Chapitre 10 : Troubles passés

Ecrit par Moktar91

Chapitre 10 : Troubles passés


Hêvié

Maison Codjo


Le soleil descendait lentement vers le couchant. Ses rayons ne sont plus que de gulturales langues roses qui s'en vont se perdre dans les méandres de son lit. Là bas, au loin, le vent chantonnait une brise simple qui ferait réveiller et entendre le dernier des sourd. Dehors, dans la rue, les enfants, au nombre de huit, jouaient au ballon. Le plus gros était le gardien. Il venait de se fâcher et de reprendre son ballon car un but lui venait d'être marqué. Leurs cris perçaient le soir qui tombent... Autour, des bonnes dames disposaient gaiement leurs étalages pour le marché pour le marché du soir.

Marc déposa sa veste au salon.

Quelques minutes plutôt, il avait garé sa voiture devant le portail de sa demeure. Il prit siège dans son fauteuil favori. Dans le noir, de la maison non éclairé, il caressa les semblant de miniatures de barbichettes qui terassaient son menton. Il s'enfonça dans le fauteuil quand les bruits des enfants lui vinrent depuis le portail... 

-<<Ces gosses...>>, Pensa-t-il.

Il savait qu'il n'en aurait jamais. D'ailleurs quel âge avait-il ? 63 ? 58 ? Peu importe ! Il ne pouvait plus en avoir. Et c'était là bien le drame dans lequel était plongé sa famille depuis une vingtaine d'années. Une vingtaine d'années. Cela sonna le glas de l'horloge au mur. C'était l'heure de ses comprimés. Il se leva, tituba comme s'il avait pris un verre de trop. Il n'en a point pris. Il n'en prenait jamais et il n'en prendra jamais. Il chercha ses repères et poussa la porte adjacente au bar du salon : celle de sa chambre.

Elle était vide. De l'eau coulait depuis la douche. Carmelle était-elle à la maison ? Il essaya de pousser la porte. Elle restait fermé. De petits cris suraiguës se faisait entendre dans les rythmes de l'eau coulait. Il paniqua, tira sur sa cravate et donna un violent coup dans la porte qui vola en éclats.

Carmelle était imperturbable. Elle ne sourcilla pas. Carmelle pleurait à chaude larme...

Quand c'était le cas, il était préférable de la laisser se vider. 

Marc revint sur ses pas et se jeta dans son lit.

Il le savait. Il savait que remettre dans cette maison allait leur causer d'énormes douleurs...

Et pourtant il avait tout fait pour la protéger. Il s'était promis de ne plus laisser quiconque faire pleurer sa muse. Pas même son frère. 

Il se rappelait bien quand il confronta cet homme pour lui signifier clairement de ne plus s'approcher de sa femme. Et maintenant, les souvenirs devraient être trop vivaces... Trop durs pour les frêles épaules de la dame qu'était à présent sa femme... Oui, un peu trop à son goût....

Des secondes passèrent...

Des minutes s'en allèrent...

Dehors, le bruit des enfants avaient disparu laissant place aux femmes qui devisaient en attendant les quelques femmes qui viendront faire des emplettes.

Il tourna sa tête vers la sale de bain.

L'eau avait cessé de couler depuis. Même les pleurs de sa femme ne se faisaient plus entendre. Tout semblait étrangement calme.

Il se leva et alla vers la douche.

Sa femme gisait dans un bain de sang...

Elle venait de se trancher les veines de la main gauche...



Centre National Hospitalier Universitaire HKM


Le Prof Adossou referma derrière lui son bureau. Marc était déjà assis, l'attendant anxieusement. Il n'avait pas encore vu sa femme.

Trois heures de temps plutôt, Carmelle était admise aux urgences.

Le Prof Adossou referma derrière lui son bureau. Marc était déjà assis, l'attendant anxieusement. Il n'avait pas encore vu sa femme.

Après avoir vérifié de la vascularisation de la main, le Prof Adossou s'était rassuré. En effet, la radiale et la cubitale n'étaient point atteintes. Il finira par lui poser un pontage. 

Le Prof Adossou, homme à la calvitie prononcée et brillante vint s'installer en face de Marc.

Il regarda quelques minutes l'homme en face de lui. Quelques chose qu'il ne saurait connaître lui indiquait que cet homme se jouait une comédie immense et belle.

Il posa ses coudes sur son bureau et après avoir soutenu sa tête avec, le Prof Adossou décida de parler.

-<<Votre femme est hors de dangers.>>, Commença-t-il par dire.

Marc lâcha un grand ouff de soulagement et fit retomber ses épaules. Il était soulagé. Cela se voyait et se lisait sur son visage. Que ferait-il si cela avait été le contraire ? Il ne se le pardonnerait jamais. Il n'oserait jamais plus se regarder dans une glace. Un sourire bienheureux se dessinait sur son visage.

Le Prof Adossou reprit de plus belle.

-<<En effet, il fait reconnaître que la radiale et la cubitale n'était pas atteintes. Nous lui avons fait un pontage. Elle est depuis transférée et vous pouvez allé la voir... Toutefois...>>

Sa phrase restait en suspens. Marc venait de sortir. Tout ce français ne l'intéressait pas du tout. Il savait le plus important : sa femme était hors de dangers et il pouvait la voir. Il planta donc le médecin pour rejoindre sa femme... Il l'aimait vraiment cette femme, et d'un amour vrai.



Subconscient de Carmelle.

Le froid glacial s'abbatait sur Tori ce matin-là. C'était un samedi matin. Maurille était à la maison chez lui. À ses côtés, sa sœur. Elle était venue passée le weekend chez son frère. Depuis le vendredi soir, à son arrivée, elle l'avait senti préoccupé, absent et forçant dans son sourire. Son naturel avait disparu. Il n'était point lui même. 

Ce matin-là, il était adossé à la table principale. Elle vint le voir , donna une bise à son petit chéri et s'en alla après l'avoir vanné. Oui, son petit chéri, c'est ainsi que Carmelle appelait son petit frère à chaque fois qu'ils se voyaient, qu'ils communiquaient. C'était son meilleur ami et ne lui avait pas de secrets. Elle l'aimait vraiment son frère puisqu'ils n'étaient que deux... La pluie enveloppa la scène et une lueur simple et fine venait voilée la toile. Carmelle, la Carmelle de cette année 2000, observait la scène à distance. Elle se voyait à ses 23 ans dans cette maison, celle de son frère. Elle se voyait qui quittait la douche. Elle regarda autour d'elle et la pluie et toujours forte.

Maurille, subitement, venait d'apparaître dans cette chambre, celle que sa sœur occupait quand elle venait le voir. Il referma doucement la porte derrière lui, elle grinça comme pour signaler son mécontentement... Ce grincement qui s'étouffait dans les gouttes de pluies énormes qui tombaient averses sur les tôles non plafonnées de l'habitat. Carmelle était sous la douche. Elle chantonnait une belle mélodie d'Eglise comme à son habitude. Le spectre de Carmelle comprit ce qui allait se passer. Elle paniqua, essayant de se prévenir pour ne pas revivre le même traumatisme mais elle semblait ne pas l'entendre sous la douche. Elle vint près de Maurille, essayant de le bloquer. Mais ce dernier la traversa. Il ne remarqua même pas sa présence. Elle était invisible et transparente. À cet instant, elle comprit qu'elle ne serait que la triste spectatrice de ce passé que le destin se permettrait de lui jeter une fois encore à la figure l'obligeant à vivre l'infâme horreur.

Maurille vint s'asseoir sur le lit. Il se tenait la tête entre ses deux mains. Carmelle quitta la douche et vit son frère. Elle lui adressa et amicalement lui demanda de sortir pour qu'elle se change. Maurille plongea ses yeux dans ceux de sa sœur, le visage grave et tapota le lit juste à côté de lui, signifiant à sa sœur qu'elle devrait sassoeir. Inquiète, elle vint prendre place auprès de ce jeune homme. Il était tellement beau son frère... Cet à Instant que tout bascula. Il viola sa grande sœur. Cette dernière se débattait lui demandait pardon en pleurs mais il continuait. Il la prit à plusieurs reprises récitant des sortes d'incantations qu'elle ne comprenait pas.


Carmelle pleurait de se voir violer il y a des années ainsi par son propre frère.


La scène continua avec une Carmelle cette fois ci devant l'orphelinat Marie Thérèse. Elle vit le visage de ce jeune garçon. C'était bien lui, ce fils issu de ce viol. Elle ne pouvait se le garder le fruit de l'inceste. Elle ne pouvait se permettre de voir ce visage qui était celui de son frère. À la naissance, elle le confia à cet orphelinat en se refusant tout droit sur lui. Elle le vit, il devrait avoir douze ou quatorze ans au maximum. Ses nouveaux parents vinrent le chercher et il quitta l'orphelinat... Son regard était sombre... Elle ne put se mentir : c'était son fils.



Marc était à côté de sa femme. Elle se debatait dans son sommeil... Elle murmurait quelque chose d'incompréhensible. Finalement elle rouvrit les yeux...


Marc vint lui prendre la main. Elle lui dit alors entre deux sanglots.


-<<C'est mon fils! L'inspecteur de ce matin est mon fils, notre fils à lui et moi...>>



À cet instant, Amos venait d'entrer dans la salle. Les deux ne l'avaient point vus, tellement ils étaient perdus dans leurs pensées et leurs confessions.

La bouche ouverte, le regard hargard, il n'y comprenait rien... Lui qui pendant des années avait recherché ses parents biologiques. Son portable lui echappa des mains....


Mais diantre, que faisait-il ici ?


Quelques minutes plutôt, le Prof Adossou lui avait fait appel car il doutait que la tentative de suicide de Carmelle en était une... Il pensait plus à Marc comme commendataire....



Amos est de la famille...

Troubles passés qui vient se jeter à leurs visages tel un effet boomerang.

Meurtres au paradis