Chapitre 10
Ecrit par Benedictaaurellia
Chapitre 10
Raymond.
Entendre de sa bouche tout ce que ma sœur Ruth a vécu durant son adolescence me peine vraiment. Encore plus parce tout ça, c’est le fait de mon autre sœur Sabine.
Elle n’a pas encore mentionnée clairement Sabine mais, j’ai compris que c’est elle.
Je n’ai jamais fait de distinction entre les deux par le passé et ce n’est certainement pas aujourd’hui que je vais commencer à le faire. Elles sont toutes les deux mes sœurs au même titre. Même après tout ce qu’elle a fait, mes sentiments pour elle n’ont pas changés. Quoiqu’elle fasse, elle est et restera ma sœur.
Quand sa clique et elles nous ont attaqués, je n’avais aucune idée de qui elle pouvait être. Je ne me suis pas approchée d’elles, d’ailleurs personne ne l’a fait. Exception faite bien sûr de Ruth qui s’était approchée de Sabine plus tôt.
Ce n’est que quand il a fallu les mettre, ses amies et elles, à l’intérieur de la maison dans une chambre que nous tous nous nous sommes approchés d’elles.
Bref, à ce moment-là, j’avoue que son visage m’était familier. J’ai cru la reconnaitre mais, je me disais que ça ne pouvait pas être elle. Je refusais d’accepter l’éventualité que ma sœur que j’ai connu toute douce et attachante quand elle était petite soit devenue cette femme que j’avais devant moi.
Une voix intérieure me disait, c’est elle ! C’est ta sœur. Tu l’as retrouvé après toutes ces années. Mais je disais non. Ce n’est pas possible que ce soit elle.
Je ne pouvais pas imaginer que ce soit ma sœur qui soit à la tête d’une secte et qui tentait de tuer des gens. Même si au fond de moi, je le savais, mon cœur refusait de l’admettre.
Qui parmi vous peut imaginer un de ses proches faire une chose pareil ?
Plus de trente ans se sont écoulés depuis la dernière fois que je l’ai vu. Elle avait vieilli et moi aussi.
Ruth par contre, a su écouter sa voix intérieure quand elle l’a vu. Elle a compris que c’est elle.
En écoutant Ruth raconter tout cela, je suis sidérée. Bien sûr, je sais que beaucoup de personnes s’adonnent aux sectes et autres mais, savoir que ma sœur aussi fait partie du lot, c’est une autre histoire.
Sabine et moi, dès l’enfance, ce n’était pas l’amour fou.
Comme tout grand frère, j’essayais de la protéger mais, elle trouvait que je la couvrais trop.
Même avant la mort des parents, elle avait déjà un esprit rebelle. Toujours à revendiquer son indépendance.
Pour je ne sais quelle raison, elle me tenait en grippe. Cela ne m’empêchait pas de l’aimer et de prier pour elle chaque jour. Je continue d’ailleurs à le faire jusqu’aujourd’hui.
Par contre avec Ruth, on s’entendait comme pas possible. Malgré les années et la distance, nous sommes restés proches. Mais elle m’a toujours caché ces détails.
A l’époque des faits, j’ai été informé de ce qui se passait avec Sabine mais, je n’avais pas réalisé qu’elle avait fait autant de dégâts. Les parents m’avaient juste dit qu’elle déviait du bon chemin. Ils m’avaient aussi dit que les deux étaient sorties ensemble et c’est suite à cela que Ruth a été violée.
Quand j’ai pu enfin venir la voir, elle semblait s’être remise. Elle se réjouissait de devenir mère. J’étais naturellement content pour elle.
Quand elle l’a perdu Shiloh, elle s’est complètement renfermée. J’essayais de l’aider mais, elle ne voulait rien entendre.
Moi aussi, je pouvais beaucoup pour des évangélisations puisque je suis missionnaire. Aujourd’hui dans tel pays, demain dans tel autre et dans des zones reculées. Je n’avais pas de téléphone et même si j’en avais eu un, les réseaux ne couvraient pas les zones où nous intervenions. La communication s’est faite rare entre nous.
Ce n’est que pendant son séjour aux Etats-Unis que nous nous sommes revus et elle m’a appris la disparition de Shiloh. Elle commençait à se remettre tout doucement.
A partir de ce moment, je me suis promis de ne plus la lâcher. Je faisais de mon mieux pour parler souvent avec elle et nous avons continué comme ça jusqu’aujourd’hui.
Quand j’écoutais Ruth parler, je me sentais vraiment mal d’avoir ignoré le fond de l’histoire.
Je m’approche de Ruth et l’enlace avant de lui parler.
Raymond : Ruth, tout ce que Dieu fait et permet qu’il nous arrive est bon. Ne garde pas de rancune dans ton cœur. Libère-toi et continue à te battre et à aller de l’avant comme tu le fais depuis. J’espère que tu as vraiment laissé tout ça derrière toi ?
Ruth : Ray, ne t’inquiète pas. Tout ça, c’est du passé.
Ray : Je sais que c’est du passé mais, il n’en demeure pas moins que tu es marquée à vie. J’aurais dû être présent aussi. Qui sait, ma présence aurait peut-être pu la canaliser. On ne le saura jamais. Mais, je remercie le Seigneur qui dans sa bonté t’a aidé à tenir bon.
Ruth : Papa et maman n’ont pu rien faire. Crois-moi, si eux n’ont pas pu réussir, tu n’aurais pas pu n’ont plus. Tu ne peux pas imaginer tout ce qu’ils ont fait pour elle. Ce qui est fait est fait. En plus, tu n’as pas le droit de regretter ta vie. Tu aurais été avec nous que tu ne saurais pas aujourd’hui le merveilleux religieux que tu es. L’appel de Dieu, c’est l’appel de Dieu. Tu sais comme moi qu’on ne peut pas s’y soustraire. Même si tu avais résisté un temps, tu serais revenu à lui. Rendons lui plutôt grâce parce que tu as su décerner ton appel et tu as suivi le plan de Dieu pour toi.
Ray : Sur ce dernier point, je suis d’accord avec toi. Tant de personnes aujourd’hui ne savent pas discerner l’appel de Dieu. Ils ne savent pas écouter la voix de Dieu et suivre le plan qu’Il a pour eux. Je rends vraiment grâce pour avoir trouvé ma voix très tôt.
Ruth : Regarde comme tu es épanoui et tu aides les gens autour de toi. Tu évangélises et tu amènes des âmes à Dieu. On ne saurait compter le nombre d’âmes que tu as gagné à Christ depuis le début de ton ministère. Il n’y a rien de tel.
Ray : C’est vrai, il n’y a rien de mieux que ça. Je ne regrette absolument pas. Mon seul regret, c’est de t’avoir laissé subir tout cela. J’évangélise les autres mais regarde dans quel état est ma propre sœur. Je ne comprends pas comment elle a pu autant dévier du droit chemin. Mais, ne dit-on pas souvent que les voix du Seigneur sont impénétrables ? Nous ne pouvons que lui rendre grâce. Il sait pourquoi tout cela est arrivé comme cela.
Ruth : Il a des moutons noirs dans chaque famille. C’est ma croix, je l’ai accepté. Tu sais mieux que moi que le Seigneur nous dit que qui veut venir après lui, doit renoncer à lui-même, se charger de sa croix et le suivre (Matthieu 16, 24 ; Marc 8, 34).
Ray : Tu as raison. Nous devons nous remettre entre les mains de Dieu. Il sait lui-même pourquoi tout cela est arrivé.
Comme tu l’as dit, te séparer te Shiloh t’a aidé à te reconstruire et voilà qu’aujourd’hui, tu aides d’autres personnes à se reconstruire aussi.
Surement que sans cela, tu n’aurais pas pu rencontrer Paul aussi.
Ruth : Exactement. Et sans Paul, je n’aurais pas pu supporter la mort des parents.
J’acquiesce.
Ray : ça a été un moment douloureux pour tous.
(A Paul).
Paul, je ne dirai jamais assez merci pour tout ce que tu as fait pour elle. Tu as su l’aider quand elle n’avait plus personne. Que le Seigneur même te récompense au-delà de tes attentes.
Je prie aussi pour que le Seigneur ramène auprès de vous Shiloh et Benoit.
Je prie aussi que le Seigneur panse complètement toutes vos blessures, qu’il vous guérisse et vous restaure. Que sa main soit sur vous et qu’il vous comble.
Paul et Ruth : Amen. Merci Ray.
Stella.
Pour la deuxième fois, j’écoute l’histoire de Ruth.
Je n’en suis pas moins émue.
J’ai tout aussi mal que la première fois que je l’ai entendu.
Je m’en rappelle comme si c’était hier. Et pourtant, ça fait bien plus de trente ans.
A l’époque, j’avais des vues sur Sébastien. Je l’ai connu à l’église et j’ai commencé à avoir le béguin pour lui.
Lui cependant ne me calculait pas. Il ne regardait personne. Personne à part Ruth de qui il était très proche. Pendant un bon moment, j’ai même cru qu’ils étaient en couple.
Ce n’est que quand elle a voyagé pour les Etats-Unis que j’ai enfin pu m’approcher de lui. Je prétextais toujours des séances de prière ou de méditation biblique pour le voir en aparté. Au bout d’un moment, il a compris mon manège et m’a posé des questions. Je lui ai avoué qu’il me plaisait et c’était le seul moyen que j’avais trouvé pour attirer son attention.
A partir de là, on a commencé à se fréquenter et peu après, Ruth est revenue. Ils étaient toujours autant fourrés ensemble.
Un jour, je lui ai fait une grosse crise de jalousie et c’est là les deux se sont assis pour m’expliquer l’histoire de Ruth.
J’ai regretté ma jalousie illico.
J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps ce jour-là. J’avais tellement de peine pour elle et surtout, j’avais honte de mon attitude envers elle.
A partir de ce moment, ce n’était plus juste Abi, ma jumelle et moi mais c’était nous trois. J’ai évidemment intégré Abi à notre groupe sans pour autant lui révéler l’histoire de Ruth. Elle l’a facilement adoptée et nous sommes devenues inséparables jusqu’aujourd’hui.
Quand elle avait des réticences pour se mettre avec Paul, nous avons su l’encourager.
Quand ses parents sont morts, nous étions aussi à ses côtés pour la soutenir. De même quand elle a perdu Benoit.
Stella : Ruth, je t’envie d’être aussi forte. Même encore aujourd’hui, j’ai du mal à réaliser tout ce qui t’es arrivé. Je ne pense pas qu’à ta place j’aurai eu le cran et la force nécessaire.
Ruth : Je n’ai aucun mérite tu sais. C’est le Seigneur lui-même qui a su m’aider. Moi-même je ne me pensais pas capable de tout ça.
Stella : Nous ne pouvons que rendre grâce.
Note: Encore une fois désolée pour le silence. Un chapitre bonus pour vous remercier pour votre patience.