisse dans son soutien-gorge, à même la peau.
Là où elle garde les secrets qu’elle ne veut pas perdre.
Une heure plus tard…
La cour est calme.
La pluie menace encore, mais rien ne tombe.
Pas encore.
Maïna sort de la salle, lentement.
Elle ne cherche personne du regard, mais elle espère le voir.
Elle espère qu’il sera là.
Qu’il dira quelque chose.
Ou pas.
Elle s’approche du portail, son téléphone en main.
Et juste avant de franchir le seuil…
Elle reçoit un message.
C’est de lui.
De Kevin.
Il ne dit que trois mots :
“Reviens ce soir.”
Elle ne sourit pas.
Elle ne pleure pas non plus.
Mais dans ses yeux, un orage se lève.
A suivre …
???? Chaque *chapitre* ❤️????, un face-à-face entre la vengeance et l’oubli.
Tu es prêt(e) ? Ce n’est que le début…
???? À lire prochainement…
???? #SaintDanielChroniques
???? #ElleVoulaitVenger #IlVoulaitOublier